dimanche 15 août 2021

Nous ne sommes pas allés en Afghanistan pour y apporter la démocratie mais pour la punir de l’avoir attaquée!

On peut réécrire l’Histoire comme on veut mais cela ne veut pas dire que l’on ait raison!

Ces derniers jours, une indignation monte selon laquelle nous laissons tomber du jour au lendemain les Afghans qui vont perdre la démocratie et retrouver le régime terroriste et inhumain des Talibans.

Nous pouvons, oui, être tristes pour ce peuple qui risque de revivre dans l’obscurantisme et la violence.

Mais il faut être honnête.

Nous sommes allés en Afghanistan il y a vingt ans, après les attentats du 11 septembre 2011 perpétrés aux Etats-Unis par Al Qaida dont les bases logistique se trouvaient dans le pays et après que les dirigeants talibans aient refusé de livrer Ben Laden à Washington malgré les mensonges qu’ils ont développés par la suite.

Dès lors, une coalition internationale s’est formée, dirigée par le pays agressé, pour punir l’Afghanistan et chasser les terroristes de Kaboul, ce qui fut fait.

Mais, jamais dans le projet de représailles il a été question d’apporter la démocratie aux Afghans, nous y sommes allés pour les punir de l’avoir attaquée, ce qui n’est pas exactement la même chose!

Puis, nous nous sommes rendu compte que ce pays était un patchwork ingouvernable d’ethnies, de tribus, de chefs de milices locales qui vivaient essentiellement de trafics dont celui de l’opium.

Si nous étions repartis, une guerre civile aurait eu lieu avec la possibilité que les Talibans reprennent immédiatement le pouvoir et réinvitent Ben Laden.

Donc nous avons décide de rester le temps d’aider les adversaires de ces terroristes à former un Etats assez solide pour les empêcher de remettre la main sur le pays.

Personne ne pensait que cela prendrait vingt ans et qu’au bout de ces vingt ans, dès le départ des troupes occidentales, le pouvoir en place s’effondrerait aussi vite!

Parce que ce qui se passe est d’abord un fiasco des Afghans.

Mais s’il s’effondre c’est aussi parce qu’il a aussi peu de soutien dans la population que les Talibans.

Les deux côtés sont tous corrompus, violents et n’ont aucun intérêt que l’Afghanistan devienne une démocratie.

Il n’y a plus de Commandant Massoud pour guider le pays.

Alors, devions-nous rester trente, quarante, cinquante ans, un siècle, pour toujours dans ce bourbier où les Britanniques s’enlisèrent au 19e siècle puis les Russes au 20?

Et si les Etats-Unis avaient décidé d’en faire le 53e Etat de l’Union dans les faits, n’aurait-on pas parlé de colonialisme, d’impérialisme, de négation des peuples à disposer d’eux-mêmes?

Il fallait donc partir un jour.

Le problème est qu’il n’y avait aucune date de convenable tant le régime en place à Kaboul était incompétent et que rien ne laisser penser que dans cent ou deux ans ce serait différent!

Oui, il va y avoir des dommages collatéraux mais ce ne sera pas de la responsabilité de l’Occident mais de cette incapacité des Afghans à bâtir une nation digne de ce nom.

Imaginons un instant que Joe Biden ait déclaré que les Etats-Unis allaient encore rester pour une période indéterminée en Afghanistan, sans nul doute il aurait été critiqué dans son pays par ceux qui s’émeuvent actuellement de sa décision de rapatrier les troupes américaines, sans parler des attaques dont il aurait fait l’objet dans le monde entier.

Quand le centriste affirme que ces aux Afghans de lutter pour leur pays et leur démocratie il a raison.

Ils ont eu vingt ans pour le faire sans aucun résultat tangible.

C’est ça la réalité dont beaucoup vont souffrir dans les semaines et les mois à venir, les femmes, les enfants, les minorités ethniques et sexuelles, les fonctionnaires du régime actuel, tous ceux qui ont été les victimes des Talibans il y a vingt ans.

Quant au retour des terroristes, il est possible mais la guerre d’il y a vingt ans ainsi que celle menée contre Daesh dernièrement montre qu’en se donnant les moyens, la communauté internationale peut les contenir et les vaincre.

Les Talibans sont prévenus et ils le savent.

Reste le problème des commanditaires de ces terroristes, le Pakistan.

Si l’Afghanistan est à feu à et à sang c’est de la responsabilité du gouvernement pakistanais, de son armée et de ses services secrets.

Sans l’aide d’Islamabad, les Talibans n’auraient aucune chance de revenir au pouvoir.

On attend donc, sans trop d’espoir, de voir quelles sanctions la communauté internationale va prendre à l’encontre du Pakistan.

Sans doute aucune…

Alexandre Vatimbella

samedi 14 août 2021

L’Humanité est-elle capable d’empêcher une catastrophe attendue dont elle est la cause?

«Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre deux ans, cinq ans, dix ans. Nous nous rapprochons dangereusement du moment où ce sera trop tard.»

Que cette mise en garde du président de la Cop 26, Alok Sharma, alors qu’est publié le nouveau rapport sur le réchauffement climatique du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) soit plus alarmiste ou non que la réalité qui menace l’Humanité et les autres êtres vivants sur la planète, la problématique qu’elle pose est, elle, redoutable et anxiogène.

On peut l’énoncer par cette simple question: est-ce que l’Humanité a jamais été capable de se mobiliser afin d’empêcher la survenance d’une catastrophe programmée qui émane de sa propre responsabilité?

Que l’on recense toutes celles qui se sont déroulées, notamment les guerres mondiales, la réponse est crûment négative.

Le réchauffement climatique en est même une autre preuve parce que depuis que les scientifiques se sont accordés sur ses conséquences dramatiques, tous les efforts entrepris – et il y en a eu – n’ont pas changé grande chose puisque, dans le même temps, nos comportements n’ont cessé de dégrader la situation.

On peut trouver des raisons tout à fait légitimes pour expliquer pourquoi, devant cette apocalypse annoncée, nous continuons à marcher à sa rencontre.

Comment, en effet, demander à un habitant du Bengladesh ou d’Haïti vivant dans la plus grande pauvreté de ne pas polluer alors même que pour uniquement survivre il ne peut faire autrement ou, en tout cas, ne pas en faire sa préoccupation?

Comment demander à des pays comme la Chine ou l’Inde de renoncer à se développer économiquement afin de rattraper leur retard vis-à-vis des pays les plus développés?

Quant à ces derniers, comment convaincre ses habitants, en particulier les plus précaires, qu’il faut renoncer à espérer, non seulement une évolution dans leurs conditions d’existence, mais même à garder celles qu’ils ont actuellement et que des générations avant eux ont travaillé dur pour que nous arrivions à une certaine qualité de vie?

Et puis, il y a d’autres raisons, moins compréhensibles, comme cette montée, inexorable pour l’instant, d’un individu, instrumentalisant, à la fois, la liberté et l’individualisme, pour réclamer une autonomie et une sur-égalité pour sa personne, lui permettant d’agir de manière irresponsable, égoïste, égocentrique et consumériste – ce qui est le cas en matière environnementale le plus souvent – dans un comportement d’un assisté constamment insatisfait, créant ainsi un cadre libertario-hédoniste alors qu’émerge une inquiétante médiacratie médiocratique démagogique populiste consumériste dans les démocratie républicaines et que parviennent au pouvoir ou à ses portes des personnages comme Donald Trump, Boris Johnson ou Marine Le Pen, ce qui empêche toute action forte et efficace face à des enjeux comme le réchauffement climatique, la jacquerie des Gilets jaune en France l’a amplement démontré.

Précisions que les autocraties et dictatures avec des dirigeants comme Vladimir Poutine ou Xi Jinping ne font évidemment pas mieux et souvent pire.

D’autant que pendant longtemps les conséquences du réchauffement climatique sur leur quotidien n’ont pas été visibles, que des controverses sur sa véracité ont opposé les scientifiques entre eux et que nous voulons croire mordicus que notre technologie nous sortira du précipice sans grand dommage comme si nous étions Dieu.

Sans oublier qu’il y aura ceux qui seront capables de s’en sortir et que, bien entendu, la plupart des humains pensent qu’ils feront partie des rescapés…

Cependant, même si toute l’Humanité avait été consciente de ce qui est en train de se passer, aurait-elle agi autrement que ce qu’elle a fait, c’est-à-dire en prenant des demi-mesures à la marge même si celles-ci ont le mérite d’exister?

On peut malheureusement en douter.

Pour autant, un événement tragique qui se déroule en ce moment sous nos yeux peut apporter une certaine espérance dans notre capacité à prendre la dimension du défi que pose le réchauffement climatique.

Je parle évidemment de la pandémie de la covid19 qui a obligé l’Humanité – qui est peut-être responsable de sa survenance – à agir dans l’urgence.

Bien entendu tout n’a pas été parfait, loin de là, dans les réponses apportées, dans les coordinations entre les Etats, dans les réactions d’une partie de la population.

Néanmoins, nonobstant les «anti-tout», les «je sais mieux que tout le monde» et les «suivez moi je vais vous montrer la lumière», ces intrigants qui espèrent tirer profit du désarroi de la population, la mobilisation a permis de prendre des mesures de prévention et de trouver des réponses dans un laps de temps très court avec les vaccins (et une recherche médicale toujours en cours pour trouver des médicaments efficaces et des vaccins encore plus efficients).

Evidemment, les ravages de la covid19 sont bien visibles et peuvent être comptabilisés sans aucune controverse, ce qui n’est pas le cas de ces statistiques sur les millions de morts de la pollution qui demeurent virtuels d’autant plus que l’augmentation continue de la population et de son espérance de vie semblent les contredire.

D’où cette prise de conscience qu’il fallait agir au plus vite pour éviter un cataclysme (rappelons que les mutations possibles du virus ne nous mettent pas encore à l’abri de celui-ci, n’en déplaise à tous les manifestants contre la «dictature sanitaire»…).

Nous ne sommes pas dans la même configuration pour le réchauffement climatique et l’on peut le regretter parce que, lorsque l’urgence absolue sera là, c’est-à-dire lorsque des quantités de gens mourront devant nos yeux de ses effets, comme pour cette pandémie, il sera trop tard.

Dès lors, pour qu’une fois l’Humanité ne passe à côté de ses responsabilités pour sa propre survie – rappelons que ce n’est pas l’existence de la Terre qui est en jeu mais celle des êtres vivants – l’exemple de la réponse à la covid19 peut et doit nous fournir deux enseignements forts.

Le premier est qu’une mobilisation mondiale contre une catastrophe est donc possible malgré tout même si elle est imparfaite.

Le deuxième est qu’agir en commun donne des résultats et permet de s’attaquer à conjoncture particulièrement critique.

Reste que pour ce qui est du réchauffement climatique nous ne pouvons attendre la phase paroxystique pour agir.

Parce qu’en ce qui concerne la covid19, personne ne pouvait prévoir l’apparition du virus et aucune mise en garde particulière face à une réalité existante – à part le fait que de funestes apprentis-sorciers travaillant pour des laboratoires étatiques manipulent des substances hautement létales –, ne pouvait être lancée avant son apparition en Chine.

Tout autre est le réchauffement climatique dont on parle depuis bien longtemps et dont le premier rapport du GIEC à son sujet date de 1990, ce qui ne nous pas empêché depuis de rejeter encore plus de dioxyde de carbone dans l’atmosphère.

Nous n’avons donc plus aucune excuse pour refuser de prendre les décisions – parfois très difficiles et très douloureuses – parce que nous sommes capables de nous mobiliser et qu’en plus, comme le montre la crise de la covid19, nous savons.

Ceux qui vouent un culte à des personnages comme Donald Trump qui niait ce réchauffement ou qui se sont faits un plaisir de relayer et soutenir les Gilets jaunes qui ne sont descendus dans la rue, au départ, que pour être contre des mesures environnementales contre ce même réchauffement, fassent leur examen de conscience et, à défaut de rejoindre ceux qui veulent agir pour sauver l’Humanité, aient au moins la décence se taisent une bonne fois pour toute.

Il en va de la survie de l’Humanité, celle d’aujourd’hui, de demain et des après-demain.

Alexandre Vatimbella

 

vendredi 13 août 2021

Les fake news tuent

Tous les jours des milliers de personnes meurent à travers le monde victimes des fake news déversées sur la pandémie de la covid19.

Depuis le début de la crise sanitaire, les mensonges concernant cette crise sanitaire sont responsables d’un nombre considérable de décès.

Avec l’apparition du variant delta, les fake news sont en passe de devenir une arme de destruction massive.

Aux Etats-Unis, où des gens décèdent quotidiennement à cause de campagnes niant la réalité de la situation épidémique, d’autres sont morts parce que Donald Trump a affirmé qu’il avait gagné les élections présidentielles, autre fake news.

Alors que l’on pouvait parler il y a trente ans de controverses scientifiques, aujourd’hui l’évidence du changement climatique n’est plus discutable et ceux qui continuent à le nier en propageant des fake news, sont responsables de nombre de catastrophes létales qui auraient pu être évitées.

Voici seulement quelques exemples de la nocivité et de la toxicité des fake news.

Ajoutons que si, demain, une autre pandémie succède à celle de la covid19, nous serions certainement abreuvés de ces mêmes mensonges mortels.

Car, non, les fake news ne sont pas un exercice de défiance intellectuelle, une rébellion romantique face à l’ordre établi, un jeu folklorique pour s’amuser, ni même et surtout une manifestation légitime de la liberté d’expression.

Non, ce sont des armes qui tuent quotidiennement.

Leurs créateurs sont donc de vulgaires criminels – voire des assassins qui commettent leurs méfaits avec préméditation – qui savent ce qu’ils font – inventer des boniments mortifères –  comme le sont également beaucoup de leurs propagateurs ainsi que nombre de ceux qui manifestent et utilisent la violence parce partisans de ces thèses élucubrationistes (complotistes).

Il est donc temps que les démocraties républicaines qui sont le  terreau préféré de ces escrocs de la réalité, de ces crapules de la subversion, réagissent à la mesure du péril qui menace leurs populations.

Il est temps que ces factieux rendent des comptes et il faut que tous les parlements se saisissent de la question pour édicter une vraie législation avec sanctions exemplaires pour les empêcher de nuire, pour les empêcher de tuer.

Et il faut que les centristes, piliers de cette démocratie républicaine prennent leur responsabilité dans cette question qui devient une urgence vitale.

Alexandre Vatimbella

mercredi 4 août 2021

Mais où est passé «le règne et la souveraineté de la raison»?

Il fut un temps où les affects, souvent source de préjugés, ne faisaient pas partie du projet démocratique républicain mais où la raison était vue comme la base nécessaire d’un régime de liberté et d’égalité.

Non pas que les affects devaient être bannis d’une société démocratique et même de la gouvernance de celle-ci mais elles ne devaient pas interférer avec des principes qui voulaient  assoir ce nouvel ordre qui devait être celui, sinon de la vérité, celui de la réalité et non construit de chimères et de croyances venues d’idéologies dangereuses et de personnages louches qui pouvaient tromper certains, incapables de discerner les mensonges et les invraisemblances qu’on leur servait.

Car si nous sommes à nouveau à une époque où le populisme et l’extrémisme démagogiques se propagent au sein d’une partie de la population avec les mêmes recettes éculées, ils ont évidemment toujours existé depuis la Grèce antique.

Mais le projet démocratique partait du principe que l’éducation (la capacité à raisonner n’est pas acquise spontanément mais doit être apprise) et les lois (qui découlent aussi de l’expérience parce que la réalité ,n’est pas statique et figée) permettraient de faire un sort à ces passions qui exaltent inconsidérément, qui divisent, créent des troubles, propagent la haine et la violence.

Voilà à quoi était missionnée la Raison avec un grand R.

Sans entrer dans une discussion philosophique où le mot «raison» est utilisé dans bien des sens différents et fait l’objet de nombreuses controverses, je dirai que le terme raison utilisé ici est, chez l’individu et comme la définit le CNRTL (Centre national des ressources textuelles et lexicales du CNRS), la «faculté de bien juger, de discerner le vrai du faux, le bien du mal; ensemble des qualités de celui ou de celle qui sait se rendre maître de ses impulsions, de son imagination, notamment dans son comportement, dans ses actes».

Mais, plus généralement, la Raison est un «principe universel» qui est la «source de toute connaissance véritable, juste».

Dès lors, on comprend que les Lumières aient fait de la raison une priorité qui doit guider tout ceux qui aspirent à gouverner des humains et plus particulièrement dans le cadre de la démocratie républicaine du XXI° siècle qui nous intéresse plus particulièrement.

Bien évidemment, il ne s’agit pas ici de prôner l’établissement d’un gouvernement d’experts seuls capables selon certains de mettre en œuvre une politique dominée par la raison (ce qui par ailleurs est faux) ou que l’on doive systématiquement évacuer les affects de la gouvernance d’un pays comme, par exemple, l’empathie, la compassion et la fraternité – si importantes et si essentielles pour une société démocratique – voire que la raison impose des règles qui évacuent le débat politique lui-même en empêchant la diversité et le pluralisme, en niant qu’il y ait différents choix possibles et que ceux-ci doivent être tranchés par les citoyens et, dans un régime représentatif, par l’élection de leurs représentants.

Cependant, cela implique clairement que la démocratie nécessite des citoyens éclairés pour fonctionner au mieux et que la démocratie républicaine n’est pas une option mais bien le seul régime légitime, celui qui s’appuie sur la raison et qui protège la liberté de chaque citoyen dans l’égalité politique.

La raison n’est pas non plus un moyen de tourner le dos aux valeurs humanistes mais bien de leur établir un socle solide et indiscutable qui leur permet de rayonner.

De même, elle n’est pas contradictoire avec le juste équilibre mais bien sa source parce qu’elle démontre qu’il est bien le principe premier d’une gouvernance harmonieuse et équitable.

Enfin, on parle de raison démocratique et républicaine, non de raison d’Etat, celle qui permet, au nom de la prééminence de celui-ci de tourner le dos souvent aux valeurs, principes et règles de la démocratie républicaine.

Si, parfois, pour des motifs évidents, la raison d’Etat peut être invoquée, voire qu’elle permet de sauver la démocratie républicaine, elle n’est qu’une situation exceptionnelle à l’opposé du fonctionnement normal de l’Etat de droit.

Quand la souveraineté et le règne de la raison disparaissent ou sont ébranlés comme c’est le cas actuellement, c’est que poussent ces mauvaises herbes, ces parasites qui s’attaquent insidieusement d’abord, puis frontalement à la démocratie républicaine qui ne peut exister dans les faits que si elle n’est pas gangrénée par ceux-ci qui instillent petit à petit, parce que qu’on appelle aujourd’hui – mais qui ont toujours existé – les fake news, les faits alternatifs, l’élucubrationisme (complotiste), la négation de la réalité et de la science, c’est-à-dire un monde fantasmagorique qui tente de s’imposer face au monde réel qui, lui, est défini par la raison.

A force d’avoir voulu introduire trop d’affect dans les corpus démocratique et républicain avec une prééminence donnée trop souvent à l’émotion et au sentiment, on a affaibli le régime de la démocratie républicaine qui a besoin de s’appuyer sur le réel pour fonctionner.

(Re)trouver la raison est devenu aujourd’hui, un impératif pour, non seulement, préserver les acquis de la démocratie républicaine mais pour la faire fonctionner du mieux possible.

Sans cette raison, c’est bien le déraisonnable et l’irrationnel qui prend le dessus et s’attache à déstructurer puis détruire tout l’édifice démocratique et républicain.

Alexandre Vatimbella

 


mardi 3 août 2021

Les profiteurs de la démocratie

Pour certains, la démocratie est un grand self-service où l’on prend ce que l’on désire et on laisse ce qui ne vous plait pas.

Ceux-là crient constamment à la soi-disant atteinte de leurs droits tout en brandissant la bannière de la liberté pour refuser d’accomplir leurs devoirs.

Ce sont les profiteurs de la démocratie.

On le constate, ils sont de plus en plus nombreux dans ce XXI° siècle et sont à l’origine d’un délitement du vivre ensemble, du lien social ainsi que du respect à autrui mais évidemment pas celui qui leur est dû…

Ils font souvent partie de mouvements de revendications populiste et/ou libertario-hédoniste où toute obligation est vue comme un complot à leur personne ce qui leur permet, en retour, toutes les thèses élucubrationistes (complotistes).

Ils sont évidemment un danger pour la démocratie et la république, pour la liberté, l’égalité et la fraternité qu’ils ne cessent d’instrumentaliser à leur profit dans une posture victimaire aussi outrageante que détestable.

Malheureusement, ils parviennent à entraîner avec eux des personnes fragiles et/ou connaissant des difficultés à un moment de leur existence et qui croient sincèrement à la pertinence de leur «révolte» qui n’est qu’une sédition vis-à-vis des valeurs de la démocratie et de la république.

Avec eux, comme compagnon de route de la subversion, les prédateurs de la démocratie, ces représentants des extrêmes, qui se font fort de récupérer ces mouvements qui se proposent d’abatte l’ordre établi pour en ériger un fait d’autoritarisme et de répression.

Comme tout «rebelles» autoproclamés, ces profiteurs sont trop souvent parés par les médias des oripeaux romantiques où leur soi-disant combat contre le grand Léviathan ou grand méchant loup, comme on voudra, est sublimé dans une flamboyance aussi indécente que pathétique.

Ces profiteurs de la démocratie sont évidemment à la fête dans une période trouble comme la crise sanitaire mondiale que nous vivons actuellement et font cause commune avec ceux que j’avais appelé dans un précédent éditorial les «profiteurs politiques de la crise» (lire ici).

Dès qu’une mesure est prise pour tenter de juguler la pandémie de la covid19, on les voit monter au créneau pour dénoncer les atteintes à leur liberté avec des arguments souvent si ridicules qu’on en a presque honte pour eux.

Reste que leur déstabilisation de l’ordre démocratique, celui fait de droits et de devoirs pour pouvoir bénéficier au mieux des bienfaits de la liberté, de l’égalité, de la fraternité et du respect, mine petit à petit les bases de notre société.

Une des conséquences les plus désolantes de leurs comportements narcissiques est qu’il donne des munitions à tous ceux qui crient haro sur une trop grande liberté et sur l’individualisme alors qu’il ne s’agit pas de liberté mais de licence, pas d’individualisme mais d’autonomisme dont les caractéristiques sont l’égoïsme, l’égocentrisme, l’irresponsabilité fait de conduites consuméristes vis-à-vis de la démocratie.

Alexandre Vatimbella