mardi 29 septembre 2015

L’humour très particulier de monsieur Poutine

Or donc, selon monsieur Poutine, il y aurait un droit international qui, en Syrie ne permettrait pas de remettre en cause le gouvernement légitime choisit par le peuple (sic) et l’intégrité territoriale du pays.
Du haut du podium de l’assemblée générale annuelle des Nations unies, l’autocrate du Kremlin a pris la défense de l’assassin de Damas.
Mais que pense monsieur Poutine du droit international en Ukraine, lui qui a annexé une partie du territoire, la Crimée, qui aide avec des troupes au sol les séparatistes du Donbass et qui a abattu un avion de ligne malaysien avec des femmes et des enfants à bord?
Oui, qu’en pense-t-il?
Ferait-il de l’humour même pas drôle?
Et que pensent tous les soutiens de messieurs Poutine et Assad dans les pays occidentaux?
Que les charniers du dictateur sont moins nauséabonds que ceux de Daesh?
Bien évidemment, il faut éradiquer cet Etat islamique qui n’est que la réunion d’une bande de criminels, dont certains malades mentaux, qui érigent le meurtre, le viol et le vol en programme de gouvernement.
Mais faut-il pour cela permettre à des gens comme Vladimir Poutine de raconter des mensonges et de prendre des libertés avec la réalité?
De même, faut-il s’allier avec le principal responsable de cette situation, Bachar el-Assad, lui qui, au lieu de discuter avec son opposition et démocratiser son pays a envoyé ses chars et son armée massacrer sa population, créant une guerre civile et un chaos qui est directement la cause de l’existence de Daesh?
Au nom, soi-disant, d’une realpolitik qui a fait que les puissances occidentales se sont alliées au sanguinaire Staline (et signataire du pacte germano-soviétique avec Hitler) pour remporter la Deuxième guerre mondiale face aux nazis, ancêtres des terroristes de l’Etat islamique, il faudrait que la communauté internationale abdique le peu de dignité qui lui reste pour sauver ce «tyran», selon le terme de Barack Obama, dont les actes irresponsables ont mené à la situation actuelle.
Comme le dit fort justement le président français, François Hollande, «Assad est une partie du problème, pas de la solution».
Demander le départ du pouvoir du protégé de monsieur Poutine comme demander à ce dernier de respecter le droit international en Ukraine (ainsi qu’en Géorgie), ce serait donc une attitude irresponsable selon tous les thuriféraires de l’ancien cadre du KGB.
On espérait – c’est vrai sans trop y croire – que la mondialisation du XXI° siècle serait plus à cheval sur un humanisme respectueux.
Mais ce n’est pas parce que des monstruosités ont lieu aux quatre coins de la planète qu’il faut abdiquer les valeurs universelles qui, comme l’a rappelé Barack Obama, le président de la plus vieille démocratie, à ce même podium où Vladimir Poutine est venu défendre l’indéfendable, fondent les démocraties et qui peuvent s’appliquer partout pourvu que l’on empêche de nuire et les personnages comme Assad et les meutes criminelles comme Daesh sans oublier leurs soutiens, Poutine ici, les princes d’Arabie Saoudite là qui ne sont guère plus démocrates que leurs poulains.
Sans doute que les relations internationales sont un espace sans foi et peu de loi où celle du plus fort continue de prévaloir.
Sans doute faut-il ne pas se bercer d’illusions sur une humanité harmonieuse, unie par des principes humanistes demain ou dans un futur proche.
Sans doute les pays occidentaux doivent penser à leurs intérêts qui ne sont pas toujours conciliables avec les valeurs qui les fondent.
Oui, tout ce que disent les pragmatistes réalistes en ce domaine est également vrai.
Mais si les démocraties foulaient au pied ce qu’elles prêchent, quelle serait alors leur degré de crédibilité et légitimité face à tous ceux qui les agressent.
Car, à vouloir trop faire de concessions à ses ennemis, elles se retrouveraient, un jour ou l’autre, comme Chamberlain et Daladier à Munich pour céder face à Hitler.
Alexandre Vatimbella



lundi 28 septembre 2015

Présidentielle USA 2016. Le nouveau «clintonisme» est-il encore centriste?

Le «clintonisme» est le nom donné à la pratique du pouvoir de Bill Clinton lors de sa présidence de 1993 à 2000 et dans laquelle sa femme, Hillary Clinton eu une grande influence, pratique que l’on qualifie généralement de centriste.
Bill Clinton, dont il faut rappeler qu’il fut l’inventeur de la Troisième voie (un centrisme de gauche pragmatique repris par Tony Blair en Grande Bretagne) et de la triangulation (qui consiste à prendre le meilleur des propositions de chaque camp sur un sujet et de les transcender en une synthèse dynamique).
Le clintonisme professait, entre autres, la fin du «Big government», l’équilibre budgétaire (qui fut réalisé avec même un surplus record en 1998 et 1999), une réduction des dépenses d’aides sociales (mais pas de certaines protections sociales, au contraire), la mise en place d’une assurance santé (qui ne fut réalisée que par Barack Obama en 2010), la limitation des ventes d’armes, l’augmentation de la sécurité des personnes, l’égalité hommes-femmes mais aussi l’égalité reconnue aux homosexuels notamment dans l’armée.
Toujours est-il qu’Hillary Clinton, en étant candidate à la primaire démocrate pour la présidentielle de 2016, présente la version renouvelée du clintonisme, le «nouveau clintonisme» comme l’on appelé certains commentateurs, dans lequel ses opposants y voient un net infléchissement à gauche et donc une sorte de trahison du centrisme de son mari.
Bien entendu, cette critique vient d’abord du camp républicain dont il faut rappeler l’accusation récurrente de gauchisation de tous les centristes (qu’ils soient démocrates ou républicains, de Theodore Roosevelt à Obama en passant par les deux Clinton) qui a permis aux idéologues radicaux du parti de noyer la forte droitisation de celui-ci depuis le début des années 2000 et qui a réussi à tromper de nombreux médias mais dont les politologues sérieux (toutes tendances confondues) ont dénoncé la supercherie.
Mais il est vrai qu’en ces temps où les inégalités sociales se sont creusées, où les milliardaires sont de plus en plus nombreux et de plus en plus riches, où les attaques contre les politiques sociales et les avancées sociétales sont d’une grande violence alors même que des décisions emblématiques comme la reconnaissance du mariage pour les homosexuels font évoluer la société américaine vers plus de libéralisme face aux crispations des conservateurs, le clintonisme s’est adapté.
Ainsi, Hillary Clinton propose, entre autres, une hausse de salaire pour la classe moyenne, des aides massives pour éviter que les étudiants s’endettent à vie pour obtenir leur diplôme universitaire, une extension de l’assurance santé et une limitation des fortes hausses de médicaments constatées récemment, une égalité homme-femme pour les salaires, etc.
Il faut néanmoins ajouter immédiatement que son corpus est tout sauf doctrinaire ou dogmatique et que ces mesures font bien partie d’une politique centriste.
D’autant qu’elle ne remet nullement en cause, à l’inverse de son adversaire des primaires démocrates, le socialiste Bernie Sanders, l’économie de marché libérale, l’égalité des chances comprise par l’égalité des opportunités, l’enrichissement par le travail.
L’idée d’Hillary Clinton, théorisée par Larry Summers, l’ancien secrétaire au Trésor de Barack Obama et très proche de la candidate démocrate, et du britannique Ed Balls, est que les démocraties modernes «ont besoin de nouvelles institutions sociales et politiques pour faire en sorte que le capitalisme du XXI° siècle marche pour la majorité et non pour une petite minorité».
Sans parler de sa vision en politique étrangère beaucoup plus «faucon» que celle de Barack Obama.
En réalité, le nouveau clintonsime comme l’était l’ancien, est avant tout un pragmatisme.
Dans ce sens, il fait face à la nouvelle réalité avec le creusement des inégalités, la paupérisation d’une partie des classes sociales les plus défavorisées, l’appauvrissement des classes moyennes et l’enrichissement des 1%.
De ce point de vue, comme tout centrisme, il recherche le juste équilibre ce qui sigifie que lorsque l’équilibre est rompu, comme c’est le cas en matière économique et sociale aux Etats-Unis, il doit le reconstruire en allant dans le sens inverse
De ce fait, le «nouveau clintonisme» ne tourne pas le dos aux valeurs de la Troisième voie, il ne remet pas en cause le système économique, l’opportunity et ne diabolise pas ceux qui réussissent comme le fait Bernie Sanders avec sa chasse aux milliardaires.
De même, en appuyant des mesures sociales pour faire renaître le rêve américain version démocrate (égalité réelle des chances), par la protection de la santé et l’accès à une bonne éducation, Hillary Clinton demeure fidèle aux buts du clintonisme originel, n’en déplaise à ses détracteurs de droite.
Bien sûr, il faudra scruter ses nouvelles propositions qui pourraient être plus à gauche que prévues si Bernie Sanders continue de monter dans les sondages et sous la pression de l’aile «libéral» du Parti démocrate dont l’égérie est la sénatrice Elisabeth Warren.
Reste que si Hillary Clinton est élue à la Maison blanche, son clintonisme sera certainement un centrisme.
Alexandre Vatimbella


mercredi 16 septembre 2015

Etats-Unis: Trump candidat préféré des démocrates, Sanders, celui des républicains!

Non, il n’y a pas d’erreur ou de faute de frappe dans le titre que vous venez de lire.
Car quel est bien le secret espoir des démocrates pour la prochaine élection présidentielle? Que Donald Trump soit le candidat républicain pour qu’ils puissent l’emporter.
Et quel est celui des républicains? Que Bernie Sanders soit le candidat démocrate pour qu’ils puissent l’emporter.
Voilà ce qui est actuellement dans la tête des dirigeants des deux principaux partis qui regardent avec effroi les deux démagogues populistes qui n’en finissent pas de monter dans les sondages.
Du coup, ils nourrissent cette espérance ultime, non pas de faire gagner leur camp avec le meilleur candidat possible mais à espérer qu’un démagogue populiste représente le parti adverse pour le plomber et faire élire son champion, quel qu’il soit, comme un rempart au personnage dangereux et irresponsable qu’il aura en face de lui.
C’est un bien étrange dévoiement de la démocratie que d’espérer ainsi la présence d’un candidat repoussoir, même si l’on sait depuis longtemps qu’une élection, si elle est le choix d’un candidat, est aussi et souvent surtout l’élimination d’un autre (voire de plusieurs dans une élection à deux tours).
Reste que l’essentiel dans une élection pour un parti ou un camp politique est de présenter son programme et de choisir son candidat en faisant tout pour que ceux-ci emportent l’adhésion d’une majorité du corps électoral.
Ce n’est pas de vouloir un duel face à un personnage inéligible pour triompher.
Or c’est peut-être ce qui se passera le 8 novembre 2016 aux Etats-Unis, pays pionnier de la démocratie.
Choisir un candidat totalement par défaut serait une sorte de première dans le monde démocratique (même si Jacques Chirac face à Jean-Marie Le Pen a été un peu dans ce cas, lui qui n’avait même pas réuni 20% des suffrages au premier tour, 19,88%, de la présidentielle de 2002 mais qui en remporta plus de 80% au second tour, 82,21%…).
Bien sûr, des populistes se sont souvent présentés aux élections dans les pays démocratiques et les Français en savent quelque chose avec les Boulanger et autres Poujade.
Et si aux Etats-Unis, d’Andrew Jackson à Ronald Reagan en passant par Barry Goldwater ou Ross Perot, le pays en a connu un certain nombre prétendant s’installer à la Maison blanche – dont quelques uns ont même été élus –, les deux grands partis luttent avant tout pour leur candidat et leur programme.
Mais c’est vrai que l’on a assisté à glissement préoccupant en la matière lors de la réélection d’Obama en 2012 où les républicains avec leur aile extrémiste et raciste du Tea party, voulaient avant tout faire barrage au président sortant, peu importe qui se trouverait face à lui et avec quel programme.
Pour en revenir à Trump et Sanders, jusqu’à présent, un seul camp à la fois était concerné par des candidatures de populistes démagogues.
Ce qui doit interpeller dans cette affaire, c’est que ces derniers dont l’un (Trump) glorifie sa condition de milliardaire comme unique programme pendant que l’autre (Sanders) attaque obsessionnellement les milliardaires comme unique programme et qu’une partie importante des électeurs les glorifient pour cela.
Ils ont même réussi avec ces discours au ras des pâquerettes à marginaliser les candidats sérieux, surtout les candidats centristes comme Hillary Clinton (démocrate) ou modérés comme John Kasich (républicain), ceux qui ont un vrai programme politique et qui veulent, non pas, diviser le pays mais l’unir.
Evidemment, le cauchemar serait d’avoir un duel Trump-Sanders, le stade ultime du fourvoiement de la démocratie républicaine et sa transformation en une populo-démagocratie avec tous les risques qui vont de pair.
Dans ces situations flottantes, certains parient sur la sagesse des peuples pour que le pire soit évité.
Alors parions sur celle des Américains mais pas sûr que cela suffira…

Alexandre Vatimbella


vendredi 11 septembre 2015

Crise des migrants: l’humanisme centriste au défi d’une responsabilité clairvoyante

Il y aurait donc les méchants Français, ceux qui ne veulent pas accueillir les migrants qui fuient les guerres, et les gentils Français, ceux qui leur ouvrent leurs bras (ou ceux des autres…).
Raisonner sur cette opposition est d’un simplisme consternant de la part de ces politiques mais aussi de ces représentants du monde médiatique et de ces intellectuels qui se présentent en autorités morales à peu de frais et présentent ainsi le débat légitime qui divise ou, tout au moins, interroge une population inquiète et en manque de repères à qui on fait une leçon indécente du bien et du mal.
Un dernier sondage montre que, désormais, 53% des Français sont majoritairement pour l’accueil de réfugiés dont une large part d’électeurs centristes (76% des sympathisants du MoDem et 77% de ceux de l’UDI).
Si cette générosité doit être saluée d’autant qu’elle se rattache, pour ce qui est des centristes, à leur humanisme qui est la base même de leur engagement politique et sociétale, on ne peut pourtant pas en rester là.
Car les choses ne sont malheureusement pas aussi simples.
Je connais, par exemple, des centristes qui seraient prêts à accepter toute la misère du monde si elle venait de pays et de populations qui partagent les mêmes valeurs démocratiques et républicaines, qui ne refusent pas les réfugiés de Syrie, d’Irak, de Libye ou d’ailleurs, mais qui se posent des questions sur la réelle volonté d’’intégration d’un certain nombre d’entre eux ainsi qu’à propos des divergences avec eux sur ce que signifie le vivre ensemble.
La générosité d’aujourd’hui créera peut-être une situation inextricable demain.
C’est d’ailleurs ce que l’on reproche à l’immigration de l’après-guerre où la France ainsi que les autres pays européens sont allés chercher cyniquement dans les pays pauvres de la main d’œuvre bon marché pour faire tourner la machine économique et produire des taux de croissance qui nous font désormais rêver sans se préoccuper de savoir comment tout ces gens se fondraient harmonieusement dans la communauté nationale (à l’époque, les dirigeants politiques et économiques disaient sans état d’âme qu’on les renverrait dans leur pays quand on n’aurait plus besoin d’eux, propos scandaleux humainement et politiquement parlant).
Justement, l’impossibilité d’intégration à moyen terme, le développement de sous-cultures communautaires dont certains aspects ne sont absolument pas solubles dans la démocratie républicaine sont des problématiques qui sont apparues depuis une trentaine d’années à propos de cette immigration et de manière prégnante depuis la fin des années 1990 et dont nous n’avons pas de solutions miracles.
Sans oublier l’incompréhension de tous ceux qui peinent à vivre décemment, à se loger et à trouver un travail, à élever leurs enfants et qui se demandent comment on peut trouver les moyens pour aider des réfugiés avant de s’occuper d’eux réellement en priorité.
Ceux qui ne voient pas tout cela, pire, qui font semblant de ne pas le voir sont des irresponsables qui veulent uniquement surfer sur la vague d’émotion pour glaner quelques points dans les sondages, pour alléger leur conscience de tous les rendez-vous manqués du passé ou du présent, voire pour se gargariser de leur «générosité» dans les salons qu’ils fréquentent.
Pour couper court à toute critique et à toute polémique aussi simplistes que la distinction entre méchants et gentils, je dois dire que je n’ai pas un nom français (italien), que mon père n’était pas français (grec), né dans un pays arabe (Egypte) – ainsi que mon grand-père né dans un pays musulman (Turquie) – et que je ne suis pas né, non plus, sur le territoire français et que ma première nationalité a été grecque.
Pour ceux qui, à l’inverse, voudraient me reconduire illico à la frontière après ce coming-out, je précise que ma mère vient d’une famille bien française au nom bien français, installée depuis des siècles en Picardie et qu'elle fit la déclaration ma naissance peu de temps après celle faite par mon père, au consulat de France de mon lieu de naissance…
Ayant évacué une possible polémique d'un côté comme de l'autre, venons-en à la discussion sérieuse.
Nous sommes, depuis quelques temps, dans une société où la compassion est érigée en dogme.
La politique compassionnelle de nos dirigeants en est une preuve tous les jours.
Pour ceux qui ont dépassé un certain âge, ils se rappellent qu’il y a quelques décennies, à chaque fois qu’un pigeon était écrasé, le président de la république ne publiait pas un communiqué de presse, n’allait pas s’incliner devant sa dépouille mortelle du volatile devant les caméras et ne le décorait de la légion d’honneur pendant que les chaînes d’information en continue en faisaient plusieurs heures de direct avec des «spécialistes» autoproclamés.
Cette caricature n’est malheureusement pas très loin de la réalité actuelle mais elle veut rappeler que nous sommes dans une ère où tout est devenu un spectacle qui doit produire des bénéfices pour ceux qui en sont les acteurs.
Bien entendu, on ne peut faire aucune comparaison entre les mises en scène à propos de tout événement qui s’y prête et la réalité de la crise des migrants qu’ils vivent depuis quelques années et qui atteint de plein fouet désormais l’Europe et la France de manière critique depuis la chute de Kadhafi en Libye et que les conflits en Syrie et en Irak ont pris une dimension paroxystique.
On parle ici d’être humains et d’une véritable détresse qu’il serait mensonger de nier.
Personne ne peut mettre en doute les dires de ces migrants sur la recherche d’une terre d’accueil, là où la vie de leurs enfants n’est pas en jeu, là où ces enfants n’entendent pas le bruit du canon à longueur de journée sans pouvoir aller jouer ou se rendre à l’école.
Cette réalité terrible ne peut pourtant pas occulter la question de l’intégration et de l’acceptation des valeurs de la démocratie républicaine que cette politique compassionnelle à courte vue refuse de voir.
On sait bien qu’un certain nombre de ces migrants n’ont aucune envie d’abandonner leur culture et leur religion qui ont plus de points de divergence que de points communs avec celle des pays occidentaux.
Cela n’est pas critiquable en soi, chacun a le droit de choisir ses références en la matière.
En revanche cela impose que si nous leur ouvrons la porte pour se réfugier le temps de la guerre, nous ne la laissions pas ouverte une fois celle-ci terminée à ceux qui ne veulent pas de la définition de notre vivre ensemble.
Bien sûr, ces personnes qui refusent les principes de la démocratie républicaine ne feront sans doute pas beaucoup plus de terroristes islamistes sur le territoire qu’en font les convertis «bons» français de souche.
Mais, par leur contestation des valeurs qui fondent notre liberté, notre égalité et notre fraternité, ils fragiliseront le lien social qui nous permet de vivre dans une société démocratique qu’ils déstabiliseront.
De même, il ne faut pas fantasmer, il n’y aura sans doute pas des millions de migrants qui s’établiront en Europe et en France en particulier dans un avenir proche.
Cela dit, personne de lucide et responsable ne peut dénier que la présence de ces migrants posera un problème culturel latent (et non humain).
Je parle ici des cultures de groupes spécifiques (peuple, religion, idéologie, etc.), celles qui malheureusement divisent l’humanité et produisent les guerres (et non des cultures individuelles qui s’enrichissent mutuellement quand elles sont respectueuses de l’autre).
Tous les jours nous sommes confrontés à cette menace dans le monde mais aussi en France comme le prouve l’exemple ultime de Daech, comme l’a prouvé, il n’y a pas si longtemps, celui des nazis.
Vivre dans une démocratie républicaine c’est interdire à toute culture de la remettre en cause de n’importe quelle façon que ce soit.
Le «printemps arabe» et ses dérives avec la victoire des partis islamistes partout où des élections «libres» furent organisées et la violence qui a accompagné le succès des ultras envers les défenseurs de la démocratie montrent que le modèle de la démocratie républicaine occidentale, aussi perfectible qu’il soit, se défend.
Prétendre que rien ne se passera si un afflux de migrants qui ne veulent pas de l’assimilation, la véritable, est de l’angélisme stupide et irresponsable.
Comment sortir de ce dilemme, avoir une démarche humaniste tout en ayant la vigilance responsable nécessaire.
De ce point de vue, la distinction entre réfugiés politiques et réfugiés de guerre utilisée par Nicolas Sarkozy peut sembler pertinente.
Un réfugié politique quitte son pays parce qu’il est persécuté pour ses idées qui sont généralement en faveur de la démocratie et de la liberté.
L’accueillir est donc accueillir quelqu’un qui partage a priori les valeurs de la démocratie républicaine.
Tout autre est le réfugié de guerre qui est accueilli pour des raisons humanitaires mais qui n’a manifesté aucune adhésion aux valeurs démocratiques et républicaines et qui peut tout à fait les refuser.
En revanche, il ne faut pas mettre en place deux filières totalement étanches.
D’une part, le réfugié politique peut s’avérer un dictateur en devenir (Ce fut le cas de l’ayatollah Khomeiny) et doit donc pouvoir être expulsé ou poursuivi.
D’autre part, un réfugié de guerre doit être capable de prouver qu’il est un démocrate et un républicain ou qu’il veut accepter les valeurs et les principes de la démocratie républicaine et donc de pouvoir changer de statut et être considéré comme un réfugié politique s’il vient d’une région où n’existe pas la démocratie comme c’est le cas de la Syrie, par exemple.
On le voit, rien n’est simple.
C’est pourquoi les centristes doivent être vigilants pour ne pas tomber dans le piège du relativisme et de l’abandon de la vigilance démocratique au nom d’une compassion qui deviendrait alors irresponsable et dont nous paierions le prix un jour ou l’autre.
Un discours qui peut choquer certains mais qui se base sur la réalité de notre monde.
Mais, à l’opposé, ils ne doivent pas abandonner l’humanisme qui doit guider toutes leurs décisions.
Ainsi, tous ceux qui fuient les persécutions pour leurs idées ou leurs engagements politiques en faveur de la liberté, qui fuient les guerres pour vivre dans un pays libre dont ils acceptent le régime démocratique sont les bienvenus.
Reste que croire en la supériorité de notre culture qui en ferait un phare qui attirerait l’humanité entière en quête d’assimilation démocratique est un leurre.
Mais croire que ses valeurs en font la meilleure (voire la seule) pour établir une démocratie républicaine est un fait incontestable.
Or c’est bien une démocratie républicaine humaniste faite de liberté, de respect, de tolérance et de solidarité que défendent le Centrisme et le Centre.

Alexandre Vatimbella

Voir le site Le Centrisme


vendredi 4 septembre 2015

Ecologisme et Centrisme, deux humanismes pour un juste équilibre

La création de l’UDE (Union des démocrates et écologistes) par des élus en rupture de ban avec EELV, positionnée au centre de l’échiquier politique vient rappeler fort à propos que l’humanisme du Centrisme implique nécessairement la protection et la préservation de l’environnement, donc de la nature.
Le respect de la personne humaine au cœur des valeurs centristes inclut évidemment le respect de son environnement.
Faut-il rappeler que le premier grand politique qui engagea un programme de protection de la nature fut le président des Etats-Unis Theodore Roosevelt (1901-1909), un centriste, qui créa les parcs naturels nationaux, les forêts nationales et les réserves naturelles, pour faire en sorte, notamment, que les générations futures ne soient pas spoliées par la génération présente en matière écologique.
Sans oublier que le principe même de responsabilité, cher au Centre, est fondamental pour ce qui concerne le respect de l’environnement.
Sans parler du juste équilibre, évidemment.
Bien entendu, la préoccupation écologiste n’est pas une spécificité du seul Centrisme.
Que ce soit à droite ou à gauche, il existe de vrais écologistes à côté de leur vision de la société.
Néanmoins, ici comme ailleurs, le Centrisme se distingue (et les partis centristes feraient bien d’en faire de même!) parce qu’il est d’abord un humanisme, c’est-à-dire qu’il est foncièrement attaché à l’humain et à l’humanité.
Dès lors, son rapport à l’écologisme  -- dont la justification est également l’humanisme – se fait à travers le respect de l’environnement de l’humain et non d’une sacralisation mystique de la nature qui serait bonne par essence quand l’action de l’être humain serait mauvaise par définition.
Cette primauté de l’humain ne signifie pas pour autant que le Centrisme cautionne une quelconque justification de la détérioration et la destruction de celle-ci par celle-là, bien au contraire.
En revanche, cela veut dire que pour le Centrisme, le respect de la nature est la conséquence du respect de l’humain, qu’un environnement sain et non pollué est nécessaire au bien être humain.
Contrairement à ce que croient les écologistes jusqu’au-boutistes, englués dans une idéologie fanatique voire totalitaire qui s’accorde bien avec la volonté de tout contrôler des extrêmes de droite et de gauche, cette relation où l’humain est son fondement, n’amoindrit pas l’action de préservation de l’environnement mais elle la remet dans la perspective qu’une société humaine est d’abord là pour assurer le bien être de ses membres.
Ce qui passe «naturellement» par la protection de son environnement.
L’écologisme pour l’écologisme ne peut De plus, l’humanisme défendu par les centristes prend également ses racines dans la démocratie chrétienne en appelant à une humanité telle que pouvait la concevoir, par exemple, un Saint-François d’Assise, pour qui les animaux étaient des êtres vivants à qui l’on doit le respect et qui voyait dans la protection de la nature, un devoir des hommes et des femmes.
Une conception reprise par le pape François.
En cela, l’expérience UDE va être intéressante à suivre.
Si ses membres sont capables d’écarter toute velléité de donneurs de leçon qui détiennent la vérité et qui veulent imposer un monde qui sort tout droit de leurs phantasmes millénaristes pour se focaliser sur le réel et le concret afin de travailler réellement à améliorer l’environnement et à combattre tout ce qui le détruit par des mesures positives ou par une pédagogie non-stigmatisante où le reproche le dispute au sermon, alors ils pourraient espérer fonder un vrai mouvement écologique pérenne et non un regroupement de zozos qui se tirent dans les pattes continuellement.
Si c’est le cas, alors l’UDE pourrait devenir ce que l’UDI n’a pas su être.
Sinon, il ne sera qu’un autre groupuscule au milieu d’autres groupuscules écolos, défendant avec un esprit de chapelle bien maîtrisé dans la sphère écologiste, son petit pré carré et ses intérêts propres.
Alexandre Vatimbella