vendredi 29 juin 2018

Oui, le nationalisme et le populisme sont des lèpres politiques

Pour ceux qui me font l’honneur de me lire depuis que le CREC et le site lecentrisme.com existent et que nous portons la parole d’un Centrisme humaniste et responsable, basé sur des valeurs et des principes forts ainsi que la défense intransigeante de la démocratie républicaine, ceux-là savent que j’ai souvent parlé des défis de cette même démocratie républicaine face aux dangers des extrémismes, des populismes, des régimes autoritaires et dictatoriaux, des terrorismes.
Et ils savent que j’ai souvent rappelé l’Histoire et les événements dramatiques d’un passé pas si lointain et criminels, événements qui peuvent toujours revenir.
Et ils n’oublient pas que j’ai, à chaque fois, demandé que l’on se dresse contre ces menaces et ceux qui les portent.
Ceux-là ne seront donc aucunement étonnés que je souscrive aux soi-disant propos polémiques d’Emmanuel Macron lors de son discours de Quimper le 21 juin alors même que je tenais les mêmes avant qu’il ne soit en politique.
Non plus que je salue une nouvelle fois cette volonté pro-européenne tant l’union entre tous les peuples d’Europe dans une fédération est la seule voie d’un vrai salut dans ce XXI° siècle de toutes les espérances, de tous les défis mais aussi de tous les dangers.
Et oui, Emmanuel Macron a raison de dénoncer le nationalisme et l’extrémisme comme de «lèpres», comme l’avait si justement fait François Mitterrand en son temps, lui qui épousa la cause de l’Europe pour éviter ce qu’il avait vécu directement dans les années 1930 et 1940.
Et oui, il a raison de fustiger les «provocateurs», comme le ministre de l’Intérieur italien et fasciste assumé, monsieur Salvini, et leur «bêtise».
Et oui, il a raison de dire qu’il ne faut pas oublier le «quotidien» face aux grands sentiments, qu’il faut garder les bras ouverts tout en n’oubliant surtout pas qu’il faut avant tout s’occuper de ceux qui sont là, les habitants de la France, qui attendent que l’on construise un meilleur vivre ensemble face à leurs difficultés quotidiennes.
Ces propos dits avec force et avec «indignation» sont non seulement justes mais indispensables quand on voit les Kaczynski, les Orban, les Salvini, les Zeman, les Strache, les Trump, non pas exister mais, tous, gouverner nos démocraties républicaines, ouvrant la possibilité de l’abîme vertigineux que nous avions cru, à tort, boucher le puits sans fond définitivement.
Sans oublier que d’autres comme les Le Pen, les Meuthen et quelques autres frappent à la porte du pouvoir.
Et comment ne pas souscrire à la conclusion de son discours de Quimper (dont je reproduis ci-dessous les passages qui ont fait débat et que je ne peux que soutenir):
«Nous aurons des indignations et elles seront justes, nous aurons des combats et nous les porterons. Et nous aurons à résister, parfois à l’émotion, d’autres fois aux discours de haine parce qu’il fut tenir un cap.»
Oui, nous devons être en première ligne, nous les centristes, afin d’empêcher, en ces «temps troublés» le retour de l’inacceptable et l’insupportable en portant cette révolte si chère à Albert Camus.
Au nom de mon grand-père blessé dans les tranchées de la Marne, au nom de mon père combattant à El Alamein et au nom de mon oncle tué aux commandes de son Spitfire.

dimanche 17 juin 2018

Le nouveau désordre américain

Quand le centriste Macron veut être «disruptif», le populiste extrémiste Trump veut détruire ce qu’il appelle dans ses fantasmes le «deep state» mais aussi tout l’ordre intérieur et international pour des visées idéologiques précises et un narcissisme maladif.
En faisant cela, en particulier, dans les relations internationales, il introduit un désordre qui ne peut que réjouir les ennemis de son pays et désespérer ses alliés.
Ses deux dernières frasques le prouvent dramatiquement ainsi que son incompétence à gouverner la première puissance mondiale.
Ses attaques contre ses alliés qui seront les principales victimes de ses gesticulations en matière de commerce international puis les insultes envers deux des principaux amis des Etats-Unis, la France et le Canada, montrent à l’évidence sa méconnaissance totale de la gestion des alliances et des rapports avec le camp occidental qui est, rappelons-lui, indispensable aux Américains.
Sa rencontre avec le dictateur Nord-coréen Kim, principal gagnant de leur poignée de main, ami du russe Poutine (qu’il veut réintégrer dans le G8) et du chinois Xi (parrain de Kim qui est l’autre gagnant de cette rencontre), qui fut aidé dans sa course à l’atome militaire par les Iraniens et les Syriens, démontrent, au-delà d’un affichage indécent et d’un accord qui se révélera vide de tout contenu réel, qu’il joue contre son camp et, surtout, contre son propre pays.
Mais même s’il obtenait un résultat, celui serait quasiment équivalent à l’accord qu’Obama avait réussi à réaliser avec les Iraniens et que Trump a déchiré alors même que s’entendre avec ces derniers est beaucoup plus important géo-stratégiquement pour les Etats-Unis, aujourd’hui, demain et après-demain qu’avec le boucher de Pyongyang…
On pourrait ajouter dans ce nouveau désordre qui se retournera contre ses concitoyens, la sortie de l’accord de Paris sur la lutte contre le réchauffement climatique.
Face à cette situation, il est urgent que les pays démocratiques, sans les Etats-Unis de Trump qui se sont mis eux-mêmes hors-jeu, adoptent une stratégie et une position communes au niveau international.
Si le populiste démagogue américain (re)trouve une certaine lucidité, il sera bien sûr accueilli avec joie par les autres démocraties.
Sinon, il faudra attendre son successeur.
Mais il semble évident que le monde ne peut vivre longtemps dans ce nouveau désordre étasunien sans risquer de s’y perdre et de s’y détruire.
Les Américains adorent le mot «hubris» qui désigne le comportement de celui qui se croit tout puissant et au-dessus de tous les autres dans la justesse de ses idées et de sa politique ce qui l’amène à agir de manière inconséquente et irresponsable, provoquant son échec, sa chute et des dommages importants pour lui et ses relations s’il n’est pas stoppé à temps.
Aujourd’hui, Trump est l’exemple-type de l’hubris et de l’abîme dans lequel il pourrait plonger la planète.
Il ne suffit plus de tirer le signal d’alarme et de montrer le précipice, comme nous le faisons depuis sa prise de pouvoir en janvier 2017.
Le laisser faire serait de la non-assistance à monde en danger dont nous serions tous responsables parce que nous ne pourrions pas dire, «nous ne savions pas».


mercredi 6 juin 2018

Pour un service public médiatique

On parle de service public de l’audiovisuel.
Mais, au moment où celui-ci va connaître sa énième réforme, n’aurait-on pas du aller plus loin et définir plus largement ce que devrait être un service public médiatique de l’information, de la culture et du divertissement ainsi que ses missions prioritaires.
Et celui-ci ne devrait-il pas être intégré, sous une même autorité ministérielle dans un grand service public de la transmission du savoir (c’est-à-dire ce que sont actuellement les départements ministériels de l’Education et de la Culture) et de l’information citoyenne?
Explications.
Un vrai citoyen, c’est-à-dire une personne qui peut réellement exercer ses droits de citoyen doit être bien formé et informé.
Sans ce savoir et sans cette information, il n’y a aucune possibilité pour un individu de pouvoir choisir ce qui est bien pour lui et la communauté dans laquelle il vit.
Et ce savoir et cette information doivent d’abord servir l’intérêt de l’individu pour son existence, son projet de vie, la réalisation de lui-même.
Libre au secteur privé de donner un savoir et une information partisane et/ou délivrée sans les standards de la qualité à la fois dans le fond et la forme.
Mais le service public a une toute autre vocation sinon il n’a aucune légitimité à exister.
Vous pouvez tourner la question dans tous les sens, il n’y a pas d’autre alternative.
Dès lors, un service public médiatique chargé de délivrer, de manière la plus objective, la plus complète et avec la meilleur qualité possible, de l’information, de la culture et du divertissement est une nécessité à côté de toutes les initiatives privées qui font que la liberté d’expression et donc la liberté tout court peut exister et garantir l’existence d’une démocratie républicaine.
Ainsi, ce service public médiatique doit absolument s’inscrire dans un dessein beaucoup plus large, doit avoir une tout autre ambition pour être vraiment efficace et utile, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui avec le service public de l’audiovisuel, ceci étant la résultante tout autant d’une résistance de ceux qui y travaillent (pour des motifs variés mais jamais légitimes en regard de la mission qu’ils doivent remplir), de ceux qui gèrent (notamment l’Etat) mais aussi de l’histoire de cet audiovisuel public français qui – à l’opposé de la BBC au Royaume Uni – a été conçu dès l’origine d’abord comme un outil au service du pouvoir en place et une manière de verrouiller les nouveaux moyens de communication d’alors (télévision et radio) à son profit.
S’y est ajouté, depuis la libération des ondes dans les années 1980, la multiplication des chaînes et des stations privées puis l’arrivée du numérique, l’entrée dans la concurrence (notamment pour pouvoir le financer avec de la publicité et faire faire des économies pour le budget de l’Etat ce qui nécessite des taux d’audience importants souvent au détriment de tous les autres critères dont ceux de l’utilité et de la qualité) qui ne pouvait que pervertir un modèle déjà largement incapable de répondre aux missions qui justifient son existence.
On peut regretter que, comme toutes les autres réformes de l’audiovisuel public précédentes, on n’ait pas posé les termes du débat de cette manière pour celle qui vient d’être dévoilée.
On est plus dans des ajustements, des rationalités et des économies que dans une vaste réflexion sur ce que doit être un citoyen informé et cultivé dans la démocratie républicaine du XXI° siècle.
Même si Françoise Nyssen en dévoilant un des volets de la réforme voulue par Emmanuel Macron a parlé justement de la mission éducative du service public qui doit être renforcé ainsi que de la reconquête du public jeune et une information de proximité pour les médias locaux et régionaux.
Sans oublier cet objectif fort pour des programmes de qualité, rappelé par la ministre de la Culture, le renoncement à la course effrénée à l’audience dans une compétition avec les chaînes privées qui n’ont d’autres objectifs que de faire des profits et non de rechercher la qualité (mais cette annonce est récurrente à chaque réforme et jamais suivie d’effet).
Non pas, évidemment, qu’il ne faille pas produire des émissions, des documentaires, des fictions et des divertissements qui plaisent à ceux à qui ils sont destinés mais cela ne passe pas par une information spectacle et une sorte de moins-disant culturel car ce n’est pas la mission d’un service public de l’audiovisuel.
Ici, aussi, on ne peut être que satisfait de l’annonce de la mise en place d’une «plateforme éducative» et d’un média social cutlurel ainsi que celle concernant l’entité franceinfo qui devra mettra l’accent sur la lutte contre les fausses informations (les désormais fameuses «fake news») ainsi que sur l’éducation aux médias.
Encore faut-il que la philosophie qui traverse tout le travail du secteur public soit vraiment sous-tendue par cette mission citoyenne qui n’est malheureusement que trop souvent un alibi voire un paravent pour agir comme le privé ou pour développer une ligne politique partisane.
Mais il faudra bien avoir, et le plus tôt possible, cette réflexion globale sur un service public médiatique et une ambition d’une toute autre nature si l’on veut que cette démocratie républicaine fonctionne réellement et pour tous.
Comme le veulent les centristes.



dimanche 3 juin 2018

Le monde bascule lentement mais sûrement de l’autre côté du miroir


Cela fait longtemps maintenant que, comme centriste, mondialiste, européen, démocrate, républicain, pacifiste et humaniste, je vois avec effroi et que je dis sans relâche que le monde va de plus en plus mal, qu’il retourne lentement vers ses démons d’un passé pas si lointain pour ses derniers soubresauts qui semblent être des crises qui se déroulent trop souvent ou, pire, qui sont la «normalité», ce qui serait «extra ordinaire» (avec un espace entre les deux termes) serait la période que nous avons vécu, en Europe de l’Ouest et plus généralement en Occident de la fin de la Deuxième guerre mondiale au début du troisième millénaire, la démocratie républicaine dans la paix et la prospérité.
Emmanuel Macron a fort justement parlé d’une histoire de l’Humanité tragique (parlant d’un «retour» de ce tragique dont l’absence n’avait sans doute pas était remarqué par quelques milliards d’habitants de la planète…).
Il a également dit son inquiétude devant les similitudes de plus en plus nombreuses (mais qui ne datent malheureusement pas d’hier) entre ce qui se passe aujourd’hui et les années 1930 (il aurait pu aussi inclure les années 1920), celles qui virent le monde basculer vers l’horreur et l’ignominie de la guerre et du génocide.
On peut, bien sûr, se boucher les oreilles et fermer les yeux mais resteront les odeurs sulfureuses et nauséabondes qui commencent à imprégner nos sociétés avec l’explosion populiste et la présence de plus en plus nombreuse de l’extrême-droite dans les gouvernements de l’Union européenne (Hongrie, Pologne, Autriche et maintenant Italie) alors qu’elle frappe avec de plus en plus d’insistance dans d’autres comme la France et en attendant que l’extrême-gauche se fasse aussi sa place.
Pendant ce temps, un démagogue extrémiste irresponsable menteur et escroc gouverne la première puissance mondiale, pays jusqu’ici leader de la démocratie républicaine sans, qu’au bout de près d’un an et demi de pouvoir, cela suscite autre chose que  des réactions d’indignation.
Et sa guerre commerciale désormais ouvertement déclarée (contre ses propres alliés!) ainsi que ses incohérences dans toutes ses décisions risquent de plonger le monde dans un chaos particulièrement redoutable.
Beaucoup de personnages malfaisants de l’Histoire doivent avoir le sourire aux lèvres dans leurs tombes.
Un des problèmes les plus inquiétants est que, dans la plupart des pays, ces régimes ou ces partis et leurs dirigeants ont été élus et choisis par les peuples.
Aux Etats-Unis (même si le système électoral complètement archaïque et dépassé porte une grande responsabilité), bien sûr, en Italie, désormais, après la Hongrie, les Philippines et la Turquie mais aussi en Russie voire en Chine, même si dans ce dernier pays, il est plus difficile de connaitre l’état de l’opinion publique, comme dans toutes les dictatures qui ont essaimé aux quatre coins de la planète et dont il serait fastidieux de faire la liste.
Oui, la démocratie républicaine, attaquée de l’extérieur par le plus exécrable terrorisme, celui qui ne s’en prend qu’aux innocents et qui tuent tout ce qui lui tombe sous la main au nom d’idéologies de la mort et de la destruction, est aussi de plus en plus minée de l’intérieur, ses ennemis se servant de ses principes, de ses valeurs et de son organisation politique pour la détruire.
Rappelons nous Hitler qui est venu au pouvoir grâce aux urnes et que Mussolini a été appelé légalement à former un gouvernement et tout ceci dans ces années 1920-1930 qui inquiètent tant le Président de la république française et qui virent, dans le même temps, la montée du pouvoir (et des crimes) de Staline en Union soviétique ainsi que la prise de pouvoir par Franco en Espagne (grâce à Hitler) ainsi que l’établissement de nombre de régimes autoritaires et dictatoriaux un peu partout comme en Hongrie, par exemple.
Plus près de nous, le fameux «Printemps arabe» qui s’est terminé en eau de boudin dans le chaos, la confusion et la violence, avait voulu apporter la démocratie.
Mais là où les peuples purent voter, ils choisirent pratiquement toujours des formations politiques dont le seul but était de supprimer les bourgeons pas encore en fleur de la liberté.
La populace a toujours été dangereuse pour la démocratie lorsqu’elle s’étend et se confond de plus en plus avec le peuple.
Mais je rappellerai que cette populace, même quand elle devient le peuple, n’a pas droit de toucher à la démocratie républicaine.
Car si celle-ci est, comme le disait Abraham Lincoln, le gouvernement du peuple, par le peuple pour le peuple, c’est aussi le régime politique qui garantit, non seulement, la liberté à chacun mais aussi les droits des minorités politiques.
Concrètement, nous pourrions être unanimes sauf un pour supprimer la démocratie, c’est ce «un» qui doit l’emporter parce que nous devons lui garantir sa liberté, son égalité et son individualité ontologique.
Et même si nous étions tous unanimes, ce sont les droits de ceux à naître que nous devrions respecter.
Oui, la démocratie républicaine n’est pas un choix, c’est un devoir.
Tout cela est une question de respect, de respect de l’autre, de tous les autres, vertu dont je ne cesse de parler et que l’on ne cesse de bafouer partout et tout le temps.
Le respect qui est à la base d’une société humaniste.
Alors oui, il faut, non pas se préparer, mais continuer le combat de cette liberté (qui doit être menée avec celui de l’égalité mais aussi de la fraternité, c'est-à-dire pour une société plus juste et plus solidaire) qui est attaquée, bafouée et en danger un peu partout, tant par les menaces venues de l’extérieur que celles qui naissent à l’intérieur même de nos sociétés.
Et se dire que ce combat est sans fin parce que nous devons garantir des valeurs et des principes qui, s’ils sont les plus beaux sont aussi les plus fragiles.
Mais c’est l’honneur de l’humain de se battre pour des causes comme celle-ci qui le dépasse, son honneur mais aussi sa responsabilité, un terme qui, au regard de tout ce que je viens de dire sur l’état du monde, semble de plus en plus absent.
Cette bataille, elle ne doit pas se faire dans la faiblesse et le renoncement, seulement dans le cadre des valeurs de la démocratie républicaine.
Et elle doit être menée avant qu’il ne soit trop tard.