vendredi 23 décembre 2022

Mieux vaut vivre dans une démocratie imparfaite que dans pas de démocratie du tout

La démocratie républicaine est un édifice en construction continue, sans cesse en émulation mais également en confrontation constante avec à la réalité afin de faire prévaloir ses valeurs, ses principes, ses règles et son vécu face aux agressions dont sont en permanence victime la liberté, l’égalité et la dignité humaine.

Quoiqu’il arrive et quelle que soit la situation, le plus important est que la démocratie républicaine ne doit jamais devenir ce travers dans lequel nous la contenons trop souvent: une simple incantation.

Cela signifie qu’elle doit être à même de réaliser ses promesses.

Or, si plusieurs ont été réalisées, plus ou moins pleinement, plus ou moins parfaitement, nombre de celles-ci demeurent encore virtuelles par notre faute.

Il ne s’agit même pas que nous approfondissions la démocratie telle qu’elle a été définie depuis trois siècles – ce qui peut néanmoins se justifier dans certains domaines –, juste que nous la pratiquions correctement.

Bien sûr, la démocratie moderne est récente, elle n’a pas encore 250 ans et ses premiers balbutiements n’étaient évidemment pas toujours en phase avec ses valeurs affichées.

Aux Etats-Unis, les citoyens actifs n’étaient ni les Amérindiens, ni les Afro-américains ainsi que les femmes (qui toutefois étaient, elles, au moins, des citoyennes passives).

En France, l’épisode de la Terreur et la récupération du mouvement par Napoléon pour se faire sacrer empereur sont des exemples de ses débuts chaotiques lors de la Révolution.

Mais heureusement des évolutions et des progrès ont eu lieu avec des principes fondamentaux de mieux en mieux appliqués et mieux respectés.

Reste que nous vivons actuellement dans une démocratie inaboutie.

Pour autant, il faut affirmer sans ambages que mieux vaut vivre dans une telle démocratie, si imparfaite soit-elle, que dans pas de démocratie du tout.

Parce qu’un démocratie incomplète, voire même fragmentaire, fait sienne les valeurs humanistes qui défendent la dignité humaine et le respect de la personne.

Parce qu’une démocratie inachevée demeure sans contestation possible le seul régime accueillant pour la liberté et l’égalité.

Et si elles doivent donc être améliorées dans une telle configuration, elles n’appartiennent qu’à la démocratie.

Tous ceux qui prétendent pouvoir les apporter par l’établissement d’un autre régime sont des menteurs et souvent des défenseurs de régime en réalité liberticides et inégalitaires.

La tâche de tous ceux qui poursuivent l’idéal d’une société qui met la dignité humaine au-dessus de tout, donc qui garantit la liberté et l’égalité à tous ses membres, n’est pas de remplacer la démocratie mais de travailler encore et encore, sans relâche – parce que rien n’est donné et rien ne dure sans cet engagement – à l’amélioration de ce qu’elle est pour qu’elle soit enfin digne de l’idéal dont elle est le seul moyen véritable.

Alexandre Vatimbella

 

jeudi 15 décembre 2022

«Le système» nous contrôle-t-il?

Est-ce la société qui fait l’individu ou l’individu qui fait la société?

Eternelle question de l’œuf et de la poule.

Eternelle dispute entre psychologues et sociologues avec cette réponse raisonnable qui consiste à conclure qu’il s’agit d’un mix des deux, que chacun influence autant qu’il est influencé avec évidemment des degrés différents dans cette réciprocité selon les observateurs avisés et les sachants spécialisés.

Parce que la société est une création des individus et que leurs comportements l’impacte, parce les individus sont immergés dans la société et influencés par elle.

Certains vont néanmoins plus loin en affirmant même qu’elle les formate et que le flux de l’influence ne vient que de son côté avec des individus qui subissent son emprise sans capacités de s’en extraire.

Dès lors, une autre interrogation doit être discutée dans la foulée d’autant qu’elle trouve une nouvelle fortune avec la déferlante des théories élucubrationistes (complotistes), permise à cette échelle par les nouveaux outils de communication numériques: sommes-nous sous la coupe d’un «système» – qui, pour certains, est représenté par cette dénomination à la mode, un «deep state» (Etat profond) et pour d’autres une sorte d’alliance mondiale de la finance et des multinationales – ou celui n’est-il que la conséquence de ce que nous sommes?

L’affirmation de l’existence d’un «système», précisons-le, a toujours eu un certain crédit parce que, tous, un jour ou l’autre, devant des situations sans espoir ou ubuesques nous avons pesté contre une autorité sans visage, omnipotente et oppressante, qui serait la cause de nos tourments et à laquelle nous voudrions tant demander des comptes.

Ici, ce n’est plus d’interactions qu’il s’agit mais de s’interroger sur un Léviathan ou un Big brother qui, non seulement, nous dirigerait mais nous contrôlerait comme dans les romans dystopiques dont les plus célèbres sont 1984 et Le meilleur des mondes.

Avec cette question existentielle: a-t-on donc réellement la capacité de vivre la vie que nous choisissons et de changer les choses pour y parvenir où «le système» nous fait-il vivre dans le carcan qu’il a mis en place et qui nous empêche tout changement malgré l’existence de quelques esprits libres dont le formatage a échoué, les seuls qui sont «au courant» et «éveillés», qui tentent de résister tout en alertant les autres?

Un peu comme les héros des romans dystopiques précités auxquels se sont identifiés toute une floppée d’élucubrationistes patentés.

Mais la réalité n’est-elle pas beaucoup plus prosaïque et triviale voire désespérante à certains égards: ne s’agit-il pas simplement que nous vivons dans un monde que nous avons créé et façonné où règne le tragique qui s’exprime dans toutes les horreurs, les abominations et les désolations que l’Humanité vit sans cesse et dont certaines lui sont directement imputables, un monde qui est ce qu’il est parce que nous ne pouvions pas en créer un autre au vu ce que nous sommes?

L’hypothèse de l’existence d’un «système» qui serait omnipotent questionne ainsi la factualité d’en changer ou si nous devons sans échappatoire le subir, qu’il soit transcendant ou la conséquence de nos comportements.

En revanche, si nous sommes tous cocréateurs de ce «système» qui n’est en fait qu’un nom magique pour qualifier la société telle qu’elle est, celle que nous sommes capables de créer, pouvons-nous la changer ou tout n’est que simples améliorations cosmétiques.

Prenons l’exemple de la guerre.

En cumulant toutes les guerres ayant eu lieu sur la planète, nous avons passé plus de jours à nous battre qu’à être en paix.

Or, pourtant, nous valorisons sans cesse la paix tout en continuant à nous entretuer…

Les tenants d’un «système» affirmeront que pour des motifs spécifiques (le profit pour le système capitaliste, la domination du monde pour les totalitarismes, la mégalomanie narcissique pour les dictateurs, etc.) nous sommes jetés dans la guerre sans notre consentement éclairé mais par une manipulation mentale qui nous inculque et inocule l’amour d’une organisation sociale fabriquée, la nation, ainsi que la haine de l’étranger ce qui nous fait nous exalter lors de l’entrée en guerre comme en 1914 ou de... matchs de football internationaux!

Ceux qui sont défendeurs de la thèse que la société n’est que le reflet de ce que nous sommes, pointeront que la violence dans toutes ses formes est une pratique tout autant collective qu’individuelle depuis que l’humain existe ou fait société et que nous n’avons pas besoin d’une autorité au-dessus de nous pour nous y livrer.

Ceux qui, dans ce dernier groupe pensent que l’Humanité progresse, estimeront que nous pouvons collectivement changer nos comportements vis-à-vis de la violence et construire un monde pacifié.

Autre exemple, «le système» nous conditionnerait par des techniques marketing – inventés au 20e siècle notamment parce que les industriels s’inquiétaient de ne plus pouvoir écouler leur production une fois les vrais besoins de la population pourvus – afin que nous ayons une soif sans fin de consommer pour le plus grand profit des entreprises et de leurs propriétaires.

Mais notre désir de bien-être et de possession n’est pas seulement issu de techniques si sophistiquées soient-elles pour l’exacerber.

Elles jouent sur une propension à chercher toujours plus sans souvent se préoccuper du toujours mieux.

Ceux qui pensent que l’accumulation de richesse est un trait humain font valoir que le vol, la prévarication, la corruption et tous les moyens de s’enrichir de manière illicite ont toujours existé et montre que nous sommes naturellement attirés par posséder le plus possible.

Cependant, de même que pour la guerre, les tenants du progrès humain estiment que l’on peut tendre vers le mieux sans le plus et faire en sorte de changer la société pour qu’elle soit plus juste et plus soutenable donc moins vulnérable à la tentation et qu’une autre forme de développement existe.

Prenons maintenant l’exemple des totalitarismes dont les romans dystopiques se sont inspirés pour créer leurs systèmes fictionnels et qui sont la preuve pour les tenants du «système» de son existence dans la réalité de leurs convictions (ce qui permet d’ailleurs à certains d’entre eux de prétendre que la démocratie est un régime totalitaire…).

Le problème est que si les régimes totalitaires ont bien une volonté d’instaurer un «système» comme c’était la cas en Union soviétique, dans l’Allemagne d’Hitler et aujourd’hui dans la Chine de Xi et la Corée du Nord de Kim, n’oublions pas qu’il ne s’agit que de quelques Etats dans le monde dans l’histoire récente et que, pour certains, ils ont été mis en place grâce au peuple, comme en Allemagne pour le nazisme dont la population n’avait pas du tout été conditionnée par un quelconque Big brother pour donner autant de voix à Hitler.

D’ailleurs, pour les tenants de la thèse selon laquelle la société ne serait que le reflet de ce que nous sommes, le choix de certains de faire confiance à des partis extrémistes et à voter pour eux dans un régime démocratique serait la démonstration que nous sommes responsables de la création nous-mêmes de ces régimes et de leurs systèmes.

Pour ceux qui pensent que l’on peut se défaire du totalitarisme par volonté qui n’est donc pas empêchée par un quelconque endoctrinement et qui n’est pas sous la coupe d’une «vérité» dont nous ne serions sortir, l’exemple de tous ceux qui se battent dans les autocraties et les dictatures pour les détruire sont la preuve que rien n’est figé par un «système» et les effondrements de certaines la démontrent.

Se pose aussi la question du complot et de son importance dans l’affirmation qu’il existe bien un «système».

Si j’ai choisi d’utiliser le mot «élecubrationisme» pour parler du complotisme c’est pour faire une distinction entre les fantasmes abracadabrantesques sur un complot tel le «deep state» ou qui est brandi comme arme politique par les populistes extrémistes et le fait que, depuis toujours, des complots ont existé.

Utiliser la même terminologie pour exprimer une réalité et un fantasme est un non-sens, plus une faute grave de communication puisque  cela permet aux élucubrationistes de prétendre que leurs théories fantasmagoriques du complot, de pures inventions d’où ils ne peuvent produire une seule évidence incontestable de leur existence, ont la même valeur que les complots avérés par des faits établis et vérifiés avec la certitude requise.

Maintenant, dire qu’un «système» est inexistant, ce n’est pas pour autant faire preuve d’optimisme!

De même que de démontrer que nous avons la capacité de changer les choses si nous le voulons.

Parce qu’alors pourquoi attendons-nous encore pour supprimer la violence, le crime, l’assassinat, la pauvreté et tous les fléaux sur lesquels l’action humaine a prise?

Est-ce que c’est parce que ces sociétés ne sont que notre reflet, donc que nous ne pouvons nous passer de ces fléaux et/ou que nous n’en avons pas vraiment envie tant cela nécessiterait de dépenses d’énergie et d’investissement dans la collectivité?

Et que le changement que nous sommes capables de mettre en place n’est que superficiel ou, tout au mieux, limité?

Alors, quelle conclusion?

D’abord que si «système» il y a, c’est que nous en sommes collectivement les créateurs parce qu’il n’y a jamais eu dans l’Histoire de preuve de l'existence d'un Léviathan caché et exogène dirigé par une caste secrète.

Pour parler d’une caste dirigeante, la royauté et son aristocratie, par exemple, ont toujours agi au grand jour.

Ensuite que, oui, il y a des profiteurs de la société mais cela n’en fait pas les instigateurs d’un «système» qui l’auraient édifié de A à Z dans l’ombre en nous manipulant et nous cachant la vérité.

Ils ne sont souvent que les parasites issus de nos manquements.

Oui, également, il y a des complots comme il en a toujours été mais qu’aucun n’est dirigé par un «système» qui contrôlerait tout ou partie de la société et/ou de la population.

Certains peuvent réussir comme certains coups d’Etat ou détournements financiers à grande échelle mais leur succès ne prouve en rien qu’ils sont connectés comme voudraient nous le faire croire les élucubrationistes.

Enfin, oui, nous avons la capacité de changer la société, de la faire progresser.

L’existence d’une société démocratique dans plusieurs pays le démontre.

Pour autant, voulons-nous vraiment utiliser cette capacité pour changer le monde collectivement ou, même si nous le voulons, sommes-nous de toute façon contraints à un immobilisme parce que les profiteurs et les séditieux et autres factieux agissent pour faire en sorte que nous n’y parvenions jamais?

Disons plutôt que nous ne nous donnons pas les moyens de changer le monde malgré les profiteurs, les séditieux et autres factieux donc que nous sommes, collectivement, complices de leurs agissements.

Et c’est sans doute parce que nous sommes ce que nous sommes, des êtres vivants imparfaits et contradictoires, mus par nos intérêts individuels et ceux de nos proches.

Un manque de confiance dans l’autre nous empêche également de nous lancer dans un changement où nous suspectons toujours d’être ceux qui seront in fine lésé par rapport à d’autres.

Nous devons faire avec la nature humaine, sachant qu’elle ne nous interdit pas le changement, ni même une possible évolution de nos comportements au-delà de la couche superficielle.

Reste que le juge de paix en la matière est la dignité humaine.

Son respect partout et toujours sera la preuve ultime que nous avons réellement décidé de changer le monde et que nous sommes passés effectivement aux actes.

Nous n’en sommes pas là après tant de temps où nous peuplons cette planète et nous préférons souvent – et parfois par simple lâcheté – invoquer un «système» qui nous empêcherait de changer car, voilà également, une des raisons pour lesquelles, nous, les humains l’avons inventé: pour nous donner bonne conscience et nous dédouaner à peu de frais de notre irresponsabilité, de notre pusillanimité et le de notre veulerie.

Même si dans ce monde incertain où ne savons pas pourquoi nous sommes ce que nous sommes et la raison de notre présence, nous avons des excuses…

Alexandre Vatimbella

 

 

mardi 13 décembre 2022

De la liberté de supprimer la liberté est-elle une liberté?

En préambule, il faut être tout à fait clair: la liberté qui empiète sur celle de l’autre n’est pas liberté mais licence; la liberté d’irrespect envers l’autre n’est pas liberté mais licence; la liberté de priver l’autre de sa liberté n’est pas liberté mais licence.

Oui, lorsque celui qui utilise sa liberté contre la liberté de l’autre, il n’est plus dans la sphère de la liberté mais dans celle de la licence, donc dans sa négation.

Les agirs doivent toujours être définis avec précision et les mots ont un sens qu’il ne faut pas vicier, instrumentaliser ou utiliser sans précaution au risque de la confusion.

Ayant dit cela, avant d’être licence, les actes de celui qui attente à la liberté procède bien à la base de sa liberté d’agir, de faire et de dire, c’est un fait indiscutable.

Cependant si la liberté ne tue pas la liberté et si c’est son dévoiement en licence qui s’en charge, elle est néanmoins bien à l’origine de cette assassinat.

Etudions donc cette liberté qui permet à la licence de supprimer la liberté qui serait donnée, plus particulièrement à une communauté ou à un groupe plutôt qu’à un individu seul dans la sphère sociale.

Car nous sommes bien dans la contradiction ultime de la liberté, celle qui lui permet – indirectement il est vrai mais dont l’acte final cependant en découle – de se supprimer elle-même!

Ce suicide potentiel est constitutif de son existence et de son essence car la liberté c’est d’abord le droit d’agir à ma guise même si, pour être effective pour tout le monde, elle doit être bornée par celle des autres et de leurs droits à agir.

C’est la raison pour laquelle la liberté dans une société d’humains doit être absolument organisée et tempérée si elle doit être la référence d’un régime démocratique.

Il ne peut en être autrement.

Bien sûr, la licence qui permet de faire n’importe quoi peut être définie comme une liberté destructive, la perversion absolue de la liberté.

Néanmoins, elle prend sa source dans la liberté qu’on le veuille ou non,

Le pouvoir extravagant donné à certains ou à une entière communauté de supprimer la liberté de certains ou de tous est donc une manifestation de cette perversion, de cette capacité destructive qui est à l’origine des totalitarismes mais vient bien directement de cette possibilité qui leur a été donnée en leur accordant les bienfaits de la liberté, celle qui leur permet de concevoir cette suppression puis de l’exprimer et enfin d’agir pour la mettre en œuvre.

Or donc, une société qui ne protège pas la liberté d’elle-même est sous la constante menace que celle-ci ne s’autodétruise au nom de ses principes!

La seule solution est de «sanctuariser» la liberté, c’est-à-dire de ne pas en faire un enjeu politique mais un fondement de l’organisation et du fonctionnement des sociétés au nom du respect de la dignité de chaque individu et de son individualité, sachant qu’une communauté d’humains a d’abord comme objectif d’apporter le meilleur à chacun de ses membres dans la sécurité et la liberté en fait évidemment partie comme premier élément.

Dès lors, toute démocratie doit ériger un mur infranchissable à tous ceux qui veulent utiliser la liberté pour la supprimer.

Cela passe par une construction juridique qui, au-delà d’établir la liberté comme valeur première, doit, à la racine, combattre les tentatives liberticides en définissant la liberté comme consubstantielle au respect de la dignité humaine sachant que celle-ci ne peut exister sans la liberté et la responsabilité.

L’existence de groupes constitués comme des partis politiques ou de projets collectifs organisés qui auraient comme objectif de supprimer la liberté doivent être interdites ay  nom même de la liberté qui appartient à tous et pas à quelques-uns.

Plus difficile est le combat contre les opinions exprimées publiquement qui appellent à détruire la liberté.

Ici, nous sommes dans la liberté d’opinion et d’expression de celle-ci donc leur atteinte n’est pas concevable dans un système démocratique, donc la démocratie doit vivre avec.

On comprend la difficulté, tant que les ennemis de la liberté n’ont pas transgressé la règle juridique démocratique, de leur interdire la liberté de vouloir interdire la liberté aux autres!

Cependant si une telle mesure irait à l’encontre même du projet démocratique, tel n’est pas le cas dans la répression des organisations qui sont explicitement liberticides.

Car à ce moment-là, il ne s’agit plus de liberté mais bien d’un complot contre la liberté même si celui-ci émane de la liberté…

Parce qu’à l’inverse, ne pas protéger la liberté serait une défaillance majeure, une faute lourde de la démocratie.

C’est donc dans ce cadre que celle-ci doit empêcher sa destruction en prenant des mesures de sauvegarde et non d’être uniquement dans la réaction.

Nul ne doit être empêché de dire ce qu’il pense mais nul ne doit être autorisé à supprimer la liberté, telle doit être la règle d'une démocratie juste et forte.

En attendant que le citoyen responsable, cette autre promesse de la démocratie voit enfin le jour grâce à une formation qui n’est pas encore à la hauteur du projet d’émancipation qu’elle porte alors que, rappelons-le, une vraie démocratie n’est pas viable sur le long terme sans son existence.

Alexandre Vatimbella

lundi 12 décembre 2022

De l’individu aux identités multiples face à la responsabilité

Nous vivons dans un monde où l’individu évolue dans plusieurs environnements (public, lieu de travail logement, etc.), dans plusieurs espaces relationnels (familial, amical, professionnel, etc.) avec des interactions dimensionnelles différentes (rationnelles, émotionnelles, impliquées, indifférentes, etc.) dans lesquels il possède plusieurs identités (citoyen, travailleur, consommateur, contribuable, etc.) qui lui permettent psychologiquement de n’être vraiment jamais responsable en tant que personne singulière de sa situation en rejetant la faute sur l’une d’elle et de se prétendre victime de celle-ci.

Ici, je ne parle pas de ses identités politique, ethnique, culturelle(s), nationale(s), géographique, physiologique, générationnelle, de genre et sociale qui interagissent évidemment entre elles et avec celles que j’ai listé ci-dessus mais qui n’ont pas leur caractère potentiellement schizophrène dans sa vie quotidienne.

Ainsi, son moi citoyen veut bien lutter efficacement contre le changement climatique mais son moi consommateur l’en empêche.

Et ce même moi consommateur, à la recherche du prix le plus bas, menace constamment son moi travailleur qui lui-même cause des contrariétés au moi consommateur lors de grèves, manifestations et autres mouvements sociaux.

Et de fustiger ce moi citoyen qui l’empêche de consommer comme bon lui semble, ce moi consommateur qui met en péril son existence et son activité professionnelle et ce moi travailleur qui lui cause des nuisances dans son quotidien!

Sans oublier le moi contribuable qui peste sans cesse contre les mois multiples qui bénéficient des services publics que les impôts qu’il paye permettent de faire fonctionner.

Cela ne signifie pas, néanmoins, que le moi consommateur ne comprenne pas le moi citoyen ainsi que le moi travailleur et inversement, idem pour le moi contribuable et les mois récipiendaires mais que devant une sorte d’incapacité mentale à les relier et les synthétiser, il ne puisse, non seulement, les réconcilier, mais agir rationnellement en prenant en compte ces différentes identités pour se forger une vision unique et défendre des intérêts cohérents.

Ces conflits entre ces identités peuvent dégénérer et aboutir à ce que l’individu se croit constamment persécuter par un «système» et lui permettent d’élaborer une sorte de victimisation avec des théories élucubrationistes (complotistes) et de se réfugier dans une attitude négative qui se répercute dans son comportement et dans son vote.

Ces identités multiples sont évidemment problématiques pour l’individu pour son existence et ses choix de vie mais elles ont également des répercussions négatives sur la société.

Elles instaurent des tensions constantes qui aboutissent parfois à des contradictions que le politique tente de gérer dans une sorte de quadrature du cercle.

Dans une société démocratique apaisée si l’on ne peut éviter ces tensions, peut-on tendre malgré tout vers un individu unifié ou, en tout cas, plus capable de faire la part des choses?

C’est évidemment le rôle que doit occuper au premier chef la responsabilité, laquelle ne peut s’acquérir en l’espèce que grâce à la formation d’une personne éveillée capable de, non seulement, comprendre les contradictions au sein même de sa vie mais de les résoudre par la raison et non de l’émotionnel superficiel, dans l’agir lucide et non dans le renoncement victimaire souvent bien plus confortable.

Prenons un exemple que nous fournit malheureusement l’actualité, l’invasion de l’Ukraine par Poutine.

Si je décide de soutenir le peuple ukrainien contre cette agression, à la fois parce que je suis solidaire avec lui mais aussi parce que je défends mon mode de vie et ma liberté, je sais ou dois savoir, en tant que citoyen, qu’il y a des conséquences à ce choix comme l’aggravation de la crise énergétique et l’inflation.

Dès lors, je ne peux me plaindre, en tant que consommateur, des conséquences de mon choix mais bien de la raison de celui-ci qui est, en l’occurrence, la décision du régime en place en Russie.

Bien évidemment, cela ne veut pas dire que je ne suis pas impacté négativement par la situation et que je ne peux en souffrir et l’expliciter mais sans en rejeter la faute sur une de mes identités et sur tel ou tel groupe voire sur ceux qui me représentent qui n’en peuvent mais.

Parce qu’alors, par mon comportement de refus d’en assumer les conséquences, je fragilise le régime de liberté qui m’a permis de choisir.

Je peux évidemment changer d’avis mais je ne peux alors mettre à égalité des identités aux choix divergents, l’une d’elle devant avoir la prééminence, en l’occurrence dans l’exemple, le citoyen ou le consommateur.

C’est une question de rationalité avec moi-même qui n’empêche évidemment par les émotions de participer à ma décision de hiérarchiser mes identités.

Entre parenthèses, cet individu aux différentes identités est du pain béni pour les lobbys qui défendent des causes particulières et qui tentent d’en jouer à leur profit.

D’où cette impératif pour la société de donner à chaque personne la capacité d’être à même de faire les bons choix pour ses intérêts et ceux de la communauté dans laquelle elle vit et non de faire un mélange sans priorités des revendications de ses identités multiples au risque de créer le désordre et le chaos à la fois pour elle et la société.

Cela passe par la formation et l’information de l’individu, comme toujours dans une société démocratique, seules susceptibles de lui permettre d’être responsable de sa vie donc ses choix, donc de ses conséquences.

Alexandre Vatimbella

 

samedi 19 novembre 2022

Pour un monde aux milliards de cultures

J’ai ma propre culture, tu as la tienne comme tous les autres habitants de la planète.

Chacun de nous à sa propre culture qui n’est pas réductible à une autre et plus encore à une culture d’un groupe plus ou moins large.

Nous avons beau être Français, Américains, Russes, Ivoiriens, Chinois, Saoudiens, Fidjiens, nous avons beau habiter en Europe, en Asie, en Amérique, en Afrique, en Australie, nos visions, nos références, nos préférences individuelles peuvent se rapprocher d’autres mais ne seront jamais être totalement identiques.

Surtout, elles ne sont absolument pas solubles dans des catégories prédéterminées et closes que l’on appelle «culture nationale» ou «culture ethnique» ou «culture religieuse» ou quoi que soit d’autres appellations voulant globaliser et englober de manière restrictive et rabougrie la formidable diversité et richesse que nos cultures individuelles représentent.

Au moment où l’Humanité atteint 8 milliards de membres, le nombre de cultures vivantes et existantes sur notre planète est bien de 8 milliards!

Cette représentation d’une culture, à la fois, individualiste et universaliste recèle la possibilité de vivre en commun et en paix beaucoup plus que celles de «grandes cultures» qui s’opposent constamment et provoquent des conflits sans fin.

Le nationalisme a beaucoup plus tué que l’individualisme, ne l’oublions pas.

Et le racisme ou l ethnocentrisme ont provoqué nombre de génocides, l’individualisme aucun.

La volonté de dominer le monde ne vient pas d’une culture individuelle mais bien collective.

C’est d’ailleurs le mot d’ordre de tous les dictateurs que de faire prédominer la culture de leurs pays, de leurs «races» ou de leurs ethnies respectives.

Un des aspects le plus important de ces cultures individuelles, c’est qu’elles permettent de trouver nombre de points communs entre les individus et de respecter les différences qui ne sont en aucune manière des menaces pour sa propre culture mais un moyen de l’enrichir si on le souhaite sans aucune pression.

C’est pourquoi la culture individuelle est la base même de la culture universelle, celle du partage et non de l’affrontement.

La culture individuelle pour être ce vecteur de rapprochement et de destin commun nécessite évidemment le respect de l’autre, la reconnaissance de sa dignité et de son individualité.

De même, les cultures individuelles dans leurs expressions publiques ne peuvent prospérer que dans un régime de liberté et d’égalité mais également de fraternité, dans un monde où la dignité de chacun et de tous est placée au-dessus de tout.

Ajoutons que le mélange de toutes ces cultures individuelles produit cette exceptionnelle culture mondiale qui donne une tout autre dimension à la capacité et à la créativité des humains.

Bien entendu, avec notre culture individuelle, nous pouvons nous identifier avec d’autres cultures individuelles avec lesquelles nous avons une plus grande proximité.

Elle ne nous empêche pas, non plus, de trouver des points communs et des affinités qui nous permettent de ressentir un lien privilégié avec d’autres, ce qui permet de partager des références communes, de se sentir appartenir à une communauté plutôt qu’à une autre.

Mais il n’en demeure pas moins que ce sentiment d’affiliation à des référents culturels communs provient d’une appréciation personnelle libre où nous estimons sans contraintes que ce partage n’annihile pas notre individualité, ni ne la dilue dans un ensemble où nous devrions accepter ce qui n’est pas nous et nos visions.

Aujourd’hui, de multiples freins empêchent que les milliards de cultures individuelles rapprochent les humains entre eux, que ceux-ci viennent d’une éducation où l’autre différent est plutôt vu comme un étranger que comme un même, d’une culture dominante qui réprime toute tentative de mélange, de régimes autocratiques et totalitaires qui prospèrent sur la confrontation et la guerre des cultures.

Le chemin demeure donc à tracer très largement pour détruire les murs entre humains que représentent les systèmes culturels fermés et exclusifs voire intolérants afin d’établir une culture mondiale qui sera le socle d’une vraie paix parce que seule à même de réunir toutes nos ipséités non-réductibles à des grands ensembles qui secrètent de la violence et de la confrontation qui seules peuvent leur garantir leur existence.

Alexandre Vatimbella

 

 

mercredi 16 novembre 2022

Affronter les temps obscurs et le tragique de l’Histoire est le devoir du citoyen engagé

Par temps obscurs, je ne fais pas référence à une époque précise comme ce Haut-moyen-âge qui fut vilipendé pendant longtemps à tort mais à toutes ces périodes où, à cause de l’action humaine, déferlèrent la haine, la violence et le chaos avec son lot de destructions et de morts comme ce fut le cas lors de la Première et la Deuxième guerre mondiale, par exemple.

Quant au tragique de l’Histoire ce sont tous ces événements qui impactent sans cesse les populations mondiales depuis la nuit des temps comme c’est fut cas de manière paroxystique avec l’Holocauste ainsi que les génocides cambodgiens et rwandais ou, actuellement avec l’agression de la Russie contre l’Ukraine et le génocide des Ouïghours en Chine, pour prendre les exemples les plus paroxystiques.

Définis ainsi, on peut dire que les temps obscurs et le tragique de l’Histoire sont la condition de l’Humanité prise en tant que communauté qui fait partie de la tragédie qui accompagne la condition humaine.

Car on peut y associer les ravages causés par la nature et qui deviennent par leur ampleur des faits historiques comme la peste noire du 14e siècle en Europe, le tremblement de terre du Shaanxi en Chine au 16e siècle ou l’éruption du Tambora en Indonésie en 1815 et plus près de nous le tsunami de 2004 dans l’Océan indien.

Une nature qui est la principale cause de mortalité du vivant qu’elle a créé, ne l’oublions pas quand certains veulent la diviniser et lui donner une personnalité juridique alors que nous devons la protéger au nom d’une devoir de protection de l’Humanité…

Néanmoins, ce qui nous intéresse ici, c’est l’action humaine et ses conséquences.

En effet, reconnaître cet état de fait implique que les humains doivent être conscients de cette réalité pour ne pas se la cacher sous des appellations de malédiction, de sort, surtout de destinée ou de fatalité.

Ce qui permet alors d’être dans le découragement, la démission et le renoncement et donc l’inaction et, in fine, dans une lente disparition.

Le challenge du réchauffement climatique est un bon exemple.

«Puisqu’il en est ainsi» disons-nous trop souvent en nous résignant.

Parce qu’ici, rien d’inexorable.

Bien sûr, l’Histoire semble prouver le contraire et aussi loin qu’elle remonte, elle nous parle de ces temps obscurs et du tragique qui accompagne le cours de l’existence humaine sans cesse et sans relâche.

Mais elle nous dit aussi que rien n’était écrit et que nous avons trop souvent choisi le pire.

On pourrait néanmoins en conclure que cela prouve que l’espèce humaine est intrinsèquement violente et qu’elle le sera toujours.

Cependant, nous sommes capables de nous extraire de ce qui semble être un cercle vicieux dans nos agirs quotidiens mais également sur des actions de moyen et long terme.

Par exemple avec la construction européenne ou, avant la Deuxième guerre mondiale, la création de la Société des nations qui devint en 1945 l’ONU.

Nous sommes aussi capables, notamment dans les sociétés démocratiques, de mettre hors-la-loi tous les actes barbares et de les sanctionner durement avec un consensus de la population.

Bien sûr, cela ne fait pas le poids face à l’ignominie et l’innommable que nous sommes capables de produire mais cela signifie que nous ne sommes pas pris pour l’éternité dans une spirale infernale dont nous ne serions pas capables de sortir.

Et c’est là l’important qui nous oblige sans échappatoire malhonnête à ne jamais renoncer, à ne jamais invoquer la fatalité, à ne jamais dire «puisqu’il en est ainsi»…

Cela nous oblige à être des citoyens engagés et éveillés parce qu’il y a, au bout du chemin, un espoir de changer le monde.

Oui, il est possible de faire front aux temps obscurs et au tragique de l’Histoire parce que nous sommes capables d’imaginer un monde meilleur ?

Et nous devons sans faiblir nous appuyer sur cette capacité, non pas pour fantasmer sans rien faire d’un paradis sur Terre qui n’existera jamais mais pour agir sans renoncement pour construire la meilleure société possible.

Le découragement et la démission nous guettent évidemment à chaque instant car, ici, rien n’est facile, ni donné.

Mais, si nous avons perdu tant de batailles, nous n’avons pas encore perdu la guerre.

Alexandre Vatimbella

mardi 15 novembre 2022

Le Centrisme est évidemment un écologisme puisque l’écologie est évidemment un humanisme

Le Centrisme est humaniste, c’est même un humanisme intégral qui place l'humain au centre de tout, donc évidemment écologiste.

Parce que l’écologie est évidemment humaniste.

Dire que l’écologie est humaniste, c’est la replacer dans le combat qu’elle doit mener, c’est placer l’Humanité au centre de ce combat pour l’environnement et plus largement le vivant.

Contrairement à ce qu’affirment les sots – qui d’ailleurs font régresser la cause écologique par leurs propos –, ce n’est pas la planète qu’il faut sauver mais bien ce qui permet à l’Humanité et au vivant de ne pas disparaître de celle-ci.

Que l’on comprenne bien: qu’elle abrite ou non du vivant, notre planète n’en a cure.

Elle a vécu sans vivant et s’en est alors bien portée!

En revanche, faire en sorte qu’elle demeure pour toujours un lieu habitable pour le vivant (sauf cataclysme naturel) est un devoir impératif pour les humains.

Donc, bien entendu nous devons préserver les conditions qui nous permettent, nous les vivants au sens large, d’y habiter dans de bonnes conditions et donc nous devons agir sur la nature pour la protéger et donc sur la «planète» au sens large mais seulement parce que cela crée un environnement propice à la vie.

C’est important de le préciser parce que cela recentre l’enjeu essentiel de la lutte écologique qui est nous, le vivant, et non une planète trop abstraite et indifférente pour que l’on mobilise l’ensemble de l’Humanité pour sa défense.

Donc le Centrisme est un défenseur de l’écologie humaniste parce qu’il est un défenseur de l’humain.

C'est dire l’absurdité de la thèse de ceux qui se prétendent écologistes et qui professent que la Terre serait meilleure sans les humains! Comme si les animaux étaient écologiques et préservaient la nature. Le loup mange l'agneau et ce n'est pas la faute de l'humain! Le castor détruit des arbres et ce n'est encore pas la faute de l'humain! Quant aux éléments, soyons clairs, si les volcans menacent la vie sur Terre et ce n'est toujours pas la faute de l'humain! De même pour les astéroïdes…

Ajoutons que pour que soit réellement enclenché le sauvetage du vivant, l’écologie centriste peut être à l’avant-garde car elle est également consensuelle.

En cela, d’ailleurs, elle apporte une méthode qui peut faire sauter tous les blocages qui nous empêchent vraiment d’avancer dans la lutte pour un environnement sain.

Consensus veut dire chercher absolument les convergences d’intérêts à court et moyen termes puis de mettre en place, avec ce consensus, une stratégie de long terme.

Parce que, pour embarquer l’Humanité entière dans le combat écologique, il faut trouver le maximum d’intérêts communs qui seront ses véritables fondations où, ensuite, étage par étage nous parviendront à atteindre les objectifs qui, pour beaucoup aujourd’hui, paraissent démesurés et inatteignables, voire même non-souhaitables, dans les pays en retard de développement mais aussi dans les franges les plus défavorisées des pays développés.

Bien entendu, nous sommes déjà en retard sur l’échéancier donc il n’y a plus de temps à perdre comme c’est le cas depuis des années où un dialogue de sourd et un consensus de faux-semblant fait croire que nous avançons alors que cela n’est peu ou pas le cas.

Si les pays et les peuples prennent des engagements, il faut que ceux soient tenus et non qu’ils soient faits uniquement pour un affichage qui fait régresser l’Humanité dans ce qui est bien un combat prioritaire.

Alexandre Vatimbella

lundi 7 novembre 2022

Le fondement de la démocratie n’est pas le bon vouloir du peuple mais le respect de la dignité humaine

En démocratie républicaine, il y a évidemment la volonté populaire – qui doit se manifester à la fois par la représentativité et la participation, dans l’expression du peuple sur son présent et son avenir.

Cependant, il y a corpus qui est au-dessus de cette volonté: ce sont les principes fondamentaux qui assurent que chacun peut bénéficier de ce régime humaniste.

Ils fondent sa métalégitimité, sont donc intangibles et irrévocables, c’est-à-dire qui ne peuvent être changés ou dénaturés au gré des caprices populaires sauf à modifier la nature même de ce qu’il est.

Et, oui, ils sont au-dessus de la volonté populaire.

Quels sont-ils?

Il y a d’abord la liberté individuelle qui ne peut en aucun cas être supprimée même dans celui hypothétique où toute la population existante sans exception le souhaiterait car ce serait ôter ce droit «naturel» aux générations à naître.

L’adage est que la liberté ne peut tuer la liberté.

Il ya ensuite l’égalité car il n’est pas possible en démocratie républicaine de désigner des citoyens qui auraient plus de droits que les autres, qui seraient au-dessus des autres, qui auraient plus de valeur que les autres.

Mais cette égalité ne peut toucher à l’individualité de chacun, celle qui fonde ce qu’il est dans sa différence en quelque sorte sui generis.

L’égalité ne peut nier la différence qui ne peut annihiler l’égalité.

Puis on trouve cet autre fondement qui est la protection des droits de la minorité, c’est-à-dire la protection de tous ceux qui n’ont pas voté pour la majorité en place.

Pour paraphraser la citation apocryphe de Voltaire qui n’en résume pas moins sa pensée, je ne suis pas d’accord avec vous mais je me battrai pour que vous ayez les mêmes droits que moi.

Bien sûr, ces piliers impliquent d’autres droits comme celui de vivre en sécurité, celui de voter, celui de bénéficier de la solidarité de la société en cas de besoin (fraternité) et d’autres.

Tous ont un point commun: assurer et protéger la dignité de chaque individu dans une société du respect de l’autre.

Car c’est bien la dignité humaine qui est le soubassement de tout l’édifice démocratique.

Son respect est une évidence pour l’existence d’une démocratie républicaine qui profite à tous et qui garantit à chacun sa place dans la société et l’effectivité de ses droits.

La conséquence de ces principes fondamentaux est l’impossibilité de supprimer la démocratie républicaine et, par extension, tout régime ne les respectant pas se trouve être illégitime.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit, surtout à cette époque de la montée des intolérances, du populisme et d’une remise en cause de l’humanisme.

Donner le pouvoir, même à une majorité d’électeurs, de supprimer la démocratie revient à nier la dignité de l’individu parce que rien de ce qui peut attenter à celle-ci n’est acceptable dans un tel régime.

Offrir à chacun le respect de sa dignité en échange de son adhésion à la démocratie est donc le pacte originel de la démocratie.

Il était sous-tendu dès la fondation de la première démocratie mais n’était pas alors reconnu comme cette pierre angulaire sans laquelle tout l’édifice démocratique s’effondre.

La dignité impose évidemment d’autres conséquences dont celle que les valeurs humanistes ne soient pas seulement des références mais bien des impératifs qui doivent guider l’action de la société.

Pas de liberté, d’égalité, de respect de l’individualité et de protection de la minorité virtuelles mais effectives, réelles, c’est-à-dire une recherche constante de leur application.

Ceux qui pensent que cette dignité est abusive parce qu’elle met l’individu sur un piédestal face à la société, donc à la communauté, ont tort.

Parce que si cette dignité est reconnue à tous sans exception, pour mériter sa protection par la société, l’individu doit accepter celle de l’autre donc agir en citoyen responsable, donc reconnaitre la communauté dans laquelle il vit, ses métavaleurs et la nécessité du partage avec les autres membres de celle-ci.

Un lien social basé sur la dignité de l’individu est bien plus solide, bien plus légitime que tout autre principe d’autant que le respect de l’autre ne peut être, c’est une évidence, que symétrique et transitif.

Pour répondre à la critique sur ce changement du paradigme de sa légitimité, il est évident que la démocratie nécessite le droit de vote du citoyen pour exister, donc de la volonté populaire.

Mais ce droit et cette volonté inaliénables ne doivent pas pouvoir se remettre eux-mêmes en question, surtout de pouvoir supprimer la liberté et, encore moins, la dignité de chaque individu.

C’est en cela que l’on ne peut priver l’humain de sa dignité en démocratie parce qu’elle conditionne la liberté qui conditionne le droit de vote, qu’elle conditionne tout l’édifice démocratique.

 

Alexandre Vatimbella

 

 

lundi 31 octobre 2022

Et si d’abord on s’attaquait vraiment aux gaspillages, aux excès et à l’inconduite écologique?

Sobriété et frugalité sont des comportements à certainement valoriser depuis toujours et évidemment plus particulièrement en ce début de troisième millénaire où nous savons que l’abondance sans fin est une illusion qui nous conduira à la chute des civilisations, où nous savons que les ressources terrestres à notre disposition pour vivre sont limitées et où notre agir irresponsable impactent notre environnement donc notre présent et notre futur.

Mais être sobre et frugal suppose un complet renversement de notre perception de la planète où nous avons cru qu’elle était ce mât de cocagne où nous pouvions nous servir allègrement sans restriction et sans conséquences négatives pour l’Humanité et le vivant tout court.

Cette illusion n’est pas récente, elle nous accompagne depuis la nuit des temps mais avec le développement effréné de l’économie mondiale à partir de la fin du 18e siècle et jusqu’à nos jours, elle s’est révélée dans toute son absurdité crue.

C’est donc à une révolution comportementale que nous sommes appelés si nous voulons éviter la catastrophe.

Mais l’on comprend bien toute la difficulté de changer complètement notre logiciel qui a dicté notre appréhension de l’existence pendant des millénaires.

Pendant tout ce temps, seules nos incapacités physiques et technologiques nous empêchaient de profiter jusqu’à plus soif des bienfaits de la Terre, nous restreignaient dans l’utilisation de ses ressources.

Ce n’était point comme certains le prétendent avec cette nostalgie d’un passé qui n’a jamais existé un quelconque respect de la nature mais l’impossibilité de l’exploiter à part des exceptions comme nous l’aurions voulu alors avec, également, cette épée de Damoclès qui pesaient au-dessus de nos têtes de tous ses caprices qui pouvaient provoquer des famines, des épidémies et autres calamités mais aussi cette compréhension que nous ne pouvions la piller parce que nous ne savions pas la dominer.

Cependant, si la sobriété et la frugalité sont si difficiles à atteindre parce qu’elles touchent à des pulsions existentielles qu’il nous faudrait réfréner ce n’est pas le cas de la lutte contre le gaspillage, les excès et l’inconduite écologique.

Ici, ce n’est pas renoncer à quelque chose mais seulement cesser des comportements négatifs qui n’ont aucune incidence sur notre mode de vie et sur ses avantages.

Ne pas gâcher de la nourriture que nous ne consommons pas, par exemple, ne nous impose pas de ne pas bien manger et à notre faim.

Or, même si la lutte contre ces trois plaies existent depuis longtemps, elle n’a pas produit les résultats escomptés qui pourraient être d’une ampleur démultipliée si l’on se donnait la peine de les systématiser à une échelle sans commune mesure avec celle qui est mise en œuvre actuellement.

Le gaspillage est abyssal. En le réduisant drastiquement nous pouvons enclencher assez facilement un cercle vertueux tout comme pour la chasse aux excès ou à l’inconduite écologique qui nous amènera de manière naturelle à devenir sobres et frugaux.

Certains diront qu’il n’est plus temps.

C’est vrai qu’il faut agir vite et fort.

Mais vouloir imposer de force des comportements n’est pas forcément gage de leur réelle implémentation dans les agirs et les consciences des populations avec cette possibilité, comme on l’a vu avec plusieurs mouvements de foule populistes, d’une résistance qui aggrave encore la situation.

Il faut donc d’abord se focaliser sur ce que l’on peut faire d’efficace tout de suite tout en poursuivant un changement plus vaste à moyen terme.

S’il faut évidemment enseigner la lutte contre le gaspillage, les excès et l’inconduite écologique, cela est nettement plus facile et compréhensif que d’apprendre la sobriété et la frugalité où les demandes de renoncement à des biens et un confort qui ne sont souvent pas un luxe provoquent une incompréhension.

Supprimer vraiment et le plus possible le gâchis et la gabegie est donc un premier pas mais s’il est réalisé correctement alors il donnera des effets conséquents et très rapidement.

De plus, il montrera à la population que le changement de paradigme dans l’objectif de vivre bien est atteignable et n’est pas forcément punitif.

Celle-ci sera alors plus encline à passer au niveau supérieur qui demeure l’impératif final mais qui doit être partagé pour réussir et non être contraint.

Alexandre Vatimbella