samedi 19 novembre 2022

Pour un monde aux milliards de cultures

J’ai ma propre culture, tu as la tienne comme tous les autres habitants de la planète.

Chacun de nous à sa propre culture qui n’est pas réductible à une autre et plus encore à une culture d’un groupe plus ou moins large.

Nous avons beau être Français, Américains, Russes, Ivoiriens, Chinois, Saoudiens, Fidjiens, nous avons beau habiter en Europe, en Asie, en Amérique, en Afrique, en Australie, nos visions, nos références, nos préférences individuelles peuvent se rapprocher d’autres mais ne seront jamais être totalement identiques.

Surtout, elles ne sont absolument pas solubles dans des catégories prédéterminées et closes que l’on appelle «culture nationale» ou «culture ethnique» ou «culture religieuse» ou quoi que soit d’autres appellations voulant globaliser et englober de manière restrictive et rabougrie la formidable diversité et richesse que nos cultures individuelles représentent.

Au moment où l’Humanité atteint 8 milliards de membres, le nombre de cultures vivantes et existantes sur notre planète est bien de 8 milliards!

Cette représentation d’une culture, à la fois, individualiste et universaliste recèle la possibilité de vivre en commun et en paix beaucoup plus que celles de «grandes cultures» qui s’opposent constamment et provoquent des conflits sans fin.

Le nationalisme a beaucoup plus tué que l’individualisme, ne l’oublions pas.

Et le racisme ou l ethnocentrisme ont provoqué nombre de génocides, l’individualisme aucun.

La volonté de dominer le monde ne vient pas d’une culture individuelle mais bien collective.

C’est d’ailleurs le mot d’ordre de tous les dictateurs que de faire prédominer la culture de leurs pays, de leurs «races» ou de leurs ethnies respectives.

Un des aspects le plus important de ces cultures individuelles, c’est qu’elles permettent de trouver nombre de points communs entre les individus et de respecter les différences qui ne sont en aucune manière des menaces pour sa propre culture mais un moyen de l’enrichir si on le souhaite sans aucune pression.

C’est pourquoi la culture individuelle est la base même de la culture universelle, celle du partage et non de l’affrontement.

La culture individuelle pour être ce vecteur de rapprochement et de destin commun nécessite évidemment le respect de l’autre, la reconnaissance de sa dignité et de son individualité.

De même, les cultures individuelles dans leurs expressions publiques ne peuvent prospérer que dans un régime de liberté et d’égalité mais également de fraternité, dans un monde où la dignité de chacun et de tous est placée au-dessus de tout.

Ajoutons que le mélange de toutes ces cultures individuelles produit cette exceptionnelle culture mondiale qui donne une tout autre dimension à la capacité et à la créativité des humains.

Bien entendu, avec notre culture individuelle, nous pouvons nous identifier avec d’autres cultures individuelles avec lesquelles nous avons une plus grande proximité.

Elle ne nous empêche pas, non plus, de trouver des points communs et des affinités qui nous permettent de ressentir un lien privilégié avec d’autres, ce qui permet de partager des références communes, de se sentir appartenir à une communauté plutôt qu’à une autre.

Mais il n’en demeure pas moins que ce sentiment d’affiliation à des référents culturels communs provient d’une appréciation personnelle libre où nous estimons sans contraintes que ce partage n’annihile pas notre individualité, ni ne la dilue dans un ensemble où nous devrions accepter ce qui n’est pas nous et nos visions.

Aujourd’hui, de multiples freins empêchent que les milliards de cultures individuelles rapprochent les humains entre eux, que ceux-ci viennent d’une éducation où l’autre différent est plutôt vu comme un étranger que comme un même, d’une culture dominante qui réprime toute tentative de mélange, de régimes autocratiques et totalitaires qui prospèrent sur la confrontation et la guerre des cultures.

Le chemin demeure donc à tracer très largement pour détruire les murs entre humains que représentent les systèmes culturels fermés et exclusifs voire intolérants afin d’établir une culture mondiale qui sera le socle d’une vraie paix parce que seule à même de réunir toutes nos ipséités non-réductibles à des grands ensembles qui secrètent de la violence et de la confrontation qui seules peuvent leur garantir leur existence.

Alexandre Vatimbella

 

 

mercredi 16 novembre 2022

Affronter les temps obscurs et le tragique de l’Histoire est le devoir du citoyen engagé

Par temps obscurs, je ne fais pas référence à une époque précise comme ce Haut-moyen-âge qui fut vilipendé pendant longtemps à tort mais à toutes ces périodes où, à cause de l’action humaine, déferlèrent la haine, la violence et le chaos avec son lot de destructions et de morts comme ce fut le cas lors de la Première et la Deuxième guerre mondiale, par exemple.

Quant au tragique de l’Histoire ce sont tous ces événements qui impactent sans cesse les populations mondiales depuis la nuit des temps comme c’est fut cas de manière paroxystique avec l’Holocauste ainsi que les génocides cambodgiens et rwandais ou, actuellement avec l’agression de la Russie contre l’Ukraine et le génocide des Ouïghours en Chine, pour prendre les exemples les plus paroxystiques.

Définis ainsi, on peut dire que les temps obscurs et le tragique de l’Histoire sont la condition de l’Humanité prise en tant que communauté qui fait partie de la tragédie qui accompagne la condition humaine.

Car on peut y associer les ravages causés par la nature et qui deviennent par leur ampleur des faits historiques comme la peste noire du 14e siècle en Europe, le tremblement de terre du Shaanxi en Chine au 16e siècle ou l’éruption du Tambora en Indonésie en 1815 et plus près de nous le tsunami de 2004 dans l’Océan indien.

Une nature qui est la principale cause de mortalité du vivant qu’elle a créé, ne l’oublions pas quand certains veulent la diviniser et lui donner une personnalité juridique alors que nous devons la protéger au nom d’une devoir de protection de l’Humanité…

Néanmoins, ce qui nous intéresse ici, c’est l’action humaine et ses conséquences.

En effet, reconnaître cet état de fait implique que les humains doivent être conscients de cette réalité pour ne pas se la cacher sous des appellations de malédiction, de sort, surtout de destinée ou de fatalité.

Ce qui permet alors d’être dans le découragement, la démission et le renoncement et donc l’inaction et, in fine, dans une lente disparition.

Le challenge du réchauffement climatique est un bon exemple.

«Puisqu’il en est ainsi» disons-nous trop souvent en nous résignant.

Parce qu’ici, rien d’inexorable.

Bien sûr, l’Histoire semble prouver le contraire et aussi loin qu’elle remonte, elle nous parle de ces temps obscurs et du tragique qui accompagne le cours de l’existence humaine sans cesse et sans relâche.

Mais elle nous dit aussi que rien n’était écrit et que nous avons trop souvent choisi le pire.

On pourrait néanmoins en conclure que cela prouve que l’espèce humaine est intrinsèquement violente et qu’elle le sera toujours.

Cependant, nous sommes capables de nous extraire de ce qui semble être un cercle vicieux dans nos agirs quotidiens mais également sur des actions de moyen et long terme.

Par exemple avec la construction européenne ou, avant la Deuxième guerre mondiale, la création de la Société des nations qui devint en 1945 l’ONU.

Nous sommes aussi capables, notamment dans les sociétés démocratiques, de mettre hors-la-loi tous les actes barbares et de les sanctionner durement avec un consensus de la population.

Bien sûr, cela ne fait pas le poids face à l’ignominie et l’innommable que nous sommes capables de produire mais cela signifie que nous ne sommes pas pris pour l’éternité dans une spirale infernale dont nous ne serions pas capables de sortir.

Et c’est là l’important qui nous oblige sans échappatoire malhonnête à ne jamais renoncer, à ne jamais invoquer la fatalité, à ne jamais dire «puisqu’il en est ainsi»…

Cela nous oblige à être des citoyens engagés et éveillés parce qu’il y a, au bout du chemin, un espoir de changer le monde.

Oui, il est possible de faire front aux temps obscurs et au tragique de l’Histoire parce que nous sommes capables d’imaginer un monde meilleur ?

Et nous devons sans faiblir nous appuyer sur cette capacité, non pas pour fantasmer sans rien faire d’un paradis sur Terre qui n’existera jamais mais pour agir sans renoncement pour construire la meilleure société possible.

Le découragement et la démission nous guettent évidemment à chaque instant car, ici, rien n’est facile, ni donné.

Mais, si nous avons perdu tant de batailles, nous n’avons pas encore perdu la guerre.

Alexandre Vatimbella

mardi 15 novembre 2022

Le Centrisme est évidemment un écologisme puisque l’écologie est évidemment un humanisme

Le Centrisme est humaniste, c’est même un humanisme intégral qui place l'humain au centre de tout, donc évidemment écologiste.

Parce que l’écologie est évidemment humaniste.

Dire que l’écologie est humaniste, c’est la replacer dans le combat qu’elle doit mener, c’est placer l’Humanité au centre de ce combat pour l’environnement et plus largement le vivant.

Contrairement à ce qu’affirment les sots – qui d’ailleurs font régresser la cause écologique par leurs propos –, ce n’est pas la planète qu’il faut sauver mais bien ce qui permet à l’Humanité et au vivant de ne pas disparaître de celle-ci.

Que l’on comprenne bien: qu’elle abrite ou non du vivant, notre planète n’en a cure.

Elle a vécu sans vivant et s’en est alors bien portée!

En revanche, faire en sorte qu’elle demeure pour toujours un lieu habitable pour le vivant (sauf cataclysme naturel) est un devoir impératif pour les humains.

Donc, bien entendu nous devons préserver les conditions qui nous permettent, nous les vivants au sens large, d’y habiter dans de bonnes conditions et donc nous devons agir sur la nature pour la protéger et donc sur la «planète» au sens large mais seulement parce que cela crée un environnement propice à la vie.

C’est important de le préciser parce que cela recentre l’enjeu essentiel de la lutte écologique qui est nous, le vivant, et non une planète trop abstraite et indifférente pour que l’on mobilise l’ensemble de l’Humanité pour sa défense.

Donc le Centrisme est un défenseur de l’écologie humaniste parce qu’il est un défenseur de l’humain.

C'est dire l’absurdité de la thèse de ceux qui se prétendent écologistes et qui professent que la Terre serait meilleure sans les humains! Comme si les animaux étaient écologiques et préservaient la nature. Le loup mange l'agneau et ce n'est pas la faute de l'humain! Le castor détruit des arbres et ce n'est encore pas la faute de l'humain! Quant aux éléments, soyons clairs, si les volcans menacent la vie sur Terre et ce n'est toujours pas la faute de l'humain! De même pour les astéroïdes…

Ajoutons que pour que soit réellement enclenché le sauvetage du vivant, l’écologie centriste peut être à l’avant-garde car elle est également consensuelle.

En cela, d’ailleurs, elle apporte une méthode qui peut faire sauter tous les blocages qui nous empêchent vraiment d’avancer dans la lutte pour un environnement sain.

Consensus veut dire chercher absolument les convergences d’intérêts à court et moyen termes puis de mettre en place, avec ce consensus, une stratégie de long terme.

Parce que, pour embarquer l’Humanité entière dans le combat écologique, il faut trouver le maximum d’intérêts communs qui seront ses véritables fondations où, ensuite, étage par étage nous parviendront à atteindre les objectifs qui, pour beaucoup aujourd’hui, paraissent démesurés et inatteignables, voire même non-souhaitables, dans les pays en retard de développement mais aussi dans les franges les plus défavorisées des pays développés.

Bien entendu, nous sommes déjà en retard sur l’échéancier donc il n’y a plus de temps à perdre comme c’est le cas depuis des années où un dialogue de sourd et un consensus de faux-semblant fait croire que nous avançons alors que cela n’est peu ou pas le cas.

Si les pays et les peuples prennent des engagements, il faut que ceux soient tenus et non qu’ils soient faits uniquement pour un affichage qui fait régresser l’Humanité dans ce qui est bien un combat prioritaire.

Alexandre Vatimbella

lundi 7 novembre 2022

Le fondement de la démocratie n’est pas le bon vouloir du peuple mais le respect de la dignité humaine

En démocratie républicaine, il y a évidemment la volonté populaire – qui doit se manifester à la fois par la représentativité et la participation, dans l’expression du peuple sur son présent et son avenir.

Cependant, il y a corpus qui est au-dessus de cette volonté: ce sont les principes fondamentaux qui assurent que chacun peut bénéficier de ce régime humaniste.

Ils fondent sa métalégitimité, sont donc intangibles et irrévocables, c’est-à-dire qui ne peuvent être changés ou dénaturés au gré des caprices populaires sauf à modifier la nature même de ce qu’il est.

Et, oui, ils sont au-dessus de la volonté populaire.

Quels sont-ils?

Il y a d’abord la liberté individuelle qui ne peut en aucun cas être supprimée même dans celui hypothétique où toute la population existante sans exception le souhaiterait car ce serait ôter ce droit «naturel» aux générations à naître.

L’adage est que la liberté ne peut tuer la liberté.

Il ya ensuite l’égalité car il n’est pas possible en démocratie républicaine de désigner des citoyens qui auraient plus de droits que les autres, qui seraient au-dessus des autres, qui auraient plus de valeur que les autres.

Mais cette égalité ne peut toucher à l’individualité de chacun, celle qui fonde ce qu’il est dans sa différence en quelque sorte sui generis.

L’égalité ne peut nier la différence qui ne peut annihiler l’égalité.

Puis on trouve cet autre fondement qui est la protection des droits de la minorité, c’est-à-dire la protection de tous ceux qui n’ont pas voté pour la majorité en place.

Pour paraphraser la citation apocryphe de Voltaire qui n’en résume pas moins sa pensée, je ne suis pas d’accord avec vous mais je me battrai pour que vous ayez les mêmes droits que moi.

Bien sûr, ces piliers impliquent d’autres droits comme celui de vivre en sécurité, celui de voter, celui de bénéficier de la solidarité de la société en cas de besoin (fraternité) et d’autres.

Tous ont un point commun: assurer et protéger la dignité de chaque individu dans une société du respect de l’autre.

Car c’est bien la dignité humaine qui est le soubassement de tout l’édifice démocratique.

Son respect est une évidence pour l’existence d’une démocratie républicaine qui profite à tous et qui garantit à chacun sa place dans la société et l’effectivité de ses droits.

La conséquence de ces principes fondamentaux est l’impossibilité de supprimer la démocratie républicaine et, par extension, tout régime ne les respectant pas se trouve être illégitime.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit, surtout à cette époque de la montée des intolérances, du populisme et d’une remise en cause de l’humanisme.

Donner le pouvoir, même à une majorité d’électeurs, de supprimer la démocratie revient à nier la dignité de l’individu parce que rien de ce qui peut attenter à celle-ci n’est acceptable dans un tel régime.

Offrir à chacun le respect de sa dignité en échange de son adhésion à la démocratie est donc le pacte originel de la démocratie.

Il était sous-tendu dès la fondation de la première démocratie mais n’était pas alors reconnu comme cette pierre angulaire sans laquelle tout l’édifice démocratique s’effondre.

La dignité impose évidemment d’autres conséquences dont celle que les valeurs humanistes ne soient pas seulement des références mais bien des impératifs qui doivent guider l’action de la société.

Pas de liberté, d’égalité, de respect de l’individualité et de protection de la minorité virtuelles mais effectives, réelles, c’est-à-dire une recherche constante de leur application.

Ceux qui pensent que cette dignité est abusive parce qu’elle met l’individu sur un piédestal face à la société, donc à la communauté, ont tort.

Parce que si cette dignité est reconnue à tous sans exception, pour mériter sa protection par la société, l’individu doit accepter celle de l’autre donc agir en citoyen responsable, donc reconnaitre la communauté dans laquelle il vit, ses métavaleurs et la nécessité du partage avec les autres membres de celle-ci.

Un lien social basé sur la dignité de l’individu est bien plus solide, bien plus légitime que tout autre principe d’autant que le respect de l’autre ne peut être, c’est une évidence, que symétrique et transitif.

Pour répondre à la critique sur ce changement du paradigme de sa légitimité, il est évident que la démocratie nécessite le droit de vote du citoyen pour exister, donc de la volonté populaire.

Mais ce droit et cette volonté inaliénables ne doivent pas pouvoir se remettre eux-mêmes en question, surtout de pouvoir supprimer la liberté et, encore moins, la dignité de chaque individu.

C’est en cela que l’on ne peut priver l’humain de sa dignité en démocratie parce qu’elle conditionne la liberté qui conditionne le droit de vote, qu’elle conditionne tout l’édifice démocratique.

 

Alexandre Vatimbella