vendredi 30 octobre 2015

A la source du centrisme français

Au moment où les théories les plus radicales reviennent à la mode et se déversent dans les médias par des intellectuels qui se mettent en scène pour vendre leur message comme de la lessive avec soi-disant la volonté de dire la vérité aux Français et de les unir face aux périls extérieurs et intérieurs, alors même que leurs thèses sont clivantes, clientélistes et exclusives, il n’est pas inutile de dire ce qu’est le Centrisme aujourd’hui dans notre pays, en ce début de troisième millénaire, car, lui seul, tourne le dos au relativisme d’un bord et au déterminisme de l’autre, lui seul recherche le bien être et l’épanouissement de tous et non de ceux de son camp avant tout.
Partons d’abord d’une définition simple.
Le Centrisme, partout dans le monde, est un humanisme respectueux et intégral du juste équilibre dont les valeurs sont, dans l’égalité, la liberté, la solidarité, la tolérance et le respect.
C’est donc un libéralisme social, réformiste, pragmatiste, progressiste et personnaliste qui défend la démocratie républicaine représentative et participative.
En France, trois pensées sont à la source du Centrisme: le libéralisme, le christianisme (avec la démocratie-chrétienne) et le radicalisme.
Le syncrétisme centriste de ces courants puissants aboutit à cet humanisme équilibré qui est à la recherche de la société harmonieuse faite de respect et de fraternité où le système politique de la démocratie républicaine met en avant la valeur première qu’est la liberté avec comme règle de base l’égalité.
Au-delà de ces mots ronflants, le Centrisme fait confiance à l’être humain libre, égal à un autre à sa naissance et donc dans les chances qu’il a de réussir grâce à son mérite pour vivre dans une société où il respecte l’autre notamment ses droits autant que les siens permettant ainsi une collaboration pacifiée à la base du lien social.
Pour cela, il doit être averti et émancipé (grâce à la transmission du savoir et à l’information délivrée), ce qui lui permet d’envisager lui-même ce qui est bon pour lui et la communauté dans lequel il vit ainsi que d’élire ses représentants en tout connaissance de cause.
Schématiquement, la liberté du Centrisme vient du libéralisme, sa solidarité du christianisme et son adhésion à la république du radicalisme.
Ainsi, le centrisme français découle du libéralisme parce qu’il se bat pour les droits naturels d’un individu autonome et responsable poursuivant son intérêt.
Il découle du christianisme (démocratie-chrétienne) parce qu’il se bat par l’amour (agapé) pour le respect d’une personne partageant la condition humaine universelle et la solidarité dans sa communauté.
Il découle du radicalisme parce qu’il se bat par la raison pour la dignité d’un citoyen averti et conscient défenseur d’une laïcité intégrale et intégrante.
Mais le libéralisme, le christianisme et le radicalisme ne sont pas les seules sources du centrisme français même si elles en sont les principales.
On peut citer, entre autres, la médiété d’Aristote, le juste milieu de Confucius, le solidarisme de Léon Bourgeois, l’européanisme de Victor Hugo à Robert Schuman en passant par Aristide Briand, entre autres.
En ce troisième millénaire où nous devons construire, face aux défis énormes qui se présentent, une société apaisée, équilibrée et harmonieuse où l’initiative individuelle et la collaboration de tous et entre tous sont indispensables afin de trouver les bonnes solutions et, surtout les mettre en place de manière consensuelle que ce soit dans notre pays, en Europe et dans le monde par une mondialisation humaniste, le Centrisme – et notamment le centrisme français – apporte les éléments nécessaires à cette entreprise.
Armé comme il est et reposant sur des bases aussi solides, le centrisme français a donc tous les atouts pour convaincre une majorité de nos compatriotes.
Encore faudrait-il qu’il y ait des voix pour le faire et qu’elles soient assez fortes pour émerger face au vacarme assourdissant des petites pensées mesquines sans avenir.

Alexandre Vatimbella

Voir le site Le Centrisme


dimanche 25 octobre 2015

Le libéralisme n’est pas monolithique mais son point d’équilibre est au centre

Le Libéralisme, et c’est tant mieux, semble être devenu en France un héritage national commun à tous les courants politiques excepté les extrêmes.
Cela n’a pas toujours été le cas et cette appropriation semble parfois un peu artificielle sur certains points quand elle n’est pas bâtie sur une méconnaissance de ce qu’est le libéralisme par ceux qui s’en revendiquent.
Rappelons que le Libéralisme est né de cette idée théorisée par John Locke que les individus pouvaient se gouverner eux-mêmes si leur puissance à chacun (théorisée, elle, par Hobbes qui en faisait pour la première fois un attribut ontologique de l’individu) était transformée dans des droits qui devaient obéir à la loi.
Cette confiance dans la capacité du peuple à s’autogouverner venait en complète opposition à ce que Thomas Hobbes avait écrit dans le Léviathan, bible des conservateurs (les adeptes du Conservatisme et non ceux qui voudraient conserver des acquis que l’on peut trouver autant à droite qu’à gauche de nos jours), qui démontrait que le choc des puissances individuelles créait l’anarchie et que seul un gouvernement fort (en l’occurrence la monarchie absolue pour Hobbes) pouvait permettre à chacun de vivre en paix.
Elle est également en complète opposition à la théorie socialiste (le Socialisme s’est créé en opposition aux thèses libérales) qui estimait qu’il fallait réguler la liberté individuelle au profit d’une liberté collective avec une forte restriction de l’initiative individuelle notamment en matière économique (d’où, pendant longtemps, une volonté de nationaliser plusieurs secteurs de l’économie comme les banques ou les industries lourdes).
Bien sûr, au cours des ans les systèmes et les pensées hybrides ont quelque peu mélangé les concepts.
Ainsi, dès les années 1920-1930, on peut dire que le célèbre économiste britannique John Maynard Keynes était un libéral alors même que son projet d’une puissance publique régulatrice de l’économie, notamment en cas de crise, venait en opposition de l’idée libérale, non pas du laisser faire, mais d’une organisation de la sphère économique permettant, non seulement, à la liberté d’exister mais aussi à la vraie concurrence de s’exercer (ce qui suppose des normes que beaucoup d’ultralibéraux rejettent) sans, néanmoins, aucune intervention étatique dans le fonctionnement quotidien de la machine productive.
Aujourd’hui, plusieurs libéralismes se répondent, s’enrichissent les uns les autres, voire se combattent férocement.
En matière politique, on distingue essentiellement trois formes de libéralisme.
Il y a d’abord le conservatisme libéral ou libéral conservatisme, un courant de la droite qui est très conservateur voire même réactionnaire au plan des mœurs et du fonctionnement de la démocratie républicaine (ayant une préférence d’ailleurs pour le républicanisme démocratique) mais qui est très libéral, voire ultralibéral (comme l’était Margaret Thatcher ou Ronald Reagan) en matière économique, prônant la dérégulation à tout va qui bénéficie aux plus riches.
C’est un mélange de Thomas Hobbes (politique) et de Friedrich Hayek (économie).
Aujourd’hui, beaucoup de leaders de LR se réclament d’un libéralisme économique tout en étant conservateurs.
On peut citer comme principaux chef de file politiques actuels en France, François Fillon, Hervé Mariton et à un degré moindre Nicolas Sarkozy.
Quant au social-libéralisme ou socialisme libéral, c’est un courant de la gauche qui est positionné à la droite de la gauche et dont la vision est celle d’une société où si la liberté est toujours pensée à travers le prisme de l’égalitarisme néanmoins, en matière économique, il prône une liberté d’entreprendre ainsi que les règles du marché, bien loin d’une économie planifiée et contrôlée.
Les chefs de file politiques français de ce courant sont Manuel Valls et Emmanuel Macron.
Ses tenants viennent de la gauche antiautoritaire voire libertaire et sont dans la droite ligne d’un John Stuart Mill, héraut du libéralisme «social» au XIX° siècle mais aussi de l’Américain John Rawls (avec sa théorie de la justice) ou de l’Indien Amartya Sen.
Reste le libéralisme social qui est centriste.
Ce dernier reprend à son compte la liberté libérale, tant en matière politique qu’économique, mais la transcende dans un humanisme intégral qui impose un respect de la personne et de sa dignité, donc une solidarité qui lui confère sa couleur sociale.
Mais, à l’inverse du social-libéralisme (et du Socialisme), c’est bien d’abord en libérant les capacités de l’individu, ce qui lui permet de créer et de réaliser de la plus-value, que l’on peut faire une redistribution sans pour autant gripper la machine productive et non en imposant d’abord la redistribution dans une vision égalitariste mais simplement en établissant l’égalité en matière sociale comme reposant sur l’égalité des chances (opportunités) et la méritocratie effectives.
Cette vision humaniste vient, entre autre, de la pensée démocrate-chrétienne, autre grand apport avec le libéralisme du corpus centriste.
De même, le Centrisme n’est pas soluble dans le Conservatisme et réciproquement parce que le premier nommé refuse une société figée dans ses structures et dans son organisation sociale.
De par sa tradition libérale, il est réformiste et ouvert en matière sociétale (il faut rappeler à ce propos les réformes en matière de mœurs de Valéry Giscard d’Estaing quand il accède à l’Elysée en 1974) mais aussi pour une organisation de la solidarité de par sa tradition démocrate-chrétienne qui n’est pas celle des conservateurs.
C’est pourquoi d’ailleurs les partis libéraux en Europe sont souvent proches du centre de l’échiquier politique et que l’UDF lors de sa création regroupait essentiellement des démocrates-chrétiens et des libéraux (et quelques droitistes réactionnaires égarés…).
Pour être tout à fait complet, il faut citer ceux qui se revendiquent uniquement du libéralisme, ce qui est le cas, en France, du petit parti libéral démocrate qui se trouve à la gauche de LR et à la droite de l’UDI (il fut même un temps membre de cette confédération).
N’oublions pas, non plus, ceux qui associent le Libéralisme avec certains des concepts anarchistes et se revendiquent du Libertarisme aux Etats-Unis sous l’influence d’un Robert Nozick (mouvement qui flirte bizarrement avec le Parti républicain et dont le chef de file est Rand Paul, le sénateur du Tennessee) et, parait-il le «libéralisme libertaire» en France (terme forgé et utilisé d’abord par des marxistes de manière péjorative) qui a peu de visibilité actuellement même si une personnalité comme Daniel Cohn-Bendit s’en est parfois revendiquée.
Ce courant de pensée prône un Etat minimal et la plus grande liberté possible, tant en matière de mœurs qu’économique, faisant de la société civile, le lieu de résistance radicale au pouvoir étatique.
Pour autant, comme pour l’ultralibéralisme – qui est un cocktail de libéralisme extrême en matière économique et de conservatisme extrême en matière sociale et sociétale – le Libertarisme ne peut être considéré généralement comme un libéralisme.
Avec ce panorama rapide et évidemment réducteur, il est intéressant de voir que le Socialisme qui s’est forgé comme antithèse au Libéralisme veuille désormais le récupérer mais aussi de voir que le Conservatisme qui était son anti-modèle et contre lequel le Libéralisme s’est forgé comme antithèse s’en réclame.
En revanche, c’est tout naturellement que le Libéralisme est devenu dès le départ une référence du Centrisme.
Mais on ne peut nier, par exemple, que le terme «liberal» désigne aux Etats-Unis des gens de gauche du Parti démocrate qui sont des défenseurs de la liberté face aux conservateurs du Parti républicain.
De même, le débat qui s’est instauré dans les années 1970 et 1980 et qui a aboutit dans les années 1990 à la Troisième voie, c’est-à-dire à un socialisme libéral, dans les pays anglo-saxons (Bill Clinton aux Etats-Unis, Tony Blair en Grande Bretagne), montre qu’il y a eu une avancée libérale à gauche même si pour beaucoup Clinton et Blair sont avant tout des centristes, ce qui est plutôt exact.
On peut en conclure que l’on trouve du libéralisme à la fois à droite, au centre (beaucoup) et à gauche.
Et ceci est bien normal puisque le libéralisme a fondé politiquement parlant la démocratie républicaine qui a cours aujourd’hui dans tous les pays occidentaux, issue directement des révolutions américaine et française du XVIII° siècle.
En matière économique et sociale, il est certainement actuellement plus ancré au centre mais il faut se réjouir qu’il soit de plus en plus largement présent à droite et à gauche, suscitant un intérêt croissant pour son réformisme et son ouverture.
Au fond, ceux qui veulent s’approprier le libéralisme uniquement pour leur chapelle sont un peu comme ceux qui tentent de s’approprier la république ou la démocratie dans nos sociétés occidentales d’aujourd’hui.
Ainsi, le libéralisme comme morale politique, comme théorie de la société bonne et juste, celle, comme le dit Catherine Audard (auteure d’un livre de référence, «Qu’est-ce que le libéralisme») «où chacun est le meilleur juge de ses intérêts et de la conduite de sa vie, est laissé aussi libre que possible tant qu’il ne nuit pas à autrui et n’attente aux intérêts vitaux de personne» et «qui respecte ces deux fondements normatifs de la théorie libérale, les principes de liberté et d’égalité des personnes», appartient à tous les courants démocratiques qui font vivre notre démocratie républicaine.
Même si le degré de libéralisme baisse au fur et à mesure que l’on s’éloigne du centre de l’échiquier politique.


Alexandre Vatimbella

samedi 17 octobre 2015

Présidentielle: où sont les Obama et Trump français?

Nous autres, Français, sommes étonnés, amusés, voire un peu beaucoup condescendants, de voir que des personnalités comme Barack Obama (un «inconnu» noir), Ronald Reagan (un acteur), Ross Perot ou Donald Trump (deux milliardaires excentriques et narcissiques), Ben Carson (un neurochirurgien démagogue et extrémiste religieux) ou même Dwight Eisenhower (un général sans aucune expérience politique) puissent se présenter à la présidence des Etats-Unis et même parfois être élus.
Pour certains d’entre nous cela jette un certain opprobre sur les Etats-Unis car la politique, selon notre culture en la matière, est trop sérieuse pour être confiée à ce genre de candidats.
Pour d’autres, à l’opposé, cela montre la vitalité de la démocratie américaine avec, comme justification, cette extraordinaire victoire de Barack Obama en 2008 et sa non moins extraordinaire réélection en 2012 qui montrait, au-delà du choix partisan, que son élection n’avait pas été un événement sans lendemain issue d’une exaltation passagère et repentante du peuple étasunien.
Sans oublier cette possibilité pour un ancien acteur de série B, Ronald Reagan, de devenir président.
En revanche, nous sommes un peu plus sceptiques et interrogatifs sur des hommes comme Ross Perot (candidat indépendant en 1992 et 1996) et Donald Trump, des milliardaires qui viennent perturber le paysage politique avec des idées populistes ainsi que des propos démagogiques, voire insultants pour le dernier nommé, candidat à la candidature républicaine pour la prochaine présidentielle de 2016 et qui n’exclut pas, malgré son serment aux dirigeants du Parti républicain, de ne pas se présenter en indépendant.
Quant à Ben Carson, de propos scandaleux en propos scandaleux sur les juifs pendant la seconde guerre mondiale, les victimes des tueries par arme à feu, la comparaison des services fiscaux à la Gestapo, l’affirmation que depuis l’esclavage (il est lui-même afro-américain) il n’y avait rien eu de plus ignoble que la loi sur l’assurance santé de Barack Obama et ainsi de suite, il est actuellement en deuxième position dans les sondages sur la primaire républicaine juste derrière…. Donald Trump.
Si l’on regarde chez nous, les présidents que nous avons élus depuis le début de la V° République, on trouve un militaire (de Gaulle), des avocats (Mitterrand, Sarkozy), un banquier normalien (Pompidou) et des hauts fonctionnaires énarques (Giscard d’Estaing et Chirac), rien de très décalé...
De même, aucun d’entre eux n’étaient un novice en matière politique ou n’était un milliardaire.
Et il en est de même pour les candidats «sérieux» qui se sont présentés, c’est-à-dire ceux qui ont obtenu des scores significatifs: Jean Lecanuet (professeur agrégé puis haut fonctionnaire), Alain Poher (ingénieur et diplômé de sciences po), Jacques Chaban-Delmas (journaliste puis général…), Raymond Barre (professeur agrégé), Edouard Balladur (énarque et haut fonctionnaire), Lionel Jospin (énarque et haut fonctionnaire puis professeur), François Bayrou (professeur agrégé et exploitant agricole…), Ségolène Royal (énarque et haut-fonctionnaire).
Les deux exceptions sont Jean-Marie Le Pen (candidat du Front national en 2002 et présent au second tour) au parcours sinueux et Jacques Duclos (candidat du Parti communiste en 1969), apprenti-pâtissier avant de devenir un permanent du PC.
On peut éventuellement rajouter Georges Marchais (ouvrier métallurgiste avant de devenir permanent de la CGT) avec son score en 1981 en tant que candidat communiste.
Mais même les trois derniers nommés étaient lors de leurs candidatures des hommes politiques chevronnés.
Et aucun de tous ces candidats à l’Elysée ne tenaient des propos comme ceux de Donald Trump ou de Ben Carson – héritiers d’une longue lignée en la matière – à l’exception, bien entendu, de Jean-Marie Le Pen.
Si l’on se projette pour 2017, les principaux candidats en puissance (François Hollande, Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Bayrou, Marine Le Pen voire Manuel Valls, Bruno Le Maire ou François Fillon) sont également des professionnels de la politique depuis un certain temps et n’ont pas un parcours particulièrement atypique de celui de tous leurs prédécesseurs depuis la première élection au suffrage universel il y a tout juste quarante ans.
Maintenant, si l’on recense les candidats «différents» ou «marginaux» qui ont eu un impact plus ou moins significatif sur la présidentielle française, il est difficile d’en trouver un.
On peut, à la rigueur, citer José Bové (paysan altermondialiste), Arlette Laguiller (employée de banque trotskyste), René Dumont (scientifique écologiste) ou Jean-Louis Tixier-Vignancour (avocat fasciste) mais aucun n’a guère pesé lors des présidentielles où ils se sont présentés et la plupart naviguaient dans le milieu politique depuis longtemps.
En revanche, sur ceux qui ont eu envie de se présenter, on peut trouver des profils qui se rapprocheraient des candidats américains que nous avons cités.
Il y a bien évidemment l’humoriste Coluche en 1981 dont les sondages le créditaient de 11% des intentions de vote (et 16% se disaient prêts à voter pour lui) mais aussi de l’animateur de télévision Nicolas Hulot en 2007 dont plus de 45% des Français souhaitaient alors sa candidature (en 2012, il tentera d’être le candidat d’Europe-écologie-les-verts mais échouera face à Eva Joly).
On peut également citer des personnalités qui avaient un moment le vent en poupe dans l’opinion et qu’une partie de celle-ci considérait comme de possibles candidats.
Dans cette catégorie, on peut ranger Bernard Tapie (homme d’affaire) et surtout Yves Montand (artiste) qui, en 1984, songeait à se présenter à la prochaine présidentielle et dont 36% des Français se disaient prêts à voter pour lui (il déclarera ne pas vouloir être candidat en 1987).
Au vu de cette revue d’effectif passé et présent, peut-on alors dire que nous ne nous trouverons jamais dans le cas de figure américain?
On ne peut évidemment jamais exclure qu’un ovni débarque pour 2017 – nous sommes encore à plus d’un an et demi du scrutin – ou après.
De même, notre histoire politique nous a donné des Napoléon (I et III), un général Boulanger et quelques autres aventuriers au destin plus ou moins magnifique, plus ou moins tragique, mais déjà lointain.
Néanmoins, il semble que notre pratique politique avantage plutôt les parcours traditionnels et les profils au cv politique déjà fourni.
Doit-on se féliciter ou regretter que notre méritocratie politique soit bloquée aux candidatures atypiques?
Un peu des deux…
Si cela nous a en effet permis d’éviter un Trump, cela nous a empêché aussi d’avoir un Obama et un Reagan.
D’autant que seuls ces deux derniers ont été élus (et sont considérés comme de bons présidents) alors qu’il semble difficile que le premier, très controversé dans son pays, y parvienne, démontrant que les atypiques dangereux sont toujours éliminés à un moment ou à un autre du processus électoral américain.
Ce fut le cas, par exemple, en 2008 de Sarah Palin, qui se présentait en tant que vice-présidente du candidat républicain John Mc Cain ou en 2012 de Michelle Bachmann candidate extrémiste du Tea Party (organisation populiste à la droite de la droite du Parti républicain) à la primaire républicaine.
On peut également le regretter en pointant, à l’instar d’un François Bayrou, le manque de renouvellement de notre élite politique et les multirécidivistes de la présidentielle qui seront présents en 2017 et dont étonnamment le président du Mouvement démocrate s’exclut lui-même alors qu’en se présentant, il en sera à sa quatrième candidature consécutive, juste derrière Arlette Laguiller et Jean-Marie Le Pen qui en cumulent cinq!
Mais ce serait oublier qu’il y a un réel brassage et de nouvelles têtes à chaque nouvelle présidentielle.
Ainsi, parmi les présidents de la V° République, deux seulement ont du attendre leur troisième candidature pour être élus (Mitterrand et Chirac), tous les autres étant passé dès leur première tentative (de Gaulle, Pompidou, Giscard d’Estaing, Sarkozy et Hollande).
Alors, sans doute, le candidat surprise n’est pas une tradition française.
Pour autant, on ne peut ignorer le sondage réalisé en septembre dernier par l’IFOP pour le magazine Valeurs Actuelles qui faisait ressortir que 12% des Français se disaient prêts à voter pour le polémiste et éditorialiste au Figaro, Eric Zemmour.
Même si ce dernier a immédiatement déclaré qu’il n’était pas intéressé par une candidature à l’Elysée et même si les résultats de cette enquête sont à prendre avec précaution puisque seulement 8% des sondés estimaient que sa présence serait une bonne chose et que seuls 3% d’entre eux déclaraient qu’ils seraient «tout à fait prêts» (ce qui ne veut pas dire qu’ils le feraient) à voter pour lui.
Alors que les Français se montrent toujours aussi déçus par le personnel politique et que des personnalités politico-médiatico-intellectuelles les séduisent de plus en plus, d’Alain Finkielkraut à Michel Onfray, ce sondage sera-t-il un déclencheur ou un simple divertissement médiatique?
Toujours est-il que la surprise n’a jamais été absente de la présidentielle.
Ainsi, depuis 1962, date du premier scrutin au suffrage universel, nombre de candidats qui n’étaient pas favoris sur la ligne de départ l’ont emporté: Valéry Giscard d’Estaing en 1974, François Mitterrand en 1981, Jacques Chirac en 1995 et 2002, François Hollande en 2012.

Alexandre Vatimbella

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mercredi 7 octobre 2015

Mondialisation – Pour la Chine, la Russie est l’exemple à ne pas suivre

Si la Russie est dans l’état où elle est, c’est sa faute.
C’est en tout cas ce que pensent les dirigeants chinois au premier rang desquels Xi Jinping, le premier secrétaire du parti communiste et chef de l’Etat.
En réalité, dans un retour au maoïsme et au marxisme, le nouveau pouvoir de Pékin estime que la fin de l’Union soviétique dans les années 1980-1990 pourrait être ce qui pourrait arriver à la Chine si une démocratisation du régime se produisait.
Car, Xi Jinping est persuadé que le PC soviétique s’est sabordé en acceptant les valeurs démocratiques alors même que selon tous les analystes sérieux la chute de l’empire des soviets est bien l’échec cuisant de son modèle politique, économique et social.
Mais le maître de la Chine signifie par là que le PC soviétique aurait du faire ce que Den Xiaoping a fait en 1989 aux étudiant de la place Tienanmen, tirer sur les étudiants puis reprendre en main le semblant de liberté politique qui s’était installé dans le pays.
Si l’on y regarde de plus près en termes de puissance, il est vrai que l’Union soviétique était la grande sœur  de la République populaire de Chine alors qu’aujourd’hui cette dernière est devenue la grande sœur de la Russie.
Mais, encore une fois, c’est bien le modèle soviétique qui a tourné au fiasco.
D’ailleurs, c’est bien en tournant le dos à ce modèle et en inventant un capitalisme d’Etat tout en gardant un système politique totalitaire et dictatorial que la Chine s’est développé, tournant le dos à la vulgate marxiste sans aucun remord.
C’est le grand drame de Vladimir Poutine.
Ce dernier, pour tenter de faire retrouver un certain standing à la Russie ainsi que tenter de faire revivre d’une manière ou d’une autre l’Union soviétique en annexant des territoires, en concluant des accords avec les anciennes républiques de l’empire et en provoquant des glacis dans celles qui ne veulent pas coopérer (Géorgie, Ukraine) ainsi qu’en jouant les va-t-en-guerre contre l’Occident partout où c’est possible comme en Syrie, a du s’allier avec Pékin en étant le suiveur et non plus le guide.
Une alliance où la Chine y trouve un énorme avantage: ne pas être isolée sur la scène mondiale notamment depuis qu’elle y montre une agressivité qui inquiète tous ses voisins (sans doute même la Russie!) et toutes les démocraties de la planète.
Or cette alliance, malgré ce que l’on croit généralement et ce que disent les propagandes russe et chinoise, ne va pas de soi.
Les intérêts de la Chine et de la Russie sont souvent totalement antinomiques et chacun des deux pays craint les visées hégémoniques de l’autre.
Actuellement, dans l’état dans lequel elle se trouve, c’est la Russie qui a le plus à craindre d’une Chine qui retrouve son standing du début du XIX° siècle et qui domine son voisin de l’ouest économiquement de manière outrageuse.
Poutine essaye donc de se servir de la Chine pour tenter de garder le statut de grande puissance à la Russie alors même qu’en l’état les deux grands du monde sont cette même Chine et les Etats-Unis à son grand désespoir...
De même, Poutine aimerait copier l’exemple chinois mais les différences entre les deux nations sont telles qu’il n’y a aucune chance que cela se produise.
Car si la Russie est l’exemple à ne pas suivre pour la Russie, il est tout aussi sûr que la Chine est bien l’exemple que la Russie voudrai suivre…
Alexandre Vatimbella