dimanche 18 février 2024

Avec le temps, la politique aurait du se civiliser et c’est tout le contraire qui s’est produit

La démocratie aurait du permettre au débat politique, petit à petit de se civiliser, de s’humaniser et de se responsabiliser – grâce à l’approfondissement de son exercice, par la formation et l’information du citoyen, par le développement d’un consensus.

Pourtant, c’est tout le contraire qui se produit actuellement!

La liberté d’opinion donc d’expression donc de la presse, ce triptyque étroitement lié n’a pas rapproché les humains mais, au contraire, les a éloignés dans une sorte de conflit permanent.

La conflictualité de la démocratie est, bien sûr, une évidence puisque chacun peut défendre son propre point de vue qui fait qu’il y a autant d’opinions exprimées dans le monde libre qu’il y a d’habitants!

En revanche, cette conflictualité n’a pas vocation à être agressive, irrespectueuse, irresponsable et à tomber trop souvent dans la violence, c’est-à-dire à être le contraire de civile.

Car la démocratie, c’est aussi le régime du consensus sur les fondements de ses principes et de la reconnaissance des valeurs humanistes, tout au moins dans l’absolu.

Or, on voit bien que ce n’est pas le cas.

On peut incriminer les adversaires de la démocratie qui se servent de la liberté pour essayer de la détruire et qui faisait dire à Saint-Just, «pas de liberté pour les ennemis de la liberté», phrase célèbre qui pose cette contradiction ultime qui permet aux ennemis de la liberté de l’utiliser pour l’abattre, ce qu’a fait Hitler, par exemple.

Dans ce qui nous occupe, il s’agit de dévoyer la liberté de parole pour être systématiquement dans une confrontation irrespectueuse.

D’autant que les «amis» de la démocratie, ou en tout cas ceux qui se présentent comme tel et dont beaucoup le sont effectivement, ne rechignent guère à faire de la politique un champ de bataille où les noms d’oiseaux, les coups bas, la désinformation et les thèses du complot sont des armes utilisées jusqu’à plus soif.

Comme s’il était impossible d’avoir un débat d’idées et une campagne électorale respectant les règles de la civilité.

Bien entendu, les médias aiment à jeter de l’huile sur le feu pour booster leurs audiences.

Cependant, si cette technique n’était pas plébiscité par leurs publics, il y a fort à parier qu’elle ne serait plus utilisée…

On se retrouve donc avec le citoyen, cet élément de base de la démocratie républicaine.

Non pas qu’il soit l’unique responsable de cette situation mais c’est en grande partie la manière dont la société le forme et l’informe qui aboutit à ce qu’il soit ce qu’il est, sans évidemment nié sa personnalité et son individualité ou même peut-être une «nature humaine».

Est-ce à dire que civiliser la politique est impossible?

En l’état et avec toutes les nouvelles techniques de communication qui existent en ce début de troisième millénaire et avec celles qui arrivent, la réponse est oui.

On ne voit pas comment cette explosion des moyens de communication et cette possibilité de s’emparer de cette profusion de manières pour exprimer son opinion pourrait empêcher que l’incivilité du débat politique ne progresse, ne s’étende et ne se propage.

Nous sommes donc condamner à la voir croître dans les années à venir.

En revanche, rien ne nous empêche de tenter de l’endiguer à moyen ou long terme si nous reprenons à la base les principes qui devaient permettre au projet démocratique d’être celui d’une société respectueuse où l’utilisation de la liberté de chacun se ferait dans le respect de la dignité de l’autre.

En attendant, il serait bon que les politiques recherchent ensemble un consensus pour adopter une charte de civilité entre eux ainsi que les médias.

Même si cela parait utopique en l’état, on peut supposer qu’il y a plus de capacités pour des ensembles plus réduits et organisés d’agir en ce sens.

A tout le moins d’inverser la tendance parce que la loi de la jungle quel que soit le secteur et le domaine impactés n’a jamais profité à la liberté mais à son ennemie jurée, la licence et, in fine, à la démocratie.

Alexandre Vatimbella

 

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samedi 17 février 2024

Le Centre et l’axe central derniers remparts de la démocratie

Il n’y a pas si longtemps, dans nos démocraties, les populistes et les extrémistes avançaient la plupart du temps masqués.

Et même dans les pays autocratiques et totalitaires, les pouvoirs en place faisaient tête basse en prétendant respecter les droits humains et les valeurs démocratiques afin de tenter d’avoir une image positive auprès de leur population mais surtout de la communauté internationale.

Mais tout ceci est du passé révolu.

Désormais populistes et extrémistes, autocrates et totalitaires déversent avec toute la morgue et la suffisance de leurs idéologies liberticides, leur haine de la démocratie républicaine libérale dont ils se font fort de la détruire dans un avenir proche et d’instaurer un nouvel ordre mondial où les individus ne seront plus que des sujets de leurs fantasmes funestes.

Malgré cet objectif bien identifié et identifiable, ils parviennent à embrigader avec eux un certain nombre d’«idiots utiles» venant de la Gauche et de la Droite qui ont choisi honteusement le camp de la radicalité de manière démagogique pour des raisons électoralistes et clientélistes.

Sans parler de tous les minables qui se rallient en espérant que leur allégeance leur ouvrira les portes du pouvoir et de l’argent.

Face à cette coalition des populismes, des extrémismes et de leurs idiots utiles ainsi que de leurs laquais, les derniers remparts de la démocratie républicaine libérale sont les centristes et tous ceux qui se trouvent à l’axe central.

Rappelons ce que l’on entend par axe central: il s’agit de tous les politiques qui se situent de la gauche social-démocrate à la droite libérale en passant par le centre social-libéral.

Tous défendent malgré leurs divergences qui peuvent parfois être fortes le régime de la démocratie républicain libérale, tous sont attachés aux valeurs humanistes et au progressisme et sont des défenseurs des droits humains.

Cet axe central est donc lié par cette seule volonté de défendre ce régime de liberté et d’émancipation mais en période où populisme et extrémisme montent inexorablement dans les démocratie et où les autocratismes et les totalitarismes se fortifient ou s’installent de plus en plus dans les autres pays, cette volonté est cardinale.

Cette alliance de fait due à la nécessité demeure notre seul espoir que la démocratie républicaine libérale ne sera pas emportée par le chaos que provoque à dessein toutes les forces à visée totalitaire afin de prendre le pouvoir ou conforter leur régime.

Reste à faire en sorte que ceux qui y appartiennent ne se perdent pas en futiles polémiques et attaques politiciennes parce que l’essentiel est d’abord de sauver la démocratie.

Si nombre des politiques de l’axe central ont réalisé ce qui est en jeu et ont adopté des comportements responsables qui les honorent, trop des autres croient qu’ils sont encore à une période où l’essentiel du débat politique se faisait entre des forces qui partageaient un consensus puissant sur le régime et le projet démocratiques.

En France, seule une telle alliance mise en place par Emmanuel Macron a permis d’éviter la prise de pouvoir par l’extrême-droite en 2017 et 2022.

Et, en Pologne, il a fallu que les forces de l’axe central comprennent enfin qu’il fallait qu’elles s’allient pour mettre dehors les populistes radicaux et extrémistes, ce qui a été le cas en 2023 avec la victoire de la Coalition civique menée par Donald Tusk.

En revanche, cette incapacité à prendre ses responsabilités a mené le populiste extrémiste Trump au pouvoir aux Etats-Unis en 2016 et menace de lui permettre d’y revenir à la fin de cette année.

De même en Italie avec la victoire de la droite radicale et extrême de Meloni et de son parti les Frères d’Italie en 2022.

C’est dire la capacité des politiques de l’axe central à éviter le pire quand ils font passer la démocratie avant leurs ambitions et la catastrophe qu’ils provoquent lorsqu’ils sont incapables de s’extraire d’un jeu politicien indigne des enjeux.

Alexandre Vatimbella

 
 

vendredi 16 février 2024

Première leçon de ce 21e siècle: le fascisme et le nazisme n’étaient pas des accidents de l’Histoire

Saluts nazis en Allemagne, fascisme jamais disparu en Italie (on peut toujours visiter le mausolée dédié à Mussolini et acheter des souvenirs du duce dans sa ville natale de Predappio), affirmation par un président des Etats-Unis (Trump) qu’il y a des gens très bien chez les suprémacistes blancs et qu’Hitler était un grand leader, son ex-femme prétendait que son seul livre de chevet était Mein Kampf, l’ouvrage délirant du führer qui continue d’être un best-seller dans les pays musulmans, pose d’une leader d’extrême-droite (Le Pen) devant des ouvrages nazis sans que cela ne lui coûte un soutien en moins de ses électeurs, victoires électorales locales ou nationales dans la plupart des pays démocratiques de formations faisant ouvertement référence aux thèses fascistes et nazies et/ou comptant dans leurs rangs des personnages ouvertement fascistes ou nazis, voilà quelques exemples parmi nombre d’autres qui montrent que le fascisme et le nazisme sont loin d’avoir été éradiqués à la fin de la Deuxième guerre mondiale lors de la défaite militaire de ceux-ci en Italie et en Allemagne.

Pire, ils sont en pleine renaissance depuis la fin du 20e siècle et sont devenus des idéologies portées par des partis légalement autorisés qui obtiennent le plus de voix aux élections.

Bien sûr, ils ne sont pas encore majoritaires mais cela pourrait arriver dans un avenir pas si lointain.

En France, par exemple.

A cela, il faut ajouter des régimes totalitaires qui s’inspirent des pratiques fascistes et nazies comme en Russie ou en Chine, deux anciens pays communistes staliniens faut-il le rappeler pour ne jamais oublier les proximités des totalitarismes de gauche et de droite (le parti unique de Chine continue à se dénommer «communiste» alors qu’il n’a plus rien à voir avec les thèses marxistes).

D’ailleurs, les deux criminels les plus sanglants du 20e siècle aux côtes d’Hitler, Staline et Mao, sont en pleine réhabilitation par les régimes de Vladimir Poutine et Xi Jinping.

Enfin, ne pas oublier le stalinisme qui est une sorte de fascisme de gauche.

Or donc, fascisme et nazisme ne sont pas des accidents de l’Histoire.

Que faire avec cette leçon angoissante de ce début de troisième millénaire, de cette terrible constatation qui devait nous hanter et questionner la propension de l’Humanité à l’oubli de l’indicible et à une partie d’entre elle d’être fascinée par ces idéologies mortifères?

Que nos sociétés, qu’elles soient démocratiques ou non, devront faire face au possible retour de la barbarie ultime pendant encore très longtemps voire toujours.

Qu’il doit y avoir une mobilisation de tous ceux qui refusent un quelconque fatalisme d’être à nouveau sous la coupe de meurtriers fanatiques et de leurs troupes idolâtres.

Cela passe par une lutte contre tous les régimes autocratiques et totalitaires que comptent actuellement notre planète parce ce combat est une manière d’entretenir la mémoire des millions de victimes passées (avec la triste constatation de l'échec catastrophique de l'enseignement de l'Histoire et de la démission des médias en la matière) mais aussi de rappeler que des millions d’autres le sont encore aujourd’hui (avec tout aussi triste constatation de l'enseignement civique et, toujours, de la démission des médias...) et que personne ne peut fermer les yeux ou se réclamer impunément d’idéologies de la mort.

Baisser les bras est une tentation forte mais n’est pas une réponse acceptable pour tous ceux qui veulent se tenir debout au nom du respect de la dignité de chaque personne, de son droit à vivre une vie libre en sécurité.

Et, ce, même si le combat était perdu d’avance.