samedi 18 juillet 2015

Quand l’interdit joue contre la démocratie

Vivre en sécurité et protégé du danger est la base sur laquelle toute liberté se construit.
En effet, comment profiter d’une liberté si l’on est constamment dans l’inconnu et la crainte de son intégrité physique et psychologique?
Il nous faut donc un cadre pour que notre liberté soit effective.
Car, si Aristote affirmait, fort justement, dans l’Ethique à Nicomaque que «quand les hommes sont amis il n’y a plus besoin de justice», ce n’est malheureusement pas l’état des relations sociales dans le monde actuel.
Dans une démocratie républicaine qui prend en compte l’imperfection humaine, la divergence d’intérêts, le manque d’amitié et qui combat la licence, c’est le système juridique qui fait office de cadre régulateur.
La loi sécurise et protège tout en ouvrant la voie à une liberté réelle bornée uniquement, en théorie, par l’interdiction d’empiéter sur la liberté de l’autre.
Mais pas en pratique.
En effet, comme pour tout système, le juridique peut être dévoyé par ceux qui le contrôle.
C’est le cas quand l’’interdiction devient le moyen le plus simpliste pour régler un problème (voire pour en créer un artificiellement afin d’édicter un interdiction…).
Car la démocratie représentative n’est pas un régime d’interdiction mais, profondément, un régime de liberté pour des individus égaux et responsables.
Cette liberté ne s’acquiert pas principalement par l’interdiction mais par la transmission du savoir et des valeurs.
Même si cette démocratie représentative est autre chose qu’un simple régime où l’on échange la liberté contre la responsabilité.
Elle est également fondée sur la solidarité entre ses membres même si celle-ci se pratique souvent par l’outil étatique qui se substitue, par l’acceptation des citoyens, à leur devoir d’aider son prochain pour qu’une communauté puisse fonctionner et se dire humaniste.
Dès lors, c’est souvent avant d’en arriver à édicter des interdits qu’un problème doit être réglé et non avant tout par l’interdiction.
Car les interdits sont bien des échecs d’une société démocratique.
Certains de ces échecs sont inscrits dans les perversions de la nature humaine mais d’autres sont la résultante de l’incapacité des sociétés et de leurs gouvernants à trouver des solutions à des problèmes, voire, plus grave, de s’immiscer dans la vie privée des individus au nom d’une morale qui n’en a que le nom.
Ainsi, l’interdiction n’est pas légitime à protéger le citoyen qui ne le souhaite pas et le but d’une société évoluée n’est pas de se transformer en une baby-sitter castratrice.
De ce point de vue, interdiction et principe de précaution sont néfastes quand ils empêchent l’individu de s’épanouir, épanouissement qui profite souvent, en plus, à toute la société.
Si elle ne met pas en danger autrui et la communauté, l’action d’une personne ne doit pas être encadrée par l’interdit et la précaution.
Par peur d’être accusé d’inaction, de faiblesse et d’incompétence, le politique au lieu d’agir pour éviter la survenance d’un problème, le règle à coups d’interdictions quand il devient trop prégnant.
De ce fait, il ne le règle absolument pas en profondeur et restreint, dans le même temps, l’espace de liberté individuelle.
Cet artifice de l’interdiction devient un outil essentiel pour le politique de prouver qu’il «fait quelque chose».
Souvent, le discours qui l’accompagne est non seulement négatif mais mensonger avec la manipulation des statistiques.
Et il passe de plus en plus mal dans la population, pourtant demandeuse de sécurité, mais pas d’un empilage d’interdits.
C’est ce que révèlent de nombreux sondages dont le dernier réalisé par Viavoice pour l’Express et la Revue civique (*) où 67% des sondés pensent qu’il y a «de plus en plus d’interdits, de contraintes et de surveillances».
Surtout, 77% des personnes interrogées ne s’en accommodent pas, estimant que ces «interdictions, contraintes ou surveillances» constituent «des atteintes importantes à nos libertés individuelles».
45% des sondés disent même que les normes et les interdits sont «si importants qu’ils donnent envie de faire ce qu’on ne devrait pas».
Et 96%, chiffre étonnamment élevé, affirment que ces interdits, ces surveillances et ces contraintes sont devenus «excessifs» depuis le début des années 2000.
Voilà qui prouve bien un rejet de la population de cette manière de gouverner qui est devenue tristement routinière et la faillite d’une pratique qui ne règle pas un problème – qui parfois n’en est même pas un – mais qui ne fait que le gérer dans l’instant et l’urgence par un interdit.
D’autant que 93% des Français se disent attachés à leurs libertés individuelles (dont 53%, très attachés).
Enfin, il ne faut pas oublier une valeur fondamentale de la démocratie républicaine, le respect que le Centrisme humaniste du juste équilibre met en avant comme le liant principal entre des individus libres.
Dans le sondage, il vient d’ailleurs en tête des valeurs auxquelles sont attachées le plus les Français (57%, juste devant la liberté 49%).
Pas le respect vu comme d’un inférieur à un supérieur, de l’individu à l’Etat mais comme le respect de l’un à l’autre et réciproquement, le respect de l’individu à la communauté et réciproquement.
Liberté et respect ne sont pas antinomiques, bien au contraire, ils vont de pair.
En revanche, licence et respect ne peuvent cohabiter.
Ayant dit cela, l’interdiction ne se justifie que dans la situation suivante: impossibilité de trouver une solution meilleure où la liberté, la sécurité et le respect de la personne qui souhaite être protégée ne peuvent être assurées.
Aujourd’hui, on en est loin car l’interdiction est souvent la seule solution envisagée par les gouvernants et concerne souvent des actes qui n’ont aucune incidence sur autrui ou même la société.
Alexandre Vatimbella 

(*) Sondage réalisé du 28 mai au 2 juin 2015 / échantillon représentatif de la population de 2002 personnes / marge d’erreur de 3 points).


vendredi 17 juillet 2015

La pathétique tentative de Poutine pour faire de la Russie le leader des anti-occidentaux

Lors du sommet des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) puis celui de l’OCS (Organisation de coopération de Shanghai) dont il était l’hôte, Vladimir Poutine a tout tenté pour se présenter comme le leader du monde anti-occidental, le résistant à ses valeurs malfaisantes, avec une rhétorique des plus agressives style guerre froide, une propagande éhontée que seules les dictatures pratiquent et un égocentrisme qui confine de plus en plus à un culte de la personnalité rappelant de bien tristes souvenirs en son pays.
On l’a même vu proposer, en marge de ces rencontres, à son ami Alexis Tsipras, le premier ministre grec d’extrême-gauche, de lui prêter de l’argent pour faire la nique à l’Union européenne sans avoir le moindre petit rouble pour tenir cette promesse démagogique!
Car le problème essentiel du président russe c’est qu’il brasse beaucoup d’air mais n’a aucune capacité à être le leader d’un mouvement quelconque sauf celui de la nuisance internationale notamment grâce à ses armes et ses bombes atomiques.
Pire, il pourrait même être le fossoyeur de toute renaissance de la Russie sur le long terme.
Jusqu’à présent, il a réussi à faire de la Russie un des pays les plus corrompus du monde, à détruire systématiquement tout ce qui pourrait la moderniser en matières économique, sociétale et politique, à l’isoler avec son intervention en Géorgie puis en Ukraine, démontrant, en outre, que le mensonge était son moyen de communication favori.
De plus, il est un des grands responsables de la naissance de Daech avec sa politique répressive en Tchétchénie et son soutien sans faille au boucher Assad en Syrie (alors que l’éviction de celui-ci au premier temps de la guerre civile aurait empêché le développement de l’organisation terroriste).
Mais, il ne s’est pas arrêté là, en cassant la croissance de la Russie par l            a corruption, l’incapacité à libérer l’économie et les sanctions américaines et européennes qui ont suivi son coup de force illégal en Ukraine.
Néanmoins, le plus grave pour la Russie, c’est qu’il est en train de la placer dans l’orbite de la Chine qui n’en demandait pas tant.
Au-delà du soutien à Xi Jinping qui va dans le sens de ses amitiés avec tant de despotes à travers le monde comme Kim Jong-Un en Corée du Nord, la Chine représente actuellement son seul espoir de salut.
Mais en se rapprochant de Pékin, il fait entrer le loup dans la bergerie tant les intérêts des deux pays sont antinomiques sur le moyen et le long terme.
Car l’Empire du milieu voit dans la Russie un territoire rempli de matières premières dont elle a absolument besoin, des zones inhabitées, notamment le long du fleuve Amour où elle pourrait installer des millions de Chinois, un inféodé soumis et docile pour ses ambitions mondiales et ses visées territoriales et hégémoniques en Asie ainsi qu’un marché potentiel pour ses produits.
Tout ce qui fait que, jusqu’à maintenant, la Russie avait toujours refusé de basculer dans le giron chinois.
Mais Poutine a besoin d’amis et surtout d’argent qu’il espère trouver en Chine quitte à vassaliser son pays.
Voulant entrer dans l’Histoire comme l’égal des grands tsars, voire de Staline qu’il a réhabilité largement, Vladimir Poutine pourrait y figurer comme étant celui qui a ruiné son pays et en a fait, en fin de compte, une puissance mineure ce que même les plus incompétents des dirigeants à travers les siècles avaient réussi à éviter.
Alexandre Vatimbella



mardi 14 juillet 2015

Présidentielle USA 2016. Démocrates – La centriste Clinton et les autres

Beaucoup de gens seraient étonnés de savoir qu’il y a actuellement dix-sept candidats déclarés et non pas une seule pour être la personnalité démocrate qui représentera le parti à la présidentielle de 2016!
En effet, depuis son départ de l’administration Obama en 2013, Hillary Clinton a monopolisé l’attention des médias du monde entier et, pendant longtemps, on évoquait des noms de ses possibles concurrents pour la primaire démocrate mais sans savoir s’il y en aurait beaucoup qui oseraient l’affronter tellement elle est l’ultra-favorite pour la nomination de son parti ainsi que pour la présidentielle.
Mais, au fil du temps, plusieurs ont décidé de partir à la bataille et pourraient être rejoints par quelques autres dans les semaines et les mois qui viennent.
Reste qu’à part la centriste, son challenger socialiste, Bernie Sanders ainsi que Martin O’Malley (ancien gouverneur du Maryland), Jim Webb (ancien sénateur de Virginie) et Lincoln Chaffee (ancien sénateur et gouverneur de Rhode Island), pratiquement personne ne connait les autres prétendants dont nombre ne représentent rien d’autre qu’eux-mêmes.
On peut donc dire qu’il y a donc actuellement cinq candidats «sérieux» et… une candidate capable d’emporter la nomination lors de la Convention démocrate.
Mais ne disait-on pas la même chose en 2008 avec, en bout de course, la victoire du «challenger» Barack Obama sur Hillary Clinton.
Pour autant, cette fois-ci, il n’y a pas de phénomène politique comme Obama – et il ne devrait pas y en avoir a priori – et les circonstances se prêtent moins à élire un quasi-inconnu qu’il y a sept ans où comme on le disait alors, même un âne (jeu de mot avec l’emblème du Parti démocrate) aurait battu n’importe quel candidat républicain tellement la présidence de George W Bush se terminait en eau de boudin par un rejet d’une grande partie du peuple américain.
Néanmoins, rien n’est jamais sûr en politique et, surtout en politique américaine où des quasi-inconnus peuvent tirer leur épingle du jeu et, parfois, créer l’énorme surprise.
D’autant que le Parti démocrate pourrait succomber à ses vieux démons en se déportant, comme en 1972 avec George McGovern, plus que de mesure à gauche, ce qui permettrait à un outsider d’émerger.
Reste que cette éventualité, un cauchemar pour les dirigeants du parti, serait sans doute fatale aux chances des démocrates de continuer à occuper la Maison blanche.
L’égérie de la gauche américaine et des «liberals» (gauche du Parti démocrate) est la sénatrice Elisabeth Warren mais elle a annoncé il y a déjà longtemps qu’elle ne se présenterait pas.
Son espace politique (en attendant qu’elle change d’avis, ce que souhaite ardemment ses fans mais aussi tout le Parti républicain!) est désormais occuper par le socialiste Sanders qui parvient à déplacer des foules comme dans le Wisconsin le 1er juillet, où 10.000 personnes ont assisté à un ses meetings dans la ville de Madison.
Bien entendu, le virage à gauche d’une partie des démocrates s’explique aisément.
Au-delà d’un noyau socialiste des plus réduits, nombre de militants démocrates mais aussi d’électeurs commencent à se rebeller contre la montée en flèche, ces dernières décennies, des inégalités en matière économique qui n’ont jamais été aussi fortes que depuis 1928 avec, depuis 1979, une progression des revenus des 1% les plus riches de 138% contre seulement 15% pour 90% de la population.
Il s’agit aussi de se mobiliser contre l’extrême-droite représentée par le Tea party mais qui a diffusé largement ses idées à l’intérieur du parti républicain.
Bien entendu, il ne faut tomber dans le panneau de l’effet de perspective qui a été mis en place par la droite radicale républicaine.
Le Parti républicain s’est en effet droitisé pendant des années en accusant les démocrates de se gauchiser, affirmations que les analystes et les politologues ont démontées facilement mais qui ont été reprises abondamment par les médias conservateurs et même par d’autres.
Dès lors, une demande de plus d’égalité dans la distribution des fruits de la croissance ainsi qu’une hausse d’impôts pour les plus riches afin de financer, notamment, la rénovation et la construction d’infrastructures en décrépitude ou nécessaires, des mesures que proposent Barack Obama par exemple, sont dénoncées par les républicains comme dangereusement gauchistes alors qu’elles ne sont que centristes…
Elles sont d’ailleurs défendues également par l’ensemble des candidats à la candidature dont les cinq crédibles – en particulier Hillary Clinton – qui pourraient être rejoints par deux ou trois autres d’égale stature (on pense notamment au vice-président Joe Biden).
Parmi ces cinq, on trouve deux «liberals» (gauche) – Sanders et O’Malley – et trois centristes – Clinton, Webb et Chafffee, ce qui est une différence notable avec les républicains où l’énorme majorité des prétendants sont des conservateurs voire des ultraconservateurs, certains ayant même une grande proximité avec l’extrême-droite.
Présentons les trois centristes:
- Hillary Clinton est la centriste par excellence.
Comme toute personnalité du Centre, elle est constamment accusée par la gauche d’être trop proche de la finance de Wall Street et par la droite d’être une dangereuse gauchiste…
Elle et son mari, Bill Clinton, sont à l’origine de la Troisième voie qui recentra le Parti démocrate et lui permis de revenir au pouvoir en 1992 en tournant le dos à sa rhétorique gauchiste.
Son statut de favorite pour la primaire puis pour la présidentielle en fait la cible de tous et sa capacité à encaisser les coups et les attaques qui sont déjà particulièrement dures seront une des clés de l’élection de 2016.
- Jim Webb est considéré par les «liberals» comme un homme de centre-droit, voire de droite tout court.
Il faut dire qu’il est un ancien républicain qui a servi dans l’Administration de Ronald Reagan.
C’est également un ancien militaire et sénateur démocrate qui a toujours essayé de travailler avec les deux grands partis et qui a représenté la Virginie de 2007 à 2013.
Il renonça à se représenter en expliquant qu’il était frustré par le blocage partisan au Congrès qui empêchait la prise de décisions importantes pour le pays.
- Lincoln Chaffee a tout été, républicain «independent» (affilié à aucun des deux grands partis) et démocrate.
De même ses prises de position politiques empêchent de véritablement lui coller une étiquette politique mais on peut dire qu’il est plutôt au centre de l’échiquier politique.
Cette difficulté de le qualifier sera sans doute une de ses faiblesses d’autant qu’il semble que sa candidature n’ait pas réellement intéressé les Américains pour l’instant.
Ancien sénateur républicain puis gouverneur du Rhode Island, élu en tant qu’indépendant, il a, depuis, rallié le Parti démocrate.
Il est plutôt un modéré en matière de politique étrangère, plutôt un conservateur en matière fiscale et plutôt à gauche en matière de politique sociale.
Mais des changements dans ses positions ont désorienté les électeurs et lui ont aliéné, à la fois, les démocrates et les républicains.
Il ne semble pas en position de jouer un rôle majeur lors de la primaire démocrate.

Alexandre Vatimbella



mercredi 8 juillet 2015

Le Centrisme et la «guerre de civilisation»

Manuel Valls a raison, tout comme Nicolas Sarkozy et quelques autres: c’est bien à un problème culturel fondamental auquel nous sommes confrontés en matière de terrorisme islamique au-delà des terribles exactions faites par ces bandes de criminels qui tentent de mettre le monde à feu et à sang.
Et le Centrisme avec ses valeurs de liberté et de respect, sa défense de la démocratie républicaine représentative et participative, sa vision d’une mondialisation humaniste ne peut qu’abonder dans ce sens.
N’en déplaise à tous les bien-pensants qui refusent de parler de ce qui fâche depuis que la violence mais aussi toute une idéologie totalitaire venue du terrorisme en Algérie et au Liban mais aussi pratiquées par des Etats comme l’Iran des Mollahs, la Libye du fantasque Kadhafi ou l’Afghanistan des Talibans se sont structurées dans les années 1970-1990 et qu’elles ont trouvé un terrain favorable dans les communautés musulmanes à travers le monde et, notamment, dans les pays occidentaux.
Dire cela n’est pas parler de racisme ou de supériorité ou d’infériorité de qui que ce soit, ni même de quoi que ce soit mais de différences culturelles qui, qu’on le veuille ou non, produisent des affrontements qui peuvent être pacifiques (mais non moins agressifs) mais aussi d’une violence extrême.
Car si les actes de terrorisme barbare, dont Daesh nous abreuve constamment, sont évidemment les plus spectaculaires et les plus abominables, il n’en reste pas moins vrai que l’on assiste à une contestation de toutes les valeurs humanistes et démocratiques à laquelle les sociétés occidentales sont directement confrontées.
Mais arrêtons-nous un moment sur le terme de «guerre de civilisation» qui fait tant hérisser les bien-pensants.
Certains contestent le terme même de guerre qui ne serait pas approprié face au terrorisme, ni face à une culture.
D’autres estiment qu’il ne s’agit pas d’une confrontation entre des civilisations mais de l’obscurantisme contre l’humanité toute entière.
Admettons, donc, comme l’affirme quelqu’un qui se revendique comme centriste, François Bayrou, que «ce n’est pas une guerre de civilisation, c’est une guerre de la barbarie contre la civilisation».
C’est bien ainsi que l’on a qualifié les crimes commis par les nazis, ce qui a permis d’ailleurs de les juger et qui permet aujourd’hui de juger devant des tribunaux internationaux ou nationaux ceux qui se sont rendus responsables de massacres comme les génocides mais aussi ceux qui ont appelés à ces massacres sans répandre eux-mêmes le sang.
Ainsi, les nazis justifiaient leurs exactions par une idéologie, tout comme les islamistes et leurs séides qui tuent en leur nom.
Quelle est-elle? Une lecture au premier degré du Coran (qui, littéralement, contient des appels au meurtre comme les sourates 2, 4, 5, 8, 9 et surtout 47) associée à une vision de ce que doit être l’organisation de la société musulmane.
Tout comme les nazis qui voulaient créer une civilisation aryenne de mille ans, les islamistes se battent pour établir leur civilisation musulmane qui doit se débarrasser de tous les ennemis, juifs, chrétiens, chiites, tous des infidèles, mais aussi des sunnites modérés, des apostats, etc.
Sans oublier les homosexuels et autres «déviants» selon leurs critères, telles les femmes adultères.
Comment doit-on alors qualifier les princes saoudiens, koweitiens ou qataris qui financent ces extrémistes sunnites? Des criminels avec qui nous avons des relations. Tout comme les services secrets, donc une administration publique, du Pakistan.
Ce qui est inquiétant, voire consternant, c’est le refus de voir la réalité en face et de fabriquer sa vérité en la matière d’une partie du monde intellectuel et médiatique des pays démocratiques.
C’est devenu la principale occupation de la gauche qui s’est plu à assimiler les terroristes et les idéologues islamistes à de pauvres victimes du capitalisme alors même que nombre d’intellectuels qui lui étaient proches la mettait en garde depuis très longtemps contre cet angélisme irresponsable et ce formidable contresens qu’elle était en train de commettre.
Elle est même entrée dans un relativisme par rapport aux valeurs libérales qui portent pourtant politiquement les régimes démocratiques et républicains en place dans le monde libre.
Et ses médias de suivre le mouvement jusqu’à travestir les faits pour mieux combattre les soi-disant «hérésies», en l’occurrence celles qui s’appuient sur le réel.
Exemple parmi d’autres, après les propos de Manuel Valls, le quotidien Le Monde est encore monté au créneau pour défendre ce relativisme.
Pour ce faire, il s’est plu à présenter Samuel Huntington, l’inventeur dans un livre de 1996 de «la guerre des civilisations» comme un inspirateur des néoconservateurs. Problème: non seulement il n’a jamais été l’un d’eux (il a été démocrate toute sa vie alors que les néoconservateurs sont des démocrates devenus républicains) mais il ne les a jamais apprécié et, surtout, ils n’ont jamais été des adeptes de sa théorie qui était plus de se protéger des menaces plutôt que d’aller porter la bonne parole de la démocratie américaine dans le monde entier.
D’ailleurs, contrairement à ce qu’affirme le quotidien, il n’a pas été l’inspirateur de George W Bush pour le déclenchement de la guerre en Irak et il s’est même opposé à ce conflit comme le rapportait sa nécrologie dans le New York Times peu suspect de sympathie envers les néoconservateurs…
Mais, peu importe la réalité quand on veut diffuser sa vérité!
Les relativistes estiment donc que ce n’est pas dans la guerre des civilisations que l’on est mais dans la barbarie face à toutes les civilisations.
De ce fait, ils occultent tout les discours de violence, tout les discours liberticide, tout les discours stigmatisant qui sont portés par des idéologies et des religions à travers le monde afin de faire croire que les coupables ne sont que des criminels endurcis qui deviendraient des terroristes et qu’il y aurait peu de volonté culturelle et idéologique derrière leur engagement.
Ainsi, à les suivre, tous les militants violents à travers les siècles qui se battaient pour une idéologie, comme les tenants de la Terreur en France, étaient seulement des criminels muent uniquement par le goût du sang et non par des idées.
De même pour les fascistes, les nazis, les communistes, les anarchistes violents et ainsi de suite.
Voilà qui ressemble à du révisionnisme historique.
Car si l’on considère que les terroristes de Daesh ou d’Al Qaida sont uniquement des criminels, alors tout ce qu’ils défendent comme vision du monde est un crime.
Mais comment en sont-ils arrivés là? En naissant musulman ou se convertissant, en étudiant les textes, en étant pris en charge par des leaders et des directeurs de conscience autoproclamés, etc. qui ne sont, eux aussi, que des criminels, si l’on comprend bien la logique des relativistes et des révisionnistes.
Tout cela ne tient pas debout et n’est là que masquer une drôle de proximité objective entre les ennemis de la société libérale et les ennemis de l’Occident et de la mondialisation humaniste.
Pourtant, si l’on affirme, comme je le fais, que la civilisation est en guerre, il faut aussi préciser de quelle civilisation et de quelle guerre il s’agit.
Il s’agit d’une guerre à plusieurs niveaux dont le principal est une guerre dans laquelle est impliquée à son corps défendant la civilisation mondialisée et humaniste, celle de l’ouverture et des échanges, celle du respect et de la tolérance, par les tenants de visions culturelles archaïques, violentes et de la confrontation qui ont, rappelons-le, lancé cette lutte à la vie, à la mort en rêvant de plonger le monde dans l’obscurantisme dont ils se nourrissent.
Mais il y a bien un niveau qui concerne la civilisation occidentale, celle qui a propagé les Lumières depuis le XVIII° siècle, celle de la Grèce antique et de ses philosophes, celle de Rome et de ses légistes, celle des valeurs portées par le message de Jésus, celle de la tolérance de Voltaire, celle qui a toujours était ouverte aux synthèses avec les cultures venues d’ailleurs pour peu qu’elles soient respectueuses de l’humain.
La solution, à long terme, ne sera pas d’accorder des cultures qui ne peuvent se synthétiser entre elles mais bien de réunir toutes les cultures individuelles dans une grande mondialisation humaniste où chacun respectera l’autre.
Néanmoins, en attendant, il faut ce courage et cette pugnacité de dire non à toutes les cultures de haine, à toutes les cultures qui nient l’humain.
Et à se défendre.
Alexandre Vatimbella



mardi 7 juillet 2015

Présidentielle USA 2016. Républicains – Y a-t-il un centriste parmi la pléthore de candidats?

Il y a pléthore en la maison républicaine pour la candidature à la candidature à l’élection présidentielle de novembre 2016.
Combien y en aura-t-il finalement? Personne ne le sait exactement car chaque semaine un ou plusieurs nouveaux candidats font leur coming-out…
Pas moins de seize candidats principaux (et quinze secondaires qui ne devraient pas aller très loin dans leur entreprise) sont en lice pour l’instant comme si la Maison blanche était promise à l’un d’entre eux alors que l’archi-favorite des sondages et des analystes demeure la démocrate Hillary Clinton.
Et il y en aura peut-être encore plus dans les jours qui viennent puisque Bob Erlich (ancien gouverneur du Maryland), Jim Gilmore (ancien gouverneur de Virginie), Peter King (représentant e New York) et Rick Snyder (gouverneur du Michigan) pourraient se lancer dans la course!
Enumérons rapidement et dans le désordre les seize prétendants:
Jeb Bush (ancien gouverneur de Floride; Scott Walker (gouverneur du Wisconsin); Marco Rubio (sénateur de Floride); Ben Carson (médecin); Mike Huckabee (ancien gouverneur de l’Arkansas); Rand Paul (sénateur du Kentucky); Ted Cruz (sénateur du Texas); Donald Trump (promoteur); Chris Christie (gouverneur du New Jersey); John Kasich (gouverneur de l’Ohio); Rick Perry (ancien gouverneur du Texas); Carly Fiorina (ancienne dirigeante d’entreprise); Rick Santorum (ancien sénateur de Pennsylvanie); Lindsey Graham (sénateur de Caroline du Sud); Bobby Jindal (gouverneur de Louisiane); George Pataki (ancien gouverneur de New York.
Dans cette longue liste, se cache-t-il un ou plusieurs centristes?
On peut éliminer rapidement le fantasque et incompétent milliardaire newyorkais Donald Trump dont la dernière sortie contre les Mexicains révèle une xénophobie lamentable condamnée par pratiquement toute la classe politique ainsi que Carly Fiorina, ancienne dirigeante de Hewlett-Packard, qui est une représentante de la droite radicale et dont la seule «compétence» sera d’être l’anti-Hillary Clinton, sûrement un peu juste pour être élue, elle qui est la seule candidate dans une marée masculine.
Sans oublier Ben Carson, pédiatre afro-américain à l’extrémisme de droite ravageur et seul candidat noir qui s’est fait remarquer ces derniers mois plus pour ses déclarations clivantes que pour ses capacités à rassembler.
A noter que Ben Carson et Donald Trump tirent leur épingle du jeu dans les sondages…
Bien évidemment, il faut aussi éliminer dans la foulée Ted Cruz, Rick Perry, Scott Walker et Rick Santorum qui sont les candidats préférés du Tea-Party et des religieux radicaux, deux groupes qui pèsent chez les républicains et qui situent ces personnalités entre la droite radicale et l’extrême-droite.
De même pour Bobby Jindal et John Kasich, même si ce dernier s’est montré plus enclin à accepter une partie de la réforme de l’assurance-santé, un «crime» pour nombre de membres du Parti républicain, puisque l’anti-«Obamacare» est un des étendards principaux de la droite depuis son vote par le Congrès en 2010 et pratiquement tous les candidats se sont engagés à l’abroger, ce qui sera quasiment impossible depuis que la Cour suprême l’a déclarée légale par deux fois mais qui est une posture indispensable pour être adoubé par les électeurs républicains.
On doit aussi sortir de la liste Rand Paul, représentant des libertariens dont la vision économique et sociale est souvent plus radicale que celle des plus radicaux de droite du Parti républicain même si sa vision sociétale est nettement plus libéral voire «liberal» (au sens de gauche américaine), ce qui lui permet, par exemple, d’avoir le soutien de nombreux jeunes électeurs et de bien figurer dans les sondages.
Restent en piste, pour l’instant, Jeb Bush, Marco Rubio, Chris Christie, Lindsey Graham et George Pataki.
Même s’ils semblent plus «modérés» face à des extrémismes de la trempe de ceux que l’on a déjà éliminés, Marco Rubio et Lindsey Graham sont néanmoins plus proches d’une droite dure que d’un centre-droit même si ce dernier, spécialiste de politique étrangère, avait une image plutôt consensuelle, travaillant parfois avec les démocrates mais il s’est radicalisé récemment.
Nous avons donc trois finalistes.
D’abord celui qui est en tête des sondages des prétendants républicains, Jeb Bush.
Le fils de George H.W. Bush et le frère de George W Bush, tous deux anciens présidents, n’a jamais brillé par son centrisme.
Mais la droitisation du Parti républicain – qui lui a fait dire au cours de ces dernières années qui ni son père, ni son frère n’auraient une chance d’être le candidat républicain en se présentant aujourd’hui – entamée lors la présidence de Ronald Reagan puis poursuivie sous de celle de son frère avant d’être paroxystique depuis l’élection du démocrate Barack Obama, l’a déplacé comme un homme de droite alors que l‘on aurait pu le classer dans la catégorie de la droite dure il y a quelques années.
Reste qu’il ne se positionnera pas au centre s’il est élu mais qu’il risque de le faire afin de remporter le scrutin…
La question est plus complexe pour Chris Christie et George Pataki.
Ces deux hommes sont en effet des républicains qui gouvernent ou ont gouverné des Etats de l’Est très majoritairement démocrates (New Jersey pour Chris Christie qui en est l’actuel gouverneur) et fortement démocrate (New York avec la ville de New York très majoritairement démocrate pour George Pataki qui en a été le gouverneur de 1995 à 2007).
Ils ont pu l’emporter grâce l’incurie des démocrates locaux et nombre d’affaires de corruption (même si celle-ci touche aussi le Parti républicain dans ces deux Etats).
Mais pour devenir gouverneurs, ils ont également du apparaître comme des républicains centristes sinon ils n’auraient pu être élus.
Le sont-ils vraiment ou se sont-ils positionnés au centre de l’échiquier politique pour remporter la mise, telle est la question les concernant.
Il est trop tôt pour savoir comment ils vont mener leur campagne et les promesses qu’ils feront.
Mais on peut se référer à leurs mandats respectifs et leurs prises de position.
Si les deux hommes sont considérés comme des conservateurs, notamment en matière fiscale, ils ont quelques faits d’arme centristes à leurs actifs.
Ainsi, si Chris Christie s’est opposé à la légalisation de la marijuana pour usage récréatif, il a autorisé celui du cannabis pour un usage médical.
Il est contre le mariage gay mais milite pour des unions civiles pour les couples homosexuels.
Enfin, il n’est pas un adversaire de l’avortement même s’il est devenu pro-vie ces dernières années.
De son côté, George Pataki est en faveur de l’avortement et il s’est battu pour faire adopter une législation pro-gay lorsqu’il était gouverneur et a même réussi à contourner l’opposition du Congrès de l’Etat de New York alors dominé par les républicains.
De plus, Pataki est souvent compare à John McCain et Mitt Romney, les deux derniers candidats républicains à la présidentielle, tous deux battus par Barack Obama et considérés comme des conservateurs modérés, voire comme des personnalités de centre-droit.
S’il devait y avoir un candidat proche de l’espace centriste, ce serait donc George Pataki.
A noter qu’il est, à l’heure actuelle, un des moins bien partis dans les sondages car considéré comme trop modéré, voire comme un Rino («Republican in name only» soit un «républicain juste de nom» comme l’extrême-droite du parti a baptisé les modérés de leur camp).
Ainsi, dans un sondage de Fox news publié fin juin, il obtient 1% des intentions de vote à la primaire républicaine…
Sauf qu’il faut se rappeler que lors des deux dernières élections présidentielles, les électeurs républicains ont, in fine, choisi des modérés pour représenter le parti, tout simplement parce que les extrémistes et les radicaux n’ont aucune chance d’obtenir la majorité des voix du peuple américain.
Ce fut également le cas lors de l’élection de George W Bush en 2000 mais celui-ci de modéré passa à radical, notamment sous l’influence de son conseiller Karl Rove et, surtout, du vice-président Dick Cheney.
Sans oublier les attentats du 11 septembre…
Alexandre Vatimbella


dimanche 5 juillet 2015

Crise grecque: Quand la démocratie joue contre la démocratie

Les Grecs ont choisi de dire non aux propositions de l’Union européenne pour les sortir de la crise dans laquelle ils se sont mis eux-mêmes.
Au-delà des conséquences pour le pays lui-même (sortie de la zone euro, voire de l’Union européenne, sans parler de sa possible paupérisation à long terme), pour la zone euro, pour l’Union européenne et pour la stabilité du système financier mondial, ce résultat est un coup de porté à la démocratie par la démocratie elle-même!
En effet, le peuple grec a refusé ce qui est un élément essentiel du bon fonctionnement des règles démocratiques, la responsabilité.
Que ce soit la responsabilité d’assumer ses actes et la responsabilité de tout tenter pour réparer ses erreurs, les Grecs ont choisi l’irresponsabilité en accusant le monde entier de leur malheur sauf eux…
Car c’était bien cela le fond même du référendum organisé par le parti d’extrême-gauche au pouvoir, Syriza, et de son leader, Alexis Tsipras.
Les électeurs devaient, en réalité, signifier s’ils s’estimaient responsables de l’état de leur pays ou s’ils fermaient les yeux, se bouchaient le nez et les oreilles tout en ouvrant la bouche pour affirmer qu’ile étaient victimes d’un complot international, d’une attaque «terroriste» comme l’a nommée le ministre des Finances tout aussi irresponsable que les électeurs, Yanis Varoufakis, incapable de trouver une solution viable aux problèmes de son pays.
Il fallait voir avec quelle hargne nombre de Grecs interrogés dans les multiples reportages réalisés par les télévisions du monde entier affirmaient qu’ils allaient voter non à l’Europe, l’Allemagne, Angela Merkel, Jean-Claude Junker et tous les noms qui leur passaient par la tête.
Ce qui est inquiétant également, c’est le soutien que l’irresponsabilité du peuple grec a suscité dans beaucoup de pays.
Et pas seulement des extrémistes de gauche et de droite comme en France réunis au sein d’une alliance improbable qui en dit long sur les ressemblances de tous les ennemis de la démocratie républicaine.
Cela démontre que les travers qu’engendre un régime démocratique quand il lui manque un de ses ingrédients les plus importants (le respect, la solidarité, la tolérance, la liberté, l’égalité et ici la responsabilité) aboutissent à affaiblir la démocratie elle-même.
Loué comme l’acte démocratique suprême, le référendum a été instrumentalisé dans le cas de le Grèce pour qu’un peuple et ses dirigeants se déclarent irresponsables de leurs actes.
Voilà qui va ravir tous les sceptiques de la démocratie dans le monde – et ils sont nombreux – qui estiment que les peuples ne sont pas capables de prendre leur destin en main et qu’ils se jettent souvent dans les bras des populistes démagogues qui prétendent raser gratis tout en fustigeant les «autres», ceux qui savent qu’un barbier ne peut pas vivre sans salaire…
Ce qui est préoccupant c’est, bien sûr, qu’un gouvernement puisse organiser une consultation populaire pour demander à son peuple de s’absoudre lui-même de ses erreurs et de ses fautes mais c’est aussi la possibilité d’utiliser la démocratie contre elle-même.
Bien entendu, ce n’est pas la première fois que les règles démocratiques aboutissent à fragiliser la démocratie.
Nombre de dictateurs sont arrivés au pouvoir par les urnes, par exemple.
Ce qu’il faudra voir, également, c’est si ce référendum va créer un précédent et la pression qui va se faire jour dans nombre de pays pour en organiser avec ce genre de question.
Le danger: la perte de légitimité de la démocratie.
Alexandre Vatimbella


vendredi 3 juillet 2015

La crise grecque ou le dévoiement du rêve européen

Quelle que soit l’issue de la crise grecque (sauvetage de l’économie du pays et son maintien dans la zone euro ou naufrage et sortie de cette même zone voire de l’Union européenne), c’est bien au dévoiement du rêve européen auquel on assiste impuissant, tant la dynamique destructrice semble forte dans les gouvernements et les peuples de l’Union européenne où celle-ci est de plus en plus considéré, faussement, comme une sorte de «machin» encombrant.
Car cette crise n’est que la conséquence du délitement de l’espoir européen depuis une vingtaine d’années, sur fond d’une propagande négative incessante, où les intérêts de chaque membre de l’Union l’emportent toujours face à une construction en commun des Etats-Unis d’Europe.
Plus, les gouvernements n’ont eu de cesse d’incriminer l’Europe chaque fois que la situation était mauvaise, se défaussant de leur responsabilité sur l’Union et ses institutions, et de s’attribuer tout le mérite des bonnes nouvelles.
Dans le psychodrame hellène qui est en train de se jouer on a, d’un côté, une agrégation de pays européens qui ont oublié sciemment ce que veut dire la solidarité entre eux et qui, dorénavant, ne pensent qu’à défendre leurs profits et leurs avantages au détriment d’une communauté de vie en se réfugiant derrière des discours et des décisions qui rappellent les bons vieux réflexes nationalistes d’antan, fustigeant l’autre, celui avec qui pourtant l’on est sensé bâtir une union.
De l’autre, on a une Grèce qui n’agit pas différemment et qui, ayant vécu sans le moindre état d’âme au-dessus de ses moyens pendant des années en le sachant et sur le dos des autres pays européens, ne veut pas assumer ses actes – pire, dont les dirigeants incriminent les autres membres de l’Union comme responsables de leurs propres errements – et dont le peuple s’en remet in fine à un gouvernement d’extrême-gauche, non seulement ennemi depuis toujours d’une Europe, humaniste et libérale (politiquement et économiquement), c’est-à-dire de celle qui est à la base du Traité de Rome et de tous les autres traités qui ont été signés depuis 1957, mais qui est totalement irresponsable, fonctionnant à l’idéologie de la confrontation, du rapport de force et de la guérilla, n’ayant comme principe de négociation que le chantage, le tout dans une propagande n’ayant guère à envier ce qu’on a pu voir au Venezuela, en Bolivie, à Cuba contre l’«Occident» avec un premier ministre qui va faire les yeux doux à la Russie alors que celle-ci est en conflit avec l’Union européenne.
Tout cela peut bien ressembler à un réquisitoire outrancier mais c’est bien la triste réalité qui est en train de ruiner le rêve européen.
Quoi qu’il arrive, donc, ce dernier, sauf sursaut que l’on ne voit absolument pas poindre de près ou de loin, est ravagé et enterré pour des années, lui qui était déjà un moribond se traînant sur les mornes plaines de l’égoïsme et du désintérêt des peuples du vieux continent pour un projet transcendant qui se révèle peut-être un défi trop relevé.
Il faut dire qu’au lieu d’approfondir l’union, on l’a ouverte aux quatre vents, une manière pour certains d’éviter des guerres aux frontières de l’Union européenne, pour d’autres de noyer l’esprit européen dans un conglomérat de pays qui n’ont que peu d’intérêts communs.
Idem pour la zone euro où les critères d’admission auraient du être appliqués rigoureusement.
Dans le cas de la Grèce, oui, les dirigeants ont maquillé les comptes du pays pour faire partie de la zone euro mais, oui, aussi les dirigeants des autres pays savaient qu’elle était le maillon faible de la nouvelle union monétaire sans que cela ne les amènent à dire non à ce qu’elle y entre.
Aujourd’hui, l’Europe est dans une impasse politique et, peut-être, à la veille d’une implosion économique.
Pour éviter cette catastrophe qui nous ramènerait peu ou prou à la situation qui existait avant la Première guerre mondiale avec toutes les conséquences terribles que cela pourrait avoir, Il est temps de revenir aux idéaux de la construction européenne portés notamment par les centristes mais aussi par nombre d’hommes et de femmes de bonne volonté qui défendent les valeurs humanistes et cette nécessaire union entre des peuples qui, à cause de leur désunion, avaient été conduits à se faire deux guerres fratricides et suicidaires.
Demain, si le gouvernement grec de monsieur Tsipras gagne son bras de fer, alors n’importe quel autre membre de l’Union pourra jouer la carte du chantage comme l’a fait à une autre époque, la Grande Bretagne, au temps de Margaret Thatcher, et qui est prête à prendre la suite avec son référendum sur le maintien ou non dans l’Europe.
S’il perd – et non la Grèce qui ne doit pas être la victime de ce populisme démagogique –, seule une refondation de l’Union ou même une nouvelle union avec tous ceux qui veulent l’approfondissement des liens et des solidarités, peuvent faire gagner l’Europe et, in fine, le peuple grec lui-même.
Le statu quo actuel ne produira qu’une régression de la construction européenne.
Inverser la tendance ne sera évidemment pas facile et le chemin ardu.
Mais c’était déjà le cas pour les pionniers de l’Europe unie car l’idée européenne a toujours été et sera toujours un combat face aux forces conservatrices qui veulent séparer les peuples plutôt que leur offrir un avenir commun de paix et de prospérité.

Alexandre Vatimbella



jeudi 2 juillet 2015

Et si le principal échec d’Obama était la condition des noirs

Jimmy Fallon, l’animateur vedette du célèbre talk-show «The tonight show» sur la chaîne NBC, se demandait récemment à propos de Barack Obama, en plaisantant tout en se moquant des adversaires de ce dernier, si celui-ci laisserait une marque dans l’Histoire, lui, le premier président noir des Etats-Unis…
Pourtant, au moment même où l’hôte de la Maison blanche vient d’enregistrer, coup sur coup en une semaine, trois victoires importantes (pouvoirs étendus pour négocier le traité de libre-échange de la zone pacifique, validation par la Cour suprême de sa loi sur l’assurance santé et du mariage gay) et que sa présidence a connu d’autres succès notables (comme le redémarrage de l’économie après la Grande récession de 2008 ou le sauvetage de l’industrie automobile sans parler de sa réélection dans un fauteuil en 2012 dans un contexte difficile), il semble bien qu’un des échecs les plus cinglants de sa présidence, au vu des événements dramatiques qui se sont succédé ces trois dernières années, surtout ces derniers mois, concerne la condition de la communauté afro-américaine, la sienne (Obama est métis, père noir, mère blanche, mais il s’est toujours défini comme noir dans les recensements comme la loi américaine le lui permet).
Il faut rappeler en préambule que Barack Obama a toujours refusé d’être considéré comme un «président noir» et, surtout, comme «le président des noirs».
Pour lui, le caractère historique de son élection en tant que premier Afro-américain à s’installer dans le fauteuil du bureau ovale est indéniable et constitue autant une grande victoire qu’une grande fierté mais il ne s’agissait pas d’une finalité.
De même, il n’a jamais voulu être «seulement» un objet de curiosité historique en étant d’abord catalogué comme «premier président noir», ainsi que le furent nombre de noirs élus pour la première fois à diverses fonctions à travers le pays et dont les mandats ne furent malheureusement pas à la hauteur des espoirs suscités par leur élection.
Et puis, il ne faut surtout pas oublier l’épisode Jeremiah Wright. La polémique à propos des sermons incendiaires vis-à-vis de l’Amérique et des blancs, du pasteur noir de l’église à laquelle il était affilié faillirent lui coûter son élection.
Ce n’est que par un discours brillant sur la race et les religions prononcé en mars 2008 à Philadelphie qu’il réussit à s’en sortir.
«J’ai choisi, expliqua-t-il alors, de me présenter aux élections présidentielles à ce moment de l’histoire parce que je crois profondément que nous ne pourrons résoudre les problèmes de notre temps que si nous les résolvons ensemble, que nous ne pourrons parfaire l’union que si nous comprenons que nous avons tous une histoire différente mais que nous partageons de mêmes espoirs, que nous ne sommes pas tous pareils et que nous ne venons pas du même endroit mais que nous voulons aller dans la même direction, vers un avenir meilleur pour nos enfants et petits-enfants».
Plus loin, il indiqua: «Le révérend Jeremiah Wright ne fait pas que se tromper, ses propos sèment la discorde à un moment où nous devons trouver ensemble des solutions à nos énormes problèmes: deux guerres, une menace terroriste, une économie défaillante, une crise chronique du système de santé, un changement climatique aux conséquences désastreuses. Ces problèmes ne sont ni noirs ni blancs, ni hispaniques ni asiatiques mais ce sont des problèmes qui nous concernent tous».
Car, il faut bien comprendre que par-dessus tout, Barack Obama souhaitait profondément être le président de tous les Américains.
Pas seulement pour éviter de tomber dans un communautarisme qui aurait plombé sa présidence d’abord en ne faisant de lui que le porte-parole de la communauté noire – tout en étant phagocyté par celle-ci –, ensuite en étant constamment critiqué et contré par ses adversaires républicains comme le président de la revanche de cette même communauté.
Au risque, bien sûr, de mécontenter les Afro-américains qui attendaient beaucoup de sa présidence – même si certains lui contestaient sa place à leurs côtés, n’étant pas un descendant d’esclave mais le fils d’un Kényan – et dont nombre ont été déçus, ne ménageant pas leur critique à son encontre au fil des ans alors que le racisme ne faiblissait pas et que la situation économique et sociale de la communauté noire n’évoluait guère positivement.
Mais il s’agit, avant tout, d’une incompréhension de qui est Obama et de son ambition qu’il a maintes fois évoquée d’être un président qui ouvrirait une nouvelle ère en ce début de XXI° siècle, à tous ses concitoyens sans exclusive.
Le «Yes we can» («Oui nous le pouvons») et le «Change we can believe in» («Le changement auquel nous pouvons croire»), les deux slogans principaux de sa campagne de 2008, s’adressaient dans son esprit sans aucune équivoque à toute l’Amérique.
Cela provient, avant tout, de son positionnement centriste assumé, de sa volonté de moderniser les Etats-Unis en impliquant tous les Américains. C’est aussi pourquoi, pendant longtemps, au nom de son centrisme progressiste, il tendit la main aux républicains pour réformer avec eux le pays de manière équilibrée et que ceux-ci en profitèrent pour faire de l’obstruction et de l’opposition systématiques, le faisant passer pour un faible là où il recherchait le meilleur consensus pour le bien de la nation américaine.
De plus, pour lui, il faut que le premier président noir des Etats-Unis soit, dans l'Histoire, un président qui a réussi et qui a gouverné pour tout le peuple américain. Ce n'est que comme cela qu'il pourra le mieux changer radicalement l'avenir de la communauté afro-américaine à jamais.
D’autant qu’il faut ajouter que s’il se sent sans conteste très concerné par la condition des Afro-américains (en témoigne son emploi de travailleur social dans les quartiers noirs défavorisés de Chicago), il n’a jamais été un militant de celle-ci au même titre que les Frederick Douglass, Booker T Washington, W.E.B. Du bois, Marcus Garvey, Malcom X ou Jesse Jackson qui se présenta deux fois aux primaires démocrates et termina en deuxième position en 1988.
On peut même dire qu’il n’est pas un autre Martin Luther King même s’il est proche de sa vision des rapport humains, de sa non-violence mais pas de son engagement très à gauche et encore moins de sa critique virulente du capitalisme de la fin de la vie du pasteur natif d’Atlanta.
Tout cela explique qu’il a souvent refusé de prendre des mesures qui seraient apparues comme uniquement en faveur des Afro-américains, qu’il a tenté de garder constamment une balance équitable lors de questions touchant à des confrontations entre les noirs et les autres communautés (principalement la blanche) et qu’il s’est refusé à stigmatiser l’Amérique blanche ou latino contre l’Amérique noire même lors d’événements dramatiques comme la mort du jeune noir de 17 ans, Trayvon Martin en 2012, par exemple.
Ce positionnent lui a attiré de très nombreuses critiques de nombre de leaders de la communauté noire et des antiracistes.
Bien entendu, il n’a jamais oublié tout le racisme d’une partie de la population qui s’est manifesté lors de sa campagne de 2008 (comme dans un reportage d’une télévision américaine où des couples blancs du Sud expliquaient qu’«un noir, comme une femme, ça ne doit pas s’occuper de politique»!) ainsi que lors de son élection et qui a continué depuis avec des propos d’une violence inouïe sur sa personne et son action (tout en évitant, souvent, d’être frontalement racistes pour être condamnables et condamnés, la liberté d’expression étant un dogme de la démocratie étasunienne).
De même, il n’a jamais cru que son élection avait soudainement fait passer les Etats-Unis dans une ère post-raciale où le racisme et la condition précaire de nombreux noirs allaient disparaitre comme par enchantement.
Pour autant, depuis le début de son second mandat, il a été obligé d’évoluer sur cette question.
Ainsi, après la mort le 9 août 2014 à Ferguson de Michael Brown, un jeune noir tué par un policier blanc, il a été confronté à la grogne des Afro-américains qui s’est traduite dans les sondages par une baisse importante de confiance que ceux-ci lui accordent en matière de problème raciaux (de 77% d’opinions positives en août 2014, il est passé à 57% en décembre de la même année selon l’institut Pew).
Surtout la tuerie récente dans une église noire de Charleston en Caroline du Sud a contraint Obama à monter au créneau de manière forte avec un discours plus offensif.
«Nous ne sommes pas guéri du racisme, a-t-il déclaré lors d’une interview dans une émission de radio. Et ce n’est pas simplement une question de politesse de dire ‘nègre’ en public. (…) Ce n’est pas de savoir si le racisme existe encore ou non. Ce n’est pas juste un problème de discrimination manifeste. Les sociétés, en une nuit, n’éradiquent pas complètement des choses qui existent depuis deux cents à trois cents ans».
Dans le même temps, il a rejoint ceux qui demandent l’abandon par les Etats du Sud, du drapeau confédéré, symbole des pro-esclavagistes lors de la Guerre de sécession et des racistes depuis lors.
Car, à deux ans du terme de son mandat et alors qu’il ne sollicitera plus les voix des Américains, il semble vouloir faire du problème racial (aux Etats-Unis on continue à parler de race sans connotation raciste), une des priorités de la fin de sa présidence.
Mais il sait qu’il doit peser ses mots et ses interventions pour ne pas mettre de l’huile sur le feu alors même qu’il serait légitime à stigmatiser plus fortement certains comportements, ce qui pourrait être utilisé ensuite pour lui reprocher d’avoir lui-même initié des réactions violentes.
En revanche, il peut évidemment délivrer une parole humaniste ferme en tentant de faire prendre conscience à ses concitoyens de l’urgence de construire cette fameuse Amérique post-raciale.
Cependant, son action demeure très limitée comme l’aurait été celle de n’importe quel autre président, qu’il soit blanc, qu’il soit noir ou d’une autre couleur.
Car, ici, l’on touche à des questions que seule une société qui accepte de réfléchir sur elle-même peut régler en profondeur même si, bien entendu, ses leaders et ses dirigeants ont un rôle à jouer.
Mais ce n’est pas qu’une question qui se pose qu’aux Etats-Unis et encore moins à un homme, fut-il le président de la première puissance mondiale.
Reste que si Obama n’a pas révolutionné les rapports entre les communautés, il a permis une chose extraordinaire: aujourd’hui, n’importe quel enfant noir de l’Amérique peut désormais rêver d’être un jour à la Maison blanche sans qu’on le prenne pour un fou.
Voilà un espoir formidable mais aussi, désormais, comme l’a toujours affirmé Barack Obama, une grande responsabilité pour la communauté afro-américaine.
C’est en comprenant bien que ces deux faces de son élection historique sont aussi importantes pour lui que l’on saisit sa relation avec le long chemin de l’émancipation des noirs et de la fin des discriminations à leur encontre.
Alexandre Vatimbella