jeudi 18 juillet 2024

La haine et la colère des extrêmes ne font pas une politique, juste de la vengeance et du chaos

L’extrême-gauche et l’extrême-droite véhiculent toutes deux une parole de haine et de colère qui se reflète dans leurs soutiens à tous les mouvements de foule populistes, à leurs prises de parole, prises de position et à leurs comportements plus ou moins violents ainsi que dans les programmes des partis qui les représentent.

Une haine et une colère qui ne construisent rien mais qui suscitent l’envie de vengeance et l’établissement du chaos.

Une haine et une colère destructrice comme toute haine et toute colère, à ne pas confondre avec la révolte et l’indignation devant l’inacceptable qui, elles, construisent.

Dans leurs identités profondes, les extrêmes ont une hargne viscérale pour le consensus et le compromis, les seules manières dans une démocratie républicaine de conduire une politique raisonnable et rationnelle.

Par leurs idéologies de la confrontation et de l’élimination, les extrêmes ne vivent que par le conflit, que par l’existence de boucs émissaires (souvent les mêmes) et par la promotion de discours et d’actes où la dignité de l’autre, celui qui ne pense pas comme elles, est niée.

Ce n’est guère étonnant puisque l’objectif affiché des extrêmes est la destruction de la démocratie républicaine libérale, le régime de l’échange, du vivre ensemble et de la liberté qu’elle soit de pensée, d’opinion et de bâtir son propre projet de vie, le régime du respect de la dignité humaine.

Quant à l’égalité elle ne doit bénéficier qu’à leurs clientèles respectives dans une sorte de sur-égalité dont elles auraient droit par essence et qui doit être payée par l’autre, l’ennemi, le bouc émissaire.

La fraternité, elle, n’est évidemment que pour leurs sur-égaux dont est bien sûr exclu l’autre, le mal-pensant.

Les extrêmes sont par définition le stade ultime du clientélisme politique qui se manifeste déjà dans les partis de gauche et de droite.

Rien ne peut justifier que des organisations (partis politiques, syndicats, associations diverses) qui affirment défendre la démocratie et ses valeurs humanistes s’allient avec les extrêmes.

Jamais.

Et encore moins dans cette époque troublée que nous vivons où seul un axe central (tous les partis allant de la gauche social-démocrate à la droite libérale en passant par le centre libéral-social) uni dans sa défense de la démocratie républicaine peut faire barrage à la victoire des extrêmes.

A moins de préférer la vengeance et le chaos.

Alexandre Vatimbella

 

mercredi 17 juillet 2024

La démocratie est un dû qui se mérite!

Oui, la démocratie moderne qui allie les respect de valeurs qui sont supérieures au vote populaire et ce même vote néanmoins indispensable, est le régime le plus «naturel» pour les humains.

Il l’est parce qu’il respecte ce qui est une évidence de la nature: chaque individu possède une individualité qui n’est réductible à aucune autre, chaque individu à des différences qui le rendent unique et qui font que son intérêt pour vivre son individualité passe par sa liberté dans l’égalité de tous les autres et dans la protection de sa dignité par la société administrée par la démocratie républicaine libérale.

Une société qui assure à tout individu la sécurité de pouvoir vivre son individualité ce qui implique, en retour, qu’il respecte l’autre, tous les autres et leur dignité c’est-à-dire un cadre où il partage, en tant qu’être social, une organisation indispensable pour son existence de sa naissance à sa mort, même s’il décide de vivre en ermite, il appartient toujours à cette société à laquelle il est redevable de sa liberté, de son égalité, de la fraternité qu’elle lui apporte et du respect de sa dignité qu’elle lui assure.

Ce régime est dit «naturel», non pas parce qu’il existe ou s’impose naturellement mais parce qu’il est celui qui correspond à l’essence même de l’individu dès sa naissance et est inhérent aux droits que lui donne son existence même.

Dès lors, si la démocratie est un dû, elle est tout sauf un don de la nature aux humains.

Car, oui, si la démocratie est due à chaque individu, elle n’existe pas chez les humains à l’état de nature.

Elle est donc une construction culturelle qui demande des efforts, donc qui se mérite.

Ainsi, si tout individu est légitime à réclamer la condition et les droits que lui offre la démocratie, il doit pour cela se comporter en homo democraticus.

Et dans ces temps troublés où les peuples et leurs dirigeants perdent le sens des valeurs et la boussole démocratique, il est bon de rappeler cette double évidence.

Aucun peuple, aucun individu n’est légitime à refuser que la démocratie républicaine soit le régime qui gouverne les humains.

Mais ce régime ne peut vivre sans le devoir des peuples et des individus, un devoir qu’ils rendent à eux-mêmes, in fine.

Or, en ce début de 21e siècle et de troisième millénaire, ce devoir est de moins en moins rempli, de plus en plus critiqué ce qui a pour conséquence d’affaiblir la démocratie et fait peser sur elle une menace de mort.

Parce que la démocratie est le régime du plus faible, c’est-à-dire qu’elle est le régime qui, en accordant des droits également à tous, en accordant la même dignité aux plus faibles et aux plus forts, est en position de faiblesse face à tous les autres régimes qui valorisent les plus forts au détriment de la liberté de tous, de l’égalité entre tous, de la dignité accordée à tous et la fraternité partagé entre tous.

Ainsi, si, demain, la démocratie disparait les seuls responsables seront nous-mêmes.

Alexandre Vatimbella

 

 

mardi 16 juillet 2024

Quand les mots sont instrumentalisés, la démocratie est en grand danger

Ces dernières années, avec la montée de la démagogie, du populisme, du basculement de l’information mise en scène («infotainment») devenue un vulgaire divertissement informatif, de l’intrusion des réseaux sociaux et autres moyens électroniques de communication, l’ensemble des discours publics est dominé par les superlatifs, les effets de manche, la dramatisation – sans même parler des mensonges véhiculés par les fake news et l’élucubrationisme (complotisme) – où s’effacent petit à petit et de plus en plus la réalité et les faits.

J’ai souvent écrit sur ce sujet et je dois dire que les dérives s’accélèrent et qu’aucune prise de conscience ne se fait jour, bien au contraire.

On en a encore vu des exemples lors des dernières campagnes électorales dans l’ensemble des démocraties.

La campagne présidentielle aux États-Unis est archi-dominée par ces phénomènes mais aussi la campagne législative en France.

Prenons un exemple.

Selon les médias, on a assisté à un «triomphe» du RN et au «naufrage» de la majorité présidentielle avec la «fin de règne» du Président de la république.

Sans évidemment contester que le RN a gagné le premier tour en arrivant en tête, que la majorité présidentielle est troisième à quelques encablures, tout le reste n’est que mensonges.

D’abord le triomphe du RN.

Si l’on prend son résultat dans les urnes, il a recueilli moins de 30% des voix.

Certes c’est un succès éclatant mais pas un triomphe.

Surtout si l’on prend son score vis-à-vis des inscrits qui descend alors à 19%, c’est-à-dire que moins d’un Français sur cinq inscrit sur les listes électorales a choisi la formation d’extrême-droite.

Non, ce n’est pas ce que l’on peut appeler un triomphe démocratique…

Cela n’enlève évidemment pas l’a nécessité impérieuse et le devoir cardinal de tous les démocrates d’éviter qu’il ne remporte le deuxième tour dimanche prochain.

Ensuite le naufrage de la majorité présidentielle.

Si l’on prend son résultat dans les urnes, elle a juste dépassé les 20%.

Certes c’est un recul par rapport à 2022 mais comment peut-on utiliser des mots aussi forts que «naufrage» et d’autres encore plus extrêmes pour une coalition qui obtient plus de 20% des votants (et plus de 13% des inscrits).

C’est évidemment une défaite mais pas la catastrophe à la une de tous les médias.

Quant à la «fin de règne» d’Emmanuel Macron.

Comme celui-ci l’expliquait, il n’était pas sur les bulletins de vote.

Certes, c’est sa majorité qui l’était et il l’a bien évidemment défendue.

Mais il y a une Constitution et qui dit très explicitement que le Président de la république même en cas de défaite de son camp aux législatives demeure à son poste avec toutes les attributions que lui donne sa fonction et qui sont importantes.

Rien de près ou de loin à une fin de règne.

Ajoutons cette opinion que l’on retrouve dans tous les médias comme quoi sa stratégie de convoquer des législatives anticipées pour effacer la défaite aux européennes aurait été un échec complet.

Or, ce n’était pas du tout le but d’Emmanuel Macron.

Certes, il aurait préféré que ce sursaut démocratique ait lieu mais il n’est pas assez bête ou enfermé dans un univers à sa gloire – dixit les médias – pour ne pas savoir que la dynamique de l’extrême-droite, avec l’aide de l’extrême-gauche mélenchoniste, conduisait Marine Le Pen tout droit à l’Elysée en 2027.

Pour éviter ce cataclysme, provoquer des législatives qui vont peut-être obliger le RN à gouverner trois ans avant la prochaine présidentielle – au grand dam de la petite entreprise le Pen – permettra, espère-t-il, de montrer sa dangerosité et son incompétence aux Français qui, enfin, se détourneront de lui et enterreront définitivement les ambitions lepénistes.

On peut également prendre la campagne des élections américaines avec le débat qui a opposé Joe Biden à Donald Trump.

Certes le centriste démocrate n’a pas été bon sur la forme face à l’extrémiste populiste républicain.

En revanche, il l’a littéralement enfoncé sur le fond d’autant que Trump a égrainé mensonges sur mensonges.

Considérer que Biden est fini, qu’il doit laisser la main à un autre candidat, qu’il est un gâteux sans avenir comme l’ont titré nombre de médias américains (qui militent depuis plusieurs années contre un deuxième mandat de sa part) est une instrumentalisation des mots qui ne correspond en rien à la réalité et aux réalisations du démocrate depuis près de quatre ans à la Maison blanche.

Et l’on pourrait continuer pendant des lustres à parler de cette falsification comme, par exemple, le terme «génocide» utilisé pour qualifier l’offensive armée d’Israël contre le Hamas ou la volonté d’entretenir la confusion en utilisant le mot «antisionisme» pour exprimer son antisémitisme de manière cachée, tout cela juste 80 ans après la fin de la Deuxième guerre mondiale et le génocide bien réel contre les Juifs où des petits enfants étaient jetés vivants dans des fours crématoires pour augmenter les cadences simplement parce qu’ils étaient juifs…

Les penseurs chinois, dans l’ancien temps, estimaient qu’il fallait que les mots soient utilisés à bon escient et s’attelaient souvent à cette tâche de la «rectification» de ceux-ci afin d’éviter qu’ils soient instrumentalisés notamment par le pouvoir impérial et pour tromper le peuple.

Albert Camus, également, estimait important de ne pas dévoyer la signification des mots dans une démocratie au risque de lui porter atteinte gravement, de la faire disparaître à terme.

Manifestement, la leçon n’est guère été apprise et, pire, c’est exactement le contraire que nous sommes en train de vivre.

Alexandre Vatimbella

 

 

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