jeudi 14 juillet 2022

Pour sauver la démocratie, le politique doit prendre le pas sur l’économie

Ancrer profondément la démocratie dans les sociétés semble beaucoup plus difficile que ne le pensaient ses promoteurs des 18e et 19e siècles.

Oui, bien sûr, ils savaient que la tâche serait rude et qu’il faudrait une volonté de fer pour permettre à l’entière population de n’être plus de simples sujets mais les acteurs conscients de leur existence en devenant des citoyens à part entière ce qui impliquait, en priorité, qu’ils soient correctement formés et informés.

Nous en sommes loin.

D’autant que ce qui a été privilégié est l’économie.

Loin de moi de prétendre que de manger à sa faim, d’habiter dans un logement confortable, d’avoir un emploi avec une rémunération juste, de pouvoir élever puis aider matériellement ses enfants, etc. n’est pas important.

Quand je prétends que le politique doit prendre le pas sur l’économie, j’affirme que la liberté dans la sécurité est un état supérieur à l’abondance matérielle.

Aujourd’hui, les gouvernements des pays démocratiques en sont réduits à se faire bateleurs de promesses économiques et sociales pour se faire élire alors même que la démocratie est en train de péricliter justement parce que ces promesses intenables sapent la base de la démocratie alors même qu’il n’y a pas de lien entre démocratie et abondance mais bien une connexion entre démocratie et réalisation de soi.

Des lors c’est bien la promesse politique de la démocratie qui doit primer sur la promesse économique sans que cela ne remette en question l’importance de cette dernière mais en la plaçant là où elle doit être, après les valeurs humanistes démocratiques de liberté, d’égalité, de fraternité et de respect de la dignité, le tout dans la sécurité, condition sine qua non de l’exercice des droits du citoyen.

Si l’on veut aller jusqu’au bout de ce raisonnement, il vaut mieux se serrer la ceinture matériellement parlant que d’abandonner sa liberté.

Surtout, pour ne jamais en arriver à ce dernier choix extrême, l’être doit précéder l’avoir.

Nous savons bien que le politique, incapable de mettre en place une société d’égaux libres, s’est lancé dans une fuite en avant en promettant la croissance matérielle sans fin, ce qui conduit aujourd’hui à des impasses terribles et dangereuses où la population n’est même plus capable de savoir où se trouve le fondamental de la condition humaine.

Et il a été bien aidé par un monde financier et industriel qui voyait dans une augmentation continue de la consommation – en incitant à acheter sans cesse grâce à l’invention du marketing – le moyen de s’enrichir le plus possible, voire de ne pas disparaitre en ne vendant plus ses produits et ses services, leur cauchemar au début du 20e siècle.

Il y a donc des mesures urgentes à prendre, sachant qu’elles mettront du temps à prendre effet, si l’on ne veut pas que la démocratie ne meure sous l’impéritie du politique aidée par l’autonomisation égocentrique, assistée, irresponsable, insatisfaite et irrespectueuse de l’individu dans une recherche libertario-hédoniste sans fin.

Et la première concerne le système de la transmission du savoir qui, rappelons-le aux politiques, était l’enjeu crucial et le but premier que les tenants de l’ordre démocratique avaient identifiés pour que vive un vrai régime de liberté responsable.

Le savoir est au cœur de la libération de l’individu mais aussi de sa responsabilisation.

L’école ne remplit toujours pas ce rôle aujourd’hui alors même que c’était sa mission première lorsqu’elle est devenue obligatoire.

De même pour le système d’information qui doit permettre aux citoyens d’être au courant des faits pour être capable de prendre des décisions.

Or, tout comme l’école, la presse n’a pas rempli le rôle qu’elle se doit d’avoir dans une démocratie, préférant le gain commercial et la manipulation idéologique à la transmission d’une information la plus objective possible.

Les deux institutions ont failli, il faut en tirer les conséquences et agir promptement pour leur redonner le sens de leurs missions démocratiques.

Mais le citoyen doit aussi avoir des devoirs et cela passe par un service civique obligatoire qui permet de lui rappeler qu’il fait partie d’une communauté et qu’il ne peut bénéficier de ses bienfaits sans participer à son fonctionnement.

Et puis il y a le fait de voter ainsi que celui de participer à la vie publique qui renforcent le régime démocratique même si ce dernier est légitimé par la liberté qu’il offre à chacun et qui n’est pas renégociable, même par une majorité.

C’est en cela que le politique est essentiel à la démocratie et qu’il doit primer sur l’économie.

Mais on a bien compris que si la démocratie fonctionnait correctement, l’économie en tirerait des avantages évidents.

Alexandre Vatimbella

 

mardi 12 juillet 2022

Suivre le précepte de Thomas d’Aquin

«Ne regarde pas à celui qui parle, mais tout ce que tu entends de bon, confie-le à ta mémoire» est un des «seize conseils» de Thomas d’Aquin pour «acquérir le trésor de la science».

Un conseil avisé pour celui qui veut dépasser le négativisme dont nous faisons preuve bien trop souvent dans notre existence en rejetant ce que dit l’autre pour la seule raison qu’il est autre, que c’est lui qui le dit et qu’il ne partage pas mon exacte vision du monde.

En politique, cette opposition de principe fait des ravages depuis la nuit des temps car elle empêche tout consensus et compromis pourtant absolument nécessaires dans une communauté qui plus est une démocratie républicaine mais aussi, en toute simplicité, de choisir la meilleure solution peu importe d’où elle vienne.

Le Centre et le Centrisme qui prône une politique assise sur le juste équilibre, a toujours estimé qu’une collaboration constructive est indispensable dans une société démocratique entre les forces politiques opposées afin de dégager des concordances qui vont profiter à tous.

Il ne s’agit pas, évidemment, de nier les différences entre les projets, seulement de ne pas ériger des affrontements superficiels et stériles pour marquer son territoire.

Plus grave, de ne pas mettre en œuvre ce qui marche par une rivalité irresponsable.

Parvenir à s’extraire complètement d’une logique d’antagonisme semble évidemment impossible même si cela serait bénéfique pour toute la communauté mais l’on peut tendre vers cet objectif sans pour autant se renier.

En politique, cela nécessite trois qualités essentielles: la responsabilité, la priorité au bien commun et le courage.

Ce qui signifie bannir la démagogie et le clientélisme ainsi que privilégier sa mission et son mandat au service de la communauté avant son ambition personnelle.

Etre en somme un représentant du peuple et non un politicien populiste.