Ça y est, il n’y a plus aucune réserve, la dictature personnelle est revenue en Chine.
Il
y avait déjà celle, collective, du Parti communiste mais, celui-ci
échaudé par le régime maoïste et son culte de la personnalité avec, à la
clé, ses dizaines de millions de morts, ainsi que par sa faillite
totale, tant économique que sociale et sociétale, avait voulu empêcher
le retour d’un «guide de la révolution» ou d’un «leader maximo».
Et
bien, Xi Jinping est en train de faire sauter ce dernier verrou qui ne
permettait pas à un premier secrétaire du PC (et, par ailleurs,
président de la république…) de faire plus de deux mandats de cinq ans.
Quand
la réforme sera adoptée dans quelques semaines, il va donc pouvoir
demeurer le chef indéfiniment, mourir dans son lit de dictateur, avoir
son mausolée et y être embaumé.
Cette
réforme est bien entendu une complète régression, non pas démocratique
tant ce terme n’avait plus lieu d’être en Chine depuis la répression de
la place Tian'anmen en 1989 – l’année même où le Mur de Berlin
s’effondrait –, mais dans le barrage à toutes les aventures personnelles
dont ce genre de régime peut malheureusement accoucher.
Rappelons
que Xi Jinping a, non seulement, fait une chasse aux dissidents et aux
démocrates, les accusant le plus souvent de corruption pour tenter de
tromper l’Occident (en URSS on les mettait de la même manière dans les
asiles de fous), qu’il a éliminé tous ses opposants en interne (pour
lesquels on ne versera que peu de larmes tant ils lui ressemblent) mais
qu’il a aussi fait inscrire sa «pensée» dans la Constitution, ce qui en
fait un guide à l’égal de Mao, lui qui avait mis son père, Xi Zhongxun,
en prison lors des purges en 1962…
Certains, et ils sont nombreux, penseront qu’une dictature en Chine est bonne pour le reste du monde.
Voilà
un pays réputé instable quand il n’est pas gouverné par une main de fer
et qui sera beaucoup plus prédictible, affirment-ils.
Sans oublier que l’on pourra faire encore plus de commerce avec lui.
Même
le centriste Emmanuel Macron s’est fendu de compliments envers son
homologue chinois pour sa lutte contre la pollution et a évité de parler
des droits de l’homme lors de sa visite en Chine.
Mais,
comme pour tous les grands dictateurs de la planète, de Hitler à Mao,
de Staline à Mussolini, de la famille Kim à la famille Al-Assad, des
ayatollahs iraniens à l’empereur Bokassa, Xi n’est pas cet homme lisse
qui ne veut que le bien de son pays.
Il
est un redoutable faucon qui, sous l’appellation mensongère de «rêve
chinois» – qui n’est qu’une façon de nommer la volonté hégémonique du
Parti communiste chinois tant à l’intérieur qu’à l’extérieur –, veut
imposer d’une main de fer sa vision du monde à toute l’Humanité.
En
exaltant le passé glorieux de la Chine et le rôle d’avant-garde des
communistes, monsieur Xi est un danger pour la paix et pour les
équilibres internationaux ainsi que pour l’économie mondiale (où sont
les réformes indispensables de la finance chinoise et la lutte contre le
déficit public abyssal, où sont l’application des règles d’une juste et
saine concurrence?).
Les
leaders du monde libre, au lieu de lui faire des courbettes comme ils
le firent en leur temps aux tristes sires Hitler, Staline et Mao,
devraient rappeler avec fermeté les valeurs et les principes de la
démocratie républicaine mais aussi les règles d’une mondialisation
humaniste.
Avant que demain il ne soit trop tard, comme ce fut le cas si souvent dans l’Histoire.
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