lundi 29 juin 2015

La lente décomposition des Brics est-elle inévitable?

Le prochain sommet des Brics se tiendra en Russie du 8 au 10 juillet.
Qui se soucie encore de la réunion de ces cinq pays (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) dont on disait, il n’y a pas si longtemps qu’ils étaient les futurs grands de la planète aux côtés des Etats-Unis et de l’Union européenne.
Personne à part la Russie qui s’y accroche comme à une bouée de sauvetage (et une manière de se venger des Occidentaux depuis la crise ukrainienne) et peut-être la Chine, seule vraie grande puissance de ce quintette, qui aimerait toujours en faire un club sous ses seuls ordres?
Car, aujourd’hui, le Brics, si jamais il a voulu dire quelque chose, ne représente plus grand-chose.
Déjà, économiquement parlant, entre une Chine et une Inde qui parviennent à maintenir difficilement – selon les chiffres qu’elles fournissent que tous les experts considèrent comme peu fiables – une croissance encore significative et une Russie et un Brésil en récession – sans parler d’une Afrique du Sud qui fait de plus en plus figure d’anachronisme dans le club – il n’y pas plus beaucoup de points commun.
Si l’on cherche au niveau politique et au niveau des relations internationales, c’est encore pire malgré la façade que tentent de présenter les chefs d’Etat à chacune de leur réunion.
Ainsi, quoi de commun entre une Chine et une Russie de plus en plus répressives au niveau des libertés de leurs citoyens et fustigeant sans cesse les «valeurs occidentales», un Brésil démocratique et aux valeurs occidentales ou même une Inde malgré quelques poussées d’intolérance dans «la plus grande démocratie du monde»?
Sans parler d’intérêts totalement divergents en matière international et de mondialisation quand ce n’est pas des confrontations plus ou moins latentes entre membres du Brics à l’instar de tous les problèmes qui opposent la Chine à l’Inde, des différends frontaliers à la bataille entre les produits à bas coûts des deux pays, sur fond d’agressivité chinoise vis-à-vis de tous les pays d’Asie (sauf la Corée du Nord…) et de déploiement militaire pour impressionner ceux qui oseraient résister.
Alors, bien sûr, l’agenda du sommet d’Oufa, capitale de la république russe de Bachkirie est bien rempli avec, par exemple, la création d’un fonds commun de réserves, la mise sur pied (enfin?) de la banque d’investissement sensée concurrencer la Banque mondiale et le FMI (alors même que la Chine vient de créer avec l’appui des Occidentaux sa propre banque d’investissement…) ou l’établissement d’un front commun contre l’Occident partout où c’est possible.
Et l’on pari que le communiqué final sera, comme d’habitude triomphant avec nombre de tâches à finaliser… qui ne le seront jamais!
Elles ne le seront jamais car aucun pays, à part la Russie dont son chef, Vladimir Poutine, rêve d’une nouvelle Union soviétique, ne veut vraiment suivre les autres tant leurs intérêts sont aux antipodes.
Ainsi, l’Inde a bien plus peur de la Chine que de n’importe quel autre pays au monde. Le Brésil ne veut absolument pas tomber sous la coupe des Chinois dont il est déjà si dépendant pour vendre ses matières premières. La Russie a beau vouloir faire amie-amie avec la Chine, si la haine des Occidentaux ne réunissaient pas les deux régimes autocratiques, c’est bien l’une envers l’autre eux qu’ils la partageraient.
Quant à l’Afrique du Sud, elle voit avec une grande inquiétude la Chine piller les richesses de l’Afrique sans pour autant participer au développement du continent, provoquant de plus en plus de réactions violentes des peuples à sa présence.
Mais alors pourquoi le Brics existe toujours?
Parce qu’il permet à chacun des pays membres de ce club que l’on aurait du mal à qualifier d’amical de poursuivre ses propres buts et non, comme l’affirme la propagande gouvernementale venue essentiellement de Russie et de Chine, parfois d’Inde, de partager des visions communes qui, si elles existent, ne sont qu’accessoires.
La Chine a besoin d’alliés pour s’établir comme une superpuissance qui compte; la Russie a besoin d’un club d’«amis» pour tenter de faire croire qu’elle est encore une superpuissance et qu’elle n’est pas isolée sur le scène internationale; l’Inde a besoin de cacher tous ses dysfonctionnements et ses retards impressionnants en matière de développement en étant adoubée par des puissances dynamiques; le Brésil a besoin du Brics pour s’autoproclamer première puissance d’Amérique latine face à l’Argentine et afin de se positionner face aux Etats-Unis sur le contient américain; l’Afrique du Sud a besoin de ces quatre grands pays pour faire croire qu’elle en est un.
Il est donc fort possible que le Brics continue à exister encore pendant des années.
Ce qui est moins sûr, c’est que ce club prenne vraiment des décisions importantes ou qu’il se transforme en une alliance plus approfondie entre des pays qui craignent sans doute encore plus ce cas de figure que son délitement…
Et ce dernier est sans doute son avenir le plus probable.

Alexandre Vatimbella

jeudi 25 juin 2015

Entre trop et pas assez, le juste équilibre centriste

Les experts du FMI, après ceux de l’OCDE et quelques autres viennent de découvrir une chose stupéfiante: quand on donne trop aux riches, il n’y en a pas assez pour les autres!
Plus sérieusement, ils ont démonté, après d’autres, cette fiction fumeuse connue sous le nom de la théorie du «ruissellement» («trickle down») selon laquelle laisser les riches s’enrichir au-delà de toute mesure faisait d’eux des moteurs de la croissance car leur surplus d’argent se diffusait dans toute la société en créant soi-disant, pour tout le monde, de la richesse supplémentaire ainsi que des emplois.
Cette théorie, on s’en doute, vient tout droit des conservateurs les plus obscurantistes, en l’occurrence les néoconservateurs américains devenus particulièrement puissants sous l’ère Reagan, même si rien n’est jamais venu la valider depuis toutes ces années, au contraire puisque dans tous les pays les riches sont devenus plus riches, les pauvres ont fait du surplace et la classe moyenne a perdu du pouvoir d’achat sur fond de chômage de masse.
En réalité, elle tente de justifier a posteriori toutes les mesures prises par le Parti républicain permettant aux plus riches de le devenir encore plus au nom d’une vision du Rêve américain très réductive et détournée de celle qui concernait le plus grand nombre, c’est-à-dire, ici, l’unique droit de faire fortune et de garder pour soi la très grande partie de son argent qui, parfois, n’est même plus le fruit d’un dur labeur ou d’une idée géniale, que l’on prenne par exemple les profits insolents de certains financiers qui peuvent multiplier leurs gains sans quasiment bouger le petit doigt, par effet mécanique.
Mais l’escroquerie du «ruissellement» ne signifie nullement, a contrario, que celle de l’égalitarisme forcené et à tout crin en matière de revenus à la mode communiste et prônée à nouveau dans la vieille Europe par le Front de gauche en France, Syriza en Grèce ou Podemos en Espagne, permette de créer une société juste et le bien être de tous.
L’échec cinglant de l’Union soviétique et de tous ses satellites l’a prouvé abondamment pendant soixante-dix ans et l’on ne voit pas comment elle marcherait au XXI° siècle.
Plus, la Chine «communiste» a prouvé le contraire et n’a pu réellement se développer qu’en tournant le dos à cet égalitarisme ravageur et en adoptant toutes les règles du capitalisme le plus débridé et le plus irrespectueux pour ses travailleurs (et en jetant aux orties, dans le même temps, le libéralisme politique).
En bridant l’initiative individuelle et la liberté d’entreprendre, dont une des motivations, que l’on s’en réjouisse ou non mais qui est une donnée, est de permette à ceux qui réussissent un enrichissement personnel, on casse le moteur de la croissance et de l’innovation.
Ni jungle où les plus forts se servent (ou sont copieusement servis), ni nivellement social qui se fait toujours par le bas, l’économie ne peut être au service de la société que si elle récompense ceux qui entreprennent mais aussi si elle donne à tous ceux qui lui permettent de fonctionner correctement, le juste fruit de leur apport à la collectivité.
Le tout avec un acteur public qui intervient pour garantir les bonnes règles du jeu dont une est une distribution (voire une certaine redistribution) des fruits du labeur de tous.
L’idée est bien qu’il n’y en est pas trop ou pas assez pour chacun.
Cela s’appelle une méritocratie solidaire et ce qui permet d’y parvenir est le principe du juste équilibre qui est à la base de toutes les politiques humanistes que le Centrisme propose.
Tout le reste n’est que clientélisme qui a comme conséquence de casser la machine économique mais aussi de provoquer des coups de balanciers ravageurs dans un climat social souvent détestable où s’affrontent ceux qui devraient coopérer ensemble puisqu’ayant tout à gagner à trouver une juste entente et un juste compromis.
Evidemment, cela se vérifie dans tous les domaines de la vie en société où nous devons prendre en compte tout le monde en tentant de contenter le plus possible chacun en n’oubliant pas, évidemment, les règles de vie collectives du vivre bien ensemble.
Ce qui demeure inquiétant et, parfois, décourageant, c’est que ce juste équilibre se vérifie constamment comme le seul principe capable d’organiser une communauté dans le respect de l’ensemble de ses membres mais que les électeurs préfèrent les sirènes de la démagogie et du populisme, tout en sachant que ce qu’ils choisissent à de fortes chances de ne pas marcher.
Mais il serait trop facile de dédouaner ceux qui prônent ce juste équilibre dans le cadre d’une politique humaniste, c’est-à-dire les centristes, qui par leur discours et, surtout, leur comportement ne donnent pas l’image aux yeux de leurs concitoyens de politiques responsables et crédibles.
Tant que ce sera le cas, les théories fumeuses dont on vient de parler ont encore de beaux jours devant elles même si personne n’y croit vraiment…

Alexandre Vatimbella




mardi 23 juin 2015

L’humanisme intégral face au monde troublé actuel

Oui l’humanisme intégral a quelque chose de fort à dire sur l’état actuel du monde et de son évolution inquiétante.
Il le puise dans cette vision qui met l’être humain au centre de tout afin que celui-ci puisse se réaliser dans son statut inaliénable de personne, c’est-à-dire d’un individu respecté et responsable, doté d’attributs spécifiques dont la reconnaissance de sa différence, membre d’une communauté où il détient des droits et doit remplir des devoirs.
L’humanisme milite ainsi pour une mondialisation qui serait cette vraie ouverture et cette réelle collaboration entre les peuples de la planète dans tous les domaines et dans un contrat gagnant-gagnant.
En revanche, il se bat contre une globalisation spéculative dont la seule finalité est de faire de l’argent pour de l’argent ainsi que contre un affrontement violent des cultures prônées par tous les extrémismes dont on voit aujourd’hui le résultat que ce soit dans les pays musulmans avec l’islamisme radical, dans les anciens pays communistes (Russie, Chine) où le nationaliste intolérant pousse à l’affrontement plutôt qu’à la coopération, sans oublier les extrêmes-gauches et extrêmes-droites partout dans le monde qui veulent se recroquevillées et vivre dans l’exclusion de l’autre, celui qui ne pense pas comme il faut ou qui ne ressemble pas au bon portrait-robot.
C’est pourquoi l’ensemble des démocrates du monde doivent s’unir dans une mondialisation humaniste et dans des regroupements à l’échelle régionale mais aussi mondiale sur les modèles de l’Union européenne (sur ce qu’elle devrait être et non pas sur ce qu’elle est en train de devenir) et des Nations Unies (sur ce qu’elle aurait du être sans jamais y parvenir).
Tout cela au nom des valeurs de liberté, de respect, de tolérance et de solidarité ainsi qu’avec le principe directeur du juste équilibre.
Mais il ne faudrait pas en conclure que l’humanisme est une pensée «bisounours» ou, pire, d’un consensus mou jusqu’au boutiste qui aboutirait, in fine, à un renoncement criminel pour les démocraties.
La défense des valeurs humanistes impose, au contraire, courage et responsabilité.
Niant le relativisme qui permet à certains d’affirmer que la liberté, le respect, la tolérance et la solidarité ne sont pas les mêmes à Paris qu’à Pékin, à New York qu’à Moscou, à Londres qu’à Téhéran et ainsi de suite, les humanistes sont, au contraire, impliqués dans un combat qui ne transige pas sur le fait qu’un être humain en égale un autre, ce qui signifie que chaque individu, dans le respect de sa différence, doit être responsable de sa vie en respectant l’autre, donc en lui assurant la liberté que celui-ci en retour lui garantit.
En un mot, l’établissement d’une démocratie mondiale où tous les extrémismes seraient éliminés est un des objectifs de la pensée humaniste.
Ce qui signifie que la libération de centaines de millions de personnes à travers le monde du joug de leurs oppresseurs est une des missions de l’humanisme.
C’est là qu’il faut bien comprendre l’implication des humanistes dans les affaires du monde et la façon dont un gouvernement mue par une vision humaniste doit se positionner.
Bien entendu, cela n’exclut pas le pragmatisme qui est essentiel en matière de politique étrangère.
Pour autant, cela ne signifie pas cynisme et transgression systématique des valeurs que l’on prône.
On peut ainsi prendre un double-exemple d’attitudes humanistes avec le duo de centristes américains Barack Obama-Hillary Clinton.
Le premier a tenté sans réussite de mettre en place un monde où le dialogue et le consensus remplacerait l’affrontement et les intolérances.
Il n’en reste pas moins qu’à travers ses discours toujours salués pour leur profondeur, le président américain a bien décrit comment un monde comme il pourrait être s’il se mettait au diapason de l’humanisme.
La deuxième, en revanche, est considérée comme un faucon centriste.
Même si cela est très exagéré, il est évident qu’Hillary Clinton s’est constamment dressée, au nom de l’humanisme, contre tous les régimes autoritaires, violents et intolérants quand ils représentaient une menace pour la démocratie en brandissant la menace d’un recours à la force pour protéger la liberté.
C’est une sorte de mélange des deux attitudes où les réponses seraient toujours adéquates (autant dire que c’est évidemment impossible!) qui représente la vision humaniste d’un ordre mondial où la personne serait l’étalon-valeur.
A ce propos, la politique étrangère pratiquée par François Hollande et son gouvernement (notamment avec Laurent Fabius) est très proche de cette vision humaniste du monde actuel.
De l’intervention au Mali jusqu’à la crise ukrainienne et la lutte contre EI (Etat islamique) en Irak et en Syrie, l’action de la France a été guidée jusqu’à présent par des valeurs humanistes et une volonté de ne pas accepter l’inacceptable, au grand dam des tenants des compromissions avec les régimes autoritaires (voir les prises de position de nombre d’hommes politiques en faveur de la Russie notamment) qui croient encore que se coucher devant l’inadmissible, l’intolérable et l’insupportable rapporte, tout comme le crut un Chamberlain à Munich alors que Daladier en revint dévasté (il pensait être lynché à son retour au Bourget).
Enfin, je rappelle pour une énième fois cette évidence: la liberté est un combat. Ce n’est pas en niant cette réalité et en faisant semblant de ne pas voir les nombreux ennemis de celle-ci que l’on protège efficacement la démocratie républicaine.

Alexandre Vatimbella


lundi 22 juin 2015

L’irrespect mortifère de la licence et de l’égalitarisme

Dans les sociétés démocratiques actuelles, il y a une offensive en règle contre l’individualisme qui serait la cause de tous les maux, du délitement du lien social et de la dégradation du vivre ensemble.
Ce serait, évidemment, une liberté trop grande et trop largement octroyée qui serait à l’origine de tous ces dysfonctionnements et il suffirait de rajouter un peu d’ordre, c’est-à-dire de revenir en arrière afin de réinsérer cet individu, électron libre, de gré ou de force dans une communauté avec des règles plus contraignantes.
Cette analyse, développée par certains de la Droite à la Gauche en passant par le Centre, fait des rapprochements fallacieux et évite, avec des recettes simplistes, d’avoir un vrai débat sur la nature de nos démocraties républicaines.
Car les deux responsables ont pour nom la licence et l’égalitarisme.
La première est un abus de liberté sans responsabilité que l’individu s’octroie au nom de lui-même quel que soit les conséquences sur le lien social.
Le deuxième est une revendication d’une égalité totale quels que soient le mérite et le domaine concerné, quel que soit le danger pour le vivre ensemble.
La licence et l’égalitarisme ne sont pas des perversions de la démocratie républicaine nouvellement découvertes.
Rappelons que ce n’était pas l’individualisme et la liberté qui en découlait que craignaient le plus les penseurs libéraux du XIX° siècle comme l’Américain James Madison ou le Français Alexis de Tocqueville mais l’égalité dans sa version égalitariste comme destructrice de la démocratie républicaine.
Au nom de l’égalité, les individus demandent toujours plus de droits, voire des passe-droits, de plus en plus excessifs qui mettent à mal le lien social et détruisent la liberté mais augmentent la licence.
C’est réellement cette autonomisation irresponsable de l’individu dont les aspects sont une demande d’assistanat dans une configuration égoïste et égocentrique au nom d’une licence et d’un égalitarisme dont le premier bénéficiaire doit être soi-même que se trouve le délitement des liens, des solidarités et des tolérances qui aboutit à un irrespect mortifère et non dans l’individualisme qui requiert, ne l’oublions jamais, une responsabilité permanente indissociable de sa pratique.
Bâtir une société humaniste juste et équilibrée, but du Centrisme, c’est permettre à chacun de pouvoir s’épanouir dans une communauté qui le respecte autant qu’il respect les autres afin d’être capable de donner le meilleur de lui-même, à la fois, pour lui-même et pour la collectivité.
A l’inverse des penseurs du XIX° siècle que j’ai cité et qui se montraient très pessimistes sur le devenir de la démocratie républicaine, le pire n’est peut-être pas à venir si l’on remet du sens dans le destin collectif de l’humanité et si l’on donne véritablement la capacité à toute personne de réussir sa vie.
A défaut, les velléités égoïstes et égocentriques s’imposeront dans un assistanat égalitariste irresponsable et irrespectueux au risque de faire imploser cette démocratie républicaine qui demeure le système le plus à même de réunir les femmes et les hommes tout en leur donnant les meilleures opportunités pour construire leur existence à leur convenance et au profit du collectif.
Mais il faut également se souvenir, toujours, que la démocratie républicaine est un régime fragile parce qu’il fait confiance à l’humain et que tous ceux qui en sont les défenseurs doivent constamment avoir à l’esprit que la liberté et le bien-être que nous avons acquis et que nous pouvons acquérir ont un prix dont il faut s’acquitter au risque de les perdre définitivement.

Alexandre Vatimbella


samedi 20 juin 2015

Axe central: Centrisme, gaullisme, socialisme libéral ou seulement opportunisme?

L’axe central qui regroupe des hommes comme Manuel Valls, François Bayrou, Jean-Christophe Lagarde, Jean-Pierre Raffarin ou encore Alain Juppé, allant de la gauche modérée à la droite modérée pourrait bien devenir l’axe incontournable de la vie politique française dans les années à venir.
C’est dire s’il attise les appétits et amène de plus en plus d’ambitieux à s’en revendiquer afin de se l’approprier ou d’avoir une part du gâteau.
De même, chacun y vient avec sa propre définition ou son propre positionnement politique ce qui fait que cet axe central a encore, pour l’instant, des contours flous qui devraient s’éclaircir au fil du temps s’il doit aboutir, évidemment, à une coalition en bonne et due forme de tous ceux ou d’une grande partie de ceux qui s’en revendiquent.
Ce qui semble acté c’est que cet espace politique encore informel regroupe des libéraux venus de tous les horizons politiques qui prônent des réformes profondes tout en mettant en avant une modération dans la pratique politique, cette fameuse «médiété» chère au philosophe grec Aristote qui voyait en elle la plus grande vertu.
Mais tous ne viennent pas avec la même vision politique et beaucoup avec comme principale ou seule motivation de se placer au bon endroit au bon moment.
En outre, pour certains d’entre eux, il s’agit de centrisme. Pour d’autres, de gaullisme. Pour d’autres encore, d’un socialisme libéral.
Toutes ces pensées politiques différentes sont certainement solubles en une alliance mais ont de nombreuses divergences que seule la lutte contre la radicalité et l’extrémisme ne suffit pas à réduire à néant.
L’on peut aussi y voir un simple opportunisme, en tout cas, la volonté de préempter cet axe central en devenir pour ses ambitions présentes et futures.
Ce pourrait être le cas pour trois des figures les plus médiatiques de celui-ci, Manuel Valls, François Bayrou et Alain Juppé.
Personne ne remet en cause leur proximité avec le centre de la vie politique et leur attachement aux valeurs libérales, même si elles peuvent être à géométrie variable.
Néanmoins, personne ne peut nier que ces trois personnalités ont des parcours politiques différents et que des questionnements légitimes peuvent se faire sur leur attachement à cette centralité qu’ils revendiquent.
Manuel Valls, formé en tant que rocardien, reste, par exemple, attaché à une égalité qui n’est pas seulement des chances et issues de la méritocratie mais qui renvoie à toutes les luttes de la Gauche au cours du dernier siècle.
Alain Juppé, venu du néo-gaullisme est, lui, un homme souvent attaché aux pouvoirs étatiques face à la société civile et où le pouvoir central conservent de très importantes prérogatives face aux pouvoirs locaux.
François Bayrou est certainement celui qui a le plus de légitimité à se trouver sur cet axe central mais également celui qui suscite le plus grand nombre d’interrogations!
Démocrate-chrétien et centriste revendiqué à l’UDF, il entame un virage social-démocrate lors de la création du Mouvement démocrate après les présidentielles de 2007 puis un virage gaulliste pour les présidentielles de 2012 avant de revenir vers le centre-gauche puis de se positionner au centre-droit et à revenir aux alliances avec la Droite.
Actuellement, il est difficile de définir très exactement le lieu politique de Bayrou et ce qu’il prône.
Et même si c’est le cas également pour Valls et Juppé, les nombreux allers-retours du président du Mouvement démocrate troublent quelque peu son image.
En outre, que ce soit pour Juppé ou Bayrou, tout comme la social-démocratie, le gaullisme n’est pas central même si c’est ce qu’aurait voulu le faire croire le Général de Gaulle en quête d’un consensus national extrêmement large qu’il n’a pu en fait réaliser que pendant une courte période à la Libération.
Bien sûr, que ce soit pendant la Deuxième guerre mondiale, à la Libération ou lors de son retour aux affaires en 1958, il est vrai que des gens de gauche et du Centre l’ont rejoint.
Mais il est tout aussi vrai que le gaullisme a été principalement un mouvement de droite ce que les présidentielle de 1965 ont démontré avec éclat (avec François Mitterrand et Jean Lecanuet) puis les événements de mai 1968, sans parler de ce qui s’est passé ensuite avec les héritiers revendiqués du gaullisme, Georges Pompidou, Jacques Chirac et même Nicolas Sarkozy.
Par ailleurs, on voit bien que c’est au nom d’un large rassemblement que Valls, Bayrou et Juppé se positionnent sur l’axe central.
Mais ils confondent alors souvent une sorte d’union nationale ad minima (tous les modérés contre les extrémistes de chaque côté) et cet axe central.
Ce faisant, ils participent à lui donner ses contours flous actuels.
Dès lors, il faudra sans doute attendre les projets politiques – qui tardent mais comme toujours –, plus sûrement les programmes électoraux en vue de la prochaine élection présidentielle (et les éventuelles négociations sur ceux-ci en vue de rapprochements) des personnalités qui veulent rassembler autour de l’axe central pour savoir si, au-delà de discours, de postures et de proximités affirmées, il y a possibilité de contrat de gouvernement pour 2017, voire pour 2022.
Ou s’il n’y avait là qu’opportunisme même si, au-delà de celui éventuel des différents protagonistes, l’axe central a bien une véritable existence politique.
Mais il se pourrait, comme souvent dans la politique, qu’il n’y ait pas d’hommes ou de femmes capables de l’incarner.

Alexandre Vatimbella


vendredi 19 juin 2015

Revenir au rêve européen

Avant qu’il ne soit réellement trop tard, il n’est jamais trop tard pour parler Europe et parler de l’Union européenne.
Ni de vouloir reconstruire le rêve européen qui se délite dans l’inaction des soi-disant pro-européens et sous les coups de boutoirs des anti-européens qui n’ont manifestement pas la même stupide prévention – pour ne pas dire frousse – que les premiers nommés.
Car, au train où vont les choses, l’Union européenne deviendra, au mieux une zone de libre-échange dans la paix, au pire, un machin bureaucratique qui se détruira tout seul.
Donc, soit ce que voulaient les Britanniques depuis toujours et qui a fait que la France, avec raison, s’est longtemps opposée à l’entrée du Royaume Uni dans une Europe dont celui-ci voulait faire un simple marché économique, soit ce que dénonçait en son temps le Général de Gaulle qui pensait avant tout grandeur française.
Où est donc le rêve européen voulut par Jean Monnet mais aussi par tous ses glorieux devanciers d’Emmanuel Kant à Aristide Briand, de Victor Hugo à Robert Schuman?
Où est donc ce rêve que les peuples ont cru pouvoir réaliser après la Deuxième guerre mondiale avant de se retrancher derrière les vieux égoïsmes nationalistes qui ont été les causes des deux conflits mondiaux qui ravagèrent l’Europe et qui avaient permis la création d’une union entre des hommes et des femmes qui souhaitaient partager un présent et un avenir commun?
Les centristes, partout en Europe, même au Royaume Uni, tentent, vaille que vaille, que ce rêve européen constitutif de l’Union européenne et qui, seul, peut soutenir l’édifice politique, économique et juridique dans le temps et le renforcer, ne disparaisse pas.
Vaste tâche qui semble perdue d’avance aux sceptiques d’aujourd’hui au vu des échecs à répétition de l’Europe, et de l’incapacité de mettre en place des politiques efficaces, d’une politique d’immigration intelligente (voir la Méditerranée et Calais) à une politique extérieure et sécuritaire consistante (voir l’Ukraine et la lutte contre le terrorisme) en passant par des convergences dans les politiques fiscales et sociales.
Elle n’est même plus capable de maîtriser ses trublions, de Tsipras en Grèce à Viktor Orban en Hongrie.
Aujourd’hui, l’Europe n’est plus crédible dans bien des domaines – il suffit de voir comment la traite Vladimir Poutine – et totalement inefficace, parce que divisée, dans nombre d’autres – il suffit de voir comment se gère la crise en Grèce.
Et demain, elle risque de sombrer suite au son triomphe électoral de David Cameron qui va permettre à ce dernier d’organiser un référendum pour demander aux Britanniques s’ils veulent demeurer dans l’Union européenne.
Un tel vote est déjà une défaite pour l’Europe quel que soit son résultat.
Dès lors, il faut que les pro-européens montent au créneau et réaffirment constamment leur attachement à la construction d’une Union européenne fédérale pour poursuivre ce rêve européen de tous les humanistes qui ont concouru à le créer.
Car la bataille pour l’Europe dans laquelle nous sommes, il ne faut pas se leurrer, doit aussi se nourrir de toutes les initiatives et déclarations, gestes et décisions qui défendent cette si importante union des Européens qui se sont si souvent battus et détruits les uns, les autres quand il étaient séparés.
Mais il faudra bien aussi discuter sérieusement un jour pour revenir au rêve européen.
Car la voie que prend l’Union européenne est celle d’une réunion d’Etats ad minima.
Si c’est bien son avenir, alors ce rêve a un absolument besoin d’être refondé sur une autre initiative, une vraie construction d’une fédération réunissant des peuples qui ont envie de s’unir réellement parce qu’ils savent, d’abord, qu’ils sont bien un même peuple européen, ensuite, que c’est la seule manière qu’ils ont de préserver et d’augmenter leurs acquis dans un futur mondialisé.
Pour cela, il faut des leaders qui ne soient pas tétanisés par les enjeux et qui ne tremblent pas chaque fois qu’un populiste quelconque menace de détruire l’Europe et qui n’ait pas peur d’affronter les difficultés.
Où que l’on regarde sur le vieux continent, on n’en voit pas émerger.
Voilà qui est bien inquiétant.

Alexandre Vatimbella


Pourquoi le Centre défend une méritocratie solidaire

Non, les tenants d’un égalitarisme à tout crin, ce n’est pas vrai qu’il y a sept milliards de Thomas Edison, de Steve Jobs ou de Louis Pasteur dans le monde et que la société ne doit pas récompenser ceux qui inventent et prennent des risques.
Non, les défenseurs d’un laisser-faire sans états d’âme, il n’est pas acceptable de laisser un être humain mourir dans le caniveau au titre qu’il l’aurait mérité ou que cela est dans l’ordre des choses.
C’est la raison pour laquelle les centristes défendent une véritable méritocratie solidaire qui ne rougit pas de récompenser ceux qui réussissent et ne se cachent pas la tête dans le sable afin d’éviter d’aider ceux qui souffrent.
Car le but de la société est de permettre à chacun d’avoir la possibilité d’être qui il veut et d’apporter ses capacités à la communauté.
Mais la raison pour laquelle les hommes et les femmes font société est aussi que la communauté n’abandonne pas ceux de ses enfants qui sont dans la détresse.
Oui, chacun de nous possède son individualité dont Max Stirner estimait qu’elle était plus importante que la liberté parce qu’elle fait de nous ce que nous sommes.
Cette différence irréductible dès la naissance, se complexifie chaque jour que nous vivons et des expériences auxquelles nous sommes confrontés.
C’est cette individualité qui produit des inventeurs, des innovateurs, des entrepreneurs.
Et l’on doit donner leur véritable chance à tous ceux qui ont ces capacités pour qu’ils puissent réussir.
Pour eux et leur accomplissement personnel, bien entendu, mais aussi pour tout ce qu’ils apportent à la société et à son bien-être économique, social et sociétal.
Cette individualité produit également tout sorte de personnalités chacun ayant sa différence irréductible mais sans en faire, quoi qu’il arrive, des parias de la société.
Ainsi, ceux qui n’ont pas pu saisir cette chance de réussir leur existence pour des raisons qui sont souvent en dehors de leur volonté, parfois parce qu’ils ont manqué à leurs responsabilités ou de discernement, ceux-là doivent être aidés pour redevenir capables de prendre leur destin en main (et non pour demeurer a priori des assistés à vie).
La méritocratie solidaire – permettre à chacun de réaliser effectivement toutes ses potentialités et protéger celui qui se retrouve à un moment donné dans la difficulté – est le meilleur système qui a permis les avancées technologiques, la croissance économique mais aussi le développement d’une protection sociale largement efficace.
Non pas qu’il soit moral mais il est vertueux au sens où il est celui qui permet la plus grande efficacité possible dans un régime démocratique et républicain.
Cette efficacité se décline évidemment en un progrès de la société qui rejaillit sur tous ses membres.
On comprend aisément pourquoi il en est ainsi de la méritocratie.
D’une part, cela permet à la collectivité de bénéficier des qualités des meilleurs.
D’autre part, cela permet une insertion de ces meilleurs dans la société alors que, de par leur naissance ou les circonstances de leur existence, ils auraient pu s’en retrouver exclus avec tout ce que cela peut comporter de dangers de déstabilisation pour la communauté.
Mais il en est de même de la solidarité parce que celle-ci, au-delà même de son aspect moral, assure une cohésion et une paix sociales, permettant souvent de réintégrer dans la communauté ceux qui pourraient, à un moment donné, en sortir et dont, les potentialités peuvent être grandes pour la société tout entière si on les laisse exprimer leur mérite.
Car ni la méritocratie, ni la solidarité ne sont essentielles moralement pour la société – ce qui peut être le cas pour l’ensemble des individus qui la compose – mais bien parce qu’elles sont efficaces en terme d’organisation sociale.
Dans une société humaniste, gérée par le principe du juste équilibre, cette société dont les centristes sont les ardents défenseurs, l’harmonie ne se fera que si personne ne se retrouve bridé de ses capacités et que si personne ne se retrouve oublié en chemin.


Alexandre Vatimbella


jeudi 18 juin 2015

Pourquoi Sarkozy veut casser le Centre

Nicolas Sarkozy veut donc s’attacher les centristes, tous les centristes, de ceux qui demeurent encore aux Républicains (et dont beaucoup ne sont plus que centristes de nom), à ceux de l’UDI (dont beaucoup sont prêts à rallier le parti de droite, voire à s’y encarter) en passant par ceux du Mouvement démocrate (à l’exception notable de leur président).
Tous sauf, donc, un, François Bayrou…
Mais ce n’est pas par amour du Centre ou des idées centristes qu’il le souhaite mais bien pour une stratégie politique précise.
Avant d’en venir aux raisons pour lesquelles l’ancien hôte de l’Elysée fait du racolage de centristes, examinons le piège qu’il a mis en place pour ses visées en la matière.
Celui-ci se déroule en trois phases qui peuvent être concomitantes:
- 1° phase: détruire le lien – ténu mais réel – entre le MoDem et l’UDI
Depuis qu’il est revenu en politique – à moins qu’il ne l’ait jamais quittée… – Nicolas Sarkozy s’est appliqué à décerner des certificats de bons et de mauvais centristes.
Bien entendu, on se demande encore quelle légitimité lui donne le droit de juger les centristes qu’il n’aime pas mais il fallait bien, avant toute chose, éviter que le Centre ne se réunisse et devienne une force politique plus structurée et donc moins malléable.
Pour cela, il fallait empêcher à tout prix que l’UDI et le Mouvement démocrate n’aille plus loin que cette fameuse «organisation coopérative» qu’est l’Alternative qu’avait scellée en leur temps François Bayrou et Jean-Louis Borloo.
Dès lors, le pilonnage sur le président du MoDem qui avait voté pour François Hollande au deuxième tour de la présidentielle de 2012 était autant un règlement de compte personnel qu’une attaque frontale contre l’édifice brinquebalant d’une union des partis centristes.
C’était d’autant plus facile que, depuis le retrait de la vie politique de Borloo, il n’y a plus guère qu’Hervé Morin à l’UDI qui soit véritablement pour une alliance en bonne et due forme avec François Bayrou, mais surtout pour mettre des bâtons dans les roues de Jean-Christophe Lagarde.
Bien sûr, cette première phase comportait aussi un discours qui était de diaboliser uniquement Bayrou (et qui doit se poursuivre au cours des autres phases, tant que celui-ci représentera un danger pour la présidentielle) mais pas les autres dirigeants du Mouvement démocrate ainsi que les militants et les sympathisants qui, eux, sont les bienvenus dans la sphère d’influence sarkozyste.
On a bien vu que peu de membres de l’UDI ont défendu François Bayrou face aux attaques et à la mise en quarantaine de Nicolas Sarkozy.
Mieux, beaucoup en ont profité pour rappeler que le leader du MoDem s’était trompé de route et que son retour à droite était une première pénitence mais qu’il fallait attendre pour le réintégrer définitivement dans la famille.
- 2° phase: détruire l’unité de l’UDI
Il n’a échappé à personne et surtout pas à Nicolas Sarkozy que l’UDI est une confédération de partis faite de bric et de broc où les ambitions et les inimitiés personnelles dominent le débat public avec, à tout moment, un risque de scission ou de paralysie.
De fait, détruire l’unité de l’UDI ne semble guère très difficile même si le président des Républicains doit agir avec doigté pour éviter une ingérence trop importante qui pourrait produire l’effet contraire recherché et souder les centristes face à une menace extérieure.
Ainsi, il a bien vu que Jean-Christophe Lagarde était prêt à lâcher du lest dans les négociations électorales afin d’acquérir cette stature de chef que lui déni ses opposants en interne, au premier range desquels on trouve évidemment Hervé Morin.
En outre, il a aussi compris que plus on ferait les yeux doux à Lagarde, plus celui-ci serait gourmand et qu’il se permettrait de lancer des «ultimatums».
Dès lors, il n’y avait qu’à se baisser pour rameuter et réunir tous les opposants au président de l’UDI pour organiser la fronde interne qui ne demandait qu’à éclater en faisant, en plus, des promesses de sièges et de postes aux «frondeurs» de la formation centriste.
C’est la raison pour laquelle il traite directement des accords électoraux avec le Nouveau centre dirigé par Morin et membre de l’UDI ou qu’il reçoit les centristes en mal de gratifications (Hervé Morin, Philippe Vigier, François Sauvadet, Maurice Leroy et quelques autres) et surtout qui veulent la peau de Lagarde.
Cette deuxième phase est en train de donner des résultats et pourrait bien, à moyen terme ou même à court terme faire imploser l’UDI ou l’affaiblir durablement.
- 3° phase: récupérer le maximum de centristes en déshérence et en attente de sièges et de postes
La dernière phase du projet sarkozyste est, bien évidemment, de récupérer le maximum de centristes qui se trouveront en déshérence.
Non pas forcément à l’intérieur des Républicains (il a un intérêt à avoir une UDI paralysée qui soit totalement inféodée aux Républicains et à leur président) mais dans tout l’espace centriste, démontrant de ce fait qu’il est bien un rassembleur.
Si cette manipulation marche, Nicolas Sarkozy aura cassé le Centre en faisant semblant de réunir l’opposition pour ses vues uniquement personnelles!
Sachant qu’effectivement Nicolas Sarkozy n’aime pas et n’a jamais aimé les centristes, il faut se demander pourquoi il souhaite en embrigader le maximum tout en cassant le Centre pour les prochaines années.
Trois raison à cela:
- 1° raison: Pour éviter une candidature centriste unifiée
Même si les partis centristes ne représentent aujourd’hui qu’entre 12% et 15% de l’électorat, on comprend bien qu’une candidature unifiée du Centre à la présidentielle de 2017 peut être une grande menace pour le candidat de la Droite que veut être Nicolas Sarkozy.
Il faut donc éviter absolument que les partis centristes puissent s’entendre sur une primaire du Centre puis sur un candidat unique qui pourrait barrer la route au candidat de droite pour le second tour et même qui pourrait s’y retrouver et peut-être créer la surprise, comme le croit François Bayrou.
- 2° raison: Pour éviter un soutien global des centristes pour Juppé
En cassant l’unité du Centre, Nicolas Sarkozy espère ainsi qu’aucun front unifié des centristes ne pourra se ranger derrière la candidature d’Alain Juppé à la primaire des Républicains si jamais l’UDI décidait de ne pas avoir de candidat au premier tour et si François Bayrou ne se présentait pas.
Car le président de la formation de droite sait bien qu’aujourd’hui les dirigeants centristes mais aussi leurs électeurs préfèrent nettement le maire de Bordeaux et qu’ils pourraient ainsi lui faire gagner la primaire.
Mais, en introduisant la zizanie dans l’espace centriste, il espère ainsi empêcher que des personnalités qui se détestent, voire plus, ne puissent se retrouver sur le même ticket présidentiel.
D’autant qu’en ayant négocié des accords très favorables à quelques uns d’entre eux pour les régionales, ils deviendront, de fait, ses obligés et auront du mal à ne pas le soutenir lors de la primaire, surtout si leurs adversaires se prononcent pour Juppé.
In fine, cela lui permettra de récupérer certaines voix centristes mais, avant tout, d’en priver son principal concurrent de la primaire.
- 3° raison: Pour marginaliser définitivement Bayrou et sa probable candidature
Crédité aujourd’hui de 12% des intentions de vote dans un dernier sondage, François Bayrou rêve de se présenter, surtout s’il a en face de lui Nicolas Sarkozy.
Bien entendu, à ce niveau sondagier, le président du MoDem ne peut prétendre être au second tour mais il peut empêcher Nicolas Sarkozy d’y être.
En outre, si la primaire des Républicains est remportée par ce dernier mais dans une atmosphère détestable, nombre de soutiens à Juppé pourraient se tourner vers Bayrou.
Dès lors, il faut continuer à pilonner Bayrou, à faire les yeux doux à Lagarde tout en le menaçant et à caresser dans le sens du poil tous les ennemis de celui-ci à l’UDI, le tout avec un discours d’union.
Bien entendu, cette stratégie comporte de multiples risques.
Cependant, elle est tout à fait réalisable.

Alexandre Vatimbella

Voir le site Le Centrisme



Le juste équilibre face aux périls qui menacent la planète

On parle beaucoup de terrorisme ces derniers temps et des menaces venus d’Al-Qaïda, de Daesh et de leurs affiliés respectifs.
Bien évidemment, ces criminels aveugles qui instrumentalisent une religion pour accomplir leurs basses œuvres sont un danger qu’il faut éradiquer.
Mais ils ne sont rien, pour l’instant, à côté des deux principaux périls qui risquent de s’abattre sur nos têtes d’autant plus fortement que nous n’avons pas pris réellement la dimension de leur menace – même si nous en parlons à tout bout de champ et que nous nous inquiétons – et que nous ne faisons pas les efforts nécessaires pour les prendre à bras le corps afin de mettre en place rapidement les mesures adéquates: la pauvreté couplée avec une démographie galopante dans certaines régions du monde; la pollution et la destruction de notre environnement naturel.
Deux périls qui sont parfois liés.
Face à ce type de problèmes cruciaux, l’espèce humaine s’est malheureusement toujours montrée incapable de se mobiliser réellement et a préféré s’en remettre au destin, c’est-à-dire à la chance, pour s’en sortir et si cela ne marchait pas, à la guerre et aux catastrophes naturelles pour les régler – momentanément –, ce qui n’est évidemment guère glorieux, voire totalement irresponsable.
Bien sûr, les cyniques mais aussi beaucoup de réalistes nous expliqueront que toute question capitale de ce genre est hors de portée d’une action humaine efficace et ne peut se résoudre que par la violence, soit des éléments, soit des êtres humains.
Et c’est vrai que l’Histoire fourmille de conflits armés et de déchaînement des éléments, faute d’avoir vu les humains trouver des solutions aux périls qui les menaçaient.
Ceux-ci ont appris à regarder les cataclysmes survenir, à compter les morts et à voir disparaître les civilisations dans une sorte de résignation et de fatalité alors même qu’ils en sont souvent les responsables.
Si, dans le passé, l’ignorance des  causes de ces périls pouvaient être une des raisons de l’inaction, ce n’est plus vrai aujourd’hui même si nous ne maîtrisons pas tous les savoirs et que nous sommes limités dans nos capacités vis-à-vis de certains aspects de ces menaces.
Mais l’essentiel est de savoir que nous pouvons agir.
Plus important que cela, nous devons agir quels que soient les moyens dont nous disposons.
Que nous réserve le futur à ce propos?
Est-ce que nous avons enfin assez appris du passé pour éviter cela?
A l’évidence, cela n’a pas l’air d’être le cas.
Dès lors, les problèmes de pauvreté et de surpopulation (et tout ce qui en découle ainsi tout ce qui se greffe dessus) trouveront leur exutoire peut-être par une nouvelle guerre mondiale.
Quant aux problèmes de pollution et de destruction de notre environnement naturel, ils se résoudront peut-être par une catastrophe naturelle dont l’ampleur pourra être au-delà de notre imagination la plus angoissée.
Cette guerre ou cette catastrophe naturelle «règleront» ce que les humains n’auront pas voulu ou su résoudre car on peut parler des deux à la fois, tellement à un moment donné les défis sont gigantesques et dépassent peut-être l’entendement humain mais surtout nos capacités à pouvoir s’y atteler et les résoudre réellement.
Il est vrai, par ailleurs, que la problématique générale est compliquée quand on commence à l’analyser sérieusement.
On doit prendre en compte qu’aujourd’hui notre planète est menacée par les activités humaines mais que dans le même temps des milliards de gens sont pauvres, certains dans un dénuement presque complet (l’ONU estime que plus d’un milliard de personnes vivent en deçà du seuil de subsistance avec moins de 1,25 dollar de revenu par jour même si la proportion de la population mondiale dans cette condition est passée de 47% à 22% entre 1990 et 2010), ou vivent dans la précarité et que vouloir régler l’une (la pollution) sur le dos de l’autre (la pauvreté) ou inversement ne se fera jamais parce qu’il est impossible que l’homme et la femme qui veulent vivre, parfois seulement survivre, renoncent librement à utiliser, voire détruire, la nature à leur profit quand ils en ont un besoin crucial, quand leurs vies en dépendent à court terme même s’ils savent que cette destruction à plus ou moins long terme sera fatale à leur descendance et même, peut-être, pour eux.
Et la seule façon que peuvent avoir ceux qui luttent pour l’environnement alors qu’ils ont une vie décente est d’imposer le respect de la nature par la force à ceux qui n’ont rien.
D’où, in fine, quand la situation sera paroxystique, l’augmentation d’un risque de conflit généralisé.
Pour pouvoir vraiment s’attaquer aux problèmes et trouver un large soutien mondial, il faut ainsi chercher et trouver – le plus vite sera le mieux – un juste équilibre.
Il faut trouver une voie raisonnable qui permettra de régler ensemble la pauvreté et la pollution avant que les deux, ensemble, nous plongent dans la crise ultime où une guerre et un désastre écologique se produiraient en même temps comme dans un mauvais film catastrophe dont on peut voir les prémisses dans nombre de conflits locaux et régionaux.
Il faut absolument éviter que les problèmes se règlent d’un coup par la violence extrême des humains et des éléments, dévastant la planète.
On comprend bien que la résolution de ces deux défis gigantesques ne peut se faire qu’à l’échelle mondiale.
C’est donc la construction d’une mondialisation humaniste qui sera la base d’une organisation capable de s’attaquer à la pauvreté, à la surpopulation et à la pollution.
Penser à notre planète de manière équilibrée requiert l’investissement de tous, la coopération de tous, n’en déplaise à tous ceux qui veulent se recroqueviller chez eux, pensant que dans ce monde où tout est de plus en plus interconnecté, ils pourront échapper à la violence derrière leurs frontières dérisoires, un peu comme la ligne Maginot lors de la Deuxième guerre mondiale et encore, elle, elle a tenu le choc mais a été contournée...
Pour parvenir à mobiliser la planète, le juste équilibre doit concerner les comportements (grâce à l’éducation et l’information), les activités économiques (grâce à des incitations et à l’innovation)
Il doit bien évidemment comporter également un volet répressif mais il doit être conçu avant tout comme une prise de conscience en encourageant toutes les initiatives, en promouvant la vertu de l’exemple mais aussi à permettre une réelle compréhension des enjeux d’une population souvent désorientée par les informations multiples et contradictoires, voire de propagande mensongère, qui se déversent en flots tous les jours.
Les discours doivent ainsi être réalistes. Ce n’est pas en annonçant sans arrêt une catastrophe pour le lendemain alors que rien ne se passe que l’on va crédibiliser les actions entreprises et à entreprendre.
De même, il faut cesser de glorifier un passé qui ne le mérite pas, voire un état «naturel» qui ne l’était pas plus, mais travailler à ce que le présent puisse être ce moment où l’on va vers un avenir que l’on construit sur des principes acceptables, acceptés et ayant du sens, c’est-à-dire offrant du mieux et refusant ce retour en arrière vers un éden que nous aurions quitté et qui n’a jamais existé.
Oui, il faudra, en matière d’environnement, agir nettement plus qu’aujourd’hui et que les conférences comme celle de Paris (COP21, 21° Conférence des Nations unies sur les changements climatiques) qui se tiendra en décembre prochain sur le climat accouchent de mesures concrètes et de décisions fortes autrement plus puissantes que celles qui ont été prises ces dernières années.
Mais il faudra, en même temps, cette vision réaliste qui est de rendre ces mesures et ces décisions acceptables à ceux qui luttent pour leur survie tous les jours, c’est-à-dire qu’elles puissent s’appliquer réellement tout en ne les condamnant pas à l’extrême pauvreté, voire à la mort.
Ce qui passe par une meilleure répartition des richesses, pas par générosité envers ceux qui n’ont rien ou pas grand-chose mais tout simplement et cyniquement parce que notre bien être, voire plus, dans nos pays avancés dépend de cette redistribution dans les pays émergents et en voie de développement.
Car si une balance entre lutte contre la pauvreté et la lutte contre les menaces environnementales n’est pas trouvée, alors nous ne résoudrons ni l’une, ni les autres et nous en paierons le prix à un moment ou à un autre.
Et les humains et les éléments seront alors les vecteurs, à terme, d’un bouleversement destructeur sans doute d’une ampleur gigantesque.
Un sondage que vient de réaliser Ipsos pour le magazine La Recherche et le quotidien Le Monde, montre que les Français sont désormais bien au fait de la réalité dans toute sa complexité.
Ainsi, 41% estiment que «certainement» et 52% «probablement» l’activité humaine est responsable du réchauffement climatique.
En outre, 62% pensent que c’est l’agriculture et la déforestation qui en sont les principaux responsables, 55% que l’essor industriel des pays en voie de développement en est également la cause.
En revanche, en matière de solutions, on est déçu que l’investissement en faveur des pays en voie de développement ne vienne qu’en cinquième et dernière position et ne soit considérée comme «efficace» que par 18% des sondés juste derrière le développement d’innovations scientifiques et technologiques («efficace» pour seulement 27% d’entre eux), tous deux loin derrière les mesures coercitives (34%), la modification des comportements personnels (44%) et l’investissement plus important des industriels (56%).
Or si, évidemment, toutes ces solutions sont essentielles et forment un tout indissociable dans l’optique de juste équilibre que nous avons défini plus haut, une grande partie de la résolution du couple pauvreté-menaces environnementales passe bien par l’investissement dans ces pays et par des innovations scientifiques et technologiques – et non par la négation du progrès et le retour en arrière que peuvent suggérer parfois ce que l’on met dans les autres solutions –, tout simplement parce qu’on est là dans l’agir responsable et concret au plus près de la racine profonde de la menace pour l’Humanité.
Reste que nous avons chacun une responsabilité d’agir, non pas par choix, mais par obligation.
Et, nous, habitants des pays démocratiques et républicains, nous devons montrer que notre liberté mais également notre bien-être est indissociable désormais de la fraternité qui nous unit à toute l’Humanité.
Tout cela pas demain, aujourd’hui.
Alexandre Vatimbella



mercredi 17 juin 2015

Hillary Clinton, la centriste à poigne à abattre

Elle n’obtient peut-être pas la meilleure note en matière d’honnêteté auprès des Américains selon un récent sondage mais elle est celle qui est considérée comme une femme à poigne ayant des «qualités fortes de leadership» pour 60% de ses compatriotes, loin devant tous les autres candidats à la présidentielle, notamment les républicains.
Elle prouve ainsi et sans équivoque, que, oui, on peut être centriste et avoir une stature de femme d’Etat ainsi qu’une image de leader fortes.
Néanmoins, avant de démontrer ses capacités en la matière en tant que première présidente des Etats-Unis, il lui faudra l’être face aux républicains qui ont commencé leur campagne de haine et de sape sur le modèle de celle qu’ils utilisèrent contre Obama en 2008 et surtout en 2012 ainsi que face aux médias dont on comprend de moins en moins le compte qu’ils ont à régler avec Hillary Clinton.
OK, les journalistes ne l’aiment guère, c’est leur droit en tant que personnes mais cela ne doit pas transpirer dans leur mission d’information.
Or ce n’est absolument pas le cas et l’on est sans cesse étonné devant tant de manquement à la déontologie journalistique lorsqu’il s’agit de parler d’elle.
On ne parle pas simplement des médias conservateurs voire ultraconservateurs comme Fox news, de triste réputation, ou encore Politico, le média qui se veut celui de la politique sérieuse (et qui vient de lancer une édition européenne) et dont la couverture sur Hillary Clinton s’apparente à de l’acharnement.
Dans ses colonnes, tous les jours un papier à charge contre Clinton pas toujours très compréhensibles dans leur logique profonde à part «casser» de l’Hillary.
Ainsi, les journalistes de Politico peuvent l’attaquer en disant qu’elle inquiète les milieux de gauche et que ceux-ci ne voteront pas pour elle parce qu’elle est trop à droite et, le lendemain, affirmer qu’elle inquiète les milieux d’affaires et que ceux-ci ne lui donneront pas d’argent et ne voteront pas pour elle parce qu’elle est trop à gauche!
In fine, en lisant Politico, on se demande s’il y aura un seul électeur pour voter pour Hillary Clinton en novembre 2016…
Même le «sérieux» New York Times semble avoir choisi son camp en distillant toutes les semaines des informations à charge contre Hillary Clinton.
Catalogué faussement «démocrate», le quotidien est en fait séparé en deux. Une rédaction soi-disant «apolitique» et un bureau des éditorialistes qui, généralement, est plutôt à gauche et démocrate tout en accueillant nombre de contributeurs de droite et/ou républicains.
Surtout, le quotidien newyorkais s’était fait remarqué lors des dernières campagnes présidentielles en soutenant au-delà de toute mesure Barack Obama en 2008 (un peu moins en 2012) en tapant, notamment, sur Hillary Clinton, souvent de manière peu digne, lors de la primaire démocrate de 2007-2008.
Bien entendu, l’ancienne première dame des Etats-Unis puis sénatrice de New York et enfin secrétaire d’Etat de 2009 à 2014, n’a pas que des qualités et possède ses zones d’ombre.
Cependant, on aimerait que les médias agissent envers elle comme ils le font pour les autres candidats et non toujours ou presque toujours à charge.
Est-ce le fait qu’elle soit centriste, femme, personnalité à poigne et qui a réussi dans son parcours jusqu’à présent, un mélange qui semble déranger le petit monde politico-médiatique américain?
On est en droit de se poser la question alors même que les milieux bien-pensants d’outre-Atlantique réclament pourtant une politique plus consensuelle, plus ouverte sur les minorités et moins sexiste, faisant une meilleure part à la méritocratie (dont elle un pur produit) tout en se plaignant d’une vision trop laxiste du monde de Barack Obama, ce qui devrait, théoriquement les amener à développer une certaine sympathie envers Hillary Clinton, ce qui n’est pas le cas.
L’outrance de l’opposition à sa personne de ces «élites» sera peut-être, justement, une de ses atouts principaux pour se faire élire à la Maison blanche.
Car, pilonnée comme elle l’est depuis tellement longtemps et toujours favorite dans les sondages est déjà un tour de force qu’il faut saluer.
Reste que l’on connait le pouvoir de l’argent dans les campagnes américaines, non pas pour proposer des programmes cohérents ou expliquer son projet pour le pays mais pour attaquer ses opposants, souvent en ayant passé largement les limites de la décence.
Et l’on sait que certains candidats de grande valeur qui auraient du être élus ont été balayés par des contrevérités ravageuses.
Espérons que ce ne sera pas le cas pour Hillary Clinton mais on ne peut l’exclure.
Voilà qui serait dommage pour les Etats-Unis, ainsi que pour la communauté internationale car une centriste à poigne est sans doute ce qui manque actuellement pour faire face avec responsabilité et dans le consensus aux périls multiples qui menacent notre planète.


Alexandre Vatimbella