vendredi 15 janvier 2016

Les centristes face aux attentats de 2015

Dans un monde aux valeurs humanistes, celui que prône le Centrisme et pour lequel les centristes se battent, les assassins, les violeurs, les tortionnaires, les voleurs sont mis au banc de la société, poursuivis, jugés et jetés en prison.
Pour l’islamisme et pour les organisations qui le portent comme Daesh, Al Qaida ou Boko Haram ainsi que bien d’autres, ce sont des héros qui méritent récompenses et vénérations.
On comprend que toutes les petites frappes et tous les psychopathes de la terre entière rejoignent en masse ses rangs, notamment tous ces convertis qui ont compris qu’ils pouvaient désormais assouvir leur sadisme et leur haine du genre humain en se présentant comme des combattants d’une religion et les protecteurs de populations qui, par ailleurs, ne leur ont rien demandé et qui deviennent souvent les premières victimes de leurs soi-disant sauveurs...
Voilà que leurs cerveaux dérangés peuvent enfin répandre la terreur et accomplir leurs actes criminels avec la bénédiction d’une idéologie qui non seulement le leur permet mais les incite à le faire.
Ceux qui sont les victimes de ces actes barbares sont les ennemis des islamistes, c’est-à-dire, en gros, tous ceux qui ne font pas allégeance aux chefs de ces organisations mafieuses et terroristes, qu’ils soient chrétiens, juifs, musulmans, athées, hindous, que sais-je encore, quelle que soit la couleur de leur peau et leur origine ethnique.
Et en plus, l’islamisme leur fournit une justification de leurs crimes: ils se battent contre des «méchants», ceux qui leur interdisaient de commettre leurs méfaits ou leurs pulsions meurtrières dans le monde normal.
Leur paranoïa, leur haine, leur absence de morale sont glorifiées et non plus condamnées.
Mais il faut prendre garde, comme nous le rappellent nombre d’intellectuels dans le monde entier, en particulier ceux qui vivent dans des pays musulmans, à ne pas limiter notre condamnation aux bras armés de l’islamisme.
Car derrière ces organisations mafieuses qui tuent, violent, volent, il y a tous ceux qui établissent les règles idéologiques qui justifient ces crimes (ce qui vient de se passer en Arabie Saoudite nous le rappelle) et tous ceux qui tentent d’imposer des règles totalitaires aux sociétés, notamment aux démocraties républicaines.
Il ne faut absolument pas séparer les tueurs et ceux qui arment leurs consciences et travaillent à encercler les valeurs humanistes afin de préparer toute une série de régressions démocratiques.
Et c’est là que se trouvent tous les «idiots utiles», tous ces défenseurs de ces «victimes» de l’Occident qui sont les complices objectifs de ces criminels barbares.
Nous voici, donc, confronté avec cette bien-pensance que rejette le Centre comme inepte mai aussi terriblement dangereuse, à propos du terrorisme.
Terrorisme que, parait-il, nous ne devrions pas appeler terrorisme selon certains bien-pensants parce que les Allemands ont appelé les résistants français des terroristes.
C’est comme si nous ne devrions plus appeler démocratie notre régime politique parce que des dictateurs ont affirmé que leur régime en était un…
Pathétique.
De la même façon, le pouvoir sur-réagirait par rapport à la réalité de la menace terroriste.
D’une part, en mettant en œuvre des réponses disproportionnées.
D’autre part, en stigmatisant des groupes de population.
Rappelons d’abord cette évidence que l’on aimerait bien trouver dans la bouche de ces contempteurs des mesures prises et qui accusent les pouvoirs publics de tendance autoritaire et pire.
Si ceux-ci avaient mis en place un régime liberticide avant les attentats en les prenant comme justification a priori, ces accusations auraient un sens et on pourrait discuter leurs assertions.
Prendre des mesures fortes après les attentats pour en éviter d’autres, n’a évidemment pas du tout la même signification.
Car la liberté, l’égalité et la fraternité ne peuvent pleinement se vivre que dans la sécurité.
Tous ceux qui disent le contraire sont des niais qui ne vivent pas dans le monde réel.
Ce qui n’empêche pas ces mêmes contempteurs et d’autres, dans une contradiction qui ne les perturbent pas de reprocher aux pouvoirs publics de n’avoir pas traité le problème avant les attentats (ce qui leur auraient permis, sans aucun doute, alors de dénoncer des mesures liberticides!).
Ils n’ont toujours pas compris que la démocratie républicaine est un régime fragile qui doit se défendre.
Ce que les centristes disent depuis toujours.
Fragile parce que constitutivement parlant il fait confiance en la sagesse, la responsabilité, l’humanité et le respect des êtres humains.
Or, dans l’histoire de l’humanité, les personnes et les groupes de personnes, minoritaires souvent, parfois majoritaires, qui ont tourné le dos à ces comportements humanistes en commettant des crimes abominables sont légions.
La grandeur de la démocratie républicaine, c’est d’exister dans un monde où les menaces contre son existence sont innombrables et se servent de ses valeurs pour l’abattre, valeurs que ceux qui veulent la détruire honnissent.
Dès lors, la démocratie républicaine, qui n’est pas un régime «naturel» (au sens où il serait une transposition de ce que l’on trouve dans la nature comme organisation sociale) doit se défendre pour que ses fruits humanistes puissent être offerts à ses membres et que ceux-ci en profitent.
Mais nos bien-pensants ne seraient pas très loin pour être à nouveau les contempteurs de pouvoirs publics qui ne prendraient pas les mesures nécessaires pour protéger les populations contre les criminels qui veulent assassiner les populations et détruire l’organisation démocratique et républicaine de la société.
Toujours dans la contradiction, inhérente à leur bien-pensance, ils accusent également les démocraties républicaines d’avoir créées elles-mêmes les terroristes qui ne seraient que de pauvres jeunes gens, laissés pour compte, victimes du racisme et de l’exclusion et qui se seraient tournés vers l’action violente envers une société qui serait donc la première responsable de leur dérive meurtrière.
Sans oublier que l’Occidental devrait expier seul ses crimes depuis l’époque de Cro-Magnon!
Outre que des études ont montré l’inanité de cette explication culpabilisante, elle oublie que les idéologies auxquelles les terroristes se réfèrent pour agir ne sont pas nées dans les démocraties républicaines, qu’elles existent depuis des siècles et qu’elles ont fait un nombre incalculable de morts un peu partout dans le monde.
Par ailleurs, les terroristes actuels ne sont pas les premiers à s’être attaqués à la démocratie républicaine.
Tous ceux qui détestent une société libre, ouverte et tolérante où chacun de ses membres est égal à l’autre, ont voulu la détruire.
Et, à chaque fois, elle s’est trouvée devant la nécessité de se défendre.
Et, à chaque fois, elle a été critiquée par ces bien-pensants qui peuvent malgré tout encore dirent ce qu’ils pensent librement parce que justement la démocratie républicaine s’est défendue.
Aujourd’hui, il ne s’agit pas de prétendre que nous sommes proche de l’anéantissement si nous ne réagissons pas de manière massive et sans nuance aux actes barbares des semeurs de mort.
Bien entendu, le risque de mourir dans un attentat terroriste en France et dans l’ensemble des démocraties de la planète est encore extrêmement minime.
Cependant, la menace est montée d’un cran et nous oblige à prendre des mesures pour ne pas avoir à en prendre de plus drastiques ou à se retrouver dans une situation de faiblesse vis-à-vis de tous ceux qui veulent la destruction de nos régimes démocratiques et républicains, certes imparfaits mais où la grosse majorité de la population mondiale voudrait bien y vivre.
Le Centre, en s’identifiant depuis toujours à cette démocratie républicaine alors que la Droite et la Gauche se perdaient souvent dans des idéologies fort peu démocratiques ou républicaines, doit être le fer de lance de la défense de nos sociétés et des valeurs humanistes qui l’anime.
Cela signifie être sans faiblesse face aux ennemis de la démocratie républicaine tout en demeurant vigilant pour que les mesures prises pour la défendre ne l’asphyxient pas pour le plus grand bonheur de ses ennemis.
Pour cela, il faut du courage et de la responsabilité, tout ce qui permet que la grandeur de la politique.


Alexandre Vatimbella

jeudi 14 janvier 2016

Présidentielle USA 2016. Le troisième homme, clé de la présidentielle américaine?

Les médias américains sont en émoi.
Ils ne comprennent pas bien le phénomène Donald Trump qui continue à rallier un nombre important de sympathisants républicains, d’«independents» d’extrême-droite et de personnes ayant refusé de voter aux élections sous le prétexte du fameux «tous pourris».
De même, ils sont interrogatifs sur la capacité du socialiste Bernie Sanders à résister face à Hillary Clinton même s’il est loin derrière la centriste en intentions de vote des sympathisants démocrates pour la primaire.
Car Donald Trump et Bernie Sanders sont les enfants d’un même mouvement populiste et démagogique qui vient d’un rejet de la classe politique de Washington sur lequel les politiciens jonglent dangereusement depuis des décennies (Barack Obama s’était fait élire en 2008 en se présentant comme un «outsider» du jeu politique, c’est-à-dire quelqu’un qui ne fait pas partie du sérail et donc, pas corrompu ni faisant ses petites affaires secrètes avec ses congénères washingtoniens).
Ce mouvement est beaucoup plus prégnant chez les républicains où il a été attisé sans relâche par les extrémistes haineux du Tea Party depuis 2009 mais il existe également chez les démocrates.
Il s’est d’ailleurs transformé ces dernières années en rage contre l’establishment comme vient de le montrer un récent sondage de la chaîne NBC et du magazine Esquire.
Rage chez les républicains les plus à droite d’un pays qui serait sur le déclin définitif (qui est une angoisse profonde qui revient à périodes répétées aux Etats-Unis) avec l’arrivée de hordes d’immigrants comme le martèle Donald Trump et rage chez les démocrates les plus à gauche d’une société qui ne serait accueillante que pour les riches, les «milliardaires» comme le répète à l’envie Bernie Sanders.
Ainsi, 77% des républicains et 67% des démocrates se disent en colère au moins une fois par jour, 49% des sondés estimant qu’ils sont plus en colère qu’il y a un an.
Même s’il est difficile de savoir si cette colère est autre chose que des mouvements d’humeur plus ou moins importants, notamment envers les politiques ou les milliardaires, cela se traduit par exemple chez une majorité d’Américains (52%) par l’affirmation que le rêve américain (différent de nature chez les républicains et les démocrates) n’existe plus (11% pensant qu’il n’a jamais existé contre 36% qu’il existe toujours).
Dès lors, le phénomène Trump mais également le phénomène Sanders ne sont pas une surprise mais la résultante d’une atmosphère où l’inquiétude pour l’avenir se mêle à l’angoisse du présent et trouve son exutoire dans le ressentiment envers la classe politique qui ont fait le succès de certains médias comme Fox news, la chaîne d’info en continu de droite extrême de Rupert Murdoch.
Reste à savoir s’ils pourront faire autre chose que de perturber le début des primaires de chaque camp avant que les électeurs ne remettent de l’ordre en choisissant la centriste Clinton du côté démocrate et un conservateur plus ou moins modéré du côté républicain (style Jeb Bush, Chris Christie ou John Kasich, ce qui n’est pas gagné avec la présence des deux autres trublions extrémistes, Ted Cruz et Marco Rubio).
Mais, dans ce magma où il est difficile de savoir ce que représentent vraiment ces courants populistes et démagogiques dans les deux grands partis américains, il se pourrait bien que Donald Trump (qui l’a maintes fois évoqué) et/ou Bernie Sanders se présentent en indépendants.
Bien entendu, ils savent tous les deux qu’une telle candidature n’a jamais permis à quiconque de s’installer à la Maison blanche, même lorsque l’ultra-populaire et ancien président Theodore Roosevelt s’est présenté comme progressiste en 1912.
Néanmoins, ils pourraient être tentés de parier sur la profondeur de cette rage qui serait à même de redéfinir les contours de la politique américaine plus longtemps qu’on ne le pense pour l’instant.
Certains observateurs sont tentés de le croire alors que d’autres font justement remarquer que les scores importants de Trump ou de Sanders aux primaires républicaines et démocrates doivent être minimisés quand on les transpose au niveau d’une élection générale.
Pour autant, un changement en profondeur n’est pas à exclure même s’il ne sera sans doute pas majoritaire en 2016, tout comme le Front national ne devrait pas pouvoir remporter l’élection présidentielle française en 2017 (la rage américaine ayant bien des traits identiques à celle qui porte Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon).
De ce point de vue, il est intéressant de voir que le centriste Michael Bloomberg regarde la situation avec intérêt.
Lui qui a affirmé qu’il était impossible de remporter la présidentielle si l’on était pas investi par l’un des deux grands partis et que cela ne lui permettait pas de se présenter pour gagner, a fait faire, selon le New York Times, un sondage pour évaluer ses chances en tant que troisième homme.
Si l’on ne connait pas le résultat de celui-ci, l’ancien maire de New York estime sans doute que, si Donald Trump obtient l’investiture républicaine ou s’il se présente en indépendant, il aurait une chance en tant que centriste de récupérer une bonne partie du vote républicain mais aussi du vote démocrate si Hillary Clinton se déporte trop vers sa gauche pour contrer Bernie Sanders (ou si celui-ci crée une improbable surprise en étant le candidat démocrate).
Toujours est-il que ce soit Donald Trump, Bernie Sanders ou Michael Bloomberg, voire une autre personnalité, il se pourrait bien que le troisième homme de la présidentielle ait un rôle beaucoup plus important que ses prédécesseurs dans l’élection présidentielle américaine.
Nous n’en sommes pas encore là mais il faudra bien, quoi qu’il arrive, analyser en profondeur cette colère d’une partie des Américains et l’augmentation inquiétante de leur défiance vis-à-vis du système démocratique et républicain.
D’autant que cette rage et cette défiance se voient également dans d’autres démocraties républicaines et posent bien des questions sur ce régime politique et son fonctionnement actuel.

Alexandre Vatimbella