mardi 20 septembre 2016

Mes ancêtres ne sont pas que Gaulois et j'en suis fier!

Tout au long de son histoire, notre pays a été un creuset pour l’immigration et a accueilli des gens avec de drôles de nom comme Vatimbella.
Mes origines, j’en suis fier.
Mon frère et moi avons été les premiers Vatimbella a être Français et j’en suis fier.
J’ai un nom italien et je suis fier de l’avoir.
Je suis né Français et Grec et j’en suis fier.
Mon arrière grand-père est né sur l’île de Paros, mon grand-père à Istanbul, mon père à Alexandrie, moi-même à Monaco, mes enfants à Paris et ma petite-fille en Côte d’Ivoire.
Et j’en suis fier.
Je suis fier qu’un de mes petits-enfants ait du sang congolais
Je suis fier que ma mère vienne d’une famille établie depuis des siècles en Picardie et qu’un de ses ancêtres ait été anobli par Henri IV pour service rendu à la France.
Je suis fier que mon père descende de deux familles grecques originaires l’une de Venise, du côté de son père, et l’autre de Sicile, du côté de sa mère, et que l’un de mes grands-oncles ait été anobli par le Tsar pour service rendu à la Russie.
Parlant de cette dernière, je suis fier que coule dans les veines de certains de mes enfants, du sang russe et qu’un de leurs aïeuls fut un héros de guerre de cette grande nation.
Et je suis fier que mes enfants soient fiers de leurs origines.
Je suis fier que mon grand-père, soldat français, ait été blessé à la bataille de la Somme pendant la guerre 14-18.
Je suis fier que mon père, soldat du contingent grec dans l’armée britannique, ait participé à la bataille d’El Alamein.
Je suis fier que mon oncle, pilote de chasse grec, ait été tué par les armées nazies au-dessus de la Crète, dans son chasseur Spitfire.
Je suis fier que mon arrière-arrière-grand-père ait été pendu aux côtés du patriarche grec de Constantinople en 1821 parce qu’il luttait pour la liberté de son peuple.
Je suis fier que mon père, fier de son pays la Grèce pour lequel il participa aux Jeux Olympiques, parlait mieux français qu’un Français et qu’il nous parlait souvent de l’étymologie grecques des mots français.
Je suis fier d’être l’héritier des cultures italienne, grecque et française, les trois principales de l’Europe.
L’important, pour moi, est qui si la France, ce pays qui est le mien et où j’habite, est demain en danger, c’est que je me lèverai pour le défendre.
L’important, pour moi, est que j’aime son histoire, sa culture et ce qu’il est.
L’important est que je défendrai la liberté, l’égalité et la fraternité, les mots les plus forts pour définir la France qui est d’abord une idée comme les Etats-Unis et c’est pour cela que ces deux grandes nations guident le monde libre et que les ennemis de la démocratie et de la république les haïssent tant.
L’important est que mes enfants et mes petits-enfants vivent dans un pays comme celui-ci, soient des Français et continuent à se lever contre l’intolérance venue de l’extérieur mais aussi de l’intérieur.
Et si je suis aussi fier d’être Français, c’est en grande partie parce que je suis fier de toutes mes racines ainsi que de ma diversité et que la France m’ait accepté comme je suis avec mes ancêtres qui, comme moi, sont, tous, citoyens du monde.

Alexandre Vatimbella


dimanche 11 septembre 2016

Oui, certains fans de Trump sont «déplorables»

Alors que l’on commémore le quinzième anniversaire du 11 septembre 2001 qui détruisit les deux tours du World trade center à New York et fit près de 3.000 morts (en comptant l’attentat contre le Pentagone à Washington et le crash de l’avion détourné qui se dirigeait vers la Maison blanche ou le Congrès), la campagne électorale continue à battre son plein aux Etats-Unis.
Lors d’un discours devant la communauté LGBT, Hillary Clinton a ainsi affirmé que la moitié des fans présents lors des meetings de Donald Trump étaient des gens «déplorables» parce qu’ils sont «racistes, sexistes, homophobes, xénophobes, islamophobes».
Devant les réactions de certains médias, le lendemain, la centriste s’est excusée d’avoir fait cette déclaration.
Pourtant, elle n’aurait pas du faire ces excuses: elle disait vrai.
Comme tout ceux qui, depuis un an, suivent la campagne de Trump, le savent en écoutant ceux qui se rendent à ses réunions électorales, non seulement, elle n’avait pas tort mais elle était sans doute en-dessous de la réalité, à la fois, quantitativement et qualitativement…
Et, afin de se battre efficacement contre cette haine qui envahit de plus en plus la politique américaine mais aussi celle des démocraties républicaines occidentales, il faut bien appeler un chat, un chat, un raciste, un raciste, un sexiste, un sexiste, une fripouille «déplorable», une fripouille «déplorable»!
Car, dans les meetings de Trump, cette foule souvent fanatisée se met à crier des propos détestables tels qu’il faut emprisonner Clinton voire la tuer.
Il suffit d’interviewer quelques uns de ses représentants pour les entendre affirmer sans le moindre complexe que tout ce que dit Trump est vrai, donc que les Mexicains sont des violeurs, qu’Obama n’est pas un vrai Américain et qu’il n’aurait jamais du être président des Etats-Unis, que les journalistes sont des menteurs, que les héros de guerre n’ont pas plus de courage que lui, etc.
Reste que les fans de Trump sont loin d’être les seuls personnes «déplorables» soutenant des politiciens populistes et démagogues.
Il y a ceux de Marine Le Pen en France, ceux de Nigel Farage au Royaume Uni, ceux de Frauke Petry en Allemagne, ceux de Viktor Orban en Hongrie et bien d’autres encore, malheureusement.
Tous ces gens qui sont souvent «racistes, sexistes, homophobes, xénophobes, islamophobes».
Mais, chut! Il ne faut pas le dire.
Du coup, le fameux politiquement correct dénoncé sans cesse par les extrémistes de tout bord, notamment ceux de la droite extrême et radicale – et par les soutiens de Trump dès l’entame des primaires républicaines –, devrait donc fonctionner pour empêcher d’«insulter» (c’est-à-dire, en réalité, de dénoncer) ces personnages «déplorables» aux propos inqualifiables mais surtout pas en sens inverse où ces mêmes personnages «déplorables» pourraient, eux, s’en donner à cœur joie dans leurs débordements.
Pire, les dénoncer seraient être sur le même plan qu’eux selon certains commentateurs qui mélangent tout et son contraire et n’ont manifestement pas compris grand chose.
On croit rêver devant ce terrorisme «intellectuel» qui assimile ceux qui transgressent par l’insulte et le mensonge et ceux qui les dénoncent qui, en plus, se retrouvent anathématiser et stigmatiser pour simplement dire ce qui est.
Des personnes «déplorables» qui seraient donc des victimes quand on les appelle par leur nom…
Certains journalistes américains avaient déjà dénoncé ce faux parallèle entre les attaques ordurières du clan Trump et la dénonciation de ceux-ci par l’équipe de Clinton.
Ils ont raison et font leur métier.
D’autres ont également rejeté l’affirmation selon laquelle les propos de Clinton sont des insultes puisqu’ils s’appuient sur la réalité.
Ils ont raison et font leur métier.
Quant au personnel politique, il faut qu’il apprenne, une bonne fois pour toute, que tout électeur potentiel n’est pas une personne digne d’intérêt et que l’on trouve des crapules chez ceux qui ont le droite de vote.
Et, ici, parce que l’on défend la démocratie républicaine et les valeurs humanistes, on le répètera tant qu’il faudra, tant que ce sera vrai.

Alexandre Vatimbella



mardi 6 septembre 2016

Les rêves américains opposés de Clinton et Trump

Contrairement à ce que l’on pense, il n’existe pas «un rêve américain» unique qui serait, à la fois, défini exactement et qui serait commun à tous les Américains.
Le Rêve américain est multiple, on peut même dire que chaque Américain a son propre rêve (et que beaucoup de personnes, à travers le monde ont leur «rêve américain»).
Sur l’échiquier politique, le rêve se décline également par rapport aux convictions de chaque idéologie.
Néanmoins, on peut en catégoriser quatre prédominants correspondant aux quatre idéologies qui dominent la vie politique du pays.
D’ailleurs, à l’occasion de cette présidentielle, ces dernières se sont affrontées lors des primaires avec les quatre candidats principaux, Donald Trump (populiste démagogue de droite) et Ted Cruz (extrémiste de droite) du côté républicain, Hillary Clinton (centriste) et Bernie Sanders (populiste démagogue de gauche) du côté démocrate.
Pour schématiser, on peut les caractériser comme suit:
- Le rêve de Trump est celui de la réussite personnelle et de l’individu égoïste;
- Le rêve de Cruz est celui d’une nation fondée sur les valeurs chrétiennes conservatrices;
- Le rêve de Clinton est celui d’un pays des opportunités et de la solidarité;
- Le rêve de Sanders est celui de l’égalitarisme.
Le rêve de Trump l’a emporté chez les républicains et celui de Clinton chez les démocrates.
D’une certaine manière, c’est dans la normalité puisque les rêves proposés par les deux candidats en lice pour l’élection du 8 novembre prévalent dans la société américaine depuis la fondation de la nation (encore que celui de Trump soit une version extrémiste de la réussite personnelle et du rejet de l’autre) même si les rêves proposés par Cruz et Sanders ont toujours existé mais le plus souvent en retrait par rapport à ceux-ci.
Pour autant, est-ce que la question des rêves sera aussi prégnante lors de cette élection qu’elle l’a été lors ces précédentes, notamment en 2008 et 2012 lors des victoires de Barack Obama?
Il semble, pour l’instant, que la focalisation sur les personnalités des deux finalistes, surtout sur la capacité de Trump à occuper le fauteuil du bureau ovale de la Maison blanche, l’emportent sur la vision du Rêve américain comme élément déterminant.
Néanmoins, elle sera un élément important car ce sont bien deux manières de voir les Etats-Unis qui s’opposent même si du côté républicain il s’agit avec Trump d’un dévoiement certain, du rêve que le parti de Lincoln et de Theodore Roosevelt ont défendu et promu (même si, à leurs époques respectives, le concept n’était pas encore défini sous cette appellation).

Ce qu’est le Rêve américain
Le Rêve américain demeure le concept le plus emblématique de ce que recouvrent les Etats-Unis à la fois comme pays, comme nation et comme idéal.
Des premiers pèlerins qui accostèrent sur les côtes du Massachussetts au XVII° siècle aux illégaux sud-américains qui traversent quotidiennement la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis en passant par tous les Européens qui débarquèrent à Ellis Island, tous ceux qui ont décidé un jour de partir pour cette terre promise moderne le recherchaient.
Comme cela reste le cas de tous les Américains d’aujourd’hui, descendants des uns et des autres.
On peut le qualifier lapidairement par la formule «avoir une vie meilleure».
C’est à la fois concis et précis mais ne donne aucunement la dimension multiple qu’il a toujours eue.
On peut même affirmer que chacun des Américains, plus, chacun de nous, habitants de la planète, a son propre «rêve américain».
Ce qui fait qu’il est «américain» depuis plus de deux siècles, vient de cette croyance qu’il est possible de le réaliser aux Etats-Unis et pas ailleurs, ce pays où même la Constitution reconnaît à tout citoyen le droit à «la poursuite du bonheur».
Jusqu’il y a quelques années, il pouvait se décliner en deux grandes réussites sociales.
D’un côté, il y avait ceux qui parvenaient à faire partie de la classe moyenne en acquérant une certaine aisance et dont les enfants se voyaient offrir les opportunités leur permettant d’avoir une vie encore meilleure que celle de leurs parents.
De l’autre, il y avait ceux qui, grâce à leur talent et leur travail, parvenaient en haut de l’échelle sociale, parfois en étant partis de rien, possédant des fortunes qui se comptaient en millions voire en milliards de dollars.
Bon an mal an, elles coexistaient grâce à une croissance soutenue mais également par une sorte de consensus bipartisan entre les démocrates et les républicains.
Ce n’est plus le cas aujourd’hui où la polarisation idéologique des deux grands partis – en particulier la volonté du Parti républicain de se forger une identité plus radicale -, a remis en cause ce consensus.
Les démocrates sont devenus avant tout les défenseurs de la première réussite alors que les républicains le sont de la deuxième.
De même, la réalisation de ces deux rêves en parallèle semble actuellement bien difficile alors que l’économie, sortie il n’y a pas si longtemps de ce que les Américains appellent la «Grande Récession», demeure encore incapable d’une croissance assez forte pour la réalisation pour tous de leurs rêves sans oublier, évidemment, le creusement des inégalités entre les ultra-riches et les basses classes moyennes, sans parler évidemment des pauvres.

Une expression assez récente et discutée
Le concept de «rêve américain» ne se retrouve écrit noir sur blanc nulle part avant le milieu du XX° siècle.
Rien dans la Déclaration d’indépendance, rien dans la Constitution, rien dans les écrits des Pères fondateurs ou dans les discours des grands Présidents comme Washington, Lincoln ou Theodore Roosevelt.
L’expression va être utilisée la première fois en 1931 par un historien, James Adams Truslow, dans son livre «L’épopée de l’Amérique» («The Epic of America»).
Détail amusant, Truslow souhaitait appeler son livre «Le Rêve Américain» mais son éditeur refusa en lui expliquant que ce n’était pas un titre très vendeur et surtout que l’expression était beaucoup trop vague…
Toujours est-il que l’historien le définit comme suit: «Le Rêve américain est ce rêve d’une terre dans laquelle l’existence serait meilleure, plus riche et remplie pour tout le monde, avec l’opportunité pour chacun d’y parvenir grâce à ses capacités ou ce qu’il a accompli. C’est un rêve difficile à réellement conceptualiser pour les classes supérieures européennes, mais également pour beaucoup d’entre nous qui sommes de plus en plus lassés et méfiants à son encontre. Il ne s’agit pas simplement d’un rêve d’automobiles ou de hauts salaires, mais c’est un rêve d’un ordre social qui permettra à chaque homme et à chaque femme de parvenir à ce qu’ils sont capables d’atteindre naturellement et à être reconnus par les autres pour ce qu’ils sont, indépendamment des circonstances fortuites de leur naissance ou de leur statut».
Si l’on est étonné par un certain pessimisme qui perce dans ce texte, n’oublions pas que James Adams Truslow définit le Rêve américain au moment où la Grande Dépression des années 1930 frappe le pays.
C’est pourquoi il tente de revitaliser l’espoir des Américains d’avoir une vie meilleure mais aussi c’est la raison pour laquelle il parle de lassitude et de méfiance vis-à-vis de cet espoir au moment où le chômage et la pauvreté font un retour fracassant et font douter beaucoup de ses compatriotes sur la capacité des Etats-Unis à repartir de l’avant.
Cette définition est la première mais est loin d’être la seule.
Toute une littérature s’est développée depuis avec, à chaque fois, des définitions propres, certaines étant même extrêmement détaillées et il faudrait un bon gros livre pour les compiler.
Pour autant, elles demeurent toutes centrées autour de cette vie meilleure.
Evidemment, le Rêve américain a également beaucoup de détracteurs qui affirment qu’il s’agit plutôt d’un cauchemar, jusqu’à ceux qui dénient sa réalité tout court.
Citons ainsi, le bon mot de l’humoriste George Carlin, «Ils appellent ça le Rêve américain parce que vous devez être endormis pour y croire».
William Burroughs, figure de la Beat generation, disait «merci au Rêve américain pour vulgariser et falsifier jusqu’à ce que les mensonges nus ne brillent».
Quand à l’écrivain britannique J. G. Ballard, il estimait que «le Rêve américain est tombé en panne. La voiture s’est arrêtée. Elle ne fournit plus au monde ses images, ses rêves et ses phantasmes. Fini. Elle fournit au monde ses cauchemars désormais».
On peut en conclure, comme l’historien Jim Cullen, que, «le Rêve américain n’aurait pas cette importance aussi forte ou mystique s’il était une évidente tromperie ou un principe démontrable scientifiquement. L’ambigüité est à la source même de son pouvoir mythique, surtout pour ceux qui le poursuivent, mais qui ne sont pas sûrs d’atteindre leurs buts».

Le rêve démocrate versus le rêve républicain
Si l’on voulait grossir les traits de l’opposition entre républicains et démocrates sur le Rêve américain, on pourrait dire que c’est le Tea Party contre Occupy Wall Street, ces deux mouvements extrémistes, le premier de droite et vaguement libertarien, le deuxième de gauche et teinté d’anarchisme libertaire, qui ont vu le jour durant la première présidence d’Obama.
Les divisions sur le Rêve américain se sont beaucoup radicalisées depuis l’an 2000 et l’arrivée à la Maison blanche de George W Bush.
L’affirmation de Barack Obama comme quoi «nous pouvons venir de différents endroits et avoir des histoires différentes, mais nous partageons des espoirs communs et un seul Rêve américain» semble plus s’appuyer sur une fiction que sur la réalité.
Pour les démocrates et les progressistes, le Rêve américain est celui qui permet à chacun de vivre une vie décente, de pouvoir faire vivre sa famille sans l’angoisse du lendemain et d’espérer que ses enfants, grâce à son travail et à l’éducation qu’ils reçoivent, pourront s’élever socialement et avoir un meilleur avenir que celui de leurs parents et que les enfants de leurs enfants aient, à leur tour également la même opportunité.
Dans ce cadre, le gouvernement a un rôle actif à jouer pour offrir cette opportunité à tous.
Pour les républicains et les conservateurs, le Rêve américain est celui qui offre l’opportunité, à celui qui en a les capacités et l’envie, de s’élever socialement sans entrave, sans rien devoir à personne, surtout pas au gouvernement qui ne doit pas intervenir en la matière, et qui a le droit, une fois fortune faite, de jouir de tout ce qu’il a récolté grâce à son travail.
Ces deux versions du Rêve américain peuvent très bien cohabiter en période d’abondance et de forte croissance comme ce fut le cas, par exemple, de la fin de la Deuxième guerre mondiale jusqu’au début dans années 1970.
Le prix Nobel d’économie, Paul Krugman, ardent défenseur du keynésianisme et éditorialiste à succès au New York Times, s’en rappelle avec nostalgie dans son ouvrage, paru en 2007, l’«Amérique que nous voulons» («The Conscience of a Liberal»).
En revanche, lorsque le pays se trouve dans une situation économique plus délicate, comme aujourd’hui, les deux rêves ne sont plus complémentaires, ils se confrontent.
C’est, soit l’un, soit l’autre.
Ou, en tout cas, c’est ce que prétendent les démocrates et les républicains.
L’antagonisme sur le Rêve américain entre les deux grands partis est une des expressions les plus vives de leurs oppositions idéologiques de plus en plus exacerbées.
Chacun des deux dénoncent dans le rêve de l’autre une perversion du «vrai» rêve qui est, bien évidemment, celui qu’il promeut.
Le Rêve américain ne serait donc plus cette vision collective qui guiderait la nation mais un enjeu idéologique et politique.
C’est la vision même de la fonction de la communauté américaine qui est en jeu. Pour les démocrates, ceux qui ont doivent aider ceux qui n’ont pas.
Pour les républicains, ceux qui ont n’ont aucune obligation en la matière autre que morale et, en ce qui concerne ceux qui n’ont pas, ils les voient plutôt comme «ceux qui n’ont pas encore»…
Du coup, ce n’est pas en leur donnant des aides, ces fameux «entitlements» («droit à») qu’ils s’en sortiront mais en leur donnant la même chance d’y parvenir («equality of opportunity») que les autres, rien de plus.


Alexandre Vatimbella


vendredi 2 septembre 2016

Trump-Le Pen: La démocratie républicaine en danger

Quand je dis que Donald Trump et Marine Le Pen sont des dangers pour la démocratie républicaine, ce n’est ni de la rhétorique électorale, ni de l’alarmisme médiatique.
Les récents propos de la présidente du Front national sur le promoteur newyorkais lors d’une interview sur CNN montre bien à quel point leurs cibles prioritaires sont les candidats républicains, ceux qui se battent pour la démocratie et refusent la haine et l’intolérance que ces deux populistes démagogues aux idées détestables véhiculent.
Se battre pour éviter que Donald Trump soit le prochain président des Etats-Unis, c’est aussi se battre pour que Marine Le Pen soit la prochaine hôte de l’Elysée.
Les deux combats sont essentiels parce que les Etats-Unis et la France sont les deux phares de la démocratie républicaine dans le monde depuis leurs révolutions respectives.
Une victoire de ces deux personnages seraient une catastrophe.
Si les sondages nous disent qu’ils ont peu de chance d’y parvenir, «peu» ne veut pas dire «aucune» et c’est tout le problème.
Car nous avons beau être ahuri en France de voir que Trump n’est distancé que de quelques points dans les sondages par Hillary Clinton, nous ne nous rendons pas très bien compte de ce que cela veut dire que depuis deux ans le deuxième tour de la présidentielle a une seule constance, la présence de Marine Le Pen et qu’elle est créditée d’environ 40% des voix…
Beaucoup d’Américains regardent la France avec effroi quand ils écoutent les propos de Le Pen et voit qu’elle séduit quatre électeurs sur dix.
Beaucoup de Français ont la même attitude quand ils écoutent la logorrhée trumpienne et constatent qu’il est toujours en course pour la Maison blanche.
Mais au lieu d’y voir la similitude d’un même rejet de la démocratie républicaine, les Français voient en Trump un phénomène uniquement étasunien et les Américains voient en Le Pen une particularité bien française.
Quelle erreur porteuse de terribles lendemains que de se croire à l’abri de ce populisme démagogique qui fait déjà tant de mal dans quelques pays autour de la planète de la Russie (Poutine) à la Grèce (Tsipras), de la Hongrie (Orban) aux Philippines (Duterte).
Ce qui est commun à l’ascension de tous ces populistes démagogues est, entre autres l’irresponsabilité du monde politique à leur égard et leur utilisation des médias qui ont été essentiels pour relayer leur propagande nauséabonde.
Ce que l’on voit aux Etats-Unis actuellement, où l’ensemble des médias est constamment manipulée par Trump risque de se voir dans les mois qui viennent en France.
Or, la liberté de parole, de pensée et de la presse ne veut pas dire qu’un discours en égale un autre.
Il faut espérer que les médias français ne tomberont pas dans le piège qui est de tenter systématiquement de faire des parallèles entre les candidats.
L’exemple le plus frappant étant que les mensonges et les insultes de Trump sont mis sur le même plan que les réponses de Clinton à ceux-ci ainsi que son rappel de faits indiscutables.
De nombreux observateurs et journalistes américains ont dénoncé ce procédé indigne qui n’est absolument pas la présentation honnête, indépendante et équilibrée de la situation mais la volonté de faire de la campagne présidentielle une arène médiatique aux taux d’audience record.
Nous verrons si les médias français y résisteront.
Non pas parce qu’ils devraient prendre partie mais tout simplement parce qu’ils doivent défendre la démocratie républicaine, celle qui assure leur liberté et leur droit d’exister dans la diversité.
Car, nous, les centristes et autres défenseurs intransigeants de la démocratie républicaine, nous savons bien que celle-ci n’est pas un système politique comme un autre mais est bien le seul qui assure la liberté, l’égalité et la fraternité, qu’il est le seul qui défend les valeurs humanistes.
C’est, comme le disent de nombreux philosophes et penseurs, «le» système du vivre ensemble, celui qui permet à chacun de vivre dans la dignité et dans le respect.
Le but n’est donc pas de le détruire mais de leur faire fonctionner correctement.
D’abord en évitant que des populistes démagogues s’emparent du pouvoir et le détruisent de l’intérieur.
Ce serait oublier que beaucoup de dictateurs sont sortis des urnes parce qu’on n’avait pas pris leur menace assez au sérieux.

Alexandre Vatimbella


samedi 30 juillet 2016

La question n’est pas d’aimer ou non Hillary Clinton

Les conventions des deux grands partis américains viennent de se dérouler, l’une après l’autre.
Elles ont intronisé leurs candidats qui avaient remporté sans contestation possible leurs primaires, Donald Trump du côté républicain à Cleveland, Hillary Clinton du côté démocrate à Philadelphie.
La bataille électorale mettra donc aux prises un populiste démagogue soutenu par la droite radicale pour une grande part et une centriste qui a fait alliance avec une grande partie de la gauche démocratique.
Dans un autre temps, on aurait pu dire, «que le meilleur gagne».
Mais nous ne sommes pas face à n’importe quelle élection.
Nous sommes dans le cas de figure, sondages à l’appui, où les Etats-Unis pourraient avoir à leur tête, le 8 novembre prochain, un des pires hommes politiques de ce XXI° siècle, Donald Trump.
Ceux qui le comparent avec l’acteur de série B Ronald Reagan devenu président avec un discours parfois populiste se trompent.
Reagan était un danger potentiel par certaines de ses prises de position mais il n’était pas, comme Trump, un homme inculte, un homme ignare des problèmes de son pays et de la situation du monde, un homme qui ment, un homme qui triche, un homme prêt à s’allier avec les pires ennemis de son pays pour l’emporter, un homme qui ne défendrait pas ses alliés s’ils étaient attaqués, un homme qui se dit prêt à aller frapper ses adversaires politiques, un homme qui insulte la terre entière – opposants, étrangers, femmes, minorités ethniques, etc. – sauf lui-même, un homme qui voit son pays comme une grande scène médiatique pour se vendre et vendre ses produits avant de penser à le gouverner pour le bien de tous, un homme imprévisible qui aura la force nucléaire la plus destructrice et l’armée la plus forte du monde.
Et l’on pourrait continuer cette liste effrayante où l’on doit ajouter tout ce que l’Amérique possède comme personnages douteux, haineux et arrivistes que Trump charrie avec lui, comme les politiciens Newt Gingrich, Chris Christie, Rudolph Giuliani et d’autres, comme ces supporters qui, tous les jours devant les caméras des chaînes d’information en continu, veulent mettre Clinton en prison, voire la tuer, qui se proposent d’en découdre violemment avec tous ceux qui ne vénèrent pas leur chef et souhaitent expulser tous les latinos du pays ainsi que tous les musulmans.
Car Trump a réussi à réveiller les plus bas instincts d’une partie de la population, il a libéré la parole de tous ces gens irrespectueux et hargneux qui n’attendent qu’un signal pour s’en prendre à tous les boucs émissaires qu’on leur présente.
Quand Reagan voyait l’Amérique en rose, Trump la voit du noir de la haine et de l’intolérance.
Sans oublier que Reagan était devenu un politique de longue date et avait dirigé le plus grand Etat des Etats-Unis, la Californie, il connaissait le boulot avant de rejoindre Washington alors que Trump n’a jamais rien fait en la matière.
Enfin, Reagan était beaucoup plus pragmatique que certains le craignaient alors.
Ce qui est en jeu avec la possible victoire du promoteur newyorkais, c’est l’avenir de la démocratie aux Etats-Unis mais aussi dans le monde, c’est la paix et ce sont les valeurs humanistes.
Ce n’est évidemment pas écrit d’avance mais c’est un risque bien réel qui existe et qu’il ne faut pas prendre.
C’est la raison pour laquelle, la question primordiale lors de cette élection n’est pas d’aimer ou non Hillary Clinton, c’est d’empêcher absolument l’arrivée au pouvoir de Donald Trump.
Bien sûr, Hillary Clinton est compétente, présente un programme qui tient la route, possède l’expérience pour être la première présidente des Etats-Unis et elle a raison de déclarer qu’elle pense d’abord à l’avenir de son pays qu’elle voit radieux pendant que Trump ne rêve que d’un retour en arrière où les «blancs» régnaient littéralement en maître, en dépeignant les Etats-Unis actuels, première puissance de la planète faut-il le rappeler, comme l’endroit… le plus horrible sur terre!
Cependant, l’enjeu du 8 novembre, malheureusement, dépasse les simples oppositions partisanes dans une démocratie comme ce fut le cas lors des élections précédentes.
Ici, c’est le «tout sauf Trump» qui est l’impératif catégorique.
Et, bien entendu, cela implique pour les Américains de voter pour Hillary Clinton, qu’ils soient démocrates, républicains, independents, libertariens ou écologistes, qu’ils soient de droite, de gauche ou du Centre, voire «ailleurs».
Oui, la question pour tout défenseur intransigeant et responsable de la démocratie républicaine et de ses valeurs humanistes, n’est pas d’aimer ou non Hillary Clinton, c’est de faire barrage à Donald Trump.

Alexandre Vatimbella


jeudi 21 juillet 2016

Face aux Trump, Poutine et Daech, l’évidente urgence d’Europe

Que l’on comprenne bien, l’union de l’Europe n’est pas un souhait, un espoir, une utopie.
C’est une nécessité absolue.
C’est une évidente urgence.
Devant les menaces qui pèsent sur le vieux continent et la trahison de la Grande Bretagne, les Européens, pour sauver ce qu’ils sont et ce qu’ils ont bâti en plus de trois millénaires, doivent construire leur futur ensemble… ou disparaître.
Quand on voit la politique impérialiste russe de Poutine avec, notamment, ses visées sur des pays satellisés autrefois par l’Union soviétique, continuant en cela les entreprises tsaristes, c’est une évidence.
Quand on voit les crimes de Daech et du terrorisme islamique avec leur volonté de détruire l’Europe et ses valeurs, c’est une évidence.
Quand on voit qu’une partie du peuple américain soutien le dangereux populiste Donald Trump qui vient de dire que, s’il est élu, son pays ne soutiendra pas systématiquement ses alliés de l’OTAN devant une agression extérieure et qui veut tourner le dos à la mondialisation, le tout dans un double mouvement d’isolationnisme politique et de protectionnisme économique, c’est une évidence.
Mais c’est aussi une évidence quand on voit la montée en puissance de l’armée chinoise et des revendications de Pékin en matière territoriale.
C’est aussi une évidence quand on voit l’instabilité chez tous les voisins de l’Europe, à commencer par la Turquie.
C’est aussi une évidence quand on voit la montée en puissance des populismes démagogiques dans la plupart des pays européens.
C’est encore une évidence quand il faut trouver des solutions urgentes et humanistes aux problèmes de l’immigration.
C’est toujours une évidence quand il faut se mobiliser pour notre environnement et maîtriser le réchauffement climatique.
Oui, il faut que tous les Européens qui veulent passer à la vitesse supérieure se réunissent le plus rapidement possible pour renforcer l’union économique et financière, pour créer une véritable union politique, pour mettre sur pied une indispensable armée mais également une police.
Tout cela pour recréer de la croissance économique, pour approfondir la démocratie républicaine, pour assurer la sécurité et pour, in fine, un vivre mieux de chaque Européen.
Tout cela pour permettre aux peuples d’avoir l’espoir des lendemains meilleurs et de sentir cette énergie d’un avenir commun où l’impossible d’hier devient le possible de d’aujourd’hui.
Mais, surtout, parce que, pour en revenir au début, c’est une nécessité absolue.
Et que l’on soit bien conscient que demain, ce sera trop tard.
Le XXI° siècle n’attendra pas l’Europe.
A elle de ne pas le manquer.

Alexandre Vatimbella



vendredi 15 juillet 2016

Nice: la fête de la liberté ensanglantée

Après New York, Paris, Bruxelles, voici Nice avec son camion fou et ses 84 morts dont de nombreux enfants un jour de fête nationale, un 14 juillet, le jour de fête de la liberté, cette liberté honnit par les islamistes et pour laquelle nous nous sommes tant battus.
Il est bon ton dans certains milieux et certains salons d’expliquer, de comprendre, voire de compatir, aux terroristes islamistes – en particulier ceux qui sont nés ou qui vivent dans nos pays – qui ont choisi la violence et de tuer des innocents parce que l’Occident, l’Europe, la France, la démocratie, la république et que sais-je encore, la vie tout court, ont été durs avec eux, les reléguant dans des banlieues-ghettos, ne leur offrant aucun avenir, refusant de les intégrer, etc.
Admettons un instant que tout cela soit vrai et constitue l’essentiel de la radicalisation de ces hommes et de ces femmes ainsi que de leur passage à l’acte.
Au cours de trois dernières années, mais on pourrait remonter encore plus loin, combien d’attentats de tueries ignobles n’ont pas été le fait d’islamistes ou de personnes s’y référant?
Et où ont-ils frappés ces combattants soit disant anti-impérialistes et anticolonialistes comme les considèrent ces donneurs de leçons dont je parlais plus haut?
En France, en Belgique, en Russie mais aussi aux Etats-Unis, au Canada mais aussi en Côte d’Ivoire, au Kenya, au Nigéria, au Mali, au Burkina Faso mais aussi aux Philippines, en Indonésie mais aussi au Pakistan, en Inde, en Afghanistan mais aussi en Irak, en Syrie, au Yémen, en Turquie, en Egypte, en Libye ou même en Arabie Saoudite, le pays qui est un de leur principal bailleur de fonds.
Voilà une liste de pays – malheureusement non-limitative – où les terroristes ont frappé.
Dont une majorité qui ne sont pas occidentaux ou européens et qui ne sont pas des démocraties.
Et la majorité des morts qu’ils ont causés ne sont pas des occidentaux.
Parce que l’Islam n’est pas le véhicule pour se venger de la soi-disant méchanceté l’Occident, même si il est utilisé comme tel par certaines racailles trop heureuses de trouver un motif pour assassiner le plus de monde possible, c’est une religion qui prétend à l’hégémonie et condamne toutes les autres et, bien sûr, les athées et les agnostiques.
Et oui, il existe une lecture pacifique du Coran mais elle n’est pas du tout universellement reconnue dans le monde musulman, loin de là.
Et oui, aussi, l’islam radical, ce sont tous ces pauvres bougres enrôlés de force par Isis, Al Qaida, Boko Haram, les Talibans, Morabitoun et autres organisations qui ont promu le meurtre en action politique quotidienne et qui sont souvent obligés d’être des tueurs et des kamikazes.
Les jeunes filles enlevées par Boko Haram dans les pays africains où le groupe sévit – dont certaines n’ont pas plus de dix ans – sont envoyées de force avec des bombes reliées à des minuteries sur les marchés et dans les rues quand elles ne préfèrent pas être volontaires pour échapper à leurs tortionnaires et à l’horreur de leur existence quotidienne en espérant que quelqu’un sera capable de désamorcer la bombe qu’elles portent.
Quant à l’assassin de Nice qui a foncé avec son camion, nous ne savons pas encore et nous ne saurons peut-être jamais s’il s’était radicalisé.
Il se peut très bien qu’il se soit décidé sans en parler avec personne et sans rien mettre sur des réseaux sociaux.
C’est pour cela que les attaques de la Droite et de l’extrême-droite vis-à-vis du gouvernement et de son soi-disant laxisme dans cette affaire sont indécentes en l’état actuel de l’enquête.
Comment pourrait-on trouver quelqu’un qui n’a aucun lien avec les organisations terroristes?!
Néanmoins, il n’est pas besoin de chercher un lien explicite entre son geste et l’appel au djihad.
Il suffit de penser que, quels qu’aient été ses problèmes de couple, de travail, de relation avec la société ou même mentaux, il savait, de par les médias et la propagande des terroristes islamiques que l’on pouvait, avec la bénédiction d’une religion, fut-ce d’une de ses interprétations discutable, écraser des centaines de personnes.
Voilà qui lui a suffi pour passer à l’acte car il serait tout aussi incompréhensible d’affirmer que tout individu violent, dépressif, voire désespéré, va prendre le volant d’un camion pour foncer sur une foule afin de tuer des dizaines de gens qui ne lui ont rien fait…
Et nier cet état de fait fera en sorte de ne rien régler et que, dans le futur, nombre d’individus qui n’auront aucun lien visible avec les groupes terroristes ou avec leur idéologies meurtrières, passent de plus en plus à l’acte.
Alors, au nom de l’humanisme, au nom de la liberté, au nom du respect, au nom de la défense de ce que nous sommes et de ce que nous voulons être, nous avons le droit de demander des comptes à l’Islam, à une religion qui, par son livre saint, le Coran, encourage ses fidèles à faire «la guerre à ceux qui ne croient point en Dieu ni au jour dernier, qui ne regardent point comme défendu ce que Dieu et son apôtre ont défendu, et à ceux d’entre les hommes des Ecritures qui ne professent pas la vraie religion», c’est-à-dire à tous ceux qui ne sont pas musulmans.
Oui, il est légitime de lui demander s’il est compatible avec la démocratie républicaine.
Existe-t-il un exemple?

Alexandre Vatimbella



mardi 28 juin 2016

La Grande-Bretagne dehors, la purge nécessaire de l’Europe commence

Ceux qui, comme tous les centristes, croient en une Europe unie qui doit emprunter le chemin d’une construction fédérale ne peuvent qu’être satisfaits du vote des britanniques qui ont décidé de quitter l’Union européenne, eux qui bloquent toute avancée de cette dernière depuis des décennies.
Mais, pour cela, il faut que dès maintenant, immédiatement, une refondation de cette Union européenne se mette en place sinon elle court le risque de disparaitre beaucoup plus rapidement qu’on ne le pense.
Et ce serait une catastrophe ce que n’est pas le brexit.
Bien sûr, si l’on est pour le rapprochement des peuples, on peut être également triste d’en voir un décider la désunion plutôt qu’un futur en commun pour la paix, la prospérité et pour continuer à faire du vieux continent une grande puissance.
Bien sûr, il y a des inquiétudes sur ce qui va se passer et il est sûr que les mouvements extrémistes ainsi que tous les populistes démagogues vont, tels des charognards, demander la mort de l’UE comme l’a déjà fait Marine Le Pen.
Cependant, il faut bien se rappeler que la Grande Bretagne a joué contre l’Europe depuis qu’elle la rejointe, qu’elle a tout fait pour l’affaiblir de l’intérieur, qu’elle a constamment préféré ses intérêts, parfois très petits, très mesquins, à une volonté de construire une puissance indispensable pour les décennies à venir.
N’oublions pas Margaret Thatcher qui a été celle qui a commencé à tuer le rêve européen.
Admettons un instant que la Grande Bretagne ait voté pour son maintien dans l’Union européenne.
A très court terme, nous aurions sans doute poussé un ouf de soulagement.
Juste le temps de s’apercevoir que les Britanniques avaient réussi à faire le casse parfait en faisant chanter l’UE pour y demeurer tout en bénéficiant d’un statut spécial tout à fait exorbitant que tout autre Etat aurait pu réclamer en sa faveur.
De même, la Grande Bretagne aurait continué a freiné la construction européenne, voire l’aurait bloqué allègrement quand elle l’aurait voulu.
Avancer vers une Union européenne renforcée pour le bien de tous les Européens était impossible avec la Grande Bretagne à l’intérieur.
Un petit mot sur la Grande Bretagne qui se prépare des lendemains difficiles sur tous les plans même celui de sa cohésion avec le refus des Ecossais de quitter l’UE mais aussi des Nord-irlandais.
Désormais, tout redevient possible mais, pour cela, il faut que tous les leaders de l’Europe relancent la construction européenne le plus vite possible, c’est-à-dire dès aujourd’hui.
Peut-être que d’autres pays vont prendre l’exemple de la Grande Bretagne pour s’en aller.
Ce serait évidemment dommage mais tant que la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne vont dans le même sens, l’Union européenne demeure une magnifique idée et riches de potentialités qu’il faut évidemment transformer en concret pour les peuples qui la compose.
Oui, la purge était nécessaire mais la refondation, elle, est indispensable.



lundi 20 juin 2016

Le Brexit ou la guerre de sécession européenne

Comme les Etats-Unis d’Amérique, l’Union européenne est d’abord une idée.
Et même si Abraham Lincoln s’est battu pour garder son pays uni et contre l’esclavage, il s’est d’abord battu, comme il l’a dit avec tant de profondeur dans son fameux discours sur le champ de bataille ensanglanté de Gettysburg, pour que vivent l’idée de démocratie républicaine, celle d’un peuple libre, et celle d’«un gouvernement du peuple pour le peuple par le peuple», selon sa fameuse formule.
Car la construction américaine était alors unique dans le monde, ainsi que l’est aujourd’hui la construction européenne.
Tout comme le pose le Brexit pour l’idée européenne, la Guerre de sécession posait la question de la pertinence de l’idée américaine.
De même, une des grandes différences entre Hillary Clinton et Donald Trump pour la présidentielle américaine du 8 novembre est la bataille entre l’idée des Etats-Unis d’Amérique défendue par la centriste et la vision d’un pays fermé sur une interprétation étriquée de l’idée de nation qui fut récupérée au XIX° et au XX° siècles par l’extrême-droite pour exclure et désigner l’autre, celui qui est différent, comme l’ennemi à abattre.
C’est ce qui se passe avec le Brexit et les diatribes des antieuropéens britanniques, il suffit d’écouter le démagogue Boris Johnson, l’ancien maire de Londres, et encore il est un des plus modérés de son camp!
Et il n’est pas étonnant que l’idée des Etats-Unis d’Europe soit avant tout défendue par le Centre comme l’est l’idée des Etats-Unis d’Amérique.
Abraham Lincoln était un centriste, Robert Schuman aussi.
Ce n’est pas un hasard, non plus, que le président des Etats-Unis, Barack Obama, un centriste, est venu dire aux Britanniques qu’il fallait qu’ils votent pour le maintien de leur pays dans l’Europe.
Bien entendu, l’idée doit se concrétiser et les dysfonctionnements de l’Union européenne sont du pain béni pour tous ses adversaires.
Idem aux Etats-Unis où Trump fustige les ratés d’une société ouverte.
Mais l’idée demeure tant ici qu’outre-Atlantique.
D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle les défenseurs de l’Union européenne et d’une intégration plus poussée qui doit conduire vers une fédération sur le modèle des Etats-Unis d’Amérique (avec, évidemment, des spécificités différentes), sont partagés sur la sortie du Royaume Uni.
Car si ce dernier demeure dans l’Union européenne, toute avancée majeure sera sans doute bloquée pour longtemps.
En revanche, s’il sort, le risque d’implosion existe.
Vaut-il mieux alors une Europe rachitique et sans espoir ou une implosion qui oblige à (re)construire un vrai projet d’union et de fédération?
La réponse est loin d’être évidente, tant l’implosion pourrait signifier que chacun s’en aille de son côté et non une prise de conscience de revitaliser, régénérer et redynamiser l’idée européenne.
C’est aussi en cela que le Brexit ressemble à la Guerre de sécession.
Si le Sud était sorti de l’Union, rien ne permettait de penser que les Etats-Unis d’Amérique auraient pu continuer à exister, même avec les 23 Etats qui formaient le Nord car chacun aurait pu, pour n’importe quel motif, s’en aller lui aussi, délitant petit à petit cette union jusqu’à sa disparition.
Et rien ne permet de penser que si le Royaume Uni quitte l’Union européenne, celle-ci saisira l’opportunité du départ de l’«ennemi intérieur» pour se réinventer, pire pour se rassembler pour ne pas sombrer dans un délitement progressif et le départ d’autres pays.
Néanmoins, une chose est sûre: quoi qu’il arrive le 23 juin, jour du vote des Britanniques, l’idée européenne se sera encore affaiblie.
Mais c’est également ce 23 juin que doit absolument commencer, quoi qu’il arrive, une reconstruction de cette idée.
C’était la volonté d’Abraham Lincoln une fois la victoire acquise mais son assassinat l’empêcha de le faire.
Heureusement, cahin-caha, les Etats-Unis d’Amérique purent aller de l’avant même si la plaie de la Guerre de sécession qui s’est terminée il y a 150 ans n’est toujours pas complètement refermée.
Le problème est que l’Union européenne manque cruellement à l’heure actuelle d’hommes et de femmes de la stature d’un Lincoln…
Enfin, pour tous ceux qui trouveraient choquant le parallèle entre le Brexit et la Guerre de sécession qui mit les Etats-Unis d’Amérique à feu et à sang et provoqua la mort de plus de 620.000 soldats, qu’ils n’oublient pas la mort de la députée britannique Jo Cox, assassinée uniquement parce qu’elle défendait l’idée de l’Europe unie.
Une mort ne se compare pas, évidemment, à des centaines de milliers mais elle est toujours de trop.


Alexandre Vatimbella



mardi 7 juin 2016

Hillary Clinton fait l’Histoire

Ça y est: selon les décomptes de l’Associated press, la principale agence de presse américaine, ainsi que de nombreux médias, Hillary Clinton a obtenu les 2383 délégués nécessaires pour être la candidate du Parti démocrate à l’élection présidentielle du 8 novembre prochain et ce, avant même les résultats des primaires de Californie et du New Jersey de ce mardi 7 juin.
La centriste est ainsi la première femme dans l’Histoire des Etats-Unis d’Amérique a être la représentante d’un des deux principaux partis de la vie politique qui se partagent le pouvoir pratiquement depuis l’indépendance du pays (avec des noms différents).
Et elle a de grandes chances d’être élue la première présidente des Etats-Unis à la fin de l’année.
Pour en arriver là, rien n’a été simple pour celle que tout le monde, soutiens et adversaires réunis, estime être une surdouée de la politique.
Tombée dedans depuis son adolescence, elle a eu un parcours brillant mais souvent chaotique pour en arriver là.
Si aujourd’hui elle est au centre de l’échiquier politique, elle a commencé en tant que républicaine conservatrice, comme son père, avant d’évoluer vers la gauche, notamment au moment de la guerre du Vietnam, puis de se positionner depuis son passage à la Maison blanche comme first lady lors de la présidence de son mari Bill, inventeur de la troisième voie et de la triangulation, comme une centriste assumée.
Ses idées sont libérales en matière sociétale (même si elle s’est ralliée au mariage homosexuel il y a peu).
En matière sociale, elle défend la capacité de chacun d’avoir les «opportunities» (égalité concrète des chances) pour réussir sa vie grâce à son mérite.
En matière économique, elle est plutôt pour un Etat régulateur pour ce qui est de l’organisation du capitalisme, notamment pour ce qui est d’une concurrence saine et honnête mais elle défend le libre marché.
Si elle était conservatrice en matière fiscale, elle a évolué ces dernières années avec l’enrichissement indécent des 1% les plus riches des Américains et milite maintenant pour une taxation des super-riches.
Pour ce qui est de la politique étrangère, elle est considérée plutôt comme un «faucon» pour la défense du pays mais aussi de la démocratie et de la liberté.
Cependant, son passage comme secrétaire d’Etat de Barack Obama, de 2009 à 2012, a montré que, dans tous les cas, elle privilégiait d’abord la négociation et l’accord avant la force.
Par rapport à la mondialisation, elle est pour une société ouverte – on le voit par rapport à ses prises de position en matière d’immigration, notamment.
Néanmoins, elle a monté quelques réticences quant à la globalisation économique et son possible impact négatif sur les Etats-Unis.
Défenseure sans relâche de la cause des femmes mais, ce que l’on sait moins, de la cause des enfants qu’elle a embrassée depuis fort longtemps et pour laquelle elle est reconnue comme ayant permis des avancées légales fort importantes grâce à ses prises de positions et ses écrits juridiques.
Car Hillary Clinton est également une avocate reconnue qui aurait sans doute une carrière des plus remarquables, ainsi qu’en politique beaucoup plus rapidement, si elle n’avait pas choisi, au sortir de l’université de Yale de suivre son mari en Arkansas pour qu’il devienne gouverneur de l’Etat, ce qui a servi à ce dernier de marche pied pour Washington.
Mais Bill Clinton a reconnu depuis longtemps – et sans coquetterie – que la plus capable était sa femme.
C’est d’ailleurs pourquoi, en 1992, lors de son élection, il avait vendu un «ticket» de deux Clinton pour le prix d’un à la Maison Blanche.
Dans un environnement mondial perturbé et face à la montée des populismes démagogiques dans les démocraties représentées jusqu’à la caricature aux Etats-Unis avec la candidature de Donald Trump, sa vision centriste, ses capacités, son expérience et son caractère sont nécessaire pour son pays, pour le monde libre et la planète.


 Alexandre Vatimbella

dimanche 22 mai 2016

Brexit or not Brexit, that is the question?

Pour certains, l’Union européenne serait bien mieux sans le Royaume Uni, sorte de ver de la confusion dans le fruit de l’union.
Pour d’autres, l’Union européenne aurait beaucoup à perdre si le Royaume Uni décidait de s’en aller lors du référendum du 23 juin prochain.
C’est vrai que le Royaume Uni a presque tué l’Europe telle que les pères de celle-ci la voyaient, cet idéal fédéral pour lequel les centristes se battent depuis les années 1950.
Avant que ne se produise l’implosion finale, il vaudrait mieux qu’il s’en aille pour l’en préserver.
Et s’il le fait de lui-même, tant mieux.
Mais l’idéal européen – celui-là même des pères fondateurs – est et était bien de réunir tous les pays démocratiques sous la même bannière.
Le Royaume Uni est loin d’être le dernier et son départ serait extrêmement dommageable pour un continent uni dans la paix et, quoi que l’on pense, dans le progrès.
Une majorité d’Européens – et de Français – souhaitent que le Royaume Uni demeure dans l’Union européenne.
Et le plaidoyer de Barack Obama en faveur de la construction européenne et de la présence des britannique dans l’UE lors du discours de Hanovre ce 25 avril montre que le monde entier se sent concerné par le devenir de cette Europe qui, au sortir de la Deuxième guerre mondiale qu’elle avait provoquée, est devenue un modèle à imiter aux quatre coins de la planète.
La réponse à la question de savoir si le Royaume Uni doit demeurer dans l’Union européenne n’est donc pas si simple.
Oui, les Britanniques ont été d’exécrables européens, dans la lignée de tout ce qu’ils avaient entrepris avant d’y rentrer, c’est-à-dire en essayant vainement de la détruire de l’extérieur.
Les agissements du Margaret Thatcher laissaient d’ailleurs à penser que faute de la tuer de l’extérieur, ils avaient décidé de le faire de l’intérieur comme l’avaient pressenti de nombreux défenseurs de l’Europe lors de l’entrée du pays dans ce qui était à l’époque la CEE (Communauté économique européenne, ancêtre de l’Union européenne) en 1973.
Leur mauvais exemple a d’ailleurs donné des idées à tous les ennemis de l’UE, de la France à l’Allemagne en passant par les Pays Bas ou la Grèce.
Sans parler des nombreux pays de l’Est qui y sont entrés tout en refusant de jouer le jeu d’une vraie union, comme la Pologne, la Hongrie, la République tchèque ou la Slovaquie.
Du coup, avant d’être un espace d’intégration fédéraliste, l’Union européenne est devenu, avant tout, un espace de paix doublé d’un grand marché,  ce qui n’est déjà pas si mal.
Fort de constat, la sortie des Britanniques peut donc être une chance pour un nouveau départ de l’Union européenne débarrassée de l’obstacle le plus conséquent à son approfondissement qui est indispensable pour tous ceux qui ne veulent pas jouer l’avenir des Européens à la roulette russe.
On peut imaginer que des initiatives soient prises en France et en Allemagne, voire dans d’autres pays en cas de départ du Royaume Uni, pour relancer et consolider l’Europe.
En tout cas, il faut l’espérer.
Mais, oui aussi, le Royaume Uni a sa place en Europe et dans une Union européenne.
Non seulement pour assurer la paix à ce continent qui a été particulièrement touché par les guerres sanguinaires au cours de son histoire mais également pour continuer à avancer vers une meilleure intégration parce que le XXI° siècle et ses défis demandent que les Européens soient unis pour défendre la démocratie, la république ainsi que leur économie avancée que nous envie la planète.
Sauf qu’ils ne doivent plus être, à la fois, dedans et dehors.
Ce n’est pas viable et pas acceptable.
Pour autant, si les Britanniques décident de demeurer dans l’Union européenne, ce ne sera pas une grande victoire pour cette dernière, loin de là.
Car il faudra, quoi qu’il arrive, relancer la machine, à la fois, pour que l’intégration européenne devienne plus forte afin de rendre chacun des membres de l’UE plus fort, surtout pour que les peuples européens y voient à nouveau leur avenir et non un monstre froid et bureaucratique qui manipule leurs vies.
Les vrais travaux herculéens des Européens commenceront le 24 juin avec ou sans le Royaume Uni.
Et il faudra sans doute que se mette enfin en place une nouvelle organisation regroupant les pays de l’Union européenne qui veulent aller plus loin dans leur destin commun, certainement sans le Royaume Uni.

Alexandre Vatimbella