vendredi 28 juillet 2017

Pourquoi et malgré ses ambiguïtés, Macron doit réussir

Tout centriste digne de ce nom doit espérer qu’Emmanuel Macron réussisse.
Si tel n’est pas le cas, l’expérience de l’axe central serait une défaite qui en serait également une pour le Centre.
Mais cela pourrait radicaliser la gauche et la droite modérées et conduire de nombreux électeurs vers les extrémismes comme ceux que portent le Front national et la France insoumise.
Ce serait donc une défaite aussi pour la France et le monde occidental.
La réussite de Macron est indispensable pour marginaliser du mieux possible le populisme démagogique et les partis aux tendances autocratiques et liberticides.
La réussite de Macron est indispensable pour construire une nouvelle Union européenne, elle-même indispensable à la réussite de la France dans le monde et pour mettre en place une mondialisation humaniste.
La réussite de Macron est indispensable à la démocratie républicaine.
Il est dommage que plusieurs centristes ou personnes qui se disent centristes, jouent contre la réussite d’Emmanuel Macron et de son gouvernement.
Non pas qu’il faille être béni-oui-oui et faire confiance sans vigilance, bien entendu.
Mais ces «centristes» ont décidé d’être dans une opposition frontale malgré leurs déclarations pseudo-consensuelles.
C’est évidemment de la politique politicienne et ils seront comptables de leur comportement.
Car ce n’est pas Macron qui est important ou telle ou telle personnalité mais bien l’expérience politique en cours, expérience éminemment centriste.
Soit elle réussit et nous pouvons espérer éloigner le populisme démagogique pour un certaine temps – ne nous faisons pas d’illusion, l’Histoire nous apprend qu’il reviendra toujours frapper à nos portes –, soit elle échoue et l’on ne voit pas ce qui pourrait empêcher les vautours déjà à l’affût, à droite et à gauche, de se jeter sur les dépouilles de la démocratie républicaine pour la dévorer et installer, à sa place, un régime dont l’exemple de la Russie de Poutine nous montre à quoi il ressemblerait.
Que l’on aime ou pas le personnage, que l’on soit plus ou moins inquiet des quelques ambiguïtés qu’il trimballe avec lui, l’important est que l’entreprise que Macron veut conduire fasse les bonnes réformes et donne des résultats concrets et positifs.

Alexandre Vatimbella

dimanche 16 juillet 2017

Liu Xiaobo, la Liberté a perdu un de ses siens

Lui Xiaobo est mort.
Le seul prix Nobel de la paix chinois, incarcéré dans les prisons infâmes de la dictature communiste de Pékin pour le seul motif qu’il réclamait la liberté pour ses compatriotes et la démocratie pour son pays, s’est éteint ce 13 juillet à la grande joie et au grand soulagement du Xi Jinping, son geôlier en chef, celui qui a refusé de le laisser aller en Suède pour recevoir sa distinction puis de le libérer alors qu’il était mourant et enfin de le laisser quitter l’Empire du milieu qu’il puisse mourir dans un pays libre, ce que le défenseur infatigable des droits de l’homme avait demandé comme dernière requête et ultime espoir.
Cela nous rappelle, qu’à côté des terroristes islamiques de Daesh, de l’autoritarisme du va-t-en-guerre Poutine, il y a aussi ce Xi Jinping, personnage peu recommandable, celui qui mène son pays à la baguette depuis son accession au pouvoir et qui n’a rien à envier aux pires dictateurs de la planète.
Cela nous rappelle aussi que les Chinois ne sont pas ce peuple méprisé par certains qui prétendent qu’il ne comprend rien à la démocratie et qu’il n’en veut pas.
Bien au contraire, ils sont nombreux, de Liu Xiaobo aux manifestants de Hong-Kong, à tenter de lutter contre ce régime indigne et à réclamer cette liberté, celle-là même que nous vivons tous les jours et dont nous ne sommes plus capables, souvent, d’apprécier les bienfaits.
Au même moment, à Paris, dans l’indignité qui est son apanage, Donald Trump – pour ne pas répondre à un journaliste américain – donnait la parole à un sbire de monsieur Xi à la conférence de presse commune qu’il tenait avec Emmanuel Macron et lui répondait en expliquant que le maître communiste de la Chine était son ami et un grand dirigeant…
Encore un «grand moment» du président de la plus grande démocratie du monde!
A noter que le président de la France, pays des droits de l’homme, en est allé aussi de son compliment au dictateur.
Et ils n’ont pas eu un mot pour Liu Xiaobo.
C’est bien triste.
Heureusement, un peu partout dans le monde libre, des voix se sont élevées pour lui rendre hommage.
Mais n’oublions tous ceux qui sont encore vivants et qui luttent tous les jours pour que la Chine respecte ce grand mot que l’on fête ce 14 juillet, la Liberté avec un grand L.

lundi 10 juillet 2017

Un discours que tout centriste peut et doit s’approprier

Certes, il y a eu parfois de l’emphase et une rhétorique de khâgneux (avec le fameux plan en trois parties!).
Certes, il y a eu quelques envolées lyriques un peu ampoulées.
Certes, il y a eu certaines ambiguïtés populistes.
Certes, l’aversion pour le mot «réforme» auquel est préféré «transformation» (qui sont pourtant assez proches) et surtout «révolution» manifeste plus de l’exagération démonstrative qu’une volonté de nommer raisonnablement le réel et le possible.
Reste que le discours qu’Emmanuel Macron a prononcé lors de la réunion du Congrès à Versailles le 3 juillet 2017 était, non seulement brillant et puissant mais est fondateur d’une vision pour l’action politique nécessaire des années à venir.
Un discours aux bases centristes évidentes, dégageant cette proposition humaniste qu’une société tire sa légitimité de son devoir de permettre à chacun de se réaliser le plus et le mieux possible sans oublier l’autre dans le cadre de la liberté, d’une égale opportunité des chances, dans le respect, la solidarité et la tolérance.
Un discours que tout centriste peut et doit s’approprier, en tout cas soutenir.
Un discours qu’il convient de bien lire et relire mais dont je voudrais prendre quelques extraits pour étayer mon propos.
Le premier a pour sujet l’humanisme si cher aux centristes et est sans ambiguïté sur le fondement du projet d’Emmanuel Macron.
«La seule cause qui vaille, explique-t-il, une cause à laquelle le nom de la France est attaché depuis bien longtemps. Et cette cause est la cause de l’homme».
Le deuxième est naturellement celui qui affirme que son projet est «la recherche d’une liberté forte». 
«En matière économique, sociale, territoriale, culturelle, déclare-t-il, notre devoir est d’émanciper nos concitoyens. C’est-à-dire leur permettre de ne pas subir leur vie mais bien d’être en situation de la choisir».
Mais pas de liberté sans autonomie de l’être humain.
Donc, «tout sera fait pour rendre aux Français cette autonomie qu’on leur a disputée puis confisquée. Redonner sa place à l’intelligence française, c’est permettre à chacun, à chaque territoire, à ceux qui se sentent déclassés, de réussir, de s’engager».
Le quatrième est au cœur du Centrisme, c’est-à-dire dans la recherche constante du juste équilibre.
«Redonner sa place à l’intelligence française, affirme-t-il, c’est faire de notre pays le centre d’un nouveau projet humaniste pour le monde. Le lieu où se concevra et se créera une société qui retrouve ses équilibres».
Le cinquième parle d’un monde de paix et de progrès qui ne se détourne nullement de la modernité mais qui la conduit sur le chemin de l’humanisme:
«Les défis de la modernité ont ceci de commun qu’ils dépassent nos frontières nationales mais requièrent, pour être affrontés, une vision commune du monde et de l’homme, une vision trempée aux mêmes sources, forgée par les mêmes épreuves. Ces défis sont la transition écologique, qui refonde le rapport de l’homme et de la nature; la transition numérique, qui réécrit les règles sociales et nous oblige à réinventer ce droit continental où depuis tant de siècles nous avons voulu que la norme respecte l’homme; c’est enfin le défi de l’humanisme contemporain face aux dangers du fanatisme, du terrorisme, de la guerre, auquel nous répondrons par une Défense plus européenne en cours d’édification, mais aussi par une Europe de la culture et de l’innovation. La paix n’est pas seulement le socle de l’Europe, elle en est en l’idéal, toujours à promouvoir, ici et dans le monde.»
Enfin, le sixième introduit cette nécessité d’appliquer vraiment ce que l’on dit et non de faire des principes et des valeurs, des références sans aucun lien avec la réalité de l’exercice du pouvoir, ce «parler vrai» qui n’est utile que s’il est également un «agir vrai» auquel les centristes sont si attachés.
«Le peuple français ne nous demande pas seulement de l’efficacité. L’efficacité est un instrument, et puis on peut être tout à fait efficace au service d’une mauvaise cause. Il nous demande ce que la philosophe Simone Weil appelait l’effectivité. C’est-à- dire l’application concrète, tangible, visible, des principes qui nous guident. Le refus d’être pris en défaut, et de clamer des principes dont nous ne poursuivons pas sans relâche l’application. Le principe d’effectivité, c’est d’abord, pour vous, pour moi, pour le gouvernement, de ne jamais cesser de se demander si nous sommes en pratique fidèle à nos principes, c’est-à- dire d’abord à la liberté, à l’égalité, à la fraternité.»
Oui, si la pratique suit le discours, la transformation macronienne de la société française sera en marche vers cet humanisme intégral qui est la lutte non seulement incontournable et essentiel mais impérative du Centrisme.
Et oui, si c’est le cas, chaque centriste doit soutenir ce projet pour être fidèle à son engagement politique.


samedi 1 juillet 2017

Simone Veil, l’honneur du Centre

Il n’y a pas tellement de personnalités centristes contemporaines de qualité, voire d’exception mais Simone Veil comme, par exemple, Barack Obama et quelques autres en font partie.
Certains essaieront d’ergoter en prétendant que Simone Veil n’était pas vraiment centriste et qu’elle a fait quelques infidélités au Centre tout au long de son parcours politique.
Ils auraient bien tort.                          
Oui, Simone Veil a, parfois, pris quelques chemins de traverses mais jamais en niant ou en désavouant ses valeurs et ses principes humanistes qui sont les socles du Centrisme.
Sans oublier son engagement européen, elle qui savait plus que beaucoup d’entre nous le prix à payer pour un continent désuni et pour le renoncement face aux populismes.
Et puis, dans ce monde politique où les personnalités centristes sont souvent des petits bras, des petits esprits voire des lilliputiens médiocres, elle a toujours été dans cette exigence éthique et cette responsabilité qui n’était pas seulement, chez elle, le fondement de discours creux mais de lignes directrices pour son action.
Les réactions unanimement élogieuses à sa disparition le montrent même si on peut sourire à certaines venant de personnes qui ne lui ont pas ménagé leurs critiques et qui ont mené un combat pas toujours très élégant à son encontre.
Ce qui est particulièrement frappant, c’est sa popularité actuelle auprès des Français alors qu’elle n’apparaissait plus en public et ne s’exprimait que très rarement.
Elle était leur personnalité politique préférée parce qu’ils savaient qu’elle était vraie, courageuse et honnête.
Simone Veil a porté le flambeau du Centre, démontrant que cet engagement politique à un sens et qu’il touche les citoyens si on le porte sans ces vieux réflexes politiciens et opportunistes qui le gangrène encore trop souvent.
Aujourd’hui, les centristes français et européens sont un peu orphelins.
Mais le plus bel hommage qu’ils pourraient lui rendre serait de se montrer à la hauteur de son combat qui dépassait de beaucoup la simple arène partisane pour porter haut ce que l’on entend par la politique, celle qui veut construire inlassablement ce vivre bien ensemble.