lundi 28 mars 2022

Il faut absolument un ministère de l’enfant

Un des manques flagrants de la présidence d’Emmanuel Macron, c’est l’absence d’un ministère de l’Enfant.

Le pâle secrétariat d’Etat chargé de l’Enfance et des Familles à la tête duquel se trouve le transparent Adrien Taquet n’a été qu’un triste appendice d’une politique qui n’a pas été à la hauteur des immenses défis qui concernent l’enfant et l’enfance en ce 21e siècle.

Et encore, a-t-il été rajouté à la va-vite puisqu’aucune structure n’avait été prévue dans le premier gouvernement formé par Emmanuel Macron en 2017.

Et pour comprendre son peu de pouvoirs, dans l’ordre des membres du gouvernement, le secrétaire d’Etat est en dernière position!

Prétendre que l’enfant n’a pas besoin d’un ministère qui lui soit dédié spécifiquement et d’une vision ambitieuse à son service, c’est refuser de voir la réalité en face.

Bien sûr, des mesures ont été prises au coup par coup – souvent salutaires – mais aucun plan d’ensemble concernant l’enfance n’a vu le jour alors même que prendre celle-ci comme une globalité est nécessaire à qui veut une société véritablement humaniste que défend et promeut le Centre et le Centrisme.

Comme l’écrivent les trente associations et collectifs engagés sur les droits de l’enfant en France et à l’international et regroupés sous une même bannière:

«Un tel ministère donnerait enfin une importance et une visibilité à l’enfance, ainsi qu’une capacité d’action à la hauteur de l’enjeu. En effet, il faciliterait l’élaboration et la mise en œuvre de politiques publiques en faveur des enfants et des jeunes qui soient transversales et intégrées.»

Croire que les enfants sont rois et vivent une existence sans problème, qu’ils ne sont pas agressés ou violés voire assassinés, que les questions de pauvreté ne les touchent pas, empêchant réellement nombre d’entre eux de concourir à la méritocratie ou tout simplement de vivre une vie décente, c’est se cacher les yeux et être dans le déni.

Après la présidentielle, quel que soit le ou la prochain(e) président(e) de la république, il ou elle doit nommer un ministre de l’Enfant.

Et, comme le demande les associations précitées, voici quels devraient être les attributions de son administration:
«- avoir une compétence de coordination interministérielle sur les sujets liés à l’enfance, pour pouvoir réellement appréhender cette transversalité des politiques publiques de l’enfance;
- disposer du poids politique et des moyens humains et financiers pour ce faire et avoir un lien direct avec les administrations qui travaillent sur les sujets liés à l’enfance;
- travailler en lien étroit avec les autres assemblées à savoir l’Assemblée nationale, le Sénat et le CESE où serait mise en place dans chacune de ces structures, une délégation aux droits de l’enfant;
- assurer une harmonisation de l’action publique sur l’ensemble des territoires et porter un plan de rattrapage pour les territoires ultramarins.»

Et ses tâches seraient nombreuses et indispensables afin d’assurer le bien-être et la sécurité des enfants.

La première: «bâtir une stratégie globale et cohérente de l’enfance puis la mettre en œuvre».

C’est pourquoi cet oubli de ces cinq dernières années n’est plus acceptable et ne doit plus être accepté.

Alexandre Vatimbella

dimanche 27 mars 2022

Puis-je être libre?

Dans certaines circonstances, même dans une société totalitaire, je suis obligé de me déterminer face à certaines situations, dans certaines circonstances, face à certains événements particuliers.

Par exemple, même dans une dictature j’ai le choix de respecter son ordre ou de le défier.

Si je refuse de choisir, je ne peux affirmer que ce refus est un «non-choix» puisque par cette soi-disant abstention j’ai décidé en fait de faire allégeance au régime en place.

Le despote me demande de choisir mon comportement face à son régime qui se résume à l’accepter – et ce même si je ne suis d’accord avec lui – ou à le refuser.

Et si le despote est renversé par un régime démocratique et que je refuse une nouvelle fois de choisir, ce non-choix est à nouveau un choix où j’accepte le nouvel ordre.

Peu importe que dans ma tête je sois pour un régime dictatorial ou démocratique voire même que je ne veuille pas choisir intellectuellement entre l’un ou l’autre.

Dans les faits j’ai choisi.

Mais ce choix est-il une liberté?

Si c’est le cas, il nous faut alors distinguer deux sortes de liberté: celle qui est inhérente à ma qualité d’être vivant qui implique, face à une situation, une obligation d’opter parmi les alternatives possibles et celle qui est légitime car découlant de ma qualité de personne à l’individualité propre.

Dans la première, choisir m’est imposé indépendamment de ma volonté de me déterminer.

Dans la deuxième, j’ai le pouvoir de choisir et c’est ma volonté qui en est l’élément moteur.

Cependant, ici, nous devons nous demander réellement si l’impératif de choisir qui est constant dans la vie quotidienne s’appelle liberté ou autre chose.

Car, être libre «est l’état de celui, de ce qui n'est pas soumis à une ou des contrainte(s) externe(s)» qui peuvent venir «de la puissance contraignante d’autrui» selon les dictionnaires.

Donc, même si je choisis ou non de respecter l’ordre totalitaire en réalité mon choix est contraint par la puissance d’autrui.

Et cette contrainte est antinomique avec la liberté telle que définie ci-dessus.

Ainsi que l’écrit Epictète, «est libre celui qui vit comme il veut, qu’on ne peut ni contraindre, ni empêcher, ni forcer, dont les volontés sont sans obstacles, dont les désirs atteignent leur but, dont les aversions ne rencontrent pas l’objet détesté».

En outre, la liberté pour s’exercer pleinement doit s’accompagner de la sécurité de ma personne c’est-à-dire que si j’agis librement, je ne peux pas et ne doit pas être inquiétée de mon choix sauf si celui-ci contredit l’ordre juridique qui permet à la liberté de l’autre de pouvoir également s’exercer.

Pour autant, dans un cadre totalitaire où j’ai été contraint de me déterminer par rapport à lui, où je suis en danger si j’agis en dehors de son ordre, je garde évidemment ma liberté de penser même si je ne puis l’exprimer.

Et c’est celle qui me permet d’ailleurs de choisir de le soutenir ou de le défier.

De même je peux faire nombre de choix libres dans ma vie quotidienne comme mettre des chaussettes noires ou bleues.

Donc, il y a, au minimum, des éléments de liberté dans le joug qui m’enserre.

C’est aussi le cas pour des choix qui concerne mon existence au-delà du régime politique dans lequel je vis.

Je peux choisir de manger ou non, c’est-à-dire de vivre ou non.

Il y a là une contrainte tout aussi évidente dans ce choix mais pas dans celui de manger ou non des carottes, de la viande ou du chocolat et ceci est une vraie liberté de choix de vie.

A moins de considérer que le choix premier qui est contraint rejaillit sur tous les autres choix que j’effectue.

Ainsi, la vie me contraint de choisir de vivre ou de mourir.

Mais je n’ai pas choisi de vivre, cela m’a été imposé comme un régime totalitaire dans lequel je suis né m’impose de vivre dans son ordre avant que je ne choisisse mon camp.

Ici, un des éléments fondamentaux de la condition d’humain libre m’est refusé, l’indépendance face à une situation donnée.

Pour autant, qui peut dire que cette indépendance est réelle dans nombre de situations particulières.

Ai-je vraiment le choix d’être riche ou pauvre?

Ai-je vraiment le choix de ce que je suis physiologiquement parlant, en particulier de mon état de santé?

Les contraintes sont donc nombreuses sur mes choix donc sur mon indépendance de choisir, donc sur ma liberté.

Dès lors, tout ce qui découle de ce choix premier – décider de vivre ou mourir – doit lui être associé.

Si c’est le cas, la liberté première n’existe pas d’autant que, comme je viens de le dire, je n’ai pas choisi de naître, mes parents ont décidé de cela à ma place.

Mais à quel moment puis-je me considérer comme libre?

Est-ce que je peux réellement affirmer que mon choix de manger ou non des carottes est issu d’une contrainte sur le fait d’exister ou non?

Si le fait d’avoir un choix borné ne peut être qualifié de liberté parce que je dois avoir la capacité de choisir en toute indépendance entre toutes les possibilités existantes alors il n’y a plus de limite à la liberté qui devient licence.

Donc le bornage de la liberté avec cet axiome premier qu’elle s’arrête là où commence celle d’autrui est un fait.

Dès lors, ce n’est pas parce que je n’ai le choix qu’entre deux alternatives dans une situation bornée – vivre ou ne pas vivre, accepter ou ne pas accepter l’ordre dictatorial – que je ne suis pas libre de faire d’autres choix qui, eux, ne sont pas limités à un oui ou un non.

In fine, j’ai donc un degré de liberté qui demeure dans les situations les plus liberticides ou existentielles qui s’imposent à moi, même si je n’ai pas accepté leurs prémisses.

Je n’ai pas choisi de vivre et je n’ai pas choisi de vivre en dictature.

Cependant, je n’ai pas l’intégralité des attributs de la condition d’être libre.

La question se pose de savoir si je peux «un jour» posséder tous les attributs.

Parce qu’il faut peut-être ici introduire, à côté de la notion d’espace, la notion de temps.

Si je n’ai pas été libre d’exister – existence que l’on a choisie pour moi sans mon assentiment –, si je n’ai pas été libre de me déterminer ou peu dans mon enfance et mon adolescence, si je ne le suis pas encore ou pas encore tout à fait dans ma vie d’adulte, puis-je le devenir?

Je ne peux refaire le passé, je dois vivre le présent où je ne suis pas forcément libre mais puis-je espérer acquérir l’entière liberté?

Si j’ai la volonté de devenir libre, est-ce possible d’y parvenir?

Mais je ne peux me défaire de choix binaires qui sont, par exemple, d’accepter ou non de vivre, de vivre ou non dans tel système politique.

Je peux sans doute être une «liberté en devenir» en vivant et le devenir un court instant si je décide en pleine conscience de me suicider, le suicide étant peut-être l’acte le plus libre que je puisse accomplir au cours de mon existence.

Si je choisis de vivre, je dois ensuite me plier aux impératifs de ce choix sans pouvoir m’en absoudre.

Je dois boire de l’eau, manger des aliments, dormir, faire mes besoins.

Ceci s’impose et point de liberté autre que de mélanger l’eau avec des ingrédients qui en feront une boisson originale, par exemple.

En outre, dans cette existence que j’ai choisi de vivre, je dois accepter son absurdité, c’est-à-dire qu’elle n’ait pas de sens pour mon intelligence.

Aucune de mes réflexions ne peut m’amener à la vérité du pourquoi si tant est qu’il puisse en exister une autre que le hasard.

Hasard qui peut être considéré comme une contrainte sur ma vie puisqu’au-delà de m’avoir fait naître dans ce monde, il m’a fait naître dans tel endroit, de tels parents, dans tels condition matérielles, avec telle aspect, etc.

Et je ne puis me défaire de certaines conséquences de ce hasard même si j’ai recours à des palliatifs qui ne sont souvent que des artifices pour tenter de m’en abstraire le plus possible.

Là aussi je suis contraint par ma condition d’être humain que je ne peux dépasser intellectuellement.

Même en utilisant la distinction entre existence et essence, je ne règle pas la problématique. Car si j’existe avant d’être, le fait d’exister n’est pas un choix mais une contrainte dans le sens où l’existence m’a été imposée sans mon consentement.

Et l’essence que je deviens est évidemment issue de cette existence, elle ne peut jamais la nier sauf dans le suicide.

Si l’essence, à l’inverse, précède l’existence, cela ne change guère car, là non plus, je n’ai pas choisi ma qualité d’être humain.

Et l’existence qui en découle est également un fait auquel je ne peux me soustraire.

Cette discussion nous mène à envisager que le fondement de ma liberté ne se trouve peut être pas dans le choix.

N’est-ce pas plutôt dans ma capacité effective à vivre mon individualité?

Ne suis-je libre que si je peux vivre ma différence, mes différences?

Seulement ensuite cette possibilité de vivre à mon envie (en respectant celle de l’autre) me permet de faire des choix.

Choisir serait donc une conséquence de la liberté et non sa condition.

Mais il me semble que je tourne en rond parce que j’en reviens à la liberté de choix.

Sauf que j’ai posé que ma liberté dépend d’abord de la possibilité d’exprimer pleinement mon individualité qui n’est pas une question de choix face à une contrainte extérieure particulière mais est consubstantielle à ma qualité d’être vivant.

Je m’explique.

Mon individualité n’est pas une possibilité mais une réalité, la réalité ultime de ce que je suis, ce que je consolide au fil des ans, ce qui ne peut m’être enlevé que par la mort même si on peut me réprimer et m’opprimer d’être ce que je suis.

Bien sûr, je décide en partie plus ou moins grande selon mon envie, mes aptitudes, mes capacités, l’éducation et l’enseignement que j’ai reçus, d’être ce que je suis mais quoi qu’il arrive ce n’est pas un choix d’être une fois que j’ai décidé de vivre mais un état qui existe dès ma naissance et qui est en continuelle construction et qui ne peut m’être retiré.

Par la contrainte, par les sévices, par un endoctrinement forcé, on peut tenter de briser mon individualité mais on ne peut la détruire.

Mes aspirations profondes demeurent en témoigne la possibilité de les retrouver même après avoir vécu dans un régime totalitaire qui a essayé d’anéantir ce que je veux appeler ici mon «âme», ce qui caractérise ce que je suis, ce qui est le fondement de ma personnalité propre que je ne partage avec quiconque, ce qui constitue mes différences.

Si être libre c’est d’abord la possibilité et la capacité de vivre mon individualité et mes différences alors le respect de mon individualité m’impose impérativement de respecter celle de l’autre et, de ce fait, la liberté, la vraie, est nécessairement bornée à un moment ou un autre.

Par ailleurs, c’est un fait, mon individualité s’épanouira le mieux dans le cadre d’un régime démocratique parce qu’elle pourra bénéficier du plus grand nombre d’attributs qui lui permettent d’exprimer ce qu’elle est et ses différences le plus et le mieux possible. C’est dans une démocratie, par exemple, que j’aurais la possibilité d’exprimer à voix haute ce que je pense.

Pour en revenir au choix, l’alternative binaire peut être considérée comme le plus haut degré de ma liberté. Vivre ou ne pas vivre, vivre dans un régime totalitaire ou se révolter, respecter ou non les lois dans l’ordre démocratique, dire oui ou non à une proposition sont souvent des choix essentiels qui déterminent tous ceux à alternatives multiples.

Mais ce qui semble évident est qu’il n’existe pas de liberté ontologique – d’une part parce que je n’ai pas choisi de vivre et parce que la liberté n’existe pas à l’ «état de nature», d’autre part – mais que des capacités en puissance de liberté dans certaines circonstances si je possède l’aptitude en acte accompagnée d’une volonté de la pratiquer.

D’où cette conséquence forte et indépassable: je n’ai que la «liberté que je peux», celles de mes capacités, et non «liberté que je veux» qui, elle, ne serait limitée que par celle de l’autre.

Tant mieux si la «liberté que je veux» est parfois similaire à la «liberté que je peux» ou si je me contente de cette dernière, mais cette borne existera quoique je fasse.

Pour autant,  si la liberté à l’état de nature n’existe pas, j’ai un droit «naturel» à revendiquer ma liberté ou les attributs de liberté dans un environnement que je n’ai pas choisi, dans un monde où naître m’a été imposé.

Ici, il nous faut dépasser le constat théorique et basculer dans la pratique, dans la pratique de la liberté qui m’est malgré tout offerte, toute imparfaite qu’elle soit.

Dans ce cadre contraint, quels sont les attributs réels de la liberté, ceux dont je peux vraiment disposer ou, tout du moins, du mieux possible?

Comme on l’a vu plus haut, j’ai ce choix de vivre ou non, c’est-à-dire une liberté de mettre fin ou non à mon existence.

Ensuite, j’ai la liberté de penser indépendamment du fait qu’elle puisse être «contaminée» par mon éducation, par la propagande, par des éléments extérieurs à moi-même.

Précision que ma liberté de penser n’est pas celle de penser «juste» mais de développer mes propres pensées.

Et puis, j’ai des bouts de liberté une fois que j’ai accepté de vivre et qui découlent de ce choix, c’est-à-dire qu’ils sont malgré tout bornés mais néanmoins réels.

Je peux me révolter contre le dictateur même si c’est sa présence qui est à l’origine de cet acte.

Mais tout n’est pas réglé pour autant pour me qualifier de «libre» ou de «plus libre possible».

Reste maintenant à déterminer mon aptitude à être libre.

Etre libre est une capacité, une aptitude qui s’apprennent.

Il ne me suffit pas de vouloir être libre et de le prétendre pour l’être.

Il ne me suffit pas de prendre des décisions pour que  j’assume celles-ci.

C’est tout le problème de l’autonomie qui est constitutive de la liberté mais, si elle est déconnectée de la responsabilité, devient de la licence.

Car l’autonomie peut s’exercer sans la responsabilité.

Or être libre c’est assumer tous les actes que je fais de mon propre chef et qui ne me sont dictées par aucune autorité quelconque.

Etre libre c’est engager ma responsabilité dans tous les actes que je fais librement.

La responsabilité est la contrepartie de la liberté sans aucune exception.

Si j’agis libre c’est qu’aucune pression ne m’est imposée et donc que je dois assumer l’acte que je décide d’accomplir.

Bien évidemment, un régime fait d’obligations existe lorsque je vis en société et qui s’imposent à moi par le biais d’une autorité légitime.

Mais les remplir ne peut être catégorié comme un acte libre et donc m’y conformer n’engage pas ma responsabilité mais seulement l’acceptation de leur légitimité dans le cadre de la vie en société.

En revanche, je suis responsable de la manière dont je remplis ces obligations et évidemment du non-respect de celles-ci.

Fondamentalement, mon aptitude à être libre est la seule réalité de ma liberté.

On peut me proposer toutes les libertés possibles, si je ne suis pas capable de les pratiquer, je ne suis pas libre mais empêché par ma propre inaptitude en la matière.

Ici, il faut ajouter la distinction entre les inaptitudes venant de ce que je suis, de mon individualité – celles dont je viens de parler –, et les inaptitudes extérieures comme mes conditions de vie matérielles et les bornes superficielles qui me sont imposées dans mon existence.

Les dernières, évidemment, sont entraves dont je peux me plaindre et contre lesquelles j’ai une légitimité à les combattre si j’estime qu’elles sont des obstacles à l’épanouissement de mon individualité.

Reste une question incontournable: suis-je prêt à payer le prix de la liberté?

Car, oui, la liberté n’est pas gratuite, elle a un prix que je dois accepter de payer pour la pratiquer.

Ce prix est la responsabilité, à la fois, celle de prendre des décisions et ensuite d’endosser leurs conséquences.

Si je n’accepte pas cette responsabilité alors, soit je m’en remets à d’autres pour prendre des décisions me concernant personnellement, soit, en refusant d’assumer mes actes, je nie la substance même de mon individualité en déniant être ce que je suis.

Que ce soit l’une ou l’autre proposition voire les deux en même temps, je ne peux prétendre être libre puisque je ne m’assume pas et je laisse les autres décider pour moi et/ou je nie leur individualité en leur transférant la sanction des conséquences de mes actes que je refuse de supporter.

Ainsi, si je ne veux pas payer le prix de la liberté, c’est moi-même qui renonce à être libre et qui s’attaque à ma propre individualité.

Alexandre Vatimbella

mardi 15 mars 2022

La peur est saine mais elle doit s’accompagner du courage

Face à la possibilité d’un carnage, voire de déclenchement d’une troisième guerre mondiale par Vladimir Poutine, la peur éprouvée par les gouvernements européens et leur population, est saine.

Ne pas être des va-t-en-guerres et des boutefeux est un comportement humaniste qui les honore sur un continent qui, ne n’oublions, a été pris dans deux conflits mondiaux mais, surtout, les a provoqués, en est responsable ainsi que ces millions de morts qui resteront une tâche indélébile de son histoire.

Ayant dit cela, l’horreur de la guerre ne doit pas s’accompagner d’un manque de courage et cette détestation ne doit pas être le simple camouflage d’une couardise.

La guerre en Ukraine doit cesser le plus vite possible, il faut éviter qu’elle ne s’étende à tout le continent puis à la planète entière.

Cependant, rien ne justifie que l’on ne prenne pas des décisions fortes contre les agresseurs, en l’occurrence le dictateur Vladimir Poutine et ses complices, et que l’on laisse les ukrainiens devenir un peuple martyr.

C’est en reculant sans cesse face à Hitler que nous avons abouti à la guerre la plus effroyable que l’Humanité ait jamais vécue.

Si nous avions arrêté le dictateur allemand à temps, avec détermination, non obnubilés par une peur qui a pris le dessus sur le courage, nous aurions évité l’hécatombe et la dévastation qui demeureront à jamais notre indignité d’espèce humaine, l’illustration des atrocités que nous sommes capables d’accomplir.

Aujourd’hui, si nous cédons face à Vladimir Poutine, la canaille qui a montré toute sa cruauté et son absence de compassion depuis longtemps, ne sera évidemment pas rassasiée.

Au contraire, le bonhomme sera grisé par son succès comme il l’a été de toutes les reculades occidentales et demandera plus.

Le courage de dire stop nous a manqué quand il a assassiné ses opposants, quand il a gazé les populations syriennes, quand il a envahi une partie de l’Ukraine, quand il a fait la guerre à la Géorgie, quand il a déstabilisé les mécanismes démocratiques de nombre de pays, quand ses mercenaires ont commis des exactions en Afrique.

D’ailleurs, il ne se cache pas qu’il a d’autres revendications qui, immanquablement, créeront de nouvelles tensions jusqu’à un embrasement final.

Si nous posons le débat dans des termes extrêmes mais qui ne sont pas invraisemblables, vaut-il mieux avoir froid l’hiver prochain en se passant du gaz russe ou mourir celui d’après sous les missiles de Poutine?

Parce qu’ici le courage est aussi le meilleur moyen d’empêcher le pire de survenir et de donner toutes ses chances à la paix.

Alexandre Vatimbella

 

jeudi 10 mars 2022

Vivre riche ou vivre libre?

La démocratie ce n’est pas le régime de la prospérité mais de la liberté et de la dignité.

Cette réalité prend une dimension particulière aujourd’hui avec la guerre de Vladimir Poutine contre l’Ukraine avec ses possibles conséquences économiques qui pourraient aller jusqu’à une récession, voire des restrictions ou rationnements dans les pays démocratiques.

Ajoutons immédiatement deux choses.

La première est que tout montre dans l’histoire récente que la démocratie est le régime également de la prospérité, celui qui la permet.

La Chine est l’exception qui confirme la règle mais il faut aussi dire que pour parvenir à enrichir un tiers seulement de sa population – les deux autres tiers continuent à vivre dans la pauvreté –, elle a du appliquer un temps les codes de la liberté, et non pas uniquement ceux du capitalisme, en matière économique comme la libre-entreprise sans lesquels elle serait restée dans le sous-développement.

Sans oublier qu’elle a du compter sur la prospérité des pays démocratiques qui lui ont acheté ses produits…

La deuxième est que si récession ou rationnement il y a, ils ne seront pas cantonnés aux pays démocratiques mais toucheront toute la planète, la Russie y compris et surtout, alors que le régime en place à Moscou menace de prendre des contre-sanctions drastiques à son isolement.

Et informons en passant la Chine que ces dernières toucheront ses meilleurs clients, ceux qui lui permettent sa croissance depuis des années.

Ayant dit cela, la question entre richesse et liberté est fondamentale et n’est évidemment pas nouvelle.

Ce qui ne veut pas dire qu’avoir l’une et l’autre soit impossible comme le prouve le monde actuel.

Et quand on parle de richesse, ce n’est bien sûr pas de vivre avec le minimum nécessaire, cela s’appelle vivre décemment, ni même de la vie quotidienne de quelques milliardaires, mais de vivre avec le bien-être que nous connaissons dans nos pays occidentaux.

Ainsi ce qui est derrière cette question c’est le choix à faire si les circonstances l’imposaient entre richesse et liberté.

S’il n’y avait qu’une alternative entre vivre riche ou vivre libre quel devrait être la voie à suivre?

Cette question est épineuse parce que nous avons du mal à renoncer  à un confort matériel comme le montre les fortes résistances à changer nos comportements face à la crise climatique qui s’installe.

A l’opposé, on constate, partout dans le monde, que les peuples privés de liberté sont prêts à se battre pour la conquérir dès qu’il y a un moyen d’y parvenir.

Si on les laisse choisir, aucun ne désire vivre dans un régime totalitaire.

Donc, il y a dilemme qu’il serait abusif de ramener à une problématique uniquement binaire entre ceux qui se satisfont du confort matériel jusqu’à renoncer à leur liberté et ceux qui préfèrent vivre libre et dans le dénuement, entre des matérialistes à courte vue et des idéalistes magnifiques.

Pour autant, une vie accomplie ne peut se ramener seulement au montant de son compte en banque.

Etre à même de mener une existence en accord avec ses aspirations profondes et être maître de son destin autant que faire se peu dans la limite du respect d’autrui donne un sens à notre vie terrestre.

Enfin, comme je le disais plus haut, jusqu’à présent, la liberté a été la condition de la richesse.

Dès lors, le choix rationnel est bien la liberté d’abord qui permet ensuite la richesse.

Alexandre Vatimbella

 

lundi 7 mars 2022

Un «serment pour la démocratie» pris par tout candidat à une élection

Tout candidat à une élection devrait signer un «serment pour la démocratie» et en être politiquement et pénalement responsable en cas de non-respect de celui-ci.

N’importe qui doit pouvoir se présenter à une élection mais pas pour n’importe quoi.

Quand je dis «n’importe quoi» je fais allusion à une candidature à une élection dans une démocratie républicaine avec comme objectif de la réduire à la portion congrue voire tout simplement de la supprimer.

Afin d’éviter ce cas de figure du mieux possible, il faut rédiger un texte court et simple qui engage tout candidat en faveur de la démocratie c’est-à-dire à ne pas attenter à la liberté et les valeurs démocratiques ainsi qu’à ne pas remettre en cause les élections au suffrage universel.

Et s’il n’est pas respecté alors il faut des sanctions, à la fois, politique, avec la destitution du mandat, et pénale, avec une condamnation pour tentative de destruction de l’ordre démocratique.

L’important ici est l’engagement pris par toute personne qui veut occuper une fonction élective de ne pas agir contre le régime démocratique dont il sollicite d’être un de ses représentants.

Voilà qui est justifié, d’une logique simple et garantit surtout que cette personne n’attentera pas aux valeurs de la démocratie et à la liberté d’autrui.

Parce que je vais répéter ici ce que je martèle depuis longtemps: la démocratie est un régime fragile qui nécessite qu’on la défende.

La liberté est la plus belle des choses mais elle n’est pas donnée, elle se conquiert et se protège.

Dès lors, il n’y a aucun obstacle quelconque à demander à ceux qui veulent servir l’une et l’autre de les respecter.

C’est la moindre des choses.

Bien entendu, une personne qui refuserait de signer ce serment ne pourrait pas se présenter à une élection.

Mais l’on sait que les ennemis de la démocratie peuvent faire semblant d’en être des partisans.

Dès lors, la démocratie doit avoir la capacité de les mettre hors d’état de nuire s’ils se faisaient élire par ruse et subterfuges.

Comment pourrait se mettre en place la procédure de destitution et celle des poursuites pénales?

Pour ce qui est de la destitution, cela relèverait de la plus haute cour du pays comme le Conseil constitutionnel en France ou la Cour suprême aux Etats-Unis.

Mais, en faisant en sorte de réformer la nomination de ses membres car, on l’a constaté, il y a une dérive partisane de certaines de ces instances, surtout aux Etats-Unis mais également en Pologne et dans d’autres pays, ce qui peut être un obstacle au bon fonctionnement de la procédure de destitution.

Pour ce qui est des poursuites pénales qui seraient la conséquence de la destitution prononcée, c’est évidemment les tribunaux qui devraient juger la personne mise en cause lors d’un procès en bonne et due forme.

Mais l’essentiel n’est pas là.

La principale force de ce serment ne réside sans doute pas dans les sanctions possibles en cas de sa transgression.

Non, c’est qu’il est pris publiquement devant le peuple tout entier ce qui lui donne une légitimité extraordinaire et que son irrespect est d’abord un mensonge fait au pays tout entier.

Si ce serment pour la démocratie est une nécessité à notre époque actuelle troublée et menaçante pour les libertés, il aurait du être institué depuis toujours.

Un oubli qu’il est temps de réparer.

Alexandre Vatimbella