vendredi 31 janvier 2025

La démocratie républicaine vit grâce à la raison et meurt sous les passions tristes

Les émotions ne sont pas illégitimes dans la sphère publique et à bannir du débat politique, surtout quand elles sont positives et qu’elles permettent de renforcer l’application des valeurs humanistes et l’adhésion des individus à celles-ci.

Pour autant, la raison est essentielle pour mettre en place la meilleure gouvernance possible du projet démocratique qui doit obéir à des principes applicables à tous au-delà de toute émotivité.

Cette raison doit être guidée par la modération et par un juste équilibre.

Néanmoins aucune société ne peut complètement faire fi de l’affectif que portent les humains et, surtout, qui nous permet de ne pas tomber dans un rationalisme absolu qui serait aussi dangereux que de n’apprécier les faits uniquement par les émotions.

Mais il est une règle intangible: la démocratie républicaine ne peut vivre que si elle est assise sur la raison et son existence est mise en danger de mort par des émotions négatives lorsqu’elles deviennent ce que Deleuze a appelé des passions tristes, répertoriées et définies par Spinoza.

Celles-ci sont, notamment, la haine, la peur, la colère, le mensonge, la violence, la rage, l’envie portées à leur paroxysme.

Elles sont à la base des idéologies extrémistes et populistes.

Les démagogues qui les diffusent sont des agitateurs dont l’objectif est d’exciter le corps social afin de susciter des mouvements de foule qui fragilisent la démocratie et qui peuvent parvenir à la détruire par la rue ou par les urnes.

Ce n’est pas pour rien que le parti d’extrême-droite FN/RN en France entretient depuis toujours la peur de l’immigration qui va submerger la France et aboutir au fameux «grand remplacement».

Et Trump avait tout compris quand en 2016 il avait déclaré au journaliste Bob Woodward que «le pouvoir c’est la peur».

Instiller l’angoisse, la peur voire la terreur à un niveau extrême c’est permettre à la haine et à la violence de se libérer.

Quant Kamala Harris lors de le dernière campagne présidentielle américaine parlait du «care» et d’unir tous les Américains autour d’un consensus où personne ne serait laisser en chemin, Donald Trump parlait de l’effondrement des États-Unis et de la culture blanche du pays qui était en danger par des ennemis de l’extérieur et de l’intérieur.

Et, évidemment, c’étaient bien des immigrés illégaux noirs, des Haïtiens en l’espèce, qui mangeaient les animaux domestiques des «bons» Américains, dans cette fameuse fake news que l’extrémiste populiste n’a jamais démenti.

Mais, attention, la peur suscitant la haine et la violence produit sa propre rationalité.

Celle-ci est négative comme le fut celle propagée par les nazis dont le summum fut atteint par l’organisation bureaucratique extrêmement efficace de leur solution finale.

Il faut donc combattre à la fois ces passions mortifères et ne pas confronter leur rationalité et celle de la démocratie comme se plaisent trop souvent à le faire les médias dans un soi-disant souci d’«égalité».

Pour atteindre l’objectif d’imposer la raison dans la politique, il est indispensable de mieux former et informer les individus.

Mais il aussi essentiel que l’ensemble des acteurs de la vie politique cessent d’instrumentaliser nos émotions à tout bout de champ.

Ici, ce ne sont pas seulement les extrémistes et les populistes qui usent et abusent du procédé de l’émotion, ce sont tous les politiques qui y trouvent le moyen de réaffirmer leur légitimité, de susciter un élan positif envers leur personne et de se mettre en scène comme étant une personne compassionnelle.

Or, bien évidemment, devant telle ou telle catastrophe qui touche l’Humanité entière ou une population, montrer de l’empathie et de la compassion est un comportement humaniste.

Cependant il doit demeurer digne et surtout ne pas être une manière de s’attirer les faveurs de la population au détriment du contenu d’un projet politique et de la manière de gouverner, ce qui est malheureusement de plus en plus souvent le cas.

Pour en revenir aux passions tristes, ce qui pose problème n’est pas tant que les individus ou des groupes d’individus expriment des émotions négatives comme la peur ou la colère dans certaines circonstances qui parfois sont légitimes mais que des politiques extrémistes et populistes au lieu d’apaiser et d’appeler à la raison pour éviter qu’elles ne deviennent des passions tristes, s’empressent de les exciter et de les instrumentaliser pour faire en sorte qu’elles se transforment en ces dernières puis les récupèrent pour les utiliser à leur profit et attaquer la démocratie républicaine libérale.

Sans oublier, évidemment, lorsqu’ils les suscitent eux-mêmes afin de créer des atmosphères instables et un chaos dont ils veulent profiter pour leur quête de pouvoir.

Parfois, ces passions tristes sont suscitées et exploitées par des groupes autonomes dans le but de défier l’ordre démocratique.

Que ce soient des politiciens ou des séditieux qui se servent des passions tristes, la démocratie républicaine doit les combattre et les punir et promouvoir la raison mais sans refouler les émotions qui s’expriment pour que la dignité des individus soit respectée et protégée ou lorsqu’elles sont empathiques suite à des événements catastrophiques.

Alexandre Vatimbella

 

 

dimanche 26 janvier 2025

Sommes-nous à la fois trop intelligents et trop imbéciles pour ce monde?!

Nous nous targuons d’avoir inventé et découvert tant de choses qui nous permettent de mieux vivre et pendant plus longtemps et c’est vrai.

Cependant, tout aussi vrai, dans le même temps avec nos inventions et nos découvertes, nous causons tant de désastres et de constantes désolations.

Ainsi, nous avons inventé puis constamment amélioré et utilisé les moyens de nous entretuer avec, désormais, la capacité de détruire toute vie sur la planète que nous habitons.

Alors, certainement, nous avons développé une intelligence qui a permis toutes ces inventions et découvertes.

Mais, tout aussi certainement, nous avons agi avec des comportements les plus imbéciles et inconséquents.

D’où ce paradoxe qui fait de nous des gens trop intelligents et trop imbéciles!

Trop intelligents parce que nous n’avons pas besoin de toute cette intelligence pour vivre et, surtout, parce que nous l’utilisons trop souvent à mauvais escient.

Du coup notre intelligence sera peut-être l’agent principal de notre extinction.

D’où notre incommensurable imbécilité!

Nous sommes en quelque sort des sots intelligents…

Oui nous avons une intelligence que, par exemple, ne possèdent pas les autres êtres vivants connus sur cette planète.

Mais, au lieu de l’utiliser pour bâtir un monde accueillant où tout le monde aurait sa place avec une constante recherche du bien et du bon, nous l’avons utilisée très souvent, trop souvent, voire la plupart du temps, pour instaurer un monde violent où nous avons démultiplié la capacité de nous entretuer à grande échelle et, désormais, grâce à notre maîtrise de l’atome, à nous faire disparaître en quelques jours.

Cela s’appelle de l’imbécilité du plus haut degré.

Notre intelligence nous pousse à des comportements imbéciles et notre imbécilité développe nos capacités intellectuelles.

On pourrait illustrer ce paradoxe par cet exemple si parlant: c’est pendant les guerres que se développent le plus le progrès technologique et scientifique.

Nous utilisons toutes les techniques que nous avons mises au point pour nous entretuer et dans ce comportement imbécile nous développons nos capacités intellectuelles pour mettre au point de nouvelles techniques qui, in fine, seront utilisées pour continuer à nous entretuer.

Et absurdité absolue, c’est pendant ces conflits meurtriers que nous inventons des moyens de sauver des gens de la mort avec de grandes découvertes médicales.

Tout ceci est un simple constat, même pas une opinion !

Nos comportements sont-ils modifiables?

Rien ne nous permet en l’état de l’affirmer.

Parce que l’équation se complexifie lorsque le constat dit aussi que l’intelligence que nous développons nous sert autant à faire le bien que le mal.

Exemple: notre capacité d’organisation permet de mettre en place des réseaux d’eau potable ou d’électricité qui nous apportent du bien-être mais, dans le même temps, c’est cette compétence qui a permis aux nazis de mettre en place et de gérer efficacement la solution finale.

Et la Shoah ne s’est produite qu’il y a quatre-vingts ans pour tous ceux qui considèrent que l’arc de l’humanisme tend inexorablement vers une vie meilleure.

Sans parler de tous les massacres de masse qui se sont déroulés depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale jusqu’à nos jours grâce à notre intelligence...

Néanmoins on peut objecter à ce panorama pessimiste, une vision beaucoup plus positive.

Comme je l’évoquais au début, nous vivons plus longtemps et nos conditions matérielles se sont nettement améliorées avec également une capacité pour certaines régions du monde de ne pas vivre sous la menace de famines alors même que nous sommes désormais huit milliards d’humains.

Nous ne sommes plus accaparés sans cesse par les tâches qui nous assurent notre survie (comme trouver de la nourriture ou nous protéger constamment contre des menaces létales) et nous avons développé des sociétés où nous pouvons bénéficier des bienfaits de loisirs qu’ils soient ludiques ou culturels.

Certains affirment, d’ailleurs, que le bonheur va en augmentant, statistiques à la clé.

Oui, mais que pèsent tous ces indicateurs positifs alors que notre activité sans limite est en train de détruire, non la Terre, mais les conditions de la vie sur celle-ci, la nôtre et celle de tous les autres vivants.

Nous revoilà dans l’imbécilité et l’inconséquence.

Et alors que nous devrions nous mobiliser pour prendre les décisions qui sont indispensables, nous refusons d’être, encore une fois, responsables.

Au lieu de s’unir, tous les pays s’affrontent et chacun d’eux espère que ses intérêts l’emporteront sur ceux des autres dans une fuite en avant qui ne peut qu’aboutir à ce que nous soyons tous perdants.

Le pire est que cela illustre parfaitement le théorème que je viens de développer car nous avons l’intelligence nécessaire pour résoudre la crise climatique qui risque de nous emporter et nous nous comportons comme des imbéciles en utilisant toutes les techniques et les inventions qui nous sauveraient, à notre perte.

Trop intelligents et trop imbéciles sera peut-être notre épitaphe.

Alexandre Vatimbella

 

dimanche 12 janvier 2025

Internationale réactionnaire et internationale totalitaire main dans la main pour abattre la démocratie républicaine

Pour ceux qui n’auraient pas encore compris la situation à laquelle doit faire face la démocratie républicaine libérale est gravissime.

Dans les pays démocratiques, les Etats-Unis seront administrés pendant les quatre prochaines années par un populiste extrémiste qui veut abattre l’ordre démocratique et se rapprocher des pays totalitaires.

Dans l’Union européenne, les trois principaux pays – Allemagne, France, Italie – ont des extrêmes, notamment de droite, très puissantes, au pouvoir à Rome, à ses portes en France et en forte dynamique en Allemagne.

Dans le monde les régimes autocratiques et dictatoriaux sont de plus en plus radicaux et dans une logique d’affrontement avec tous les pays démocratiques.

Et l’on a vu se former ces dernières années une internationale totalitaire sous l’égide de la Chine et de la Russie où l’on trouve des pays comme la Corée du Nord, l’Azerbaïdjan ou l’Iran.

Ces prochains mois, devrait émerger une internationale réactionnaire sous l’égide des Etats-Unis et sous la direction de Trump où l’on devrait retrouver des pays comme l’Italie, la Hongrie, entre autres.

Les menaces sur le monde libre n’ont jamais été aussi puissantes que pendant les années 1930 qui aboutirent à la Deuxième guerre mondiale où le régime démocratique faillit disparaître.

Face à péril existentiel pour la liberté, l’égalité, la fraternité et la dignité humaine où est donc l’internationale démocratique?!

Pendant longtemps elle a été représentée, d’abord par l’OTAN qui été la matérialisation militaire d’une entente politique informelle mais bien réelle, puis par le G7 qui devint une sorte de gouvernance du monde libre.

Et elle tenait la dragée haute aux périls extérieurs tout en contenant les extrêmes à l’intérieur.

Tel n’est plus le cas désormais.

Si l’OTAN et le G7 existent toujours et tentent de faire front, les deux organisations sont minées de l’intérieur par les extrémismes et les populismes qui remettent même en question leur existence.

C’est le cas avec Donald Trump qui préfère traiter directement avec les dictateurs tout en affirmant qu’il ne défendra pas les pays membres de l’OTAN alors même que la création de celle-ci est due à Washington…

Et l’on peut se demander quelle serait la position de la France si demain le RN ou LFI parvenaient au pouvoir.

Sans oublier que dans l’internationale réactionnaire se trouvent des pays qui en sont membres comme, encore une fois, les Etats-Unis mais aussi la Hongrie, l’Italie et la Turquie.

Une internationale réactionnaire qui tendra la main à l’internationale totalitaire dans le dessein de redessiner les alliances et imposer un nouvel ordre mondial.

Puis, une fois la démocratie républicaine libérale éradiquée par la force, ces deux internationales se feront face dans un affrontement qui pourrait être apocalyptique.

Un scénario catastrophe malheureusement de plus en plus crédible.

Alexandre Vatimbella

 

 

mercredi 8 janvier 2025

Ne pas surestimer les totalitarismes, ne pas sous-estimer les démocraties

Le seul régime qui est tombé en 2024 était une dictature parmi les plus sanglantes de la planète avec à sa tête un boucher soutenu par tous les totalitarismes de la planète comme ceux de Russie, son principal allié, et de Chine.

La chute du clan al-Assad en Syrie est un revers important pour cette internationale des totalitarismes qui se targue d’être le prochain club le plus puissant du monde et qui n’arrête pas de montrer ses muscles et de prendre des postures que n’auraient renié ni Hitler, ni Staline.

Et si les démocraties sont constamment attaquées de l’intérieur et de l’extérieur, aucune n’a subi même sort que la Syrie l’année dernière.

Ceci doit nous apprendre à ne pas surestimer les totalitarismes qui sont plus faibles qu’on ne le pense et que l’image que leur propagande tente de donner et sous-estimer les démocraties capables de résilience.

Par essence, les régimes dictatoriaux se montrent comme un bloc où pas une tête dissidente ne dépasse et comme des sociétés structurées avec des pouvoirs sûrs de leur fait ainsi que des peuples obéissant au doigt et à l’œil.

A l’opposé, les régimes démocratiques proposent une diversité où la discussion et la contradiction semblent être une faiblesse structurelle qui doit, à terme, les faire disparaître avec des pouvoirs qui doivent rendre des comptes face à des peuples qui montrent souvent une impatience ce qui les rend parfois friables, toujours sur la corde raide.

Mais la vitalité brouillonne de la démocratie est ce qui la rend forte alors que la chape de plomb qui permet au totalitarisme d’exister dévitalise la société qui n’est souvent que comme un mort-vivant et dont l’immobilisme est mortifère.

Ayant dit cela, la menace de ces régimes liberticides et criminels est une réalité qu’il ne faut pas prendre à la légère, bien au contraire.

Il faut les combattre avec détermination tout en protégeant les acquis humanistes qui font la grandeur de la démocratie.

Pour autant, croire, comme leur propagande nous invite à le faire, en leur super-puissance, c’est entrer dans leur jeu des apparences.

Rappelons-nous comment les régimes nazis, fascistes, communistes et franquistes sont tombés tout d’un coup alors qu’ils nous parlaient d’être là pour mille ans.

Quand nous surestimons les totalitarismes et sous-estimons les démocraties, nous avons déjà perdu la première bataille.

Ne nous laissons pas abuser en cette année 2025 de tous les dangers où un ami des dictateurs revient au pouvoir dans la plus puissante démocratie du monde.

Un Donald Trump qui pourrait bien subir le sort de ces dictateurs qui se sont crus tout-puissants…

Alexandre Vatimbella