mardi 29 juin 2021

Délitement démocratique et devoir citoyen

«Le vote obligatoire, ce n’est pas la démocratie!», déclare cette personne interrogée par la télévision qui ajoute «la liberté c’est choisir de ne pas aller voter».

Si elle ne semble pas avoir compris exactement comment fonctionne la démocratie, que dire celle-là qui, à la question de savoir si elle est allée voter, répond «non, j’ai oublié mais j’irai demain»!

Cela rappelle cette fameuse blague on l’on promet que l’on fera telle chose «demain» et qu’on se propose même de le mettre par écrit…

Ces deux propos après l’abstention record lors des élections régionales sont symptomatiques d’un délitement démocratique de par l’absence de conscience qu’il est indispensable de remplir un devoir citoyen si l’on veut continuer à vivre dans un régime de liberté.

Bien sûr, la démocratie n’est plus seulement «le pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple» selon la fameuse formule de Lincoln lors de son discours de Gettysburg.

La démocratie moderne c’est aujourd’hui le régime politique indépassable qui, s’il n’est pas «naturel», est bien le seul qui garantisse dans son projet le respect de la dignité humaine avec son triptyque liberté, égalité, fraternité.

De ce point de vue, il n’est pas optionnel – et conditionné par le seul vote – comme le croit certains et l’affirme péremptoirement ses ennemis mais bien le seul régime légitime parce que le seul qui défend les droits fondamentaux de l’individu à être l’égal d’un autre et à être libre.

Dès lors, l’élection n’est qu’une procédure démocratique parmi d’autres – même si elle demeure essentielle – et le vote n’est qu’un des droits du citoyen.

Mais il est aussi un devoir.

Car ce même citoyen, pour bénéficier des bienfaits de la démocratie républicaine, se doit de remplir ses devoirs, c’est une évidence, c’est même un impératif.

La démocratie, comme dit l’autre, ne s’use que si l’on ne s’en sert pas, que si l’on ne la fait pas fonctionner.

Or, les rouages de la machine démocratique, pour ne pas rouiller et se gripper, pour être en état de marche, doivent être entretenus.

Si l’on les considère comme capables de fonctionner seuls, sans protection et sans s’en servir, alors ils tomberont en poussière un jour ou l’autre, c’est une évidence.

Et ce jour semble de moins en moins hypothétique, de moins en moins éloigné.

Donc, l’entretien de la démocratie c’est, en premier lieu, la participation citoyenne qui passe, entre autres, par le vote qui est, à la fois, un droit et un devoir.

Le rendre obligatoire est loin d’être une hérésie.

Evidemment, on ne va pas mettre en prison ceux qui n’iront pas voter et les amendes seront toujours peu coûteuses ce qui n’incitera pas les récalcitrants à se rendre aux urnes comme le montre les exemples de pays qui ont rendu le vote obligatoire.

Cependant le symbole sera là.

Parce que le civisme est un rempart face aux attaques de la démocratie dont on ne rappellera jamais assez la fragilité.

C’est cette même fragilité qui fait sa grandeur et sa beauté, qui fait de nous des êtres civilisés qui peuvent dépasser la force et la violence pour offrir à chacun la dignité humaine à laquelle il a droit, de sa naissance à sa mort, de générations en générations.

Alexandre Vatimbella

dimanche 13 juin 2021

L’alliance, l’impératif existentiel des démocraties du 21e siècle

Enfin!

Les leaders du monde libre semblent enfin avoir compris que la démocratie républicaine libérale est menacée de mort si elle ne réagit pas.

Et qu’une des mesures les plus urgentes et les plus fortes est une alliance pour empêcher ses ennemis intérieurs et extérieurs de l’abattre.

Plus on en apprend de la présidence de Donald Trump, plus on se rend compte de la détermination des ennemis de la liberté à pervertir les règles, les principes et les valeurs démocratiques pour miner le système de l’intérieur, le pourrir jusqu’à ce qu’il disparaisse.

Faire écouter ses opposants et les journalistes, non, ce n’est pas dans la Russie de Poutine mais bien dans les Etats-Unis de Trump que cela s’est produit!

C’est dire la déliquescence qui a déjà commencé dans la plus vieille et la plus grande démocratie du monde.

Mais si l’escroc démagogue populiste et admirateur de tous les autocrates et dictateurs de la planète est l’élément le plus visible de cet effondrement démocratique, il est loin d’être le seul.

Il est frappant et consternant de voir ainsi ceux qui prétendent défendre cette démocratie républicaine libérale, l’attaquer sans cesse par le biais de véritables croisades contre leurs opposants politiques.

Il n’est pas besoin de prendre la rhétorique trumpienne, on a celle des partis et des médias «traditionnels» pour cela désormais.

Comment alors s’en prendre à tous les factieux, à tous les propagateurs de fake news, de vérités et de faits alternatifs, d’élucubationistes (complotistes), tous ceux qui veulent la peau de la démocratie, alors même que ceux qui affirment les combattre utilisent les mêmes armes contre les gens qui ne sont pas du même avis qu’eux?!

Ainsi des pourfendeurs des réseaux sociaux et des chaines, non pas d’information, mais de propagande en continue comme Fox news ou Cnews, qui propagent les mêmes attaques mensongères d’une manière aussi virulente en se parant d’une respectabilité qu’ils ont jeté depuis longtemps dans leur broyeur d’ordures.

Et, par un tour de passe-passe indigne, quand les victimes de leurs attaques qui ne sont souvent que des dénigrements sans preuve, des allusions détestables voire des diffamations ignominieuses leur répondent, ils jouent les vierges effarouchées et les indignés à qui l’on va supprimer la liberté d’expression…

Tout cela est consternant.

Mais tout cela est de plus en plus terrifiant.

Parce que si la démocratie va mal, ce n’est pas simplement parce qu’une minorité d’excités dangereux menés par des «esprits sombres», pour employer les mots de Barack Obama, tentent de la détruire mais bien parce qu’une majorité ne la défend pas ou peu.

Oui, la responsabilité est collective et l’opprobre le sera également si nos démocraties républicaines libérales disparaissent.

Défendre la liberté, l’égalité, la fraternité et le respect de l’autre est un devoir citoyen.

Pour cela, c’est bien d’une association, plus, d’une communion entre tous les démocrates dont nous avons besoin, maintenant.

Et la proposition de Joe Bien, le président des Etats-Unis – et ce n’est pas étonnant que ce soit un centriste qui la fasse –, d’une alliance des démocraties est bien un impératif existentiel en ce 21e siècle où la liberté semble si fragile alors qu’on la croyait victorieuse par KO définitif il n’y a pas si longtemps quand les murs s’effondraient dans l’espoir d’un universalisme harmonieux et joyeux…

Alexandre Vatimbella