lundi 29 février 2016

La mystification dangereuse des «partis politiques de la société civile»

Vive la société civile, paré de toutes les vertus.
A bas le monde politique accablé de tous les vices.
On connait cette vieille rengaine et la floraison d’associations plus ou moins bidons, nées souvent de l’ambition quelque peu mégalomaniaque de chefs d’entreprise qui ont réussi dans leur domaine ou d’intellectuels médiatiques en mal de destin national, qui tous prétendent vouloir que le civil se réveille et s’empare du politique à la place du… politique devenant ainsi du… politique, parce qu’il ne peut en être autrement.
Ce qui fait de la politique – organisation ou individu – est obligatoirement du politique, même «différemment»!
Toujours est-il que ces associations ont toutes de noms qui fleurent bon le populisme rassembleur comme Nous Citoyens, Aux urnes citoyens, Objectif France, Bleu blanc zèbre, Société civile 2017, la Transition, Génération citoyens, Nouvelle donne, etc.
N’en jetez plus!
A chaque fois, leurs initiateurs nous promettent le Big bang politique qui se transforme rapidement en big flop.
Ils rêvent tous aujourd’hui de devenir des Syriza, des Podémos et autres Mouvement cinq étoiles, ces organisations populistes et démagogiques qui ont si bien réussi ailleurs et qui, heureusement pour l’instant, n’ont pas réussi à prendre en otage le politique en France.
Leur profession de foi est une tromperie qui vient de la base même de leur création comme nous venons de le voir.
Car ces structures qui se disent de la société civile, c’est-à-dire qui prétendent être réellement représentatives de ce que sont les citoyens et de ce qu’ils veulent, sont en réalité des organisations politiques tout à fait traditionnelles dont la légitimité de parler au nom de la population est une escroquerie.
Ainsi faire croire que l’on est encore dans la sphère privée quand on a investi la sphère publique, donc par exemple de faire croire qu’un candidat à une élection politique ne fait pas partie de la politique et donc de la sphère publique est une supercherie qui permet à ceux qui lancent ces «initiatives civiles» d’avancer masquer dans leurs volontés et leurs ambitions politiques.
Pour prendre un seul exemple, dès qu’Emmanuel Macron a quitté la banque pour le ministère de l’Economie, il n’était plus banquier mais ministre, il n’était plus dans la sphère privée et donc la société civile mais dans la sphère publique et donc le politique.
Si un jour il retourne à la banque et n’a plus de fonction publique, alors son activité se trouvera dans la sphère civile.
En outre, cette floraison d’initiatives de la société civile pose la question de sa réelle existence et sa réelle autonomie face au politique.
Où qu’elle soit, la société civile est toujours organisée par le politique (même l’organisation de son autonomie est une décision politique).
Vouloir diaboliser le politique et glorifier le civil est ainsi une hérésie et une mystification, les deux étant intimement liés.
Dans une société humaine tout est politique, c’est-à-dire que tout ressort de son organisation qui ne peut être que politique, le politique étant l’art d’organiser la vie de la cité, c’est-à-dire les rapports entre les individus qui la composent.
Dès lors, prétendre que la société civile n’aurait pas de lien avec le politique n’a aucun sens.
Pour autant, si tout est politique, cela ne veut pas dire que l’Etat est légitime à intervenir partout car il ne faut pas confondre sphère publique et sphère privée, notamment dans la démocratie républicaine.
Ainsi, dans la sphère privée, au-delà de l’espace issu de l’autonomie ontologique de l’individu, une fois la règle générale de droit décidée et fixée par le politique (branches législative et exécutive), c’est dans la société civile au sens large (pas seulement les associations et organismes représentatifs de celle-ci qui sont pour certains cette société civile) qu’elle vit, les organes d’Etat (administration et branche judiciaire) ne devant que faire en sorte qu’elle s’applique correctement pour le bien de tous.
Les relations des individus entre eux sont évidemment organisées par le politique puisque c’est le système politique (démocratie ou dictature) qui décide ce qui est autorisé ou non, qui fixe le degré de liberté et d’égalité d’une société, même si les individus ne respectent pas les lois édictées.
Penser que la société civile peut s’émanciper du politique est donc une vue de l’esprit.
Dire, en revanche, que l’administratif public ne doit pas s’immiscer dans les relations de la société civile autrement qu’en rendant des services et en faisant en sorte que les règles s’appliquent normalement, est ce qui doit être la manière de fonctionner d’une société, en particulier la démocratie républicaine.
Le Centrisme dont une des racines est le libéralisme reconnait évidemment cette société civile mais n’en fait pas une sphère indépendante du politique tout comme le politique n’est pas une sphère indépendante de la société civile.
L’Etat, dans la vision centriste, étant un outil et non l’incarnation de la communauté ou de la nation, est au service de la communauté et bien sûr de la société civile.
On ne peut les opposer pour diaboliser le politique et encenser la société civile.
Quand des organismes prétendent faire de la politique autrement parce que de la société civile, ils leurrent leurs adhérents et mentent.
Dès qu’ils sont dans la sphère de la politique, ils sont dans la politique mais plus dans la société civile et ils obéissent aux règles du politique, le politique n’étant pas une société secrète ou un monde particulier qui serait en dehors de la communauté.
Reste que ces initiatives s’appuient sur un vrai défi que doit relever le politique.
Dans tous les pays démocratiques, les partis et le personnel politiques ne sont pas vu favorablement par les citoyens sauf exceptions.
Un dernier sondage réalisé de mois-ci par Elable pour le site Atlantico montre que seuls 4% des Français ont une opinion favorable «des partis politiques» dans leur ensemble.
A la question de savoir ce que leur inspirent ces partis, 1% d’entre eux répondent de l’enthousiasme, 3% de la confiance, 40% de l’inquiétude, 34% de la colère et 22% de l’indifférence.
En outre, 78% des Français affirment qu’ils pourraient voter pour un candidat qui n’est «ni issu, ni soutenu par un parti politique».
Ce sondage peut être rapproché d’un autre réalisé par l’IFOP pour l’association Synopia.
A la question, «Seriez-vous favorable à la tenue d'une primaire non partisane, organisée par la société civile en marge des partis politiques, et qui ait pour ambition de faire émerger de nouveaux candidats pour la présidentielle de 2017?», 66% des personnes interrogées répondent par l’affirmative.
Bien entendu, il faut relativiser ces résultats sachant que le politique suscite toujours des réactions très critiques dans la population du fait même des challenges parfois impossibles que celle-ci lui demande de relever (ce qui engendre ces fameuses promesses politiques mensongères particulièrement utilisées dans les partis clientélistes de gauche et de droite).
Aux Etats-Unis, les enquêtes d’opinion de ces dernières années montrent des taux ridiculement bas d’approbation ou de sentiment positif du personnel et des institutions politiques.
Quant à savoir si un candidat «issu de la société civile» serait plus compétent et ouvert, notamment s’il est un entrepreneur, ou même s’il changeait la manière de la faire la politique, nous avons devant nous un exemple parfait qui vient justement d’Amérique.
Il s’appelle Donald Trump, est un promoteur immobilier et non un «politicien» et il est en tête de la primaire républicaine dont certains experts prédisent qu’il va la gagner.
Son programme économique conduirait à la faillite des Etats-Unis, son programme social est infaisable, son programme anti-immigration xénophobe et proche des thèses de l’extrême-droite et sa capacité à construire une planète plus fraternelle proche de zéro.
Le tout avec une personnalité clivante, qui insulte ses opposants et qui ment sur nombre de sujets.
Son profil peut se résumer ainsi: arriviste populiste, démagogue et xénophobe.
Sans commentaires.
In fine, le danger de ces «partis politiques de la société civile», c’est de faire croire qu’il y a une solution en dehors de la politique, que la politique, elle-même, serait l’obstacle à la construction d’une meilleure société.
Or, un peuple dépolitisé, c’est un peuple qui abdique sa légitimité sur le système politique dans une démocratie républicaine.
Et c’est un système politique soit accaparé par quelques uns, soit incapable de fonctionner, donc de remplir son rôle de débat contradictoire, de proposition puis d’action après le choix des citoyens.
Car s’il est évident que ce système doit être amélioré, réparé, modernisé pour être le plus efficace possible, il n’est certainement pas un frein mais bien l’outil indispensable au bon fonctionnement de la démocratie républicaine.

Alexandre Vatimbella




mercredi 24 février 2016

L’Europe, oui, mais pas à n’importe quel prix

Les centristes sont européens et l’Union européenne est une idée centriste.
Réunir les hommes et les femmes du Vieux continent pour qu’ils construisent le présent et l’avenir ensemble dans la paix et le partage au lieu de s’entretuer et de se détruire mutuellement demeure leur idéal mais aussi une nécessité pour que les Européens demeurent libres et puissent bénéficier tous du progrès face aux défis de toute sorte auxquels ils doivent et devront faire face.
Que les peuples européens comprennent de moins en moins ce qu’ils ont a gagné à vivre ensemble et à se rassembler est une bien triste constatation.
Qu’ils aient oublié les leçons de l’Histoire, qu’ils tournent le dos à la réalité du monde, qu’ils pensent être plus forts chacun de leur côté, en écoutant les populistes démagogiques de tous bords leur vanter le divorce, ils paieront le prix fort de leur erreur si celui-ci survient.
Pour autant, si le mot union a un sens, ce ne peut être à n’importe quel prix.
Or, c’est bien à quoi l’on assiste aujourd’hui dans cette Union européenne de plus en plus à la carte et dont le Royaume Uni, comme à son habitude, veut en profiter au maximum en s’affranchissant des règles communes et de l’indispensable solidarité tout en agitant l’épouvantail de son départ, ce fameux Brexit qui pourrait faire l’objet d’un référendum fin juin.
Mais il n’est pas le seul avec une Pologne qui vire au nationalisme le plus primaire, tout comme la Hongrie proche du fascisme, pourtant deux pays qui ont payé le prix fort d’une Europe de la haine et de la confrontation par le passé.
Même dans les pays où l’idée européenne était un moteur et un espoir d’un monde meilleur, le scepticisme envers l’UE progresse, que ce soit en France, en Allemagne, en Italie, pays pourtant signataires du Traite de Rome, fondateur de la Communauté économique européenne.
Si l’Europe doit continuer à exister, il faut qu’elle ait un projet et une volonté, deux choses qui n’existent plus.
Aujourd’hui, la seule raison d’agir est de sauver les meubles dans un immobilisme qui n’est qu’une régression où les aspects les plus négatifs de l’union ressortent et sont, évidemment, mis en avant par ses adversaires.
Bien entendu, l’idéal serait d’aller vers ce fédéralisme européen que promeut depuis toujours le Centre dans son écrasante majorité.
Mais le réel nous montre que le chemin, s’il existe encore, sera très long.
Ce qui est sûr, en revanche, c’est qu’une Europe auberge espagnole, où l’on ne vient que pour profiter des bienfaits tout en refusant de mettre sa part à l’ouvrage fera imploser tôt ou tard l’Union européenne.
Rappelons que les Britanniques avaient essayé de torpiller la construction européenne avec leur zone de libre-échange avant de frapper à la porte pour éviter de devenir une nation secondaire en proie à de graves difficultés.
Rappelons que l’on a ouvert n’importe comment la porte de l’Europe lors de la chute du Rideau de fer, tétanisés que nous étions d’une possible guerre des nationalismes ce qui fait que nous avons aujourd’hui des pays qui n’ont jamais eu envie de jouer le jeu de l’union comme la Hongrie, la Slovaquie ou la Pologne, par exemple.
Peut-être que le projet européen doit être refondé avec ceux qui veulent vraiment qu’il aille vers une intégration de plus en plus forte, seul moyen de faire face au monde de demain.
Pour cela, pas besoin de détruire l’Union, elle peut fonctionner comme une zone de libre-échange et de paix, ce qui n’est déjà pas si mal, surtout ce qu’elle est devenue depuis la disparition des régimes communistes des pays de l’Est.
D’autant que l’Union européenne n’est pas les Etats-Unis d’Amérique où la question de la séparation a été réglée définitivement lors de la Guerre de sécession de manière négative (même si des illuminés tentent de faire croire le contraire).
Ainsi, on peut quitter le navire européen et ceux qui ne veulent plus en faire partie ne doivent pas être stigmatisés, c’est leur droit.
Mais il faut que les Européens convaincus mettent en place une sorte de noyau dur autour de la France et de l’Allemagne afin de bâtir une nouvelle architecture, reprenant les idéaux des Pères fondateurs de l’Europe, ceux de l’après-guerre avec les Monnet, Schuman, De Gasperi, Spaak, Adenauer, Beyen et autres, mais aussi tous ceux qui de Victor Hugo à Aristide Briand avaient compris que l’Europe devait être un seul pays pour réellement achever le projet de sa civilisation.
Oui, il nous faut ces Etats-Unis d’Europe dont Victor Hugo voulaient qu’ils préfigurent l’union de toute l’humanité.
Il faut que les centristes européens se retroussent les manches pour cela.
En attendant, il faut arrêter de brader l’Europe et permettre à ceux qui veulent s’en aller de partir, à leurs risques et périls, afin de (re)construire une union qui sera d’autant plus forte qu’elle bénéficiera de l’expérience de celle d’aujourd’hui.
Si tel n’est pas le cas, prédisons que, à terme plus ou moins éloigné, les peuples européens en reviendront à leurs nationalismes belliqueux qui ont produit tant de tragédies au XIX° et XX° siècles.
Mais il faut qu’ils sachent que cette dérive n’est pas inéluctable et que c’est de leur responsabilité que le pire ne remporte pas la partie.

Alexandre Vatimbella


mardi 16 février 2016

Présidentielle USA 2016. Et si les républicains avaient enfin réussi à gauchiser les démocrates

Depuis les années 1990, les républicains ont pris un virage de plus en plus à droite qu’ils ne contestent pas même s’ils en discutent l’importance.
Un virage à droite qui s’est amplifié ces dernières années et dont les candidats à la primaire du Parti républicain sont le reflet, notamment Ted Cruz, Marco Rubio et Ben Carson, qui restent en course, mais aussi ceux qui ont jeté l’éponge comme Rick Santorum, Mike Huckabee, Rand Paul, Carly Fiorina, Scott Walker, Rick Perry et quelques autres.
Donald Trump, lui, utilise ce virage à droite tout en surfant sur la montée du populisme engendrée par le mécontentement grandissant des électeurs vis-à-vis de la classe politique, tant à droite qu’à gauche et au centre.
Ce qu’il y a certainement de plus emblématique dans cette nouvelle ligne politique est que trois des candidats encore en lisse, Jeb Bush, Marco Rubio et John Kasich, sont présentés comme plus ou moins centristes alors qu’ils sont en réalité des conservateurs sans états d’âme.
George W Bush, l’ancien président des Etats-Unis de 2001 à 2008, pourtant peu soupçonné de progressisme, a dit un jour que son père George H Bush et même Ronald Reagan, pourtant héros de tous ces candidats que l’on vient de citer, ne seraient sans doute pas élus candidats du Parti républicain s’ils se présentaient aujourd’hui parce que pas assez à droite.
Et il n’avait sans doute pas tort.
Rappelons tout de même que Reagan lors de sa victoire en 1980 représentait l’aile droite du Parti républicain et qu’il avait été un supporter de Barry Goldwater, le candidat républicain à la présidentielle de 1964 et homme d’extrême-droite.
Cela montre la dérive droitière des républicains.
Dans le même temps, sortant d’années de plomb et battus systématiquement à la présidentielle depuis 1968 (sauf en 1976 avec Jimmy Carter mais surtout parce que l’on était en plein après-Watergate et les mensonges de Nixon empêchaient l’élection d’un président républicain), les démocrates avaient entrepris de se recentrer en marginalisant leur aile gauche qui avait préempté le parti à la fin des années 1960 après la décision de Lyndon Johnson de ne pas se représenter et la candidature dramatique de Robert Kennedy aux primaires.
Cette entreprise s’est concrétisée par cette fameuse «Third way», Troisième voie, mise en place par de jeunes loups démocrates, dont Bill Clinton qui accéda avec surprise à la fonction suprême en battant le président sortant George H Bush en 1992 lors d’une triangulaire (avec la présence du candidat conservateur «independent», Ross Perot).
Celle-ci a connu un véritable succès puisque, depuis cette date, les démocrates auraient du occuper la Maison blanche sans discontinuer.
En effet, lors de l’élection l’an 2000, c’est le candidat démocrate et vice-président sortant, Al Gore, qui a, non seulement, gagné me vote populaire mais aussi très certainement le nombre le plus important de délégués (qui élisent le président américain dans une élection populaire indirecte) si l’on avait réellement recompter les votes en Floride.
Il aurait donc été élu et non George W Bush.
Une réalité électorale qui suit une réalité sociologique d’un pays où, certes, les conservateurs sont puissants mais où ils ne sont pas majoritaires, notamment parce que toutes les groupes ethniques en dehors des blancs, penchent très majoritairement en faveur des démocrates (afro-américains, hispaniques, américains asiatiques).
Dès lors, le Parti républicain s’est trouvé devant un dilemme: comment imposer son tournant à droite au pays qui n’en veut pas.
Il a trouvé une première réponse dans le charcutage électoral pour les élections à la Chambre des représentants.
Grâce à une mobilisation beaucoup plus grande de leurs sympathisants pour les élections locales, les républicains sont devenus majoritaires dans les Congrès de chaque Etat de l’Union (ainsi que pour le nombre de gouverneurs).
Et c’est une des prérogatives de ces Congrès de dresser la carte électorale des Etats en découpant les circonscriptions à leur envie (on appelle cela le «gerrymandering»).
Résultat, les républicains se sont assurés, au fil des ans, une majorité de circonscriptions homogènes où ils ne peuvent être battus et d’autres où il reste une petite chance aux démocrates de pouvoir être élus (et évidemment des circonscriptions homogènes où les démocrates sont sûrs de gagner).
Dans bien des Etats, cela leur permet de faire élire en masse des représentants républicains au Congrès de Washington et de contrôler, de ce fait, la branche législative au niveau fédéral.
Pour bien se rendre compte du caractère inique de ce redécoupage, il faut retenir un chiffre.
En 2012, lors de la réélection de Barack Obama, les candidats démocrates à la Chambre des représentants ont obtenus un million de voix en plus que ceux du Parti républicain mais n’ont jamais été aussi peu nombreux à être élus depuis des décennies…
Néanmoins, malgré le fait que l’élection du président des Etats-Unis se réalisent, à la fois, par le vote de super-délégués et que ceux-ci ne sont pas redistribués par rapport au vote national mais au vote dans chaque Etats (ce qui permet de ne pas forcément être élu avec plus grand nombre de voix mais de l’être en s’adjugeant les Etats-clés, comme la Floride ou l’Ohio, que l’on appelle aussi les «Swing states» parce qu’ils ne sont pas imprenables par les deux camps et qu’ils fournissent le nombre de délégués nécessaires pour l’emporter), les républicains n’ont pu faire main basse sur la Maison blanche.
Ce qui les empêche de mettre en œuvre leur programme très conservateur et de remodeler le pays de manière très idéologique et clientéliste (d’autant que jusqu’au 13 février, ils contrôlaient aussi le Cour suprême avant la mort soudaine de son membre le plus conservateur, Antonin Scalia).
C’est pourquoi ils ont décidé de diaboliser les démocrates, particulièrement les candidats à la présidentielle.
Pour y parvenir, leur tournant à droite s’est accompagné d’un déni d’être devenus extrémistes associé à une violente et constante campagne de propagande menée entre autres par le biais des idéologues de l’aile radicale du parti qui n’a eu de cesse, devant le recentrage du Parti démocrate de lui dénier celui-ci tout en le présentant comme un repère d’infâmes socialistes et gauchistes.
Lors de la présidence de Bill Clinton mais surtout depuis l’élection de Barack Obama, deux présidents centristes qui revendiquent ouvertement cette appellation, ils ont affirmé constamment que ceux-ci n’étaient que de dangereux socialistes (ou même des communistes, faisant, par exemple, des rapprochements entre Obama et… Staline!).
En outre, leur haine viscérale d’Hillary Clinton ne s’explique pas autrement.
Idéologiquement il s’agissait donc de présenter leur nouvelle ligne politique suite à leur virage à droite comme le nouveau centre de la politique américaine, donc le point d’équilibre de la politique.
Cette supercherie permettait ainsi de prétendre que les démocrates avaient viré à gauche alors, qu’en réalité, c’est eux qui avaient viré à droite.
Elle permet également de présenter John Kasich, comme le candidat à la candidature pour la présidentielle le plus centriste du Parti républicain alors qu’il est en réalité un conservateur bon teint et un des responsables de la politique très conservatrice de Ronald Reagan au Congrès.
Cette campagne de communication des républicains a pris un tour systématique et virulent, avec insultes à la clé, pendant les premières années de la présidence d’Obama qui était un véritable danger pour eux car il se présentait en modéré, voulant travailler avec tout le monde et avait même inventé le terme «post-partisan» qui signifiait dans son esprit, la fin des affrontements camp contre camp avec la mise en place de majorités de circonstances sur des sujets variés.
Pour nombre de républicains, qui l’ont dit plus ou moins ouvertement (notamment lors d’une réunion des élus du parti au Congrès début 2009), il fallait empêcher par tous les moyens Obama de réussir en bloquant systématiquement les institutions.
Cette entreprise de caricaturer Barack Obama en homme de gauche a, étonnamment, obtenu un certain succès auprès de certains médias pourtant peu réputés pour être conservateurs ou de droite radicale.
Dans le même temps, en mettant en œuvre concrètement le blocage des institutions par une opposition de tous les instants et jamais vue au Congrès (ce qui en fait une des institutions les plus détestées des Américains), en refusant toute augmentation de salaires et tout partage de la richesse et en promouvant l’enrichissement indécent de quelques uns, en s’opposant à toute mesure sociale (comme l’assurance santé), en glorifiant le port d’arme, en voulant remettre en question le droit à l’avortement, en attaquant toute politique d’intégration de certains immigrants illégaux, en niant le réchauffement climatique ils sont effectivement parvenus, petit à petit, à radicaliser une partie des sympathisants et des électeurs démocrates ainsi qu’à redonner voix à cette frange très «liberal» (très à gauche) du Parti démocrate qui existe toujours même si elle demeure minoritaire depuis qu’elle avait été largement marginalisée après le désastre électoral de 1972 avec la candidature de George Mc Govern à la présidentielle face à Nixon.
Et cela s’est traduit par le phénomène Bernie Sanders qui est une victoire pour les radicaux républicains.
Sa popularité auprès d’une partie des démocrates, mais aussi de la jeunesse et des «independents» de gauche (les «independents» sont des gens qui ne sont pas affiliés à un parti et dont le positionnement peut aller de l’extrême-droite à l’extrême-gauche), est bien la résultante de cette tentative de gauchiser le Parti démocrate en provoquant une réaction de ses sympathisants face une droitisation extrême du Parti républicain.
Cette gauchisation venue d’un homme extérieur au parti – Bernie Sanders n’est pas un démocrate, il est seulement affilié au groupe sénatorial du parti – est en train de prendre une tournure plus importante avec les attaques contre le progressisme d’Hillary Clinton par le camp Sanders, comme si un progressiste était nécessairement une personnalité à gauche de l’échiquier politique.
Quand Clinton se définit comme «une progressiste qui veut des résultats concrets», elle ne fait que définir ce qu’est un centriste, un réformateur pragmatiste qui préfère des avancées réelles à des incantations idéologiques qui n’ont aucune chance de réussir.
Le site internet américain de l’Huffington Post affirme ainsi ce n’est que Clinton n’est pas progressiste mais qu’elle est «prudente».
Mais cette prudence est bien l’apanage de ceux qui recherchent le juste équilibre qui ne se construit pas par un coup de baguette magique comme l’espèrent ceux qui, à droite et à gauche, portent les mesures clientélistes et s’enorgueillissent de mauvaises réformes parce que décidées dans une sorte de ferveur partisane peu propice à une bonne gouvernance.
Mais il est évident, par exemple, qu’entre Barack Obama et Hillary Clinton, le premier est du Centre-centre alors que la deuxième a un tropisme un peu plus centre-gauche.
Et l’énorme erreur faite par les liberals en 2007 pour leurs idées est d’avoir soutenu Obama face à Clinton.
Toujours est-il que la nomination de Bernie Sanders comme candidat du Parti démocrate, même si elle reste largement hypothétique mais pas impossible désormais, serait une victoire du Parti républicain et une grande chance pour lui de gagner la présidentielle du 8 novembre prochain.
Elle serait une défaite du centrisme américain et installerait, sans doute, à la Maison blanche, un conservateur très à droite.
Elle renverrait le Parti démocrate à ses démons gauchistes et à une grave crise d’identité.
Le rêve des idéologues républicains serait enfin devenu réalité.
A moins qu’une candidature de Michael Bloomberg, rabatte les cartes.

Alexandre Vatimbella

mercredi 10 février 2016

Les mauvaises attaques contre l’individu

Une des grandes différences entre le libéralisme, le socialisme et le conservatisme, c’est la place de l’individu et de sa réalisation.
Pour les libéraux, même s’il existe une évidente dimension collective à cette réalisation, c’est l’individu qui porte en lui-même son émancipation, qui construit sa vie, qui prend son destin en main et qui est capable de saisir les opportunités par son mérite et sa responsabilité.
Pour les socialistes, mouvement né en réaction au libéralisme, c’est au contraire dans la communauté et par la communauté que l’individu se réalisera et s’émancipera pleinement, ce qui lui impose de mettre au service de celle-ci ses capacités.
Pour les conservateurs, dont le libéralisme était une réaction, il s’agit de conserver des relations sociales où l’individu s’insère dans le collectif, non pour s’émanciper mais pour occuper une place en regard de ses capacités mais également de l’ordre social même si la possibilité de s’en extraire par la réussite est une possibilité.
On se sera pas étonné dès lors des attaques virulentes de la Gauche et de la Droite envers l’individualisme qui serait responsable de tous les maux de notre société actuelle.
Ce qui est plus étonnant, c’est la récupération à droite des travaux des sociologues, discipline généralement à gauche et peu appréciée par les gens de droite.
Mais il existe désormais une certaine proximité idéologique entre une certaine gauche et une certaine droite (on ne parle pas des extrêmes de gauche et de droite qui ont des points de convergence depuis toujours) dont l’ennemi commun est le libéralisme permissif et son représentant diabolique, l’individu.
On le constate d’ailleurs dans les discours mais également dans les passerelles qui existent chez les intellectuels de ces deux bords qui partagent nombre d’idées et ont souvent des lignes politiques parallèles.
Ces attaques contre le libéralisme et l’individu ont également en commun la mauvaise foi et confondent sciemment les principes et leurs dévoiements.
On peut ainsi parler de libéralisme en parlant des thèses néolibérales ou on peut attaque la liberté alors qu’il s’agit de licence.
Penser que le libéralisme et sa promotion de l’individu seraient la cause de la montée de l’autonomisation égoïste égocentrique assistée irresponsable insatisfaite irrespectueuse de l’individu moderne est une supercherie qui unit tenants du socialisme et du conservatisme.
Peu leur importe que ce phénomène d’autonomisation négative se voit dans n’importe quel système politique qu’il soit ou non démocratique (comme en Chine, par exemple), l’ennemi est bien cette trop grande liberté, cette trop grande montée de l’individualité, cette capacité à être autonome pour chacun.
Ainsi, ce n’est pas parce que les sociétés ou les individus utilisent les valeurs du libéralisme en les dévoyant que ces mêmes valeurs sont mauvaises.
Au contraire, d’ailleurs, si elles étaient correctement appliquées, elles produiraient tout sauf une société composée d’égoïstes, d’égocentriques, d’assistés, d’irresponsables, d’insatisfaits, d’irrespectueux.
Elles permettraient cette émancipation de l’individu, grâce notamment à son statut de personne qui ne réduit en rien ses «droits naturels», qui profiterait à toute la société et en ferait une communauté équilibrée, juste et ouverte.
Mais, pour les adversaires du libéralisme, tant à gauche qu’à droite, il est plus facile de prôner une société coercitive et fermée au nom d’un repli identitaire et d’un sauvetage de la société occidentale, celui-ci étant un alibi à une volonté de faire rentrer dans le rang cet individu décidément indiscipliné.
C’est une erreur car, profondément, ce n’est pas dans le phénomène d’indiviudalisation et dans l’individualité qu’il faut chercher les maux de la société mais bien dans celui d’autonomisation.
Non pas parce que cette autonomisation serait mauvaise et négative en soi mais bien parce que celle-ci a été dévoyée en devenant égoïste, égocentrique, assistée, irresponsable, insatisfaite et irrespectueuse ce qui n’est pas une conséquence ni logique, ni inéluctable.
Cette déviance pose bien sûr des questions sur l’organisation de la société mais pas sur les principes eux-mêmes de la démocratie républicaine dont le but premier demeure l’émancipation de l’individu, son statut de personne dans une société ouverte dont la fonction principale est la préservation de la vie de chacun de ses membres, donc d’assurer leur sécurité.
Rendre l’individu responsable de sa vie, ce n’est pas seulement lui demander de la prendre en main pour se réaliser et la réussir, c’est aussi lui demander d’être responsable de ses actes, de tous ses actes, et de respecter l’autre donc également la communauté sans être asservi par elle mais en en étant solidaire.
Ce n’est pas en renonçant aux acquis et aux avancées de la démocratie républicaine que l’on résoudra le problème ou alors de manière autoritaire et dans la régression.
Souvent pris comme prophète par les tenants de la stigmatisation de la démocratie républicaine et de sa modernité, Tocqueville qui voyait bien les perversions qui pouvaient naître, non pas de la liberté libérale comme on le dit trop souvent mais de l’égalité républicaine, ne pensait pas qu’il fallait un retour en arrière mais une nouvelle avancée dans la responsabilité de l’individu, ce qui l’oblige à être garant du système qui lui apporte la possibilité de la réalisation de lui-même.
Affirmer que la démocratie est allée trop loin, c’est se tromper de combat ou alors tromper les citoyens.
Responsabiliser ces mêmes citoyens dans tous les aspects de leurs existences, les amener à pratiquer le respect, vertu profondément démocratique et républicaine quant elle est symétrique et transitive, voilà le vrai défi.
Tout le reste n’est que diversion ou volonté d’imposer un nouveau modèle qui ne sera ni démocratique, ni même républicain.
Ce n’est évidemment pas une tâche facile.
Mais qui a dit que les choses étaient simples sur cette terre?

Alexandre Vatimbella


mardi 2 février 2016

De l’intellectuel centriste

Néo-gauchistes bien-pensants contre néo-réactionnaires identitaires, il parait que c’est le nouvel affrontement de la scène intellectuelle française actuelle (*).
Avec, à la marge, tous les catastrophistes qui viennent annoncer la fin du monde toute proche et qui se recrutent tant à droite, chez les néo-réactionnaires qu’à gauche, chez les néo-gauchistes.
Scène est le terme qui convient le mieux tant tous ces «engagés» squattent les médias, leur milieu naturel d’existence et de reproduction, notamment les audiovisuels (même ceux qui disent le contraire uniquement parce qu’ils sont moins invités que les autres…).
D’un côté, tous ceux qui, du marxisme au catholicisme de gauche, ont décidé de se positionner près des damnés de la terre de tous poils, enfin de ceux qu’ils ont identifiés comme tels, et de fustiger l’Occident qui serait le diable ou, au moins, un de ses acolytes, responsable du dysfonctionnement de la planète et de tous les drames qui s’y passent, du terrorisme islamiste aux migrants qui se noient dans la Méditerranée au large de la Grèce ou de l’Italie en passant par le réchauffement climatique et les soubresauts de la globalisation économique.
De l’autre côté, tous ceux qui, du nationalisme au conservatisme revanchard ou nostalgique, ont pris le parti de dénoncer toute modernité, d’appeler à l’ordre et au réveil d’une conscience occidentale soi-disant anesthésiée par une mondialisation culturelle létale pour les «vraies» valeurs.
Entre ces néo-gauchistes bien-pensants et ces néo-réactionnaires identitaires, nous sommes sommés, pauvres citoyens «de base», de choisir notre camp.
En quelque sorte Le Monde contre Le Figaro, L’Obs contre Point, Libération contre Valeurs Actuelles.
Et si l’on ne choisit pas, on est catalogué par un bord comme étant de l’autre et réciproquement…
Sauf que…
Sauf que, le plus extraordinaire, c’est que des ponts existent plus qu’on ne le croit entre ces deux univers qui semblent se faire la guerre à mort.
Car, ils ont un ennemi commun: la démocratie républicaine consensuelle et ouverte qui s’appuie sur les valeurs humanistes.
Des deux côtés, il n’y a pas de mots assez durs pour celle-ci accusée d’être au service de tous les «méchants» et, croyez-moi, ils sont nombreux pour ces gens-là, à la mesure de leurs ambitions médiatiques.
Dans ce maelström souvent indigent, insipide et indigeste, où est l’intellectuel humaniste, c’est-à-dire l’intellectuel centriste, ce défenseur et promoteur de la démocratie républicaine humaniste?
Rappelons que les racines centristes en France viennent du libéralisme, de la démocratie chrétienne et du radicalisme.
Cela devrait permettre d’avoir une palette assez large d’intellectuels centristes.
Or, pas du tout: la plupart des intellectuels libéraux font allégeance à la droite, comme ceux de la démocratie chrétienne.
Quant à ceux du radicalisme, quand ils existent (!), ils ont plutôt tendance à pencher à gauche, laïcité oblige.
L’intellectuel centriste qui devrait être un mix de ces trois courants et de l’humanisme qu’ils représentent est donc difficile à trouver ou à identifier.
Bien entendu, on pourrait choisir quelques compagnons de route des médias qui se présentent plus ou moins comme tel mais ils sont plutôt des supercheries en la matière.
A défaut de pouvoir en trouver, qu’est-ce qu’au fond un intellectuel centriste?
C’est un penseur qui est libre d’abord, libre de toute construction a priori et de tout effet de manche extrémiste et/ou réductrice qui a cogité la bonne formule ou la posture qui fait polémique pour attirer l’attention médiatique.
Son problème n’est pas d’inventer des chimères, ni de rêver du grand soir improbable (ou criminel) ou d’un âge d’or à retrouver, qui n’ont jamais existé, l’un et l’autre, que dans les fantasmes puérils de ceux qui les inventent.
Son matériau, à l’intellectuel centriste, c’est le réel et c’est l’humain, la personne qu’il faut respecter et émanciper pour qu’elle prenne sa vie en main et sa place dans une communauté humaine tolérante et solidaire à la mesure de ses capacités.
Ce ne sont pas les idéologies mortifères qui créent l’affrontement.
Mais l’intellectuel centriste n’est pas un naïf qui vit dans un monde qui n’existe pas, il laisse cela à l’intellectuel néo-gauchiste ou néo-réactionnaire.
Il est conscient des dangers qui menacent quotidiennement la liberté ou l’égalité, la planète ou l’économie, par exemple.
Il sait que toutes les avancées humanistes au cours de siècles doivent se défendre et que l’on n’a rien sans effort et sans capacité à se mobiliser pour préserver tous les acquis positifs.
Cependant, il sait que la démocratie républicaine – qui puise ses sources, comme je l’ai dit plus haut, tant auprès du libéralisme, de la démocratie chrétienne et du radicalisme – doit être réformée sans cesse, non pour le plaisir de le faire mais pour l’adapter au monde en continuelle évolution afin d’en établir, d’en préserver ou d’en rétablir le juste équilibre.
L’intellectuel centriste n’est pas, à l’inverse des néo-gauchistes et des néo-réactionnaires, des directeurs de conscience.
C’est la liberté qui le lui interdit et qui transcende son message pour que celle-ci conquiert toujours plus de nouveaux territoires mais dans le respect de l’autre.
Le respect de l’autre est d’ailleurs un fondement essentiel de la pensée sur laquelle il s’appuie.
Ce respect qui, s’il existait vraiment, changerait la société et les rapports humains en profondeur avec un lien social revigoré et revitalisé.
Il le promeut donc tout en sachant dans le monde dans lequel il vit qui, tant qu’il ne sera pas respectueux, a besoin de droits et de devoirs, surtout de cette sécurité que doit assurer l’Etat (et plus globalement la communauté mondiale avec ses organisations transnationales) envers ses citoyens.
Enfin, l’intellectuel humaniste aura toujours plus de mal à se faire entendre car il ne parle pas par slogans publicitaires et n’utilise pas toutes les ficelles de la propagande qui réussissent si bien à l’intellectuel néo-gauchiste bien-pensant et à l’intellectuel néo-réactionnaire identitaire.
Mais si c’est un réel handicap, c’est aussi tout l’honneur d’un intellectuel.

Alexandre Vatimbella



(*) Né lors de l’affaire Dreyfus et la publication dans l’Aurore du «J’accuse» en 1889 d’Emile Zola, l’intellectuel français n’a, depuis, cessé de défrayer la chronique.
Selon la définition du Centre nationale de ressources textuelles et lexicales du CNRS, c’est une «Personne qui, par goût ou par profession, se consacre principalement aux activités de l'esprit».
De manière plus spécifique à notre propos, selon Wikipédia, l’intellectuel «est une personne dont l'activité repose sur l'exercice de l'esprit, qui s'engage dans la sphère publique pour faire part de ses analyses, de ses points de vue sur les sujets les plus variés ou pour défendre des valeurs, qui n'assume généralement pas de responsabilité directe dans les affaires pratiques, et qui dispose d'une forme d'autorité».
Sans oublier que l'intellectuel «est une figure contemporaine distincte de celle plus ancienne du philosophe qui mène sa réflexion dans un cadre conceptuel.»
Même si, évidemment, un philosophe peut faire «profession» d’intellectuel.