jeudi 20 septembre 2018

La démocratie nécessite un peuple démocratique

Sans cadre démocratique pas de démocratie, dit-on fort justement.
Mais cette sorte de tautologie se double d’une autre: sans peuple démocratique pas de démocratie.
Il ne suffit pas de décréter la démocratie, ni même de la mettre en place si le peuple refuse de l’appliquer.
C’est d’autant plus vrai dans notre XXI° siècle commençant.
Non seulement il faut un peuple qui adhère à l’idéal démocratique, à ses règles, à ses principes et à ses valeurs, mais un peuple qui pratique effectivement et concrètement la démocratie.
Or, force est de constater que ce n’est pas toujours le cas, loin de là.
Et au lieu d’être dans une courbe ascendante, cette adhésion (qui demeure encore majoritaire dans la plupart des démocraties républicaines) et, surtout, cette pratique sont de plus en plus écornées, voire abandonnées.
Dans une démocratie, le peuple ne peut pas être passif, voire seulement indifférent, comme c’est le cas dans une dictature ou une autocratie, il doit être actif.
Si le pouvoir démocratique doit rendre des comptes, le peuple démocratique le doit également.
Pas au pouvoir mais à la collectivité toute entière.
In fine, la démocratie est le seul système politique qui demande la participation active de l’individu en tant que citoyen pour fonctionner alors que dictature et autocratie espèrent un peuple atone (sauf pour célébrer les chefs) et un individu replié sur sa sphère privée.
Attention, lorsque je parle de participation active, celle-ci se concrétise surtout dans l’acceptation des règles, des principes et des valeurs et dans la mise en pratique de ceux-ci.
Il ne s’agit pas pour tous les citoyens de les obliger à s’impliquer dans un engagement politique précis, même si cela serait sans doute positif et efficace dans l’ancrage démocratique d’une société.
Les partisans de la démocratie ont su, dès le départ, que le chemin serait long pour l’avènement d’un peuple démocratique.
Certains, en doutant que ce fut possible, ont multiplié les garde-fous et les pare-feux qui ne sont jamais éternels.
D’autres ont espéré dans une évolution qui, bien sûr, a eu ses à-coups avec les régimes autocratiques du XIX° siècle, les dictatures du XX° siècle au premier desquelles trônaient le nazisme, le fascisme et le communisme.
L’idéal démocratique a repris son élan après le carnage de la Deuxième guerre mondiale puis après la chute du Mur de Berlin et le massacre de la place Tienanmen.
Mais la mémoire des peuples est chose bien fragile malheureusement, tout comme leur sagesse et, pire, leur propres intérêts.
Du coup, les ennuis périphériques à la démocratie (comme les errements et les fautes dus au fonctionnent frauduleux des modèles économiques et financiers capitalistes par des organisations et des individus souvent véreux) et une lassitude incompréhensible à vivre libre, ont ravivé les mouvements anti-démocratiques, extrémistes et populistes qui ont retrouvé l’oreille de peuples qui n’est souvent pas capable d’analyser une situation dans la durée, d’autant que les médias ne jouent pas ce rôle fondamental d’information en la matière, se focalisant sur l’instant et l’événement sans recul, sans explication, sans vision historique du moyen et long terme.
Enfin, il est important de rappeler que la démocratie libérale ne tire pas sa légitimité du peuple et encore moins de son acceptation par ce même peuple et ce même si, étymologiquement démocratie signifie le pouvoir du peuple (du grec dêmos, peuple, et kratos, pouvoir).
Non, de par sa nature libérale (qui est consubstantielle à sa caractéristique d’institutions faisant que ses gouvernants sont élus par le peuple), elle est le régime de la liberté pour tous et pour chacun, c'est-à-dire qu’elle s’impose comme le système légitime dès lors qu’un seul membre de la communauté la revendique à son profit.
D’ailleurs, même si aucun d’entre eux ne le demande, elle s’impose tout de même pour l’intérêt bien compris des générations à venir.
Pour autant, si le peuple ne peut révoquer la démocratie, pour son bon fonctionnement, il doit la pratiquer pour qu’elle soit un processus constamment en marche et en amélioration pour se rapprocher de son idéal.
Car, contrairement à ce que pourront prétendre certains, il n’est pas question de véritable démocratie sans le peuple.
Cependant, ce n’est qu’un peuple éclairé et responsable qui peut pratiquer la démocratie de manière satisfaisante.
D’où la nécessité du savoir et de l’information afin de permettre au citoyen de, tout à la fois, rechercher son intérêt et respecter celui de l’autre.
La démocratie libérale n’est pas autre chose.
Espérons donc que les comportements actuels qui détruisent, de l’intérieur, les démocraties ne soient que passagers.
Néanmoins, si tel n’était pas le cas, cela ne remettrait pas en cause cette évidence que personne n’a pu, jusqu’à présent, contredire avec des arguments définitifs: la démocratie républicaine libérale est le meilleur système.
Et que ça vaut le coup de se battre pour elle, pour cet idéal, pour cet espoir.


lundi 17 septembre 2018

La démocratie, c’est le respect de l’humain

On voit bien que les vieilles définitions de la démocratie ne fonctionnent plus depuis quelques années.
Ce n’est pas parce qu’elles sont devenues obsolètes avec l’évolution des sociétés démocratiques mais parce qu’elles étaient déjà, à l’origine, déficientes ou partielles.
Elles oubliaient l’élément fondamental: l’humain.
Oui, je sais, beaucoup vont me dire que l’humain est partout dans ces définitions, d’Aristote à Rawls, de Spinoza à Rousseau, de Locke à Hegel.
Mais, d’une part, cet humain demeurait très souvent désincarné, comme un critère ou une référence, un fondement objectivé plus qu’un sujet.
Et, d’autre part, l’assise qui était choisie était ses droits (et ses devoirs) naturels ou non.
Or si ceux-ci sont évidemment primordiaux pour donner une existence réelle à la démocratie, ils sont la conséquence de la raison de l’existence de la démocratie et non pas sa cause.
De même, la fameuse définition d’Abraham Lincoln dans son adresse de Gettysburg, «le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple» donne une prééminence à cette notion de «peuple» dont la définition est souvent difficile et dont certains s’emparent au profit d’une multitude ou d’une populace qui prétendent incarner ce peuple par une mystification des plus dangereuses.
Et, surtout, ils donnent à ce «peuple» des pouvoirs extraordinaires, ce qu’il ne saurait avoir, ni sur lui-même, ni sur une partie de lui-même, ni sur un seul de ses représentants.
Et si la démocratie se caractérise par la liberté, l’égalité et la fraternité, voire par une poursuite d’un bonheur personnel à la définition hypothétique comme nous le rappelle Kant, en réalité, la notion fondamentale est respect de l’humain, tant pris individuellement en tant que personne, que collectivement, en tant que communauté.
Cela signifie, concrètement que le respect empêche toute remise en cause de la démocratie dont on ne saurait priver un seul individu vivant ou à naître qu’il soit membre d’une majorité, d’une minorité ou qu’il soit tout seul.
Ainsi, le peuple, par exemple, ne peut être autorité légalement à remettre en cause la démocratie même par son vote, qu’il soit majoritaire ou unanime.
De même, il ne peut priver une majorité ou une minorité de ses membres, voire un seul d’entre eux de ses droits à vivre démocratiquement.
Mais qu’est-ce que ce respect si fondamental pour une démocratie, pour l’existence libre et dans l’égalité et la fraternité, d’un individu.
Respecter l’autre, celui avec qui je vis, qu’il soit mon voisin ou un habitant d’une contrée lointaine, c’est respecter ce qu’il est dans sa ressemblance et sa différence avec moi, c’est lui accorder les mêmes droits que je m’accorde, lui demander les mêmes devoirs et la même responsabilité qui en découlent, vivre en bonne intelligence avec lui dans la liberté, la solidarité, la tolérance, c’est le considérer comme mon égal, c’est lui garantir sa dignité comme il me garantit la mienne.
Respecter l’autre, c’est appliquer effectivement et concrètement les valeurs humanistes que porte le Centrisme.
Oui, ce respect est à la base de la démocratie républicaine, à la base de la reconnaissance de l’individu mais aussi de l’existence d’une communauté au lien social solide et d’un bien commun démocratique.
Or, on comprend bien que ce respect ne peut être complètement organisé par des règles mais doit émaner de cette empathie que nous avons tous pour nos semblables et qui doit prendre le pas sur nos craintes existentielles.
Mais, tout aussi important l’intérêt de chacun de nous est que le respect soit au centre des relations sociales.
Si, en respectant l’autre, je suis respecté, alors je suis, non seulement, en sécurité mais en capacité de réaliser mon existence plus facilement que dans le cadre d’un affrontement constant et destructeur avec l’autre, avec sa volonté et son intérêt qui se télescopent constamment aux miens.
Le jour où chacun respectera l’autre alors nous toucherons certainement au plus près de ce qui est l’idéal démocratique et l’achèvement républicain.
Ce n’est sans doute pas une mince affaire que de parvenir à une société du respect car il ne se décrète pas et ne s’instaure pas avec un simple claquement de doigt.
Ce comportement respectueux requiert des personnes conscientes de son incontournabilité, c'est-à-dire qui seront conscientisées à respecter l’autre parce qu’il y va de leur intérêt.
Dès lors, il s’apprend, il se promeut et sa pratique se récompense.
Aujourd’hui, non seulement ce n’est pas le cas et ce qui est encore plus scandaleux et plus décourageant, c’est que l’on n’essaye même pas de paver un chemin qui y mène.