dimanche 29 décembre 2024

Les idéologies de haine prospèrent sur le mensonge

Comment des partis qui mentent systématiquement obtiennent pourtant de si bons résultats aux élections?

Parce que la haine est leur moteur et que celle-ci prospère essentiellement par le mensonge.

Haine et mensonge sont ainsi le duo inséparable des extrémismes et des populismes.

Non pas que le mensonge n’existe pas dans tous les partis politiques et que la haine n’y soit pas présente parfois.

Mais dans le cas des partis extrémistes et du populistes, ils sont inséparables de leur discours et de leur stratégie.

Pourquoi?

Parce qu’ils ont besoin, non d’un concurrent ou d’un opposant mais d’un ennemi qui doit être diabolisé le plus possible pour faire naître chez leurs sympathisants et leurs électeurs ces fameuses passions tristes que sont la peur et la violence.

Exacerber le plus possible la confrontation et rejeter systématiquement toute forme de consensus et de compromis est leur mode d’action ce qui en fait des destructeurs déterminés de la démocratie républicaine libérale qui repose sur ces deux piliers pour pouvoir fonctionner réellement.

Dès lors, il leur faut constamment provoquer une confrontation violente au moins dans les mots en inventant des motifs le plus souvent en prétendant que leurs adversaires ont telle ou telle intention, ont fait telle ou telle déclaration, se propose de faire telle ou telle chose sans que cela ne repose sur aucune réalité.

Ce comportement que l’on retrouve depuis toujours chez les tenants des idéologies totalitaires et des conduites populistes a été évidemment dopé par la multiplication des chaines d’information en continu et les réseaux sociaux ce qui leur a permis de créer un véritable vortex où se mêlent tout ce qui peut exciter et provoquer les passions tristes dans une grande partie de la population, de la fake news aux théories élucubrationistes (complotistes).

Face à cela, les discours responsables et raisonnables apparaissent bien démunis parce qu’ils n’agissent pas sur les émotions négatives mais sur l’intelligence et l’empathie, résonnant souvent comme des prêches ennuyeux et lénifiants.

Pour autant, afin de contrecarrer ce déversoir de mensonges et de haines qui s’attaquent aux fondements même de la démocratie républicaine, seules les armes de la raison et la responsabilité sont celles dont disposent ses défenseurs et promoteurs.

Ainsi, quand certains de ceux-ci répondent aux provocations des extrêmes et des populismes en utilisant leur stratégie, ils commettent une erreur grossière et dangereuse qui est de valider leur désir de confrontation et de guerre civile larvée.

La dignité des démocrates est de lutter avec les valeurs humanistes sans faillir même lorsqu’il faut entrer en résistance.

Alexandre Vatimbella

 

 

samedi 28 décembre 2024

La terrible défaite de la démocratie


Oui, nous le savions et je l’ai malheureusement écrit tant de fois ici, le seul régime qui peut s’auto-détruire est la démocratie.

Ainsi, par le vote, les électeurs peuvent élire un adversaire de la démocratie républicaine libérale et c’est ce qui vient d’advenir aux États-Unis.

Et, cette fois-ci, pas de doute sur la victoire de Donald Trump qui l’emporte en nombre de voix sur Kamal Harris ce qu’il n’avait pas réussi à faire en 2016 face à Hillary Clinton, bénéficiant alors d’un système électoral d’un autre âge, toujours en place.

Si 2016 avait été un choc, 2024 est un séisme qui peut conduire la première puissance mondiale et jusqu’à présent plus vieille démocratie de la planète vers une autocratie voire pire.

Nous n’en sommes pas encore là mais réélire un personnage comme Trump alors que sa première présidence avait été catastrophique, qu’il avait tenté un coup d’Etat en 2021 pour ne pas quitter la pouvoir et qu’il a tenu des propos mêlant insultes, mensonges, élucubrationismes (théories du complot) et menaces contre tous ceux qui sont ses opposants, promettant des mesures antidémocratiques à la pelle et montrant des signes évident d’incapacité mentale à diriger un pays, est au-delà de ce que l’on pouvait imaginer de la part d’un peuple d’un pays du monde libre.

Cependant, il faut le dire, je ne suis pas surpris plus que ça de cette victoire.

Depuis tant d’années que je parle de ce délitement de la démocratique républicaine et des valeurs humanistes, que nous voyons devant nous monter les régimes autocratiques et totalitaires, que nous constatons la montée des extrémismes populistes dans les démocraties, la victoire de Trump est somme toute normale, la normalité étant juste ce qui doit se passer par rapport à une situation objective.

Mais celle-ci démontre l’échec du projet démocratique qui, je le rappelle une énième fois, était de créer un régime de liberté et d’égalité avec des citoyens c’est-à-dire des individus formés et informés pour devenir des personnes responsables de leur actes et de leur vie, capables de se prendre en charge dans le respect de l’individualité et de la dignité de l’autre.

Or, la constatation est devant nous: la majorité des électeurs étasuniens ne correspond pas à cette définition.

Mais ils ne sont pas les seuls considérant, par exemple, qu’en France le vote pour les partis extrémistes et populistes sont majoritaires et que le premier parti du pays depuis les élections législatives de juillet est le RN de la famille Le Pen.

La démocratie serait-elle inaccessible et une utopie vouée à disparaître faute de capacités des humains à s’élever à son espérance?

C’est possible d’autant qu’il ne faut jamais oublier que son existence dans l’Histoire humaine est une goutte d’eau, de moins de 250 ans.

Et que le premier pays à l’avoir mis en place est en train de la détricoter.

Le vote des Américains n’enlève pourtant pas cette réalité que la démocratie républicaine est le meilleur système qui puisse exister et que les valeurs humanistes sont indépassables.

Un système qu’il doit être considéré comme «naturel» en ce qu’il est le plus respectueux de la dignité et de l’individualité de chaque humain, c’est-à-dire qu’il est la référence ultime de l’organisation de toute société humaine.

C’est en ce sens que j’ai dit ici qu’il ne devait jamais être possible, même par une élection, de le remettre en cause.

Certains objecteront que la démocratie a déjà connu des crises bien plus paroxystiques avec sa destruction dans des pays comme l’Allemagne ou l’Italie, remplacée par le nazisme et fascisme et qu’elle a ensuite triomphé.

Certes.

Sauf que l’implantation de la démocratie dans des pays comme l’Allemagne, l’Italie ou l’Espagne à l’époque et plus près de nous, la Russie étaient fort récente avant leur effondrement.

Ce qui n’est évidemment pas le cas aux États-Unis.

Sauf que, apparemment, les humains n’en ont tiré aucune leçon et s’apprêtent donc à retenter l’expérience qui, in fine, mena le monde à la plus grande boucherie que l’Humanité est produite à ce jour et pourtant elle n’en a pas été avare espèce durant son histoire…

Quoi qu’il en soit, avec la victoire de Trump (ainsi qu’un Congrès et une Cour Suprême dominés par les républicains extrémistes) mais aussi les menaces sur tous les pays démocratiques sans exception, des jours sombres sont devant nous.

Alexandre Vatimbella