samedi 30 octobre 2021

Pourquoi les populistes n’ont pas disparu?

Le populisme n’est pas un comportement récent, il existe depuis que les humains ont fait société.

Mais avec le temps c’est-à-dire avec l’expérience désastreuse du populisme à travers les âges et une humanité moins ignorante, comment une technique manipulatoire aussi frustre et sommaire peut encore séduire autant de gens?

En réalité, le populisme comme les extrémismes ne parle pas à notre intelligence mais à nos émotions alors que les autres courants politiques parlent et à notre intelligence et à nos émotions.

Surtout, il parle à nos angoisses et nos anxiétés, non pas pour les canaliser er les atténuer mais pour les conforter puis les exciter et les aggraver dans des discours anxiogènes où se mêlent avec une exagération démesurée tous les sentiments les plus négatifs comme le racisme, la xénophobie, la recherche du bouc émissaire, la haine de l’autre différent, etc.

Il serait vain et faux de prétendre que nous pouvons faire disparaître toutes nos questions existentielles à la base de nos inquiétudes, donc de supprimer complètement ce qui est à l’origine de la séduction que peuvent procurer les réponses simplistes et démagogiques des populistes qui sont tellement réconfortantes pour certains car elles semblent leur expliquer le monde avec ces fameuses oppositions systématiques et primaires eux-nous, gentils-méchants, bons-mauvais, amis-ennemis et ainsi de suite où la nuance n’a pas sa place.

Ces réponses qui permettent ensuite de proposer des antidotes aussi grossiers que fallacieux.

Ce n’est donc pas demain, ni après-demain, que nous trouverons la solution pour éradiquer définitivement le populisme de nos sociétés, donc des aventuriers qui s’en emparent pour, à la fois, des ambitions personnelles mais aussi pour tenter d’expliquer leurs propres affres.

Mais faire avec le populisme comme avec l’extrémisme ne veut pas dire accepter l’un ou l’autre.

C’est seulement de poser que le combat contre ces ennemis de la démocratie et du respect de la dignité de l’autre est constant, jamais gagné et que la vigilance est de tous les instants.

Cette vigilance passe par une conscience aigüe des périls que le populisme recèle et de refuser cette idée confortable que même s’il parvenait au pouvoir, il ne serait pas aussi dangereux qu’il en a l’air.

C’est, entre autres, ce que pensaient une majorité d’Allemands lors de la montée du nazisme et de sa prise de pouvoir par les élections.

 

vendredi 15 octobre 2021

En mémoire de Samuel Paty, en défense de la liberté

Samuel Paty est mort il y a un an, décapité par un illuminé qui agissait au nom de l’Islam parce que faussement accusé par deux musulmans qui n’en avaient rien à faire des lois de la République et qui l’ont expressément désigné comme cible.

Tout cela parce que le professeur d’Histoire avait parlé de la liberté d’opinion et d’expression en prenant en exemple les caricatures publiées par Charlie hebdo et qui valurent à la rédaction du journal satirique de voir une partie de sa rédaction massacrée par deux autres illuminés qui agissait également au nom de l’Islam.

Parce que nous devons nous souvenir de Samuel Paty et nous devons associer son assassinat lâche et barbare à une attaque contre la liberté, celle qu’il défendait et qu’il voulait enseigner à ses élèves.

Oui sa mort est emblématique des assauts constants contre la démocratie républicaine et pas seulement par les intégristes islamistes et pas uniquement lorsque ceux-ci en viennent à commettre des actes d’une atrocité et d’une sauvagerie sans nom.

Car oui sa mort est également la résultante de nombre de nos lâchetés, petites et grandes, nous qui affirmons défendre les valeurs humanistes et les principes démocratiques mais qui n’agissons pas ou peu quand celles-ci et ceux-ci sont en danger dans le quotidien.

Tous les jours nos sociétés de liberté doivent faire face à des agressions, parfois minimes mais qui se répètent sans cesse, de la part de leurs ennemis.

Ceux-ci, au-delà de leurs menées sanguinaires, mènent un travail de sape dont nous ne savons toujours pas comment nous protéger sans renoncer à notre idéal d’une vie libre et d’une dignité respectée dans une communauté ouverte.

Alors, en rendant hommage à Samuel Paty pour le premier anniversaire de sa mort, nous devons faire de cette date du 15 octobre la célébration de la liberté et de la lutte contre l’obscurantisme et l’inscrire à jamais dans le calendrier républicain.

Alexandre Vatimbella

 

lundi 4 octobre 2021

De l’existence de l’homo democraticus

L’homo democraticus, l’humain démocrate, n’est pas celui qui vit en démocratie ou la démocratie comme le définissent certains mais plutôt celui qui vivrait selon les valeurs, les règles et les principes de la démocratie qu’il respecterait et qui aurait les capacités de vivre sa vie sous leur égide.

Cet homo democraticus est l’espoir de tous ceux qui ont promu, défendu et se sont battu pour la démocratie jusqu’à aujourd’hui.

Espoir parce que l’humain n’est pas programmé «naturellement» pour être un «être démocratique» même si sa liberté et son égalité vis-à-vis de l’autre sont constitutifs de ce qu’il est, ,il lui faut un apprentissage pour savoir s’en servir pour son profit et celui de la communauté dans laquelle il vit.

Si l’humain est empathique et compassionnel, sans enseignement, sans formation, il n’est pas capable d’être une personne respectueuse de la dignité de l’autre, respect qui est au cœur des qualités nécessaires pour vivre selon les valeurs, les règles et les principes démocratiques.

La vertu démocratique n’est pas innée même si la recherche de la liberté et la défense de sa propre individualité l’est.

Et répondons tout de suite aux ennemis de la démocratie: oui, les démocrates savent cela depuis toujours, ils ont toujours su que celle-ci pouvait ne pas fonctionner correctement si les citoyens ne savaient pas s’en servir et pouvait même être dévoyée par le comportement de certains d’entre eux.

Les pourfendeurs de la liberté se plaisent ainsi à instrumentaliser sans cesse les propos d’Alexis de Tocqueville pour appuyer leurs thèses de l’impossible démocratie mais ils pourraient en citer de nombreux autres tel, par exemple, ceux de James Madison – un des Pères fondateur des Etats-Unis – qui faisait également des défenseurs de cette même démocratie.

Tout le combat de ces derniers a toujours été de faire émerger cet individu, libre, autonome, responsable, formé et informé capable de profiter du meilleur système politique qui ait jamais existé et, non seulement, de le faire fonctionner mais de l’améliorer.

Reste que la question sur l’existence de l’homo democraticus, débarrassée du parasitisme des propagandistes des régimes autocratiques et totalitaires, demeure entière.

Il semble que la tentative de le «produire» en masse ait jusqu’à présent échoué.

Mais, même ceux qui sont les plus grands adeptes de la démocratie et qui connaissent les valeurs, les principes et les règles ont parfois du mal à fondre leurs passions et leurs intérêts dans le moule démocratique et à agir dans certaines circonstances comme un homo democraticus.

Bien sûr, le système juridique est un pare-feu efficace pour éviter la transgression, lui qui apporte également le cadre de la garantie de notre liberté et de notre individualité et qui tente, sans toujours y parvenir, de protéger notre dignité.

De même, la démocratie est et sera toujours un processus en cours qui n’aura jamais une fin – la démocratie parfaite n’existera jamais –, tout comme elle est un éternel recommencement puisqu’il faut toujours et constamment formé les nouvelles générations à son fonctionnement et à leur insuffler cet essentiel «sentiment démocratique» dont le respect de la dignité de l’autre est le fondement.

Dès lors, on peut tendre sans doute vers la massification de l’homo democraticus – ou plutôt d’un humain conscient que son intérêt est de vivre en démocratie – mais nous ne parviendrons sans doute jamais à avoir 100% de réussite dans cette entreprise.

On pourrait prétendre, à l’instar de nombre de théologiens à propos des commandements de Jésus pour être un bon chrétien, que les qualités et capacités de l’homo democraticus sont des modèles, non pas à atteindre, mais à prendre comme exemples en tentant de s’y rapprocher le plus possible.

Ainsi, l’humain étant imparfait et bourré de défauts ne pourrait jamais être un parfait homo democraticus mais un être néanmoins capable de prendre modèle de celui-ci pour mener son existence.

Du coup, ce modèle doit et devra toujours être accompagné d’une règle du jeu à laquelle personne ne pourra déroger, celle qui assure à tous ses droits d’humain (droits de l’homme) qu’aucune décision, soit-elle majoritaire voire même unanime, ne pourra remettre en cause.

Homo democraticus n’a jamais existé, n’existe pas et n’existera jamais mais il doit être notre guide si nous voulons être des citoyens vivant sous le plus beau régime politique qui existe, celui de la liberté et du respect la dignité de chacun.

Alexandre Vatimbella