jeudi 17 août 2023

Nous avons autant besoin de la nature que nous devons nous en protéger

Mais pourquoi donc la nature serait bonne et juste par définition selon une vision romantique véhiculée par les intégristes de l’écologisme?

La nature n’est pas bonne ou mauvaise, elle est.

Et, non, la nature n’est pas bonne; et oui, nous en avons besoin.

Nous devons tout faire pour la respecter quand elle apporte et soutient la vie.

Nous devons tout faire, en même temps, pour la combattre quand elle apporte la mort et la désolation.

Ceux qui divinisent la nature sont aussi niais que ceux qui la diabolisent.

Nous n’avons ni à faire notre «retour à la nature», ni à vivre dans une bulle étanche, nous devons «vivre avec» ce qui signifie en tirer tout ce qui est bénéfique et nous protéger de tous ses maux.

Avec cette évidence: nous faisons partie de la nature.

Mais faire partie de la nature ne dit rien de la manière dont nous devons la percevoir et la vivre ni comment elle peut être hostile aux créatures qui la composent.

Ainsi, nous devons lutter contre ses travers.

Qui peut dire que respecter les virus tueurs est une bonne chose?!

Qui peut dire que les tremblements de terre, les tsunamis, les typhons et autres ouragans, les orages diluviens et les vents violents sont une bénédiction?!

A l’opposé qui peut affirmer que les terres arables, les forêts, les océans, les rivières et fleuves ne nous sont pas indispensables?

Qui peut affirmer qu’un air sain, une eau potable, une hygiène et un environnement propre ne sont pas cruciaux?

Il s’agit donc d’avoir une approche rationnelle et évacuer le plus possible tout ce qui est émotionnel et fantasmagorique.

C’est pour avoir crier au loup sans cesse et avec un catastrophisme irresponsable que la plupart des mouvements écologistes se sont fourvoyés et ont certainement fait perdre des années dans la lutte contre les pollutions et le changement climatique.

Mais c’est à cause de populistes démagogues et/ou de vrais pilleurs de la planète qui ont mené des campagnes agressives pour décrédibiliser cette lutte ô combien essentielle que nous avons perdu encore plus d‘années.

L’un dans l’autre, la population, mal informée ou ne voulant pas être informée, a renvoyé dos à dos les prophètes de malheur qui, pour les uns, promettaient l’apocalypse si rien n’était fait, pour les autres, promettaient le cataclysme si la société était entravée par des règles strictes en faveur de l’environnement.

Elle s’est le plus souvent réfugiée dans l’espoir que l’être humain serait capable de trouver une solution technologique du genre énergie propre, invention d’espèces animales et végétales renouvelables à l’infini, création de produits nettoyants miracles pour les mers et les terres.

Mais s’il faut continuer la recherche scientifique et mettre le paquet sur les outils qu’elle met au point en la matière, nous n’arriverons pas à une planète habitable pour tous les êtres vivants si nous ne changeons pas aussi nos comportements envers la nature.

Sans pour autant la laisser nous menacer sans rien faire.

La crise de la pandémie de la covid19 est, de ce point de vue, un exemple emblématique de notre rapport à la nature.

D’un côté un virus inconnu qui débarque et sème la mort avant que nous trouvions, en un temps record, un vaccin et que la population s’immunise, de l’autre, une activité économique au ralenti qui a permis, en même temps, de dépolluer la planète.

Tout cela prouve que nous pouvons trouver des solutions grâce à notre génie face aux agressions de la nature mais également qu’une autre façon de produire et de consommer s’avère indispensable pour respecter cette même nature.

Mais pour cela, il semble qu’une condition sine qua non existe: une gouvernance mondiale.

Et nous en sommes loin.

Alexandre Vatimbella

samedi 5 août 2023

La haine de l’autre, principale motivation de l’engagement politique?

S’engage-t-on en politique pour ou contre quelque chose ou quelqu’un?

On a l’habitude de répondre que cet engagement se fait en faveur d’une idéologie, d’un idéal, d’un parti, d’une personnalité.

Or, cela n’est pas du tout une évidence.

Par exemple, si l’on est sensible aux injustices, on va s’engager en faveur d’une idéologie, d’un parti ou d’une personnalité qui affirme lutter contre elles et cet engagement négatif est plus puissant que celui de s’engager pour cette idéologie, ce parti ou cette personnalité.

Bien sûr, on peut dire, à l’inverse, que cet engagement se fait pour une justice sociale, pour le principe d’égalité, donc qu’il est positif.

C’est vrai mais est-ce l’injustice ou la justice qui est le vrai ou le principal moteur de l’implication?

Si cet exemple n’est pas forcément problématique dans le choix qui amène à refuser l’injustice et/ou à demander la justice, ce n’est pas du tout le cas pour d’autres engagements.

Ainsi, en est-il lorsque la motivation est le ressentiment ou ce que les médias appellent la fameuse «colère», terme à la mode devenu un fourre-tout de tous les sentiments négatifs.

Le combat politique devient alors une manière d’exprimer ce qui est souvent de la haine.

On peut reprendre l’exemple de l’injustice.

Si l’on est victime soi-même de celle-ci, il est fort possible qu’un sentiment négatif nous amène à affronter l’idéologie ou la personnalité qu’on juge responsable de celle-ci.

Et ce sentiment peut aller jusqu’à la haine voire la rage, receler une violence qui peut aller jusqu’au passage à l’acte.

Il est malheureusement assez facile de démontrer que la haine est la raison première de l’engagement politique de tous ceux qui choisissent de soutenir les idéologies extrémistes et les personnalités populistes qui font leur beurre et prospèrent sur celle-ci.

Dans le monde contemporain, les militants de partis comme le RN ou LFI, les soutiens de personnalités comme Marine Le Pen, Eric Zemmour, Jean-Luc Mélenchon sont les principaux représentants de cette motivation négative.

Evidemment, c’est aussi le cas de Donald Trump aux Etats-Unis qui est actuellement l’exemple emblématique d’une personnalité qui agrège tous les groupes d’individus haineux, qui ruminent rancœur, rancune, misanthropie et détestation.

On comprend bien que la haine est destructrice du lien social donc de ce qui doit lier entre eux les individus dans une société démocratique.

Car le débat démocratique se base, lui, sur le respect de l’autre qui ne pense pas contre moi.

S’il n’existe pas, alors, pourquoi je respecterais ses choix qui ne sont pas les miens.

Et mon irrespect recèle évidemment un sentiment négatif à son encontre qui peut aller jusqu’à la haine.

Les réseaux sociaux nous prouvent quotidiennement que cette haine est de plus en plus présente.

Ici, la plupart du temps, la parole n’est pas à la confrontation des idées mais des haines.

Les arguments utilisés sont souvent mensongers ou n’existent même pas.

Il s’agit avant tout de s’affronter à l’autre pour lui exprimer que sa parole ne vaut rien et qu’on ne le respecte pas, ce qui n’est pas loin de la haine ou en est tout court.

Cette haine de l’autre comme motivation politique est un échec cuisant de la démocratie républicaine et une aubaine pour les extrémistes populistes de tous poils.

Mais l’on peut se demander si cette haine n’est pas consubstantielle du combat politique.

Si tel est le cas, c’est alors tout le projet démocratique qui sera toujours en sursis.

Alexandre Vatimbella